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VULGAIRE, adj. et subst. masc.
I. − Adjectif
A. − [Sans valeur péj.]
1. [En parlant d'une chose]
a) Vieilli ou littér. Qui est admis, pratiqué par la grande majorité des personnes composant une collectivité, appartenant à une culture; qui est répandu. Synon. banal, commun, courant, ordinaire, trivial.Croyance, interrogation, moralité, observation, opinion, pensée, préjugé, préoccupation, satisfaction, vérité vulgaire. Il faut revenir de bonne foi aux idées vulgaires de sagesse et d'honneur; une femme a tout à perdre en les oubliant (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 400).La conversation s'engagea de la façon la plus vulgaire: le temps, le Ministère, la maladie de de Marsay (Balzac, Secrets Cadignan, 1839, p. 338).
Vx. Ère* vulgaire.
b) [Postposé; en parlant d'une lang.]
Langue vulgaire. V. langue II A 1.Latin vulgaire. Latin parlé à basse époque dans l'ensemble des pays de l'Empire romain et dont sont issues les langues romanes. C'est (...) un autre état du latin [que celui du latin classique], mal connu, qu'on dénomme le latin vulgaire, et auquel on rattache la formation de l'ensemble des langues romanes (M. Cohen, Hist. d'une lang.: le fr., 1973 [1947], p. 50).
Qui est spécifique, qui est réservé à l'usage oral. À côté de la langue littérale, qui devient le partage exclusif des écoles, l'arabe vulgaire d'un système plus simple et moins riche en formes grammaticales (Renan, Avenir sc., 1890, p. 207).
[P. oppos. à scientifique, technique] Qui appartient à la langue courante, usuelle. On appelle carré en langue vulgaire toute figure renfermée entre quatre côtés. Que des hommes qui ne sont pas géomètres discutent sur cette idée ou ce terme vague, ils se contrediront (Maine de Biran, Journal, 1819, p. 231).
2. [En parlant de tout ou partie d'une pers., d'une chose]
a) Qui est identique, semblable aux autres individus, aux autres objets de son espèce. Synon. anodin, banal, ordinaire.Homme, humain, lecteur vulgaire; chose, objet vulgaire. Le violon et le flageolet avaient tous deux des figures vulgaires, la figure si connue de l'aveugle, pleine de contention, attentive et grave (Balzac, Facino Cane, 1836, p. 375).Cette boutique (...) n'avait qu'une porte qui laissait entrevoir dans l'ombre un comptoir, des balances, quelques marchandises vulgaires étalées sur le carreau (Hugo, Choses vues, 1885, p. 48).
SC. NAT. Qui présente les caractères communs de l'espèce sans autre trait distinctif. Synon. commun.Faisan, poule vulgaire. (Dict. xxes.).
DR. Substitution* vulgaire.
[P. oppos. à savant, technique] Cette plante littéralement sème sous elle. Elle répond au nom vulgaire de Bon-Henri. Savamment c'est une chénopodiacée (Gide, Journal, Feuillets, 1925, p. 808).
b) [Antéposé; avec parfois une connotation péj. en fonction du subst. qui suit] Qui ne dépasse pas la moyenne. Synon. quelconque, banal.Vulgaire arriviste, bourgeois, fonctionnaire, idiot, mouchard, racaille; vulgaire accident, aventure, manie. Vous me direz, monsieur Bonaparte (...) que (...) n'ayant plus d'autre choix, plutôt que d'être un des vulgaires escrocs du code, vous avez mieux aimé être un des grands assassins de l'histoire! (Hugo, Nap. le Pt, 1852, p. 118).Quelle pouvait bien être cette fleur unique, d'un rouge éclatant (...)? (...) ce n'était qu'un très vulgaire coquelicot semblable à tous les coquelicots de France. Isolé dans cette prairie, il paraissait merveilleux (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p. 1196).
B. − Péjoratif
1. [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Qui est ordinaire, courant, conventionnel; qui perd tout intérêt du fait de sa fréquence, de sa répétition. Synon. commun.La doucereuse honnêteté, (...) les semblants de vertu, (...) les façons hypocrites d'une femme mariée qui ne laisse jamais voir que les besoins vulgaires d'un ménage, et qui se refuse en apparence aux folies (...). C'est l'ignoble livre de dépense et non la joyeuse fantaisie qui dévore des fortunes (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 140).
