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VENIR, verbe intrans.
I. − [Sens spatial]
A. − [Constr. sans compl. de lieu] Se déplacer dans la direction d'un lieu ou d'une personne de référence. Venir avec qqn; venir en personne; venir d'une minute à l'autre; venir à cheval, à pied, en voiture, par le train; venir par Paris; venir en permission, en vacances; venir pour quelque chose, pour dîner; s'en aller comme on est venu. Le chasseur lui fit part d'un coup de téléphone; le comte d'Orgel regrettait de ne pouvoir venir après dîner (Radiguet, Bal, 1923, p. 72).
Aller et venir. Comme il habitait au-dessus de chez nous, je l'entendais aller et venir, frapper du pied, renverser des chaises, bâiller longuement (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 99).Ne faire qu'aller et venir. V. aller1I A 1 b.
Locutions
Venir à l'aide de qqn, venir en aide à qqn. Aider quelqu'un, aller près de quelqu'un pour l'aider. Il a l'air d'un mendiant et personne n'y fait attention. Ne trouvant nulle âme pour venir à son aide, il se décide à dépenser au moins ce qu'il a dans sa poche (Barbusse, Feu, 1916, p. 158).Il fit un emprunt à un de ses camarades, aussi pauvre que lui et qui se priva pour lui venir en aide (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 183).
Venir au secours de qqn. S'approcher de quelqu'un pour le secourir; secourir quelqu'un. Tu sais bien, ma fille, dit Baccarat, que nous sommes seules ici, que personne ne viendra à ton secours (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 290).Toutes les fois que le baron venait au secours de quelqu'un, pécuniairement, l'obligé devait venir au secours du baron, physiquement (Montherl., Célibataires, 1934, p. 803).
DR. Venir de son chef ou par représentation. Se présenter pour avoir sa part d'une succession d'un partage. Les enfants ou leurs descendants succèdent à leurs père et mère, (...). Ils succèdent par égales portions et par tête, quand ils sont tous au premier degré et appelés de leur chef: ils succèdent par souche, lorsqu'ils viennent tous ou en partie par représentation (Code civil 1990, Paris, Litec, 1990, art. 745, p. 352).
[Constr. avec faire]
Faire venir qqn.Demander à quelqu'un de se rendre auprès de soi; appeler, convoquer quelqu'un. J'ai fait venir un serrurier de Rouen, et lui ai commandé pour ma chambre des persiennes de fer (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1121).Il imaginait Catherine chez lui; il fit venir les ouvriers et se dit que quand elle reviendrait, l'appartement sentirait affreusement la peinture (Nizan, Conspir., 1938, p. 162).
Faire venir qqc.Faire apporter, faire livrer quelque chose. J'ai résolu de prendre ici mes quartiers d'hiver. J'ai fait venir des livres (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1853, p. 200).
[Constr. avec voir] Voir quelqu'un, quelque chose qui arrive. Voir venir les nuages, la pluie, la tempête. Flick justement, sur le seuil du quartier, prenait le frais après dîner, en roulant une cigarette (...), quand il les vit venir du coin de l'œil (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 231).Je vois venir Haudouin avec cet air qu'il avait de ne pas se presser en mettant quand même une lieue derrière lui à chaque demi-heure (Aymé, Jument, 1933, p. 165).
Loc. fig. Voir venir qqn (avec ses gros sabots). V. sabot A 2 b.
Empl. impers. Au milieu du sillage, derrière, une petite chose grise, ayant la même forme que le navire et le suivant toujours entre deux eaux: le requin. Il y a toujours un requin qui suit, rarement deux; seulement, quand on l'a pêché, il en vient un autre (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 69).Les malades? Depuis quelque temps, il en vient d'un peu partout (Romains, Knock, 1923, iii, 3, p. 16).
B. − [Constr. avec un compl. de lieu indiquant le terme du déplacement]
1.
a) Aller auprès d'une personne, dans un lieu, pris comme référence. Venir à l'école, à Marseille, en Écosse; venir chez qqn; venir dans les bras, sur les genoux de qqn. Elle m'avait dit de venir cette nuit, de venir dans sa chambre (Cros, Coffret santal, 1873, p. 13).Ma tante n'est pas là, reprend Annie, vous pouvez venir à la maison, vous coucherez dans sa chambre (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 245).
