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VERS1, subst. masc.
A. − MÉTR., VERSIF. Segment d'énoncé constituant une unité d'ordre rythmique et phonique fondée sur des règles retenant soit la quantité, l'accentuation soit le nombre des syllabes, et marqué par une légère pause à la lecture et, dans le texte, par une disposition unilinéaire. Vers accentués, rimés; vers léonins, masculins, féminins; vers de six (hexasyllabe), huit (octosyllabe), dix (décasyllabe), douze (dodécasyllabe, alexandrin), syllabes; rimes des vers; césure, coupe d'un vers. Le vers populaire français est un vers syllabique (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 261).Bien que peut-être le chef-d'œuvre de la poésie proprement surréaliste soient ces « Jeux de mots » que Robert Desnos, poursuivant une veine ouverte par Marcel Duchamp, poussa à la perfection et où tout est rime, où la rime (...) pénètre le vers entier comme dans le célèbre distique: Gal, amant de la Reine, alla (tour magnanime), Galamment de l'arène à la Tour Magne, à Nîmes (Aragon, Crève-cœur, 1941, p. 72).
Vers blanc. V. ce mot I A 3.
Vers faux, boîteux. Vers qui pêche contre telle ou telle règle de versification. Vous êtes poète par goût, par naturel, par instinct, mais vous faites des vers faux. Il faut les revoir, du point de vue prosodique. N'avez-vous pas un traité de versification? (Renard, Journal, 1901, p. 688).
Vers libres. [Dans la poés. class.] Système de vers réguliers de longueur variable à rimes mêlées. [Depuis les Symbolistes] Système de vers irréguliers, non rimés, organisés selon les rapports des sonorités et l'expressivité rythmique. « On a touché au vers. » Ainsi Mallarmé apprenait-il à la jeunesse étudiante anglaise la naissance du vers libre. Cette phrase semble bien faible aujourd'hui. On a fait davantage que de toucher au vers. On l'a tripoté, trituré, désossé (Cocteau, Poés. crit. II, 1960, p. 206).
Vers mesuré. V. ce mot II A 2.
Vers métrique. V. métrique3I A.
Vers régulier. Vers conforme aux règles de la versification classique traditionnelle. Le vers régulier compte l'e à valeur entière, quoiqu'il ne s'y prononce pas tout à fait, sauf à la fin d'un vers (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 236).
Vers rythmique. V. ce mot I A.Vers syllabique. V. ce mot A.
[Élément d'une poésie, d'un poème] Beau, mauvais vers; vers pompeux; vers de mirliton; réciter, scander des vers. Et vous, Seigneur mon Dieu! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 50).Cette tendresse passionnée qui éclate spontanément dans le vers adorable: Mon Polyeucte touche à son heure dernière (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 124).
B. − Au plur. ou au sing. coll. Poésie. Le vers et la prose; l'art des vers; aimer les vers; déclamer, composer, écrire, faire des vers; recueil de vers. J'avais pour les vers une prédilection passionnée; je tenais la poésie pour la fleur et l'aboutissement de la vie (Gide, Si le grain, 1924, p. 491).
Vers de circonstance. Poème inspiré par des faits de la vie du poète, des événements de l'actualité. Tout chez lui [Mallarmé] procédait de quelque principe sublime et réfléchi. Actes, geste, propos, même très familiers; même ses inventions futiles, les riens très gracieux, les petits vers de circonstance (Valéry, Variété III, 1936, p. 19).
Petits vers. Poésie légère. Quoi! parer d'une noble image Mes petits vers de cabaret! Pour l'alexandrin quel outrage! (Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 163).
Loc. En vers. Œuvres en vers; écrire, mettre en vers. La poésie possède « la clef de notre énigme intérieure », et, comme le rêve, elle a quelque chose de prophétique. La pythie parlait en vers (Béguin, Âme romant., 1939, p. 110).
En partic. Vers latins. Exercice scolaire de poésie latine. Les Américains (...) prononcent le latin à l'espagnole; mais on leur apprend bien vite à le prononcer à la française. Il ne s'agit pas seulement de certaines lettres; il s'agit aussi de la quantité des voyelles. C'est parce que je l'ai bien apprise que je suis bon en vers latins (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 127).
REM.
