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VIOLENT, -ENTE, adj.
A. − [Corresp. à violence A]
1.
a) [En parlant d'une pers.] Qui a un comportement brutal, impulsif, agressif; qui est prompt à user de la force dans ses relations avec autrui. Anton. calme, doux, pacifique.Emporté et violent; amer et violent; violent et hardi. Cette femme violente est lâche, et disposée à la bassesse dans les moments où les grands caractères se montrent (Goncourt, Journal, 1894, p. 671).Les âmes de ces géants si proches de nos seigneurs normands du moyen âge, violents, sanguins, le XVIIIesiècle les a affinées (Blanche, Modèles, 1928, p. 222).
Empl. subst. Je ne sais si, en écrivant leur histoire [des Girondins, de Lamartine], il y lira, pour moralité, le sort qui attend tout homme éloquent, généreux, naïf, qui se croit plus fin que les violents et qui s'expose, à l'occasion, d'être croqué par eux (Sainte-Beuve, Corresp., t. 5, 1843, p. 319).Dieu contemplait toutes les fureurs qui sont dans les faibles, toutes les faiblesses qui se cachent dans les violents, toutes les sottises qui sont dans les intelligents, et les vilenies des purs et des pures (Valéry, Mauv. pens., 1942, p. 192).
b) [En parlant du caractère ou du comportement d'une pers.] Qui est brutal, impulsif, agressif. Synon. brusque.Geste, mouvement violent. Malgré tant de causes de répulsion, des manières à la fois violentes et patelines atténuaient l'effet de la physionomie (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 721).Mon caractère violent, exagéré, fantasque! Je passe du plus sombre découragement aux plus futiles espérances (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 622).
c) Qui exprime, traduit la brutalité. Film violent; image violente; paroles violentes. De violentes gravures qui représentaient les principaux épisodes des guerres récentes (L. Daudet, Voy. Shakespeare, 1896, p. 190).Henri cherchait des mots violents pour lui jeter sa décision au visage (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 238).
2.
a) [P. oppos. à pacifique] Qui utilise la force pour s'accomplir. Action, attaque, grève violente. Les annexions violentes, si fréquentes autrefois, deviennent de plus en plus des opérations délicates et d'un succès incertain. C'est qu'aujourd'hui arracher une province à un pays, c'est retrancher un ou plusieurs organes d'un organisme. La vie de la région annexée est profondément troublée (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 122).C'est par une Révolution violente contre la classe bourgeoise que le prolétariat s'emparera du pouvoir et réalisera le communisme (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. xvi).
b) Qui s'exprime, exprime quelque chose avec vigueur, force, conviction, agressivité. Violente discussion, querelle. Nous eûmes une explication violente, qui ne fit que me confirmer dans la certitude qu'il n'y avait plus rien pour moi dans son cœur (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 178).La centralisation bureaucratique, introduite en 1787, suscitait une violente agitation dont le clergé (...) profita pour se rebeller à son tour (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 206).
[En parlant d'un travail, d'un produit intellectuel] Il avait écrit contre Napoléon Ierle plus violent article dans la Revue des Deux Mondes (Goncourt, Journal, 1864, p. 96).Le vif dégoût familial qu'ils éprouvaient de la bourgeoisie aurait pu les conduire à une critique violente mais anarchiste (Nizan, Conspir., 1938, p. 46).
B. − [Corresp. à violence B]
1. D'une grande puissance, d'une brusque intensité. Synon. aigu, extrême, intense.
a) [En parlant d'un affect] Amour, sentiment violent; émotion violente; violent désespoir, désir; violent accès de mauvaise humeur, éclat de rire; violente douleur, passion, tentation. [L'amour] survit au tombeau, et dans les ames religieuses les objets aimés ont souvent inspiré des feux plus violents après la mort que pendant la vie (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 332).L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure (Apoll., Alcools, 1913, p. 45).
b) [En parlant d'une réaction physiol., d'une maladie] Mal de tête violent; fièvre violente ; violent accès de toux; violente démangeaison, inflammation. J'avais vu cent fois ma mère brisée par des migraines violentes, étendue sur son lit comme une morte, les joues pâles et les dents serrées (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 286).Il se rappela que le homard, la langouste, etc., lui donnaient, enfant, des crises violentes d'urticaire (Larbaud, Journal, 1934, p. 294).
