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VICE, subst. masc.
I.
A. − Au sing.
1. [Le vice, p. oppos. à la vertu]
a) Vieilli ou littér. Disposition habituelle à faire ce qui est considéré comme moralement et/ou socialement mal; fait de se conduire d'une manière jugée culturellement comme gravement immorale. Synon. immoralité, perversion.Charme, plaisir du vice; horreur du vice; abîmes du vice. L'école de la fantaisie, dont vous nous donnez (...) l'absurde métaphysique, c'est la jouissance, c'est le vice, l'immoralité, la dégradation politique, c'est la Pornocratie (Proudhon, Pornocratie, 1865, p. 114).Voulez-vous bien aller à l'école, au lieu de prendre du vice dans les rues... C'est vrai, qu'est-ce qu'ils peuvent apprendre dans le ruisseau? Ils peuvent apprendre que le mal (A. France, Crainquebille, 1905, 1ertabl., 3, p. 243).
b) Dérèglement de la conduite; déviance par rapport à la norme morale sociale conventionnelle. Synon. débauche, dévergondage, libertinage, licence, luxure.Aimer le vice; croupir, se vautrer, vivre dans le vice; s'adonner au vice; avoir le vice dans la peau, dans le sang. Le désœuvrement amène l'ennui aigu, et l'ennui jette dans le vice (Amiel, Journal, 1866, p. 445).Il la mena un peu partout, chez les filles, au bal de l'Opéra, dans les avant-scènes des petits théâtres, dans tous les endroits équivoques où ils pouvaient coudoyer le vice brutal (Zola, Curée, 1872, p. 495).
En partic., vieilli. Aller au vice, rentrer du vice. Aller, rentrer d'un lieu de prostitution. Quand son mari rentrait du vice, elle l'avait vu ainsi parfois, la chair à ce point satisfaite, qu'il dormait debout (Zola, Fécondité, 1899, p. 581).
2. Goût dépravé, contre nature. Synon. perversité.Ta Renée? Vous êtes toujours ensemble, hein? (...) Elle t'a pincé. Tout de même c'est du vice: la femme de ton frère! (Arland, Ordre, 1929, p. 404).
B. −
1.
a) Penchant irrépressible pour quelque chose que la morale, la religion réprouve. Synon. défaut, tare, travers.Vice(s) immonde(s), honteux, odieux, précoce(s); vice de l'âme, du cœur, de l'esprit; avoir un/des vice(s); avoir tous les vices; être plein de vices; être pourri de vices; avoir vices sur vices; satisfaire ses vices. Il est évident que leurs idées morales antérieures sur le vice de la paresse (...) contribuent à donner, à de tels sentiments, une forme toute particulière (Janet, Obsess. et psychasth., t. 2, 1903, p. xii).Il fallait pas que je me galvaude! J'avais déjà trop de sales instincts qui me venaient on ne sait d'où!... En écoutant le petit André je deviendrais sûrement assassin. Mon père, il en était bien sûr. Et puis mes sales vices d'abord ils faisaient partie de ses déboires (...). J'en avais des épouvantables (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 168).
P. plaisant. Cette noble fille est empoisonnée par une grande dame jalouse, une duchesse, ornée de tous les vices, y compris celui de femme légitime (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 134).
P. antiphr. Mes filles, c'était mon vice à moi (Balzac, Goriot, 1835, p. 291).
Proverbes
L'oisiveté est la mère de tous les vices. L'oisiveté, on le sait, est la mère de tous les vices; un arrondissement qui a des principes donne de l'occupation à son député, avec l'idée que la sollicitation permanente est la compagne de toutes les vertus (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 344).
Pauvreté* n'est pas vice.
b) En partic., domaine sexuel. Habitude, pratique sexuelle réprouvée par la morale sociale; perversion sexuelle. Vices inavouables, infâmes; vices du sexe. Il s'ingéniait à des variations dramatiques, langoureuses, prometteuses de vices. On lui eût assuré, sans le surprendre, qu'entre ses paupières décloses, passaient visiblement les tableaux de ses imaginations ou de ses souvenirs érotiques (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 316).J'espère qu'en Afrique tu apprendras à embrasser. Tu en as besoin mon petit. À moins qu'il n'y ait que les vieilles qui t'excitent, les mollasses, les langoureuses qui sentent la sonate et la colophane, et que tu aies le vice rance sentimental (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p. 218).
Vice solitaire. Masturbation. Mon ignorance était telle que je me suis longtemps représenté le sexe féminin, non pas dans le sens vertical, mais dans le sens horizontal, comme la bouche. À quelque chose malheur est bon, et cette candeur me mit à l'abri du vice solitaire, ce fléau contre lequel nous n'avions jamais été mis en garde (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 244).
