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ÉLIXIR, subst. masc.
A.− Vx. Principe le plus pur extrait de certains corps, de certaines substances. Tirer l'élixir de quelque chose (Ac.1798-1878).Quelle merveille y a-t-il donc si ces champs, si ces régions exhalent un élixir pur, si les rivières roulent l'or potable, quand (...) le grand Alchimiste, le soleil (...) produit (...) tant de précieuses choses (Chateaubr., Paradis perdu,1836, p. 207).Les agitations (...) avaient parfaitement brassé les senteurs artificielles, les élixirs extraits des fleurs à mes émanations (Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 258).
Au fig. Quintessence d'une chose. La poésie en vers, la seule vraie, dans la forme du rythme et de la rime, est un élixir des idées (Vigny, Journal poète,1843, p. 1192).De ses mains tremblantes il ajoutait encore son travail devenu élixir de plus en plus subtil (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 530):
1. ... je vais essayer sur vous ma botte secrète, le résultat de mes études, le nec plus ultra de ma science, l'élixir de ma vie. Jusqu'à présent ce coup d'épée infaillible a toujours tué son homme. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 342.
Rem. On rencontre ds Laforgue (Complaintes, 1885, p. 66) le verbe trans. élixirer, création d'aut. signifiant « tirer l'essence de » : Dilemme à deux sentiers vers l'Éden des élus : Me laisser éponger mon moi par l'absolu? Ou bien, élixirer l'absolu en moi-même?
B.− Préparation pharmaceutique consistant en un mélange de substances médicamenteuses ou de sirops, dissous dans de l'alcool. Élixir de Garus, élixir parégorique. Je consentis à prendre un élixir qui ranima mes forces physiques d'une manière miraculeuse (Genlis, Chev. Cygne,t. 2, 1795, p. 115).Il composait toutes sortes d'élixirs, des baumes, des embrocations qu'il essayait sur lui-même avec une belle témérité (Duhamel, Terre promise,1934, p. 9):
2. Il est encore en train de se rouler dans les affres de l'agonie, empoisonné par l'élixir psychagogique qu'il a distillé en cachette dans le laboratoire des établissements Baponot. Queneau, Loin de Rueil,1944, p. 113.
P. métaph. Tendre la pensée à la soif des hommes, leur donner à tous en élixir la notion de Dieu (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 620).
P. anal.
Liqueur digestive à base notamment de plantes macérées dans de l'alcool. Élixir de la Grande-Chartreuse. Les Tarasconnais les aimaient beaucoup leurs Pères-Blancs, (...) qui savaient tirer des herbes parfumées dont la montagnette est couverte un si excellent élixir (A. Daudet, Port-Tarascon,1890, p. 19).
Pop. Élixir de hussard. Eau-de-vie de mauvaise qualité (cf. France 1907).
Drogue, philtre qui était censé(e) posséder des vertus magiques. Élixir d'amour. Ils vendaient fort cher (...) une poudre merveilleuse, élixir de longue vie, unique ment composée avec des momies pilées et réduites en poussière (Du Camp, Nil,1854, p. 309).
P. métaph. Quand quelque idée m'attriste, alors j'ai recours à vous; je tire la jolie boîte [des lettres] où est mon élixir et je revis dans votre voyage d'Italie (Balzac, Lettres Étr.,t. 1, 1850, p. 204).Dans ta vieillesse enchanteresse Je veux t'étreindre et m'embraser Dans l'alambic de ta caresse, Sous l'élixir de ton baiser (Nouveau, Valentines,1886, p. 144).
Prononc. et Orth. : [eliksi:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Observation intéressante ds Nyrop Phonét. 1951, p. 62, relative à la qualité des voyelles en syll. non finale et à l'harmonie vocalique : ,,En général les Français maintiennent fortement l'i pur; mais on pourrait trouver dans le parler populaire des exemples d'affaiblissement. Par ex. on se moque souvent de la prononciation mélétaire pour militaire; citons encore les vieilles prononciations : féménine, éléxir, etc., où la tendance vers l'é est encouragée par l'influence assimilatrice d'un é précédent.`` Étymol. et Hist. 1. 1269-78 elixir alchim. « la pierre philosophale » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 16047); 2. 1685 méd. « préparation à base de sirops et d'alcools » (Fur.). Empr. à l'ar.al-'iksīr « la pierre philosophale » (début xes. d'apr. Lammens, p. 104) par l'intermédiaire du lat. médiév. elixir (1144 ds Latham), exir (fin xiies., G. de Crémone ds Cor. t. 2, p. 222), elexis, elexir (ca 1254, V. de Beauvais, Speculum naturale, VIII, 81 ds Rose, éd. cit., t. 2, pp. 300-301). L'ar. est lui-même empr. au gr. ξ η ρ ι ́ ο ν « poudre siccative que l'on met sur les blessures », dér. de ξ η ρ ο ́ ς « sec ». Fréq. abs. littér. : 131. Bbg. Sain. Lang. par. 1920, p. 135.