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VÉRITABLE, adj.
I. − Qui est conforme ou qui se conforme à la réalité, à la vérité. Synon. vrai.
A. − PHILOS., [En parlant de la connaissance, d'un jugement ou de son énoncé] Qui s'accorde avec son objet, qui est conforme aux lois de l'esprit. Je nomme véritable le raisonnement qui est fondé sur de vrais principes et élevé en bon ordre (Cousin, Hist. philos. mod., t. 3, 1847, p. 269).La juxtaposition des deux termes: personne, infini, nous déconcerte, parce que nous n'avons pas la connaissance directe de Dieu, ni la notion véritable de l'infini (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1284).
B. −
1.
a) Que l'on juge conforme à ce qui existe ou a existé. Il était heureux! Mais nous ne pûmes avoir une idée véritable de son bonheur (...) que sur le seuil même de cette église où il nous apparut comme transformé (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 9).Je garde, quant à moi, les plus belles, les plus secrètes [histoires], celles qu'on ne se remémore qu'à nuit close, qui sont si profondes qu'elles n'ont pas besoin du récit pour ressusciter, qu'elles peuvent négliger d'être grossièrement véritables (Arnoux, Chiffre, 1926, p. 8).
[À l'intérieur d'une formule jur.] Vu, certifié sincère/ conforme et véritable. La femme survivante qui veut conserver la faculté de renoncer à la communauté, doit, dans les trois mois du jour du décès du mari, faire faire un inventaire fidèle et exact de tous les biens de la communauté (...). Cet inventaire doit être par elle affirmé sincère et véritable, lors de sa clôture, devant l'officier public qui l'a reçu (Code civil, 1804, art. 1456, p. 267).
[Dans une tournure impers.] Pop., fam. [Précédé de c'est] Si tu vois un bonhomme barbouillé et taché de la peau et des frusques, à ne le toucher qu'avec des outils, tu peux t'dire: c'est un cuistot, probab'! Et tant plus il est sale, tant plus il est cuistot. C'est vrai et véritable, tout de même, dit Marthereau (Barbusse, Feu, 1916, p. 15).Rare. [Précédé de il est] Il est véritable que + ind.Il est véritable (...) que ces familles nobles et riches [appartenant à la haute noblesse] avaient été distinguées d'une manière fâcheuse dans la répartition des contributions de guerre demandées pour l'armée française (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 8).
b) [En parlant d'une affirmation, d'un fait] Dont on est parfaitement certain, conscient. [À l'époque du Symbolisme] la philosophie, et même la morale, tendirent à fuir les œuvres pour se placer dans les réflexions qui les précèdent. C'était là un très véritable progrès (Valéry, Variété [I], 1924, p. 108).
2. Rare. Qui détient la vérité. Si jamais il y a eu dans notre histoire, depuis un siècle, un moment où il eût été possible de soulever avec fruit cette grande question [la loi du progrès dans l'humanité] et de la porter devant le jury véritable de l'opinion, c'est précisément à l'époque où Bonaparte négocia le concordat (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 5).
C. − [Précédé de l'art. déf. ou d'un poss.; traduit la reconnaissance par l'esprit qu'un être ou un objet parmi d'autres est le plus conforme à la vérité, à la réalité]
1. [En parlant d'une chose] Synon. réel, vrai.
a) Qui apparaît comme le plus juste sous les apparences. La pauvreté me fut une amie bienfaisante; elle m'enseigna le véritable prix des biens utiles à la vie, que je n'aurais pas connu sans elle (A. France, Vie fleur, 1922, p. 557).V. profond ex. 11, sagesse ex. 2.
b) Qui convient le mieux parmi d'autres possibles. L'idée de Coëssin tend à faire rentrer la poésie dans sa véritable route, et à la replacer à la tête des sciences humaines. Il faut lui faire reprendre son rang avant les mathématiques (Chênedollé, Journal, 1808, p. 32).Je me range à l'opinion de Théophile Gautier, de Louis Viardot et de quelques hommes de jugement sain (...). Ces maîtres de la critique sincère et avertie n'ont pas hésité à mettre le Greco à sa place véritable: au troisième plan dans la peinture, au premier dans l'extravagance et la fausse originalité (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 216).
c) Qui est important, essentiel ou primordial (p. oppos. à ce qui est marginal ou simplement apparent). Cela l'avait emplie de confusion, d'entendre Gilberte parler de lui, et elle n'osait plus dire le motif véritable de sa visite (Zola, Débâcle, 1892, p. 554).Le véritable esprit et la véritable destination de la médecine, que l'enseignement des Facultés dissimule sous le fatras scientifique (Romains, Knock, 1923, I, 1, p. 5).