Verselet, subst. masc.,hapax. Répondez-moi bien vite (...) sans manquer de me signaler le moindre verselet de l'abbé Coppée (Verlaine, Corresp., t. 1, 1871, p. 275).
Prononc. et Orth.: [vε:ʀ]. Homon. et homogr. vers2, vair, ver, verre, vert. Littré: ,,l's ne se prononce jamais, et dire vers' comme font quelques-uns, est très-mauvais; au pluriel, l's ne se lie pas: des vêr harmonieux; cependant quelques-uns la lient: des vêr-z harmonieux``; Rob. : ,,la liaison est facultative au plur.``. Pour l'usage des liaisons v. G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 no1 1981, p. 198. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 « assemblage de mots mesurés et cadencés selon des règles déterminées et formant l'unité rythmique de base d'un poème » (Geoffroy Gaimar, L'Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 6486); b) ca 1180 plur. (Thomas, Tristan, éd. J. Bédier, 2108, 3130); c) 1549 sing. coll. (Du Bellay, Deffence et illustration, éd. H. Chamard, p. 143: Ne doute point que le moderé usaige de tels vocables ne donne grande majesté tant au vers comme à la prose); 2. a) 1549 vers libres « vers non rimés, vers blancs » (Id., ibid., p. 147); b) 1673 « vers qui, au sein d'un même poème, sont dépourvus d'uniformité dans le nombre des syllabes et la succession des rimes » (Molière, Malade imaginaire, II, 5); c) 1888 (G. Kahn, Chronique de la litt. et de l'art ds La R. Indépendante, t. 6, no15, janv., p. 137: Un Pierrot vient; il est le Pierrot de Banville; (...) il dédaigne le vers libre et la pantomime pour se conformer à un strict alexandrin); 3. 1735 vers blancs « vers non rimés dans les langues où la rime est d'usage » (Voltaire, Jules César, Avert. du trad. ds Littré). Du lat. versus (part. passé de vertere « tourner »), propr. « fait de tourner la charrue au bout du sillon » d'où « tour, ligne, sillon » et, p. anal. « ligne d'écriture », puis par spécialisation « série de mots liés par la prosodie et formant l'unité de base d'un poème ». L'a. fr. connaissait également vers aux sens de « couplet, laisse, strophe » (ca 1170, Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1796), « chanson lyrique (de type courtois) » (1176, Id., Cligès, éd. A. Micha, 2084; ce sens étant empr. au prov. vers « pièce lyrique chantée en langue vulgaire » sens att. dep. ca 1100, Les Chansons de Guillaume IX, éd. A. Jeanroy, I, 1) de « chanson (sens large) » (ca 1180, Jeu d'Adam, éd. W. Noomen, 939), ainsi que au sens liturg. « verset chanté » (ca 1190, Renart, éd. M. Roques, XI, 12315, v. aussi verset): la coexistence de ces différents sens aux xiie-xiiies. s'explique par le fait que le mot, par son orig., était « chargé d'un sémantisme complexe dont le noyau est une notion d'élément métrique, mesure, unité rythmique » (Zumthor, Notes sur les champs sémantiques dans le vocabulaire des idées ds Neophilologus t. 39, pp. 245-249); la spécialisation sém. de vers éliminant ces sens au cours des xiveet xves., « les vides seront comblés par d'autres mots » comme poésie, strophe, chanson (v. aussi FEW t. 14, p. 315). Fréq. abs. littér.: 7 872. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 303, b) 10 542; xxes.: a) 11 132, b) 13 201. Bbg. Billy (D.). L'Archit. lyrique médiév. Montpellier, 1989, p. 282. − Deloffre (Fr.). Le Vers fr. Paris, 1969, 179 p. − Elwert (W. Th.). Traité de versif. fr. Paris, 1965, pp. 113-131. − Guiraud (P.). La Versification. Paris, 1970, 128 p. − Jacob (A.). Genèse de la pensée linguistique... Paris, 1973, p. 222. − Lefèvre (Y.). Les V. 2802-2806 de La Chanson de Guillaume et le sens du mot vers. Romania. 1956, t. 77, pp. 501-502. − Mazaleyrat (J.). Qu'est-ce qu'un vers fr.? Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1874, t. 12, no1, pp. 415-434. − Nies (Fr.). Textarten-Appellative... Z. rom. Philol. 1982, t. 98, no3/4, p. 330.