[Le suj. désigne une chose] Odeur, lumière qui vient jusqu'à qqn; paroles qui viennent aux oreilles, aux lèvres de qqn; l'eau m'en vient à la bouche. Une bouffée de chaleur lui vint au visage (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1314).
Loc. Faire venir les larmes aux yeux. Faire pleurer, émouvoir. On soulève, en marchant, une épaisse poussière blanchâtre qui prend à la gorge et fait venir les larmes aux yeux (Gide, Journal, 1943, p. 204).
b) Aller, se diriger vers. Venir au devant de qqn, sur qqn/qqc., vers qqc. C'est le lendemain que l'armée fit son entrée à Mayence. Toute la ville vint à notre rencontre (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 64).Elle vint à son oncle: Eh bien! mon oncle, ça va un peu? (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 210).
[Le suj. désigne une chose] La brume venait vers eux, spectrale, à une vitesse folle (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 183).
Fam. [Pour exprimer le défi, la menace] Qu'il y vienne! Aide-moi, Jean, on va le mener chez M. le maire. Viens-y donc! Arrive me toucher, si tu peux, cagot! Le roulier se planta devant sa maison, la menace au bout du poing tendu (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 239).La ferme! J' la fermerai si j' veux, saleté!Un trois kilos te la fermerait vite!Non, mais chez qui?Viens-y voir, mais viens-y donc! Ils écument et grincent et s'avancent l'un vers l'autre (Barbusse, Feu, 1916, p. 31).
MAR. Venir au lof*. Venir au vent*. Venir sur tribord, sur babord. Gouverner de manière à se diriger un peu plus vers tribord, vers babord (d'apr. Gruss 1952).
c) Venir à qqn. [P. allus. à l'Évangile selon St Marc, X, 13] Aller trouver quelqu'un, s'adresser à quelqu'un. Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire (Hugo, Contempl., t. 2, 1856, p. 401).
2. Au fig., ou p. métaph. [Le suj. désigne une idée, un affect] Se présenter à. Espérance, pensée qui vient à qqn; venir dans l'esprit, à l'idée de qqn; sentiment qui vient au cœur de qqn; la peur lui vient au ventre. Que de choses ici viennent à la pensée! (Valéry, Variété [I], 1924, p. 130).Je restai immobile près de la portière, dans un grand tourbillon de pensées. Les nobles attitudes me viennent toujours trop tard à l'esprit (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 60).
Empl. impers. Il vient une idée, une pensée, un sentiment de honte à qqn; il lui vient à l'idée, à l'esprit de + inf. La honte de son ignorance s'en allait, il lui venait un orgueil, depuis qu'il se sentait penser (Zola, Germinal, 1885, p. 1275).Il ne viendrait à la pensée de personne de puiser dans le dictionnaire une poignée de mots et d'appeler cela un texte (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 100).
3. [Le compl. désigne un niveau, une hauteur, une limite] Arriver à.
a) [Le suj. désigne une pers.] Le garçon se plaça devant moi. Nulle erreur possible. Il me venait presque à l'épaule, et je pus le constater d'une manière indiscutable (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 176).
P. métaph. Ne pas venir à la cheville* de qqn. Beaucoup de saints se sont humiliés devant des êtres qui ne leur venaient pas à la cheville (Duhamel, Journ. Salavin, 1927, p. 76).
b) [Le suj. désigne une chose] Un homme à longue barbe grise, vêtu d'une redingote recousue à la ficelle, paraissait craindre le froid aux cheveux: son chapeau boule lui venait aux oreilles (Hamp, Champagne, 1909, p. 215).Des blés superbes qui leur venaient aux épaules (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 62).
4. [Le suj. désigne une pers.]
a) [Le compl. désigne un but, une étape ou le résultat d'un processus ou d'une évolution] Arriver, parvenir à. Venir à composition, à résipiscence; venir à la démocratie.
Loc. Y venir. S'y résoudre, l'accepter. Plaise au ciel, quand tu auras trente ans, t'accorder une bonne place à Bicêtre ou aux Repenties, puisque tu dois y venir tôt ou tard! (Janin, Âne mort, 1829, p. 81):
« N'importe, il a tort; c'est si bête, le mariage! » − « Tu parles légèrement, mon ami! » répliqua M. Des Aulnays, tandis qu'une larme roulait dans ses yeux, au souvenir de sa défunte. Et Forchambeaux répéta plusieurs fois de suite, en ricanant: − « Vous y viendrez vous-même, vous y viendrez ! » Cisy protesta. Il aimait mieux se divertir, « être régence ». Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 24.