2. [En parlant d'une pers.] Qui seul parmi d'autres est reconnu comme correspondant à sa dénomination. L'abbé considéra le rude homme, qui était l'aîné et le chef véritable de la ferme (R. Bazin, Blé, 1907, p. 242).On a coutume de considérer A. Comte comme le véritable fondateur de la sociologie (Hist. sc., 1957, p. 1510).
3. [Dans un cont. relig.] Qui seul est reconnu par tout un groupe comme conforme à l'idéal et qui fait l'objet d'une croyance unanime. Caligula: De la Gaule (...) N'as-tu pas rapporté le culte d'un faux dieu? Stella: Tu blasphèmes, César (...) C'est le Dieu véritable! (Dumas père, Caligula, 1837, IV, 3, p. 103).Quand l'Église chrétienne naissante, se considérant elle-même comme le véritable Israël, eut fait sienne la Bible juive, elle reconnut d'emblée à celle-ci le même caractère inspiré, la même autorité divine (Philos., Relig., 1957, p. 40-15).
D. − Domaine de la création littér. et artist.
1. [En parlant d'une œuvre] Fidèle à la réalité, au modèle. Ce drame n'est ni une fiction, ni un roman. All is true, il est si véritable, que chacun peut en reconnaître les éléments chez soi, dans son cœur peut-être (Balzac, Goriot, 1835, p. 6).Aucun procédé photographique n'approche de la peinture, et (...) au surplus un portrait véritable parle aussi bien, et peut-être mieux, à ceux qui n'ont point connu le modèle (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 250).
2. [En parlant d'un art] Qui privilégie l'expression de la réalité. On sentit donc [avec le progrès croissant des relations humaines] le besoin de l'écriture, et elle fut inventée. Il paraît qu'elle était d'abord une véritable peinture, à laquelle succéda une peinture de convention, qui ne conserva que les traits caractéristiques des objets (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p. 6).
II.
A. − Qui existe indépendamment de l'esprit qui le conçoit. Synon. réel, vrai.[L'homme] pria la pierre de monter, l'eau de s'élever, les montagnes de se transporter, et substituant un monde fantastique au monde véritable, il se constitua des êtres d'opinion, pour l'épouvantail de son esprit et le tourment de sa race (Volney, Ruines, 1791, p. 219).Il ne lui restait du véritable Étienne que des images figées, inoffensives. L'autre, celui qu'elle avait inventé, l'accompagnerait éternellement mais ne pèserait pas lourd sur sa vie (G. Dormann, La Passion selon saint Jules, Paris, Le Livre de poche, 1978 [1967], p. 71).
B. − Qui est tel effectivement, en dépit des apparences. Synon. authentique, réel.Des blagues. Nos aînés aussi en faisaient, au bel âge. Ainsi, n'est-il pas arrivé souvent au sérieux André Gide, au temps où il écrivait Les Cahiers d'André Walter, d'attendre à un coin d'avenue une admiratrice inconnue qui lui avait donné rendez-vous et ne venait pas... Tandis que derrière un arbre, Pierre Louÿs, auteur véritable de la lettre, emmagasinait de la joie pour toute une semaine (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1896, p. 262).Ce jour-là, il (...) s'était fait un succès du récit piquant de son entrevue avec le haut fonctionnaire, dont il n'avait heureusement pas révélé le véritable nom (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 240).
En partic. Qui est bien celui à qui on pense. Un malheureux tisserand, affligé du nom de Villard, fut embarqué avec le Villard véritable malgré ses protestations désespérées (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 136).
C. − [Avec valeur intensive] Qui, seul au delà des apparences, correspond à la réalité profonde d'un être et constitue son identité. Le devoir d'insuffler une idéologie commune et vraiment polonaise (mais où est la « véritable Pologne »?) (Arts et litt., 1936, p. 52-2):
[Le monde] tient mon corps dans ses griffes; mais mon âme lui échappe et le brave. Ma pensée et mon amour, ma foi et mon espérance sont hors de ses prises. Mon être véritable, l'essence de ma personne, mon moi demeurent inviolés et inaccessibles à ses outrages et à ses colères. Amiel, Journal, 1866, p. 242.