2. Dont l'intensité est ressentie de manière vive, agressive.
a) [En parlant d'un phénomène physique] Éclairage, goût violent; bruit violent; violente sonnerie. Ces roses, ces tubéreuses et ces fleurs d'oranger dégagent pendant ces premières chaleurs, auxquelles on n'est pas habitué, de si violents parfums (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 613).Auparavant, elle affectionnait les couleurs violentes que j'ai en horreur (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 201).
b) [En parlant d'un phénomène abstr.] La prodigalité exubérante de la vie estivale fait un contraste plus violent avec la stérilité glacée du tombeau (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 432).
C. − [Corresp. à violence C]
1.
a) [En parlant d'un élément naturel] Qui est d'une force excessive, brusque et impétueuse. Courant, vent violent; violente tempête. Aux époques de violentes et subites révolutions géologiques (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. 130).Les orages violents à éclairs correspondent toujours à des cumulo-nimbus ou à des nuages très analogues (Maurain, Météor., 1950, p. 140).
b) Puissant et brutal. Choc, coup violent; violente explosion. Pour faire tomber ces pylônes composés de quartiers de montagnes, il eût fallu que la planète s'agitât sur ses bases; l'incendie même n'eût fait que lécher de sa langue ces blocs indestructibles. La pauvre Tahoser n'avait pas à sa disposition ces moyens violents, et force lui fut de se laisser emporter comme une enfant par le Pharaon (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 307).Ce déclenchement produit la chute violente d'un contrepoids qui entraîne l'ouverture d'un interrupteur (Soulier, Gdes applic. électr., 1916, p. 105).
2. [En parlant de l'activité d'une pers.] Qui demande de la rapidité, de la force, de l'énergie. Jeu, sport violent. Je ne sais quel peuple de l'antiquité, pour accoutumer ses enfants aux exercices violents ou adroits, n'accordait des aliments qu'après leurs succès ou leurs efforts en ce genre (Sieyès, Tiers état, 1789, p. 38).Par un effort violent, elle reprit sa raison (Maupass., Une Vie, 1883, p. 248).
3. Dont les effets sont rapides, puissants et brutaux. Alcool, médicament violent. Prescriptions impérieuses: « Purgatifs violents et drastiques, lait pendant plusieurs jours, rien que du lait (...) » (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 498).
4.
a) Mort violente. Mort brusque dont l'origine n'est pas naturelle. Anton. mort naturelle (v. mort1A 3).Sur dix personnages principaux, six périssent de mort violente et deux vont au bagne (A. France, Vie littér., 1891, p. 329).
b) Fam. [Pour marquer la désapprobation] Fort, excessif. C'est un peu violent! Je commence à trouver violente cette habitude (...) de poser Parent en martyr (Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 604).
Prononc. et Orth.: [vjɔlɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1213 « impétueux, qui agit ou s'exprime sans retenue » (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 656, 24); 1631 empl. subst. (J.-L. Guez de Balzac, Le Prince, p. 326); b) 1550 violente fureur (Ronsard, Odes, III, 12, éd. P. Laumonier, t. 2, p. 30); 2. a) 1314 « qui a un intense pouvoir d'action » medecines corrosives et violentes (Chirurgie de Henri de Mondeville, éd. Ch. Bos,1986); 1601 vents violents (Cl. Fauchet, Fleur Maison de Charlemagne, p. 217); b) p. ext. 1564 « qui a un effet intense sur les sens » chant violent (Ronsard, Discours amoureux de Genève, t. 12, p. 257); 1588 impressions violentes (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 595); 3. 1555 morts violentes (Ronsard, Hymnes, t. 8, p. 210); 4. 1563 « qui exige de la force » violens effors (Id., Remonstrance au peuple de France, t. 11, p. 100); 5. 1671 fam. « excessif » (Molière, La Comtesse d'Escarbagnas, II, 4). Empr. au lat.violentus « emporté (de caractère) », « impétueux (en parlant de choses) », dér. de vis « force, vigueur ». Fréq. abs. littér.: 5 150. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 136, b) 8 097; xxes.: a) 8 128, b) 6 581.