Venir à bout de qqc. V. bout I C 2 b.
b) [Le compl. désigne un problème, une question, un sujet] Arriver à, aborder. Venir à un sujet, à une question. Trêve d'arguties, monsieur, et venons au fait (Dumas père, P. Jones, 1838, v, 5, p. 198).
[Constr. avec un inf.] Venir à considérer, à envisager qqc. Ne sachant rien l'un de l'autre et de préoccupations si différentes, leur conversation se traîna juqu'à ce qu'ils vinssent à parler des animaux (Barrès, Enn. Lois, 1893, p. 46).
c) Loc. En venir à
α) Arriver à. Synon. venir à (supra I B 4 a et b).Devenir passive, être contredite et contrainte, peiner, c'est là, semble-t-il, pour la volonté, une étrange façon d'en venir à ses fins (Blondel, Action, 1893, p. 150).Le père accusait sa bru de dresser son garçon contre lui, car il n'avait jamais pardonné à Adélaïde d'être entrée sans un sou dans sa maison, (...). Quand la dispute en venait à ce point, la malédiction paternelle était en route, et Honoré jurait qu'il allait quitter la baraque le lendemain (Aymé, Jument, 1933, p. 32).
β) Finir par, utiliser en dernier recours. En venir aux dernières extrémités, aux grands moyens; en venir jusque-là. Il disait que si les Girondins s'obstinaient à se mettre en travers de toutes les mesures nécessaires au salut de la patrie, il faudrait en venir aux coups tôt ou tard (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 97).Flaubert et Tourgueneff discutaient jusqu'à en venir presque aux mains, sur le roman d'un de leurs camarades (Blanche, Modèles, 1928, p. 179).
Loc. Où veut-il en venir? Que cherche-t-il? Quel est son but en fin de compte? Tu vois dans mes yeux quelque chose qui hésite, tu vois que je te laisse parler au lieu d'appeler mes soldats; alors tu marques, tu attaques tant que tu peux. Où veux-tu en venir, petite furie? (Anouilh, Antig., 1946, p. 180).
γ) [Constr. avec un inf.] Finir par. Après avoir dit à Brigitte que je doutais de sa conduite passée, j'en doutai véritablement, et dès que j'en doutai, je n'y crus pas. J'en venais à me figurer que Brigitte me trompait, elle que je ne quittais pas une heure par jour (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 274).Il était susceptible; il en vint à ne plus ouvrir la bouche que lorsqu'il s'agissait d'annoncer un accident, un malheur, enfin quelque événement en soi assez grave pour que son accent eût chance de passer inaperçu (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 55).
C. − [Constr. avec un compl. prép. de]
1. [Le compl. indique le point de départ, la provenance]
a) [Le suj. désigne un animé] Arriver en provenance de. D'où vient-il? venir du ciel, de la mer; venir de nulle part. Quand il s'est amené au lycée de Tulle, il venait de Paris, il m'en a jeté plein la vue (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 254).
b) [Le suj. désigne une chose] Provenir de, être apporté de. Épée qui vient de Tolède; thé qui vient de Ceylan, de Chine; lumière qui vient du soleil; un air de danse venait de la salle. Un immense vent venait de l'Est comme un souffle de malédiction divine qu'eussent annoncé des prophètes (Gide, Journal, Feuillets, 1896, p. 79).Le vin de votre père vient directement du producteur (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 180).
[Constr. avec faire] La mère de M. Rosenthal faisait venir d'Oxford les graines de raygrass (Nizan, Conspir., 1938, p. 133).
En partic. Provenir par héritage de. Intaille représentant Alexandrine, la fille de Mmede Pompadour, legs fait au duc de Chabot et qui lui vient de famille (Goncourt, Journal, 1887, p. 707).J'ai même dû vendre, l'an dernier, un domaine de cent soixante hectares, la Michouille, qui me venait de ma grand'mère maternelle (Romains, Knock, 1923, ii, 5, p. 12).
2. [Le compl. indique l'orig.]
a) [Le suj. désigne une pers.] Sortir de, être issu de, descendre de. Venir d'une bonne famille, d'une vieille famille périgourdine, de la petite bourgeoisie. Tout le genre humain vient d'un couple (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 94).
b) [Le suj. désigne une chose] Avoir son origine dans. C'est de Dieu que vient la force qui délivre, parce que c'est de Dieu que vient l'amour qui unit (Lamennais, Paroles croyant, 1834, p. 257).J'ai vérifié par ailleurs que Dani n'a vu personne du service entre le moment où je lui ai transmis le rendez-vous et le moment de son arrestation. Il n'a donc pu en parler qu'à Mathilde. Conclus: la fuite ne peut venir que de Mathilde ou de moi (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 48).
