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VENIN, subst. masc.
A. −
1. Substance toxique sécrétée par certains animaux, et qui peut être inoculée, par piqûre ou par morsure, à d'autres animaux ou à l'homme. Venin de l'abeille, de l'araignée, de la guêpe, du scorpion, de la vipère; dents, crochets à venin; sérum contre les venins. Le cobra s'est déjà replié, quand le venin pénètre au cœur, et quand le premier muscle du visage grimace (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 297).
Loc. fig. Morte la bête, mort le venin. V. bête1III B 2 a.
P. anal. Substance toxique sécrétée par les organes de certaines plantes. Venin de l'ortie. Le laurier-rose contient un venin subtil (Borel, Champavert, 1833, p. 35).
2. P. ext., vieilli. Poison. Aïescha, surprise: C'est une arme? Giaour: Tu vois ces traces verdâtres? C'est un venin foudroyant (Lenormand, Simoun, 1921, 4etabl., p. 33).
B. − Au fig.
1. Haine, malveillance que manifestent des paroles ou des attitudes perfides. Venin de la calomnie; répandre du venin contre qqn; regard chargé de venin. L'autre brochure portait ce titre: le Parti catholique, et elle était dirigée (...) contre Veuillot dont elle se refusait à prononcer le nom. Ici les attaques sinueuses recommençaient, le venin filtrait sous chacune de ces lignes (Huysmans, À rebours, 1884, p. 200).M. Élie lui fit compliment sur son air de jeunesse, ajoutant avec venin: « C'est vrai! Avec les soucis que tu as!... » (Montherl., Célibataires, 1934, p. 858).
Loc. [En parlant d'une pers. ou de son comportement] (Être) sans venin, n'avoir point de venin. (Être) dépourvu de rancune, de malignité. Jean-Pierre Camus (...) sans venin d'ailleurs, mais enfant terrible et amusant comme toujours (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 209).Ses finesses naturelles de cœur (...) sont aussi exemptes de venin qu'il est possible, et acceptent constamment les indications, les corrections (...) de l'intelligence (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 186).
[En parlant d'une pers.] Cracher, jeter, vider, vomir, etc., son venin. Exhaler sa haine, sa méchanceté; dire sa rancune sous l'effet de