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ÉGAREMENT, subst. masc.
A.− Rare.
1. Action, fait de s'égarer, de perdre son chemin. Les vallées d'égarement et de perdition, semées d'os blanchis pour jalons de route (Gautier, Roman momie,1858, p. 297).Vous scrutez la brume au lointain prêts à payer d'un prix sans mesure le simple égarement d'une patrouille de SS avec ses chiens (Aragon, Rom. inach.,1965, p. 213).
Employé métaphoriquement ou dans un cont. symbolique. Une fois de plus donc, si correctement tracés soient-ils et propres à nous éviter les égarements sur un terrain touffu, les chemins de la méthode expérimentale nous conduisent vers des régions qu'ils ne suffisent plus à explorer (Mounier, Traité caract.,1946, p. 30).
2. Fait de se trouver en un lieu insolite. L'absurde de sa position, cette sensation d'égarement dans un monde compliqué que lui avait déjà donnée l'après-midi la foule au Pré Saint-Gervais (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 356).
B.− Au fig. et usuel, gén. au plur. [L'idée dominante est celle d'un écart par rapport à une norme]
1. Dans le domaine moral ou relig.
a) Action de s'écarter des voies de la religion et de la morale; état résultant de cette action. Cela me causa une sorte de frayeur, comme tout ce qui porte le caractère de l'égarement et de la dépravation (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 91).Si l'on vous propose un autre salut que Jésus crucifié, (...) ce prétendu salut n'est qu'un égarement (Monod, Sermons,1911, p. 287).
b) Au plur. Actes, états dénotant l'égarement. Synon. dérèglement.Les égarements de la chair, du cœur, de la raison; les égarements de la jeunesse. Je retrouve dans les traits d'Athalie ceux mêmes de Phèdre − d'une Phèdre que l'âge aurait guérie des égarements de l'amour (Mauriac, Journal 3,1940, p. 298).Manquements à la morale professionnelle et (...) égarements déontologiques (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 817):
1. ... ce qu'il y a de meilleur contre tous les égarements de la sensualité, c'est encore et toujours la femme. Le vrai guérit des emportements dangereux de la chimère et des folies malsaines de l'exagération. Amiel, Journal intime,1866, p. 375.
2. Il expose comme un fait certain que les familles ont été viciées par les égarements des maris et des femmes : la débauche de l'homme, coupable en elle-même, a aussi pour conséquence, explique-t-il, l'infidélité de la femme. Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 256.
2. Dans le domaine intellectuel
a) Action de s'écarter de la vérité, de se tromper; état résultant de cette action. Les seules connaissances qu'il nous soit possible d'acquérir à son égard, sont et seront toujours uniquement celles que nous aurons puisées dans l'étude suivie de ses lois; hors de la nature, en un mot, tout n'est qu'égarement et mensonge (Lamarck, Philos. zool.,t. 2, 1809, p. 3).
P. anal., dans le domaine esthétique.L'égarement du goût français (Mauclair, Maîtres impressionn.,1904, p. 125).
b) Au plur. Actes dénotant l'égarement. Synon. erreurs :
3. Dans son principal essai pour interpréter un grand artiste, ce Rêve de jeunesse de Léonard de Vinci, qu'il publia en 1910, Freud ne semble guère avoir mis à profit les perspectives qu'il avait esquissées. Il y fait l'effarante démonstration des lacunes et des égarements de sa méthode. Les secrets de l'âme ne s'ouvrent pas avec une seule clef, serait-ce celle des songes. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 327.
C.− Au fig. [L'idée dominante est celle d'un trouble des facultés psychiques]
1. État, généralement de courte durée, caractérisé par une perte de conscience ou de contrôle de soi, et dû à un excès de plaisir ou de douleur, à une forte surprise. J'y découvris [en vacances] un aspect nouveau de la vie sexuelle : ni tranquille joie des sens, ni égarement troublant, elle m'apparut comme une polissonnerie (Beauvoir, Mémoires j. fille,1958, p. 164):
4. Shakespeare a dû savoir que l'on observe chez certaines personnes extrêmement ivres, de quelque ivresse qu'il s'agisse, le penchant presque irrésistible à feindre leur égarement plus complet qu'elles ne l'éprouvent en réalité... Éluard, Donner à voir,1939, p. 125.
2. Trouble mental, généralement de courte durée, proche de la folie. L'égarement de son cerveau, de sa tête, de ses yeux; égarement passager, subit; une crise, une minute, un moment d'égarement. Lélia, voyant la fureur et l'égarement dans ses yeux, lutta avec force pour se débarrasser de cette main de fer, qui lui meurtrissait le bras (Sand, Lélia,1833, p. 323):
5. Un ouvrier pauvre à la fin d'une semaine rentre chez lui rapportant sa paye en billets. Un petit garçon de quelques années voit les billets, joue avec et les jette au feu. L'apercevant trop tard, le père voit rouge, s'empare d'une hache et dans l'égarement tranche les deux mains de l'enfant. (...) Devenu subitement fou, le père s'enfuit, erra dans la campagne. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 187.
Au plur. Actes dénotant l'égarement. [Les] égarements de la plus aveugle fureur (Cabanis, Rapp. phys. mor.,t. 2, 1808, p. 334).
Rem. La plupart des dict. du xixeet du xxes. (cf. Littré, etc.) attestent l'acception « action d'égarer quelque chose » qui n'est pas attestée ds la documentation.
Prononc. et Orth. : [egaʀmã]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 esgarement « action de se perdre » (B. de Ste-Maure, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 27519), attest. isolée; de nouv. 1587 (Lanoue, Discours politiques et militaires, 151 ds Littré); 2. 1600 egarement « action de perdre quelque chose » (O. de Serres, I, 6 ds Gdf. Compl.) − 1638, Sully, Œcon. roy., ch. CXIX, ibid.; de nouv. 1874 (Gazette des Tribunaux, 3-4 août ds Littré Suppl.). Dér. du rad. de égarer*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 591. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 200, b) 547; xxes. : a) 558, b) 859.