En partic. [Le suj. désigne une lang., un mot]
Avoir pour origine étymologique. Le français vient du latin. Le plus répandu des petits dictionnaires manuels a soin de spécifier que écaille vient du latin squama, ce qui est absurde (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 154).
Être un dérivé de. Désirable vient de désir. Bleuet vient de bleu. Ne tenir aucun compte de la stupide orthographe des dictionnaires qui sont tous faits par des ânes (Hugo, Corresp., 1862, p. 375).
3. [Le compl. indique la cause] Avoir sa cause dans, être l'effet de. Synon. provenir.Le malheur vient du vice, et non de la pauvreté (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 226).Ma chère maman, qui ne me reconnaissait plus, me demandait d'où venait cette paresse nouvelle (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 78).
Venir de ce que + ind.L'étrangeté superficielle du texte vient de ce qu'étant une succession de notes prises au jour le jour, il a le décousu des notes et les lueurs soudaines de beautés non développées (Durry, Nerval, 1956, p. 100).
Empl. impers. De là vient que, d'où vient que + ind.C'est pourquoi. De là vient que chacun juge les actions des autres comme il juge les siennes propres, de tout près, du dedans, avec toutes leurs innombrables nuances et leurs contradictions qui empêchent les classifications, les étiquetages grossiers; de là vient que personne ne peut jamais avoir de la conduite d'autrui cette vision panoramique qui seule permet la rancune ou le blâme (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 36).
II. − [Sens temporel]
A. − [Idée d'apparition dans le temps]
1. [Le suj. désigne une pers.] Arriver à un certain moment, dans la vie sociale, etc. Venir à son heure, trop tard, trop tôt; venir après qqn; venir à temps. Comment se peut-il (c'est ici le mystère) que ceux qui vinrent après nous, et qui s'en iront tout de même (...) aient eu d'autres désirs que les nôtres, et d'autres dieux? (Valéry, Variété[I], 1924, p. 110).
Empl. impers. Je suis (...) bien aise qu'il vienne de temps en temps quelque homme assez hardi pour rompre en visière à ces docteurs si sûrs de doctrines qu'ils n'ont pas inventées (Delacroix, Journal, 1853, p. 109).
En partic. Venir au jour, au monde, ou, p. ell., venir. Naître. Les autres avaient tout trouvé en venant au monde, moi, j'avance par mon courage et ma chance (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 270).L'enfant vint au monde, mais c'était encore une fille (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 118).
2. [Le suj. désigne un événement] Se produire, survenir. Prendre les choses comme elles viennent. Il me dit (...) Qu'il n'avait pas encor voiture, Mais que cela viendrait bientôt (Baudel., Fl. du Mal, 1865, p. 290).Ah! puisque tout ne peut être sauvé, apprenons du moins à préserver la maison de l'amour! Vienne la peste, vienne la guerre et, toutes portes closes, vous à côté de nous, nous défendrons jusqu'à la fin (Camus, État de siège, 1948, 3epart., p. 298).
Empl. impers. Par suite d'un refroidissement, il lui vint une angine (Flaub., Cœur simple, 1877, p. 56).
Laisser venir, voir venir (supra I A). Attendre en observant le développement, l'évolution des événements. Impose de suite l'idée que tu n'es pas facile à attraper, cela donne un air capable; et puis laisse venir (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 80).J'ai déjà mis de côté, pour vous les remettre dès lundi, un certain nombre d'obligations qui vous assurent une centaine de mille francs de rente. Avec cela vous pourrez voir venir (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 225).
Loc. Tout vient à point à qui sait attendre. V. attendre II B 1 c.Prendre les choses comme elles viennent. V. prendre 1resection I C 2 b β.
3. [Le suj. désigne un moment, une période de temps] Arriver, apparaître, se manifester dans le cours du temps. Le moment, le temps, l'heure vient (de + inf.) ; l'automne vient; son heure viendra; le jour, le soir venu; la nuit venue. Fritz reprenait son histoire sentimentale, et c'est ainsi que venait l'heure de dormir (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 111).Mon parrain, regardant la cour que dorait le soleil, sourit avec mélancolie:Quel temps radieux! Les derniers beaux jours nous sont les plus chers. Ils nous semblent une faveur du ciel, fit ma mère. Bientôt viendront les temps froids et sombres (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 161).