Vice contre nature. Homosexualité. Les Grecs ne pouvaient pas défendre les vices contre nature (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 10).
2.
a) Habitude morbide, invétérée qui impose au sujet des servitudes et a sur lui des effets nuisibles graves. Vices d'ivrognerie; avoir le vice de la boisson, de la drogue. Puisque décidément je suis entré dans la Via Dolorosa des plus intimes aveux (...) parlons du peut-être seul vice impardonnable que j'ai, parmi tant et tant d'autres:La manie, la fureur de boire,là! (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 98).Maman aspirait une petite prise de tabac; elle le faisait discrètement, presque en cachette, car elle sait que je n'aime pas à la voir priser, moi qui fume toute la journée, moi qui suis gâté par toute sorte de vices, de manies et de tics (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 175).
b) Penchant excessif, irrépressible pour quelque chose; p. ext., mauvaise habitude. Synon. manie.Avoir le vice de jouer, de lire, de travailler. Si l'on devait, comme les propriétaires, rester à la campagne, on meublerait son ennui de quelque passion pour les lépidoptères, les coquilles, les insectes, ou la Flore du département; mais un homme raisonnable ne se donne pas un vice pour tuer une quinzaine de jours (Balzac, Paysans, 1844, p. 24).Son vice à lui c'était la pêche. Il passait souvent une semaine canal Saint-Martin (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 54).
Vice + adj.Défaut caractéristique d'un groupe social, d'une collectivité. Chaque peuple a son vice national, et si mes compatriotes sont cruels, ils rachètent ce grand défaut par mille qualités estimables (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 114).Si on lit ceci on me croira envieux, cela me désole; ce plat vice bourgeois est, ce me semble, le plus étranger à mon caractère (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 275).
En partic. Défaut dans le comportement d'un animal et en particulier d'un cheval. Quand un homme a été désarçonné par un joli cheval, il lui trouve des vices et il le vend (Balzac, Secrets Cadignan, 1839, p. 364).
3. Vieilli, fam. Avoir du vice. Avoir de la ruse, de la malice. Le duc de Bourgogne, au contraire, avait bien du vice, comme dit le peuple, ce qui veut dire aussi qu'il avait bien de l'esprit (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 116).Ah! pour un qui avait du vice, c'en était un celui-là (...) et comme le mâtin jouait de l'attrape-nigaud... (E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 102).
4. P. méton. Personne vicieuse. Il eut pitié de ce vice en jupon qui se cache dans les voitures et derrière les portes, déshonorant l'adultère par la vulgarité de sa bassesse (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 156).
Par personnification. Tout à coup une porte s'ouvre: entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 628).
Au sing. coll. Le vice. Les personnes vicieuses. Gourmander, punir, châtier le vice. Protéger, autoriser le vice. Honorer le vice (Ac.).
II.
A. − Anomalie, défaut grave qui altère une personne, une chose dans son essence et la rend inapte à remplir sa fonction, qui la rend impropre à sa destination. Synon. défaut, défectuosité, malfaçon, tare.Vices du corps; vices de constitution d'une personne; vice de conformation d'un organe, d'une personne; vice de construction, de fabrication. Une horrible palpitation, due à quelque vice dans l'organisation de son cœur, l'agita de ses coups précipités (Balzac, Enf. maudit, 1836, p. 402).La plupart des accidents de trains dépendent d'une des trois circonstances suivantes: faute des agents, vice des appareils, lacune des règlements (Bricka, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 380).
Vice de prononciation. Un jardinier hébété, qui (...) s'exprime d'une manière intolérable, avec d'immenses retards de compréhension et des vices de prononciation, le jardinier du pensionnat, se tient maintenant près de la porte, ânonnant des paroles vagues (Breton, Nadja, 1928, p. 36).
DR. Défaut affectant une chose, un acte ou une situation juridique. Il faut avoir trente ans pour être député (...) si je suis nommé (...). J'aurai alors vingt-neuf ans et huit mois (...) alors l'élection sera cassée. On recommencera (...) alors j'aurai trente ans et quelques jours. Le vice de l'élection est couvert (Mérimée, Deux hérit., 1853, p. 17).
En partic.
Vice de forme. Omission, irrégularité ou inobservation des procédures, des formalités ou des règles requises dans la rédaction d'un acte ou l'élaboration d'un jugement, qui en entraîne l'annulation. Vice de forme dans une procédure. Si c'est une condamnation (...), elle sera probablement cassée, car il est rare que, dans un procès où les dépositions de témoins sont aussi nombreuses, il n'y ait pas de vices de forme que les avocats puissent invoquer (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 243).