2. [En parlant d'une pers., de son attitude, de son comportement]
a) Qui n'a aucune élévation morale, qui est ordinaire, prosaïque. Artiste, esprit, idée, imagination, personnage vulgaire. L'amour n'est-il pas comme la mer qui, vue superficiellement ou à la hâte, est accusée de monotonie par les âmes vulgaires (Balzac, Vendetta, 1830, p. 208).Le héros se montre grand dans toutes les circonstances de sa vie: voilà ce qui le distingue de l'homme vulgaire (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p. 28).
b) Qui manque d'éducation, de distinction; qui se conduit de façon grossière, qui ne se conforme pas aux règles du savoir-vivre. Je suis persuadé que plus d'un Anglais, pair et millionnaire, n'ose pas croiser les jambes quand il est seul devant son feu, de peur d'être vulgaire (Stendhal, Rome, Naples et Flor., t. 1, 1817, p. 160).Le désir me choquait obscurément chez Antoine. Il ne le portait pas bien. C'était comme une déchirure dans sa délicatesse, cette délicatesse à laquelle me faisaient croire ses dents, son regard. Il me paraissait soudain vulgaire, plus vulgaire que s'il avait été vulgaire (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 332).
Vulgaire dans + subst.Homme vulgaire dans ses manières. Je me disais: « Il doit être brutal... un peu vulgaire dans ses caresses... il ne doit pas porter de caleçons... et son corps musclé doit sentir le velours à dix-neuf sous! » (Guitry, Veilleur, 1911, II, p. 10).
Troupeau vulgaire. [Trad. de vulgum* pecus] Un jeune conseiller de Préfecture (...) pratiquant, l'été, le tennis (...) non loin des joueurs de boule démocratiques (...) sans contact toutefois avec ce troupeau vulgaire, sans que le regard même des manieurs de raquettes parût leur accorder (...) un volume (Arnoux, Solde, 1958, p. 13).
c) [P. méton.]
Qui dénote la grossièreté, le manque de distinction. Accent, intonation, rire, ton, voix vulgaire; air, allure, aspect, beauté, bouche, conduite, corps, figure, gaieté, laideur, physionomie vulgaire; goûts, manières vulgaires. Il m'avait dit (...) qu'il lui avait trouvé mauvais genre. Qu'avait-il voulu dire par mauvais genre? J'avais compris genre vulgaire, parce que, pour le contredire d'avance, j'avais déclaré qu'elle avait de la distinction (Proust, Prisonn., 1922, p. 84).M. Ouine continuait de rire à petits coups, la tête légèrement inclinée sur la droite, un œil ouvert, l'autre fermé, ce qui donnait à son visage une expression assez vulgaire (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1560).
Rem. Vulgaire peut être associé a) tantôt à la pauvreté: On a beau dire, la pauvreté rend vulgaire. Maud était vulgaire; il haïssait la franc-maçonnerie qui l'unissait aux cochers, aux porteurs, aux guides, aux garçons de café (Sartre, Sursis, 1945, p. 45); b) tantôt à la richesse quand celle-ci s'expose sans discrétion: J'ai connu ces famille où l'on tenait les gens riches pour un peu vulgaires (...) où le mot argent et les choses qui le représentent étaient tus comme la luxure (Chardonne, Attach., 1943, p. 87).
[En parlant de productions orales, du lang.]
Qui choque la bienséance par son caractère grossier dans l'expression ou dans le contenu. Expression, langue, mot, parole, sens, terme vulgaire. C'est à mon sens le point culminant de son physique [de Victor Hugo], dans le sens un peu vulgaire que je suis bien forcé, pour être très français, d'employer ici (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Souv. et prom.,1896,p. 150).« (...) on se figure un peu, ajouta-t-il d'une voix nasillarde, ralentie et traînante, il y a toujours des gens (...) qui vous donnent une idée (...). » On remarquera qu'après une interpolation du langage vulgaire, celui de M. de Charlus était brusquement redevenu (...) précieux et hautain (Proust, Sodome, 1922, p. 1009).