Empl. impers. Quand on a travaillé toute sa vie, il vient un moment où on s'aperçoit qu'on aurait pu faire autre chose, et, alors, on regrette, oh! oui, on regrette! (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Bois, 1886, p. 557).Dans chaque existence humaine, il vient un jour, une heure, un bref instant, où Dieu, tout à coup, daigne apparaître dans toute son évidence et nous tend brusquement la main (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1261).
4. Loc. adj. À venir. Qui doit arriver, se produire; futur. L'existence, le monde à venir; les générations, les hommes à venir; les siècles, les temps à venir. La médiocrité de sa vie, et non pas seulement à l'hôpital, de l'étude du bouillon Chartier, de sa chambre, mais de sa vie à venir, mais de ce lendemain pour lequel il esquintait sa jeunesse (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 289).Les mots, le rythme, la tonalité, la mélodie, les harmonies d'une même œuvre à venir, dont l'intelligence de l'artiste n'embrasse pas encore le sens réel et la figure (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 210).
B. − [Idée de développement dans le temps]
1. [Le suj. désigne un végétal] Pousser. Blé qui vient bien, mal; arbre long à venir. Ma tante Elisabeth me raconta que mon grand-père était né à Avignon, ville de Provence, pays où venaient les oranges, me dit-elle avec l'accent du regret (...) « Il y a donc un pays où les orangers viennent en pleine terre », dis-je à ma tante? (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 93).
[Constr. avec faire] Un jardin pour faire venir des légumes (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 112).
2. P. anal.
a) [Le suj. désigne un enfant ou le petit d'un animal] La Blanchette a fait veau la semaine dernière, et le petit vient bien: c'est une génisse blanche (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 30).Je me porte comme trois Turcs, ma Léna aussi, et vos deux fillettes viennent à ravir (Sand, Corresp., t. 5, 1868, p. 259).
b) [Le suj. désigne un symptôme de réaction] Le sang réagit. À certains, dans des cas analogues, des boutons viennent sur tout le corps (Audiberti, Quoat, 1946, 2etabl., p. 73).
C. − Au fig. [Le suj. désigne des idées, des productions intellectuelles ou artistiques] Arriver, se manifester, se développer. Ce matin, travaillé à mon livre avec ces éternelles difficultés: les idées viennent, les mots refusent de se montrer (Green, Journal, 1957, p. 319).
Venir bien, mal. Se développer bien, mal. Je travaille depuis deux jours à (...) un petit Samuel d'après sir Joshua Reynolds (...) à l'aquarelle. Cela vient horriblement mal (Mérimée, Lettres Mmede La Rochejacquelein, 1856, p. 38).J'ai abandonné mon Sterne qui venait mal, et travaille maintenant à un pastiche de Proust avec grand plaisir (Maurois, Mes songes, 1933, p. 142).
GRAV., PHOT. Dont le tirage est bon, mauvais. Épreuve, tirage qui vient bien, mal. [MrBelgrand à sa fille:] « Et toi, tu as tiré les photographies? » « Oui, père, » répondit-elle. « J'ai les quatre faces du chapiteau de la Passion: (...) Il y avait une lumière excellente. Les clichés seront très bien venus (...) » (Bourget, Conflits int., 1925, p. 43).
III. − Empl. semi-auxil.
A. − Venir + inf.
1. [Indique le but du mouvement au terme duquel se réalise l'action exprimée par l'inf., le commencement de l'action exprimée par l'inf.] Venir acheter, réclamer qqc.; venir voir qqc.; venir chercher, voir qqn; venir demander conseil. Juliette eut presque de la joie lorsqu'elle entendit le pas de sa grand-mère qui venait vérifier au salon le bon fonctionnement des convenances (Miomandre, Écrit eau, 1908, p. 137).
2. [Indique le caractère fortuit ou possible de l'action exprimée par l'inf.] On viendra sans doute dire que. Que le courtisan ne vienne pas ramper sur mon amour; que la vipère ne vienne pas jeter son venin sur mes fleurs (Dumas père, Intrigue et amour, 1847, 7etabl., 3, p. 274).
