Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
VOILER1, verbe trans.
A. − Empl. trans.
1. Couvrir d'un voile.
a) [Le suj. désigne une pers.]
α) Disposer une pièce d'étoffe sur une chose afin de la couvrir, de la dissimuler, de la protéger. [Le comité] a donc voilé pendant quelque temps la statue de la liberté. Mais confondra-t-on ce voile de gaze et transparent avec la doublure des Cloots (Desmoulinsds Vx Cordelier, 1793-94, p. 89).
β) Disposer sur une personne ou sur une partie de son corps une pièce d'étoffe légère qui pare, qui protège, qui dissimule. Ah! garce! Et il eut vers la baronne un geste si violent, qu'elle prit peur. Elle était restée debout, immobile, ne parvenant à se voiler la gorge, avec le jupon, qu'en laissant à découvert le ventre et les cuisses (Zola, Argent, 1891, p. 228).
Voiler la nudité de qqn. Si vous saviez, à côté de l'exactitude la plus minutieuse à traduire le texte saint, quelles trouvailles de délicatesse a eues le vieux sculpteur (...); ce voile, aussi, que la Vierge arrache de son sein pour en voiler la nudité de son fils (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 841).
[Parfois avec une connotation relig.] Se voiler la face, la tête, le visage. Se dérober par honte au regard d'autrui; se refuser à voir ce qui indigne ou horrifie. Eudore se lève; les centurions le soutiennent; il s'avance au pied des aigles; le silence règne parmi la foule; Eudore prend la coupe; les évêques se voilent la tête de leurs robes, et les confesseurs poussent un cri (Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 189).[Racine] ne perd jamais le souci de bien asseoir sa vie; en quoi il ressemble à la plupart des hommes, et c'est une grande hypocrisie que de se voiler la face comme ont fait quelques-uns de ses biographes (Mauriac, Vie Racine, 1928, p. 36).V. face I ex. de France.
[Dans la tradition islam.] Au passif. Porter le voile, se mettre un voile sur le bas du visage ou sur la tête et les épaules avant de se montrer en public. De sa voix [de la fille du Greco] et des sentiments de cette émouvante fiévreuse, rien ne nous est parvenu. Il est assez décent que chez le peintre de la profonde Tolède mi-catholique, mi-arabe, la fille de la maison soit voilée (Barrès, Greco, 1911, p. 38).
b) [Le suj. désigne une chose]
α) Cacher une ouverture. Il régnait sur ce paysage toute la majesté de l'ennui, mais cousine Laura protestait qu'elle mourrait le jour où, écartant le rideau de mousseline qui voilait sa fenêtre, elle ne verrait plus de l'herbe sèche et de la boue rouge sous un ciel bleu pâle (Green, Journal, 1934, p. 272).
β) Recouvrir d'une étoffe légère. Les meubles étaient voilés de housses (Maupass., Une Vie, 1883, p. 97).
γ) Tamiser la lumière. Des vitraux coloriés et des draperies rouges en voilant la lumière de Saint Jean et Paul, augmentent l'effet religieux (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 348).
2. P. anal. [L'écran n'étant plus une pièce d'étoffe] Cacher partiellement ou en totalité, rendre plus flou, plus imprécis. Synon. estomper, obscurcir.Si le vent d'automne ramassait les millions de feuilles des forêts pour les emporter à la mer et parvenait à voiler le soleil, le sein de la mer n'en aurait pas une palpitation plus forte, mais je suis l'amant prédestiné d'octobre et de novembre (Barrès, Cahiers, t. 2, 1898, p. 26).
3. Au fig.
a) Dissimuler. Synon. masquer.Voiler ses intentions. Que veux-tu que je te dise? Ou bien tu es dans cette expectative de me voiler hypocritement la véritéou d'avouer que ta conduite littéraire est un acte qui fait douter de ton équilibre mental (Jammes, Corresp.[avec Gide] ds Claudel-Gide, Corresp., 1914, p. 227).
b) Rendre moins visible, moins nette l'apparence, la réalité d'une chose. La passion voile le jugement. Il s'était affaissé sur le plancher; il se laissait bercer. Une brume voilait sa pensée, voilait le drame de sa vie, en dissipait les cruels contours (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 274).