III. − Qui est bien ce qu'il paraît. Synon. authentique, vrai.
A. −
1. Lang. cour.
a) [En parlant d'une chose] Qui correspond à sa définition. Il commença de piquer plusieurs fois du nez. La fatigue beaucoup plus qu'un véritable sommeil pesait lourdement sur sa nuque et sur ses épaules (B. Clavel, Le Voyage du père, Paris, J'ai lu, 1980 [1965], p. 103).V. possibilité B 1 a α ex. de Beauvoir et science II B 2 b ex. de Condorcet.
b) [En parlant d'une pers.] Dont l'apparence correspond complètement à sa qualité. Marquis!... Ohé! marquis!...Où êtes-vous marquis?... Ici! Qu'y a-t-il?...Des naufragés, mon cher ! Là-bas, sur un radeau!C'est vrai, marquis! De véritables naufragés! (Hergé, Les Aventures de Tintin, Coke en stock, 1958, p. 39).
2. Lang. des sc. et des techn. Qui correspond strictement à sa dénomination, sans altération ni variation. Des disciples de Hering ont soutenu que le pourpre était le rouge véritable, primitif, fondamental (Piéron, Sensation, 1945, p. 137).Les grandes Roussettes se bornent à fréquenter les entrées [des cavernes] pendant le jour; mais toutes vont chercher leur nourriture à l'extérieur et ne sont donc pas des cavernicoles véritables (Gèze, Spéléol. sc., 1965, p. 152).
B. − Qui est effectivement ce qu'on déclare être.
1. Qui n'est l'objet d'aucune contrefaçon avouée ou non.
a) [En parlant d'une chose]
[P. oppos. à artificiel, faux1, imité] Brillant, corne, dorure, écaille, nacre véritable. Les petites filles lui apportaient leurs poupées, dont quelques-unes avaient des colliers de perles en verre, en véritable verre (Mille, Barnavaux, 1908, p. 16).Je soulevai lentement le couvercle de la boîte en carton: un magnifique cartable à bretelles, d'un rouge foncé, reposait sur un lit de papier de soie. De son fermoir pendait une étiquette portant la garantie « cuir véritable » (H. Verneuil, Mayrig, Paris, Le Livre de poche, 1989 [1985], p. 76).
Synon. de naturel.Il est rentré de son bureau dans un état de fureur à faire frissonner. Je le connaissais bien laid, je l'ai vu monstrueux. Ses quatre véritables dents tremblaient, et il m'a menacée de son odieuse compagnie, si je continuais à te recevoir (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 254).
b) [En parlant du comportement d'une pers.; p. oppos. à feint, imité, simulé] À côté de ces fous volontaires et si pleins de discernement, il y en eut d'autres, hélas! qui ne furent que trop véritables et que l'obsession de la liberté conduisit au meurtre (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 249).
2. En partic. Qui ne peut être suspecté d'aucune intention de tromperie, de fraude ou de malhonnêteté.
a) [En parlant d'une chose] Dont l'origine et la nature sont bien établies. On découvrit (...) en France, en 1819, du poivre faux mêlé avec du poivre véritable, et imité de manière qu'on y était facilement trompé (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 556).
[P. oppos. à copié, faux1] Qui est, de façon certaine, sans contrefaçon ou imitation, la production de tel(le) styliste, créateur ou firme. Véritables verres Lacoste (Le Figaro Magazine, 1erjuin 1990, public., p. 107).
Dont le lieu d'origine ou de fabrication ne fait aucun doute. Véritable dentelle du Puy; véritable lame de Tolède. Vous trouverez celui-ci assez bon [un cigare], lui dis-je en lui présentant un véritable régalia de la Havane (Mérimée, Carmen, 1845, p. 6).
P. ext. [P. oppos. à falsifié, imité] Qui est conforme à des règles déterminées de fabrication, qui correspond à une appellation, à une marque déposée, qui possède un label. Véritables madeleines de Liverdun; véritables rillettes du Mans; le véritable Port-Salut. Des marques qui ont fait leurs preuves, du lait concentré Nestlé, des raviolis Buitoni et la véritable Vache qui rit (Le Figaro, 16 févr. 1991, p. 28, col. 5).
b) [En parlant d'une pers.] Qui peut légitimement revendiquer sa qualité; qui n'est pas suspect de tromperie. Il n'en coûtera à son cœur que la peine (...) que l'on éprouve à s'éloigner d'amis véritables. Je n'ai pas su rester cela. Mon cœur a trahi cette amitié (Radiguet, Bal, 1923, p. 168).Elle est fausse [votre carte] (...). Ça se voit au premier coup d'œil. Et puis si vous étiez un véritable inspecteur, vous sauriez qu'on ne mène pas une enquête comme ça (Queneau, Zazie, 1959, p. 209).