3. [Indique une mise en relief de l'action exprimée par l'inf.] Vous venez prétendre que; ne venez pas dire que. Le souvenir vague et confus venait étinceler par moments à son esprit (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 18).Mais une occupation vint la distraire (Flaub., Cœur simple, 1877, p. 25).
B. − Venir à + inf.
1. [Indique que l'action exprimée par l'inf. se produit par hasard, fortuitement, dans une prop. introd. par si] S'il venait à pleuvoir. À quoi bon, dis-moi, retarder plus longtemps notre union? Si le monde venait à s'apercevoir de notre liaison, on dirait bien du mal de moi (Borel, Champavert, 1833, p. 20).Que ferais-je si jamais tout ce que nous sommes en train d'entreprendre vient à rater? (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 120).
2. [Indique que l'action exprimée par l'inf. commence] Se mettre à. La pluie vient à tomber. Tout porte à croire que nous allons vers la famine. L'on s'y attend, et que le pain même vienne bientôt à manquer (Gide, Journal, 1943, p. 180).
C. − Venir de + inf.[Indique que l'action exprimée par l'inf. s'est achevée très récemment] Venir d'acheter une maison, d'écrire quelques mots, de faire qqc.; venir d'arriver, de rentrer; il vient de mourir. Armand avait encore un grand frère, qui venait d'achever ses études de médecine et commençait à chercher clientèle (Gide, Si le grain, 1924, p. 472).
IV. − Empl. pronom., vieilli ou région. S'en venir
A. − [Sens spatial] Synon. de venir (supra I).
1. [Constr. sans compl. de lieu] Là-bas, au bout de l'allée, dans le sentier de lune, deux jeunes gens s'en venaient en se tenant par la taille. Ils s'en venaient, enlacés, charmants, à petits pas (Maupass., Contes et nouv., t. 1, J. Romain, 1886, p. 1298).
2. [Constr. avec un compl. indiquant le lieu où l'on va] Puche, à ce moment, était descendu de sa meule. Il s'en venait vers ses hommes d'un petit pas de promenade, en se dandinant (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 59).
B. − Empl. semi-auxil. Synon. de venir (supra III).
1. [Constr. avec un inf.] Une joyeuse chanson montait l'escalier, et s'en vint frapper à la porte (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 245).
2. [Constr. avec un inf. introd. par à] Quand l'art italien, comme un fleuve autrefois, S'en venait à passer par une grande ville, Ce n'était pas alors une eau rare et stérile, Mais un fleuve puissant à la superbe voix (Barbier, Ïambes, 1840, p. 166).
Prononc. et Orth.: [vəni:ʀ], (il) vient [-vjε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. ind. prés.: je viens, tu viens, il vient, nous venons, vous venez, ils viennent; imp.: je venais; passé simple: je vins; fut.: je viendrai; passé composé: je suis venu; plus-que-parfait: j'étais venu; passé ant.: je fus venu; futur ant.: je serai venu, cond.: je viendrais; cond. passé: je serais venu; subj. prés.: que je vienne; imp.: que je vinsse ; passé que je fus venu; plus-que-parfait: que je fusse venu: impér.: viens, venons, venez; passé: sois venu, soyons venu, soyez venu; inf. prés.: venir; passé: être venu; part. prés.: venant; passé: venu, -ue; étant venu. Étymol. et Hist. A. 1. Venir a + subst. marquant le terme du mouvement a) ca 880 « se déplacer pour arriver près du point de référence » (Eulalie, 28 ds Henry Chrestomathie, p. 3); ca 1050 en venir « id. » (Alexis, éd. Chr. Storey, 113); spéc. 1690 « atteindre un certain point » (Fur.); 1842 mar. (Ac. Compl.: Venir au vent [...]. Venir à bâbord ou à tribord); b) 1176-81 fig. venir à + subst. abstr. « apparaître dans l'esprit, être conçu » (Chrétien de Troyes, Charrete, éd. M. Roques, 495); 2. venir de + subst. indiquant l'origine du mouvement a) ca 1050 « arriver en provenance de » (Alexis, 251); b) ca 1170 fig. « provenir, découler de » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 4392); spéc. ca 1250 « descendre (de quelqu'un) » (Grant mal fist Adam, I, 28 ds T.