Vice de consentement. Altération du consentement qui constitue une cause d'annulation de l'acte juridique (erreur, dol, violence) (d'apr. Jur. 1985).
Vice caché. ,,Défaut que présente une chose vendue ou louée et qui, inconnu de l'acheteur ou du preneur lors du contrat, permet à celui-ci d'agir en garantie contre le vendeur ou le bailleur`` (Cap. 1936).
Vice rédhibitoire. ,,Défaut caché de la chose vendue qui, la rendant impropre à l'usage qu'on la destine (...), permet à l'acheteur non seulement d'agir en garantie contre le vendeur, mais aussi de demander la résolution de la vente`` (Cap. 1936). Une loi du 2 août 1884 (...) nomme vices rédhibitoires les maladies et défauts suivants pour le cheval, l'âne et le mulet: Boiterie intermittente ancienne. Immobilité. Fluxion périodique des yeux. Emphysème pulmonaire (...). Cornage chronique (TondraCheval1979).
Vice propre. ,,Défectuosité inhérente à la chose même (ex. sa tendance naturelle à se détériorer), par opp. à l'action accidentelle d'agents extérieurs`` (Juridique 1987).
B. − Défaut de raisonnement dans une opération logique ou intellectuelle, dans le développement de la pensée. Vice de raisonnement; vice d'une analyse, d'un jugement, d'un système. Le vice radical de tout syllogisme est que la majeure est une hypothèse, qui, loin de donner la certitude à la conséquence, la reçoit d'elle, au contraire (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p. 7).Joussier affirmait toujours, il ne voulait jamais avoir tort. Il voyait très bien le vice de son argumentation; il ne s'en obstinait que davantage; il eût sacrifié la victoire de sa cause à l'orgueil de ses principes (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1290).
Prononc. et Orth.: [vis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Défaut moral 1. 1121-34 « penchant particulier pour quelque chose que la religion, la morale réprouvent » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 816: Envire, malvais vice, Ço est detractiun); 2. ca 1145 « disposition habituelle au mal » (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 415: sanz enfertez sunt e sanz vice); 3. 1549 « défaut habituel; penchant excessif pour quelque chose » (Du Bellay, Deffence, II, 9, éd. H. Chamard, p. 163: un vice commun [...] c'est l'omission des articles); 1671 (Molière, La Comtesse d'Escarbagnas, scène 1: la démangeaison de dire ses ouvrages est un vice attaché à la qualité de Poëte); 1835 (Balzac, Goriot, p. 291: mes filles, c'était mon vice à moi); 4. 1690 « goût, habitude du libertinage, de la débauche » (Fur.); 5. 1833 « perversion sexuelle, goût pour des pratiques sexuelles réprouvées par la religion ou la morale » (Michelet, Journal, p. 111: vice de Sodome); 1868 vice contre nature « homosexualité » (Littré, s.v. nature); 1948 vice solitaire « onanisme » (H. Bazin, loc. cit.); 6. 1859 fam. « ruse, malice » (Larch.). B. Défaut matériel, physique 1. 1260 dr. (Étienne Boileau, Métiers, éd. G. B. Depping, p. 3: le vice de li [la marchandise]; p. 94: vice de malefaçon); 1539 vice caché (Est.: vices couvers et cachez); 1765 vice rédhibitoire (Encyclop., s.v. rédhibitoire); 1804 vice de construction (Code civil, art. 1733, p. 316); 1804 vice de forme (ibid., art. 1340, p. 243); 1866 vice propre (en dr. mar.) (Lar. 19e, s.v. assurance: déchets, diminutions et pertes qui arrivent par le vice propre de la chose); 1936 vice du consentement (Cap.); 1936 vice de la possession (ibid.); 1978 vice de fabrication (Lar. Lang. fr.); 2. 1588 phonét. (E. Tabourot, Les Bigarrures du Seigneur des Accords, fac-sim., Droz, 1986, fo89 vo: Les Gascons ont aussi ce vice, qu'au lieu d'un V, ils prononcent un B); 1606 vice de prononciation (Nicot, s.v. Maguelone); 3. 1694 pathol. vice de conformation (Ac.); 4. 1746 log. vice de raisonnement (Condillac, Essai sur l'orig. des connaissances hum., t. 1, p. 97: les vices d'un raisonnement). Empr. au lat.vitium « défaut, imperfection, tare; défaut physique, difformité, infirmité; défaut (moral), vice ». Fréq. abs. littér.: 3 558. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 549, b) 4 040; xxes.: a) 4 650, b) 3 726. Bbg. Quem. DDL t. 16, 32.