P. méton. [En parlant d'un sentiment, d'un acte] Qui ne recèle aucune tromperie. Synon. sincère.Le comte a été profondément affecté de la perte qu'il a faite; je ne l'ai pas quitté pendant son chagrin. Ma douleur, si véritable, la manière dont je l'exprimais, mes soins assidus, ont touché cet homme excellent (Krüdener, Valérie, 1803, p. 102).Il est impossible de faire du mal à autrui quand on agit en état de prière. À condition que ce soit prière véritable (S. Weil, Pesanteur, 1943, p. 128).
C. − [Avec valeur intensive]
1. [En fonction d'épith., antéposé, le plus souvent précédé d'un art. indéf.]
a)
α) [En parlant d'une chose] Qui correspond pleinement à sa définition. Deux heures durant, je l'aidai à empiler une véritable bibliothèque. Et quelle bibliothèque! (Benoit, Atlant., 1919, p. 35).Clara avait cette capacité d'étonnement et de jeu sans laquelle il n'y a pas de véritable art de vivre (A. Jardin, Bille en tête, 1988 [1986], p. 128).V. amour ex. 22 et imiter ex. 8.
[Pour amplifier, renforcer une affirmation, une opinion] Un véritable saccage; une véritable cacophonie. Il en prenait un soin extrême [de son canotier]... C'était un exemplaire unique, un véritable chef-d'œuvre, dans le genre sombrero, un cadeau d'Amérique du Sud, une trame rarissime! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 428).V. coupe-gorge ex.[À propos d'une action] Un véritable défi, tour de force; une véritable course contre la montre; une véritable conspiration, performance, provocation. Pauvre Sœur Marie des Anges! Elle avait fait, en somme, ce qu'elle avait pu. Elle avait même montré de l'audace et de l'initiative. Ce qui, n'importe où, n'aurait été qu'un geste banal, devenait ici un véritable héroïsme (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 41).[À propos d'un événement, d'une situation] Un véritable cercle vicieux; un véritable gâchis; une véritable métamorphose, résurrection, révélation; une véritable calamité, folie, honte. Depuis le milieu de juin jusqu'à la fin d'août, il ne tomba pas une goutte d'eau, de sorte que les blés, les avoines et toutes les récoltes manquèrent. L'herbe ne valait pas la fauchée. On voyait déjà venir la famine, car les pommes de terre elles-mêmes n'avaient pas donné. C'était une véritable désolation (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 111).
β) [En parlant d'une pers.] Qui correspond complètement à un type donné. La critique expérimentale ne peut être faite que par un expérimentateur et celui qui critique un travail scientifique doit être un véritable savant et être capable lui-même de faire le travail mieux que l'auteur qu'il critique (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 252).Nicole nous rejoint chez nous. Cette fille est une véritable fille de Banlieue Sud-Est [le premier roman de l'aut.], pervertie, gamine, ignare, sympathique. Si je l'avais bien connue à l'époque du livre elle aurait fait un beau sujet (R. Fallet, Carnets de jeunesse, 1990 [1947], p. 278).V. amour ex. 300, analogie ex. 4, authentifier ex. 2.
[Pour amplifier un jugement de valeur] [Dans un cont. laud.] Un véritable athlète, homme du monde, mécène, virtuose. Le lecteur avait butiné çà et là une pensée, une idée, une anecdote... agissant en véritable épicurien qui goûte de tout avec choix et friandise (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 20).[Dans un cont. péj.] Un véritable escroc; une véritable emmerdeuse (vulg.); une véritable nullité. Un bonnet polonais à créneaux, fort séant, sans doute, aux magnats, mais qui lui donnait l'air d'une vieille femme.Et dans le fait, curieux et bavard, ajoutait M. Dubois, c'était une véritable commère (A. France, Vie fleur, 1922, p. 340).
b) [Pour renforcer la justesse d'une affirmation] Qui a tous les caractères de sa nomination sans que celle-ci corresponde obligatoirement à une réalité. Synon. vrai.