-L.); 1606 « dériver (d'un mot) » (Nicot, s.v. bohourd); c) loc. 1176-81 don vos vient? (Chrétien de Troyes, Charrete, 137); 1580 d'où venoit celà (Montaigne, Essais, I, 20, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 96); 1664 d'où vient que (Molière, Tartuffe, I, 1); 3. a) ca 1050 venir sans compl. de lieu (Alexis, 467); ca 1050 faire venir qqn « lui demander de venir » (ibid., 335); 1539 venir au secours (Est.); b) loc. 1176-81 aler et venir (Chrétien de Troyes, Charrete, 4117); av. 1399 à tous venans « à tous ceux qui se présentent » (J. d'Outrem., Chron., I, 72 ds Gdf. Compl.); 1559 à tout venant (Amyot, Rom., 6 ds Littré); 1559 fig. premier venu « celui pris au hasard » (Id., Vies, Compar. de Lysand. av. Sylla, p. 1781, éd. 1567 ds Gdf. Compl.); 1580 un nouveau venu (Montaigne, op. cit., II, 4, p. 364). B. En relation avec le temps 1. a) ca 980 « se présenter à un certain moment » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 57); ca 1100 impers. (Roland, éd. J. Bédier, 162); déb. xiies. a venir « qui doit arriver » (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 300); ca 1170 qui vient « qui s'approche » (Chrétien de Troyes, Erec, 6493); b) loc. α) 1275 venir a vie « naître » (Adenet le Roi, Berte, éd. A. Henry, 85), supplanté par venir au monde 1560 (Bible, Rebul 4 Eschas 4, 29 d'apr. FEW t. 14, p. 240a); 1690 impers. (Fur.: à force de prier il lui vint une fille); β) 1539 venir tout à point « arriver avec opportunité » (Est.); puis 1611 tout vient à poinct qui peut attendre (Cotgr.); 1868 tout vient à point à qui sait attendre (Littré, s.v. point); γ) 1670 fig. voir venir (qqn) « deviner ses intentions » (Molière, Bourgeois gentilhomme, III, 12); av. 1747 laisser venir « ne pas se presser » (Lesage, Turcaret, III, 9 ds Littré); 2. 1225-30 « arriver, se développer (de plantes) » (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 1396); ca 1245 « se développer (de quelqu'un) » (Philippe Mousket, Chron., 1342 ds T.-L.); spéc. techn. « se produire, se manifester » 1767 peint. (Dider., Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 302 ds Pougens ds Littré); 1872 phot., impr. bien venir, mal venir (Littré). C. Venir à indique l'aboutissement après une évolution 1. + subst. ca 1050 « parvenir à un certain stade » (Alexis, 443); ca 1100 en venir a (Roland, 1286); 1160-74 i venir « y parvenir » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2624); spéc. ca 1170 venir à chief « parvenir à ses fins » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Guiguemar, 740); 1538 venir a composition (Est., s.v. deditionem subire); 1549 venir à bout (Est.); 1575 venir aux mains (Thevet, Cosmogr., XIII, 12 ds Gdf. Compl.); 1674 en venir aux coups (La Fontaine, Contes, IV, 16, 191); 2. + inf. ca 1150 venir a + inf. subst. « se résoudre à » (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 312); xiiies. venir a + inf. (Du Segretain moine ds Rec. gén. de fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 4, p. 215). D. Avec l'inf. venir servant de simple auxil. 1. fin xes. venir + inf. « faire en sorte de » (Passion, 407); 2. ca 1050 venir a surtout à la 3epers. + inf. « se trouver en train de » (Alexis, 47); 3. ca 1225 venir de + inf. « avoir juste fini de » (Gautier de Coinci, Mir., éd. V. Fr. Koenig, I Mir 12, 44). Du lat. venire « venir », « arriver, se présenter », « parvenir à », « venir à quelque chose, venir dans tel ou tel état » et « en venir à ». Fréq. abs. littér.: 98 961. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 142 843, b) 153 800; xxes.: a) 144 519, b) 129 650. Bbg. Bambeck (M.). Galloromanische Lexikalia aus volksprachlichen mittelalterlichen Urkunden. Mél. Gamillscheg (E.) 1968, p. 69. − Dabène (L.). Aller et venir: de la ling. à la didact. Mél. Pottier (B.) 1988, pp. 217-224. − Dejay (D.). Les Rel. actancielles appréhendées à travers un corpus de verbes fr. Thèse, Nancy, 1986, pp. 37-42. − Gardies (J.-L.). Élém. pour une gramm. pure de l'aspect. Modèles ling. 1981, pp. 112-134. − Goug. 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