Plaisanterie vulgaire. Plaisanterie grossière, sans finesse ou choquante par son contenu obscène. La gloire du ménage est précisément dans ce calme, dans cette profonde connaissance mutuelle, dans cet échange de biens et de maux que les plaisanteries vulgaires lui reprochent (Balzac, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 368).
Qui caractérise le discours de personnes frustes; qui n'est pas conforme à l'usage normatif. Je veux que vous gardiez de moi un bon souvenir, et vous prouver que Moi, dont on dit tant de mal, je suis quelquefois bon diable, pour me servir d'une de vos locutions vulgaires (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 143).
3.
a) [En parlant d'une chose concr.] Qui manque de finesse, de délicatesse; qui est de qualité médiocre. Il n'y a que de vulgaires chaises, grossières, moins bien même que celle qui est à la préfecture (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 38).Tous (...) ne s'abreuvant que de bibine vulgaire (Arnoux, Zulma, 1960, p. 245).
b) Qui est jugé de mauvais goût ou comme manquant de distinction. Modeste montrait à la main de son père une cravache dont le bout était un semis de turquoises, une invention alors à la mode, et devenue depuis assez vulgaire (Balzac, Modeste Mignon, 1844, p. 250).Notre oreille, encore mal exercée, n'aimait que les rythmes vulgaires, faciles à retenir, les airs de café-concert et la musique de bastringue (Larbaud, Enfantines, 1918, p. 183).
II. − Subst. masc.
A. −
1. Vx ou littér. Le commun des hommes, ceux qui n'ont aucune particularité, aucune spécialité; ceux que rien ne distingue. À nous seuls vulgaires il est permis de parler de nous, parce que personne n'en parlerait (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 660).Dans un bois l'amateur d'oiseaux distingue aussitôt ces gazouillis particuliers à chaque oiseau, que le vulgaire confond (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 908).
2. Péj. La partie la moins distinguée, la plus commune d'une société. Synon. populace.Les liaisons d'idées qui font les trois quarts du charme des beaux-arts (...) ont le bonheur d'être donnés dans une langue que l'ignoble vulgaire ne souilla jamais de ses plates objections (Stendhal, Hist. peint. Ital., t. 1, 1817, p. 49).Le vulgaire débarrassa le plancher, mais les fanatiques demeurèrent (Queneau, Pierrot, 1942, p. 14).
Le vulgaire de/des + subst.La partie la plus commune d'un groupe, d'un ensemble. Le vulgaire des philosophes de tous les temps a dit que la beauté et l'harmonie de l'œuvre attestait l'ouvrier. Rien de plus faux (Vigny, Journal poète, 1861, p. 1360).
B. − Subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est ordinaire, commun, trivial. Le vulgaire et le trivial même doit avoir un accent (Hugo, Préf. Cromwell, 1827, p. 30).La beauté de MlleJamois est une beauté cachée. Rien d'extérieur n'en surcharge l'éclat secret. C'est ce qui lui permet de sauter la rampe, d'émouvoir la salle et d'échapper au vulgaire (Cocteau, Foyer artistes, 1947, p. 147).
REM.
Vulgarien, subst. masc.,hapax. Que vous observiez certaines formes religieuses, je n'y vois pas d'inconvénients, d'autant plus que cela nous distingue de ces vulgariens bruyants, dont la vulgarité justement consiste à s'abstenir de la chose convenable (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 269).
