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VULNÉRABLE, adj.
A. − [En parlant d'un animé ou d'une partie du corps] Exposé aux blessures, aux coups. Anton. invulnérable.Rois, je veux Prendre aux talons celui qui nous prend aux cheveux, Et frapper cet Achille à l'endroit vulnérable (Hugo, Légende, t. 3, 1877, p. 195).Les parties [du sanglier] vraiment vulnérables pour les chevrotines sont le derrière de l'oreille (...) ou le bas de l'aisselle (Vidron, Chasse, 1945, p. 105).
P. ext. Exposé à la douleur physique, à la maladie. Je vois d'ailleurs combien ma santé est vulnérable et combien de soins hygiéniques quotidiens elle réclame déjà (Amiel, Journal, 1866, p. 263).Les microbes pullulent et s'attaquent à la muqueuse devenue vulnérable (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 199).
B. −
1. [En parlant d'un inanimé concr.] Qui peut être attaqué, atteint facilement. Anton. invulnérable.Ces magasins (...) sont très vulnérables en cas d'incendie (Civilis. écr., 1939, p. 50-11).La seule possibilité de faire face à la sévérité croissante de la concurrence sur une industrie vulnérable est de s'associer solidement (Industr. conserves, 1950, p. 16).
Vulnérable à + subst.On jugea les porte-avions encombrants, fragiles, vulnérables au canon et à la bombe (Le Masson, Mar., 1951, p. 20).
2. JEUX (bridge). [En parlant d'une équipe] Qui, ayant gagné une première manche, risque de ce fait des pénalisations doubles. Si l'on est vulnérable, les points gagnés ou perdus sont plus importants. En partie libre un camp est vulnérable s'il a déjà gagné une manche (Cos.Bridge1984, p. 101).
C. − [En parlant d'une pers. ou d'un inanimé] Anton. invulnérable.
1. [En parlant d'une pers., d'un aspect de sa personnalité] Très sensible aux attaques morales, aux agressions extérieures. Synon. fragile.La pureté est absolument invulnérable en tant que pureté (...). Mais elle est éminemment vulnérable en ce sens que toute atteinte du mal la fait souffrir (S. Weil, Pesanteur, 1943, p. 79).
Vulnérable à + subst.L'enfance, si vulnérable aux blessures affectives (Mounier, Traité caract., 1946, p. 520).
Empl. subst. Il n'a rien perdu de sa tendresse pour les paumés, les marginaux, les vulnérables (Le Nouvel Observateur, 29 oct. 1979, p. 28, col. 1).
2. [En parlant d'un inanimé, surtout abstr.] Discutable par ses imperfections ou ses insuffisances. Synon. attaquable, critiquable.Le testament est olographe, il est, par conséquent, très vulnérable (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 255).
Point vulnérable. Point faible. Arnauld, pour décréditer Malebranche, l'entame par ce point le plus vulnérable de sa théorie, par l'aspect le plus choquant pour le bon sens et le plus impopulaire (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 238).
Prononc. et Orth.: [vylneʀabl̥]. Ac. 1694, 1718: vulnerable; dep. 1762: vulnérable. Étymol. et Hist. 1. 1676 « qui peut être blessé » (Pomey, p. 1004); 2. 1807 « qui peut être facilement atteint, attaqué » (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois, p. 358: les hommes les moins querelleurs sont toujours ceux qui ont des moyens paisibles de faire des gains légitimes, et qui possèdent des richesses vulnérables); 3. 1817 « qui peut être blessé, touché (au moral) » (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, p. 81: cet homme [M. de Maurepas] qui ne voyait dans l'expression des sentiments qu'une occasion de découvrir le côté vulnérable); 4. 1847 « qui donne prise à la critique » (Balzac, loc. cit.); 5. 1933 jeu de bridge (Lar. 20e). Empr. au lat. tardifvulnerabilis « qui peut être blessé », « qui blesse », dér. de vulnerare (v. vulnérer), avec peut-être l'infl. de l'angl. vulnerable « qui peut être blessé » (1605 ds NED), empr. lui aussi au latin. Fréq. abs. littér.: 215. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 84, b) 246; xxes.: a) 84, b) 659.
DÉR.
Vulnérabilité, subst. fém.Caractère de ce qui est vulnérable. Synon. fragilité; anton. invulnérabilité (dér. s.v. invulnérable).a) [Corresp. à supra A] Vulnérabilité de l'organisme. Il n'y a aucune relation entre la vulnérabilité d'une partie du corps et son aptitude à la régénération (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 70).b) [Corresp. à supra B 1] On peut leur reprocher [aux barrages à voûtes] leur vulnérabilité en cas de bombardement: les voûtes étant de faible épaisseur sont d'une perforation facile par des projectiles même de faible calibre (Thaller, Houille blanche, 1952, p. 44). [vylneʀabilite]. Att. ds Ac. 1935. 1reattest. 1836 (Balzac, Œuvres div., t. 3, p. 23); dér. sav. de vulnérable, suff. -(i)té*.