PEINT., absol. [Corresp. à voile1C 2 e] Se couvrir d'un voile plus ou moins opaque. Quelquefois le brillant disparaît par suite de la production d'une sorte de buée à la surface (...) on dit que le vernis voile (Coffignier, Vernis, 1921, p. 510).
B. − Empl. pronom.
1. [Le suj. désigne une pers.] Porter un voile en guise de parure ou de protection. [Une jeune fille] essuya ses yeux gros de sommeil, ramenant sur ses épaules tous les coins des couvertures, croisant les bras pour se mieux voiler (Zola, Contes Ninon, 1864, p. 44).Dans le geste simple d'une femme qui se voile, il [Carrière] met le tragique d'une âme (Séailles, Carrière, 1911, p. 116).
Au fig. Se dissimuler, se cacher sous. La difficulté d'une transition aussi brusque, l'impossibilité de me voiler sous le prétexte de l'expectative (...) ne m'arrêteraient peut-être pas (Renan, Lettres, 1845, p. 246).Pour mettre un terme à ses exigences d'étiquette, Bonaparte semblait quelquefois décidé à se voiler sous un pseudonyme, comme un monarque en pays étranger (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 658).
2. [Le suj. désigne une chose] Perdre de son éclat, de sa netteté. Synon. se couvrir, s'obscurcir.Le soleil se voile. Le temps se voilait: l'orage n'éclaterait-il pas avant la course [de taureaux] ? (Mauriac, Écrits intimes, Commenc. d'une vie, 1932, p. 45).
En partic.
[Le suj. désigne le regard] Perdre de son acuité, se troubler. Quelquefois il [Bonaparte] lançait des regards éblouissants, mais cet état passait vite: ses yeux se voilaient et devenaient tristes (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 660).
[Le suj. désigne un son, le timbre d'une voix] Perdre de sa sonorité, de son intensité, de sa netteté. [La voix] se voile quand les fausses membranes s'étendent vers le larynx (Aviragnet, Weill-Hallé, Marie dsNouv. Traité Méd.fasc. 21928, p. 678).
Prononc. et Orth.: [vwale], (il) voile [vwal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1155 Veler « couvrir d'un voile (une jeune fille pour la faire religieuse) » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 13217: Nune devint iloc velee); ca 1200 (Chanson de Guillaume, éd. J. Wathelet-Willem, 2419: tu devien noneine si faz tun chef veler); b) α) empl. pronom. 1555 se voiler le chef (Ronsard, Hymnes, éd. P. Laumonier, t. 8, p. 57); 1624 se voiler le visage (H. d'Urfé, L'Astrée, t. 4, p. 713); 1690 bibl. se voiler la face (Fur.); β) 1721 se voiler en parlant des femmes musulmanes (Montesquieu, Lettres Persannes, p. 156); γ) 1826 fig. (Lamennais, Religion, p. 258: Ne reste-t-il qu'à se voiler la tête?); 2. 2emoit. xiiies. « disposer une pièce d'étoffe sur une chose afin de la couvrir » (Richier, Vie de Saint Remi, éd. W. N. Bolderston, 3826). B. Sens métaph. 1. 1550 « cacher, rendre moins visible, masquer » (Ronsard, Odes, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 104: Une nue d'erreur pleine Qui monte en nous, voluntiers Voilant la raison nous meine Esgarés des beaus sentiers); 1769 empl. pronom. (Delisle de Sales, De la Philos. de la Nature, p. 87: homme stupide, qu'on croit deviner, se voile dans ses contradictions); 2. a) 1550 « rendre moins visible; obscurcir » le ciel voilé (Ronsard, Odes, t. 2, p. 45); 1798 voix voilée, un peu voilée (Ac.); b) 1690 empl. pronom. (Fur.: le soleil s'est voilé); 1824 en parlant du regard (Balzac, Annette, t. 2, p. 122: elle baissa la voix et ses yeux se voilèrent); 1835 en parlant de la voix (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, p. 329); c) 1878 phot. épreuves voilées (A. Liébert, La Photographie en Amérique, p. 224 ds Quem. DDL t. 15). Dér. de voile1*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 949. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 918, b) 1 428; xxes.: a) 1 285, b) 863.