Prononc. et Orth.: [vylgε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) 1325-36 empl. subst. vulgar « langue du pays, connue de tous » (Chronique de Morée, éd. J. Longnon, p. 239: si deviserent la teneur en vulgar [ms. endulgar], pour ce que cescun l'entendist); 1512 langaige vulgaire « commun à tous » (J. Lemaire de Belges, Illustrations, éd. J. Stecher, t. 2, p. 424); α) 1524 vulgaire latin (Gringore, Le Blazon des Hérétiques, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 332); 1763 grec vulgaire (L. de Bachaumont, Mémoires secrets depuis 1762, p. 271); 1787 arabe vulgaire (Volney, Voyage en Syrie et en Égypte, p. 175); β) 1549 les (langues) vulgaires « langues modernes par opposition aux langues anciennes latin et grec » (Du Bellay, La Deffence de la Langue Francoyse, éd. H. Chamard, p. 37); b) 1637 « courant, usuel (opposé à scientifique) » (N. de Peiresc, Lettres, t. 4, p. 283: j'ay aultresfois creu que nostre nom vulgaire de gavot venoit de gap ou de vapincum); 2. a) α) 1452 « qui appartient aux classes que rien ne distingue » (J. Millet, Epistre ds Fonds Barbier: a toutes gens vulgaires, populaires et de commun estat); β) 1611 « ordinaire, qui ne se distingue en rien des autres » (J. Bertaut, Les Œuvres poét., p. 123: [...] une plume vulgaire, un vulgaire écrivain puisse representer une beauté si rare); b) 1560 « commun (en parlant d'une plante) » (Ronsard, Poèmes, éd. P. Laumonier, t. 10, p. 287: Je n'ay pas seulement des vulgaires prunelles Qui croissent es buyssons, mais des prunes plus belles); c) 1580 en parlant de substances (B. Palissy, Discours admirables, p. 257 ds IGLF: le souphre vulgaire n'est pas tel comme lors qu'il a généré des métaux); d) 1783 sc. nat. « qui possède les caractères communs de l'espèce, sans aucun trait particulier » (Buffon, Hist. nat., Oiseaux, t. 2, p. 304: poules vulgaires); 3. a) dernier quart xves. « en usage parmi le peuple, commun » (J. Molinet, Oraison A Sainct Adrien ds Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 2, p. 506: wulgaires mos); spéc. 1681 ère vulgaire (Bossuet, Discours sur l'hist. universelle, p. 59); b) 1580 il est vulgaire de + inf. (Montaigne, Essais, II, 17, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 647); 4. 1573 avec nuance péj. (Jodelle, Les Discours de Jules César, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 235: De grands desseins, grands soins, grands discours, qui ne sont Propres à ceux, ausquels les rangs vulgaires font Vulgaires les esprits); 5. 1810 « qui choque par son manque de distinction » (Staël, Allemagne, t. 5, p. 51: je craignois d'écouter des paroles vulgaires, telles qu'on en chante ailleurs dans les rues). B. Subst. 1. a) 1530 « le commun des hommes » (Songecreux, 47 vods IGLF: le vulgaire des gens ruraulx); b) 1601 « la partie la plus grossière de la population » (P. Charron, De la Sagesse, Trois Livres, p. 221: Le peuple, nous entendons icy le vulgaire, la tourbe et lie populaire); 1610 (P. de Deimier, L'Académie de l'Art Poétique, p. 325: quelques uns du vulgaire de Paris); 2. 1810 « ce qui est ordinaire, commun » (Staël, op. cit., t. 2, p. 249: le vulgaire dans la nature se mêle souvent au sublime); 1836 être du dernier vulgaire (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, p. 308). Empr. au lat.vulgaris « qui concerne la foule »; « général, ordinaire, commun, banal », dér. de vulgus « le commun des hommes, la foule ». On rencontre en a. et m. fr. la forme vulgal, due à une forme lat. *vulgalis issue de vulgaris par changement de suff. Fréq. abs. littér.: 2 829. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 312, b) 3 635, xxes.: a) 4 106, b) 3 080.
DÉR.
Vulgarisme, subst. masc.,ling. Expression propre aux personnes peu instruites et qui est rejetée par le bon usage. (Dict. xixeet xxes.). [vylgaʀism̭]. 1resattest. a) α) 1801 « façon de parler basse » (Mercier Néol.), β) 1819 « qualité, défaut de ce qui est vulgaire » (Boiste), b) 1953 « mouvement littéraire de la Grèce moderne » (A. Mirambel, La Litt. gr. mod., Paris, P.U.F., p. 35, 45); a dér. sav. de vulgaire, suff. -isme*, avec peut-être infl. de l'angl. vulgarism (xviiies. ds NED), b de vulgariste (1912, Lar. mens., p. 344), dér. sav. de vulgaire, suff. -iste*.