α) [Le plus souvent dans un cont. anal., métaph. ou fig.; à propos d'une chose, d'un lieu, du résultat d'une action] Un véritable arsenal, dépotoir; un véritable marathon; un véritable parcours du combattant; un véritable travail de Pénélope; une véritable étuve; une véritable fontaine de Jouvence. Wimbledon c'est le véritable sanctuaire, c'est le lieu où le tennis prend une autre dimension (Jeux et sports, 1967, p. 1378).Véritable caverne d'Ali-Baba pour quarante mangeurs, la pièce contenait de quoi rendre malade Pantagruel lui-même (A. Jardin, Bille en tête, 1988 [1986], p. 201).
[À propos d'un phénomène, d'une situation] Une véritable bombe, psychose. À leur suite [des critiques les plus écoutés], un véritable raz-de-marée soulève le public et le porte [un ouvrage dénué de toute valeur littéraire] au sommet de l'admiration et de l'enthousiasme (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 130).
P. exagér. Un véritable attentat, chemin de croix, crime, suicide. Elle lira ces pages sans concevoir la douleur qui les a dictées. J'étais à la veille de ne plus l'aimer et je souffrais un véritable martyre car je sentais que c'était m'arracher à moi que m'arracher à elle (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 206).V. juste ex. 17.
β) [À propos d'une pers.] Hé bien! Grégoire Ivanitch, vous êtes pour moi un véritable père, je ne me lasse pas de le répéter (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 36).
P. exagér. Un véritable voyou; une véritable brute, ordure. Panisse, furieux : Et voilà comme tu es! Avec tes racontars et tes calomnies, tu me fais perdre une occasion de lui vendre une voilure complète! César: Oh! toi, pour vendre six mètres de toile, tu ferais noyer n'importe qui. Tu es un assassin, Panisse, un véritable assassin (Pagnol, Fanny, 1932, II, 4, p. 123).
[À propos d'une pers. dont l'apparence, la situation rappellent celles d'un personnage connu] Je me plaindrai à Marino. Je lui ferai honte de t'enfermer le soir dans une sombre casemate. Je lui dirai qu'il fait de toi une véritable Cendrillon (Gracq, Syrtes, 1951, p. 86).
P. métaph. ou au fig. Un véritable danger public. Quand il [Maurice Chevalier] apparaissait, silhouette mince et sportive, bras tendus vers le public, sourire aux lèvres, debout sur une plate-forme qui surgissait de dessous la scène, et qu'il entonnait sa célèbre chanson Là-haut, c'était un véritable soleil (J. Gabin ds A. Brunelin, Gabin, Paris, J'ai lu, t. 1, 1989 [1987], p. 142).
2. [En fonction d'épith., précédé de l'art. déf.] Qui correspond parfaitement ou idéalement à son nom. Synon. authentique, pur.Le véritable talent consiste à composer de manière qu'il y ait dans le même ouvrage, dans la même scène, ce qui fait pleurer ou rire même le peuple, et ce qui fournit aux penseurs un sujet inépuisable de réflexions (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 193).V. amour ex. 127, sagesse I C 1 a ex. de Gilson.
En partic. [Dans un cont. relig.] La vie véritable. Synon. de la vie* éternelle.[Nerval] s'est trompé en cherchant la vie véritable dans la vie même, alors que la vie des hommes est fantomale, et seule réelle la vie des âmes (Durry, Nerval, 1956, p. 116).
Prononc. et Orth.: [veʀitabl̥]. Ac. 1694, 1718: veritable; dep. 1740: véritable. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 « dont l'existence, la réalité ne peuvent être mises en doute » corage... Poi veritable e poi estable (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 13863); b) 1678-79 « (d'une personne) effectif, solide, authentique » un ami veritable (La Fontaine, Fables, l. VIII, 11, 26); c) 1688 « (id.) qui existe, qui est vrai en dépit de l'apparence » le véritable Amphitryon (Molière, Amphitryon, III, 5); 2. ca 1188 « qui est conforme à la vérité » c'est chose veritable (Aimon de Varennes, Florimont, éd. A. Hilka, 3122); 3. fin xiies. « qui dit toujours la vérité » cil soit atroueiz veritaule (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 58, ligne 17); 4. 1762 souligne la justesse d'une image ou renforce une dénomination qui n'est qu'une apparence (Rousseau, Émile, p. 361: j'étais un véritable idiot pour eux); cf. 1764 c'est un véritable jeu d'enfant (Id., Lettres écrites de la montagne, p. 833). Dér. de vérité*; suff. -able*. Fréq. abs. littér.: 9 253. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 16 420, b) 11 558; xxes.: a) 9 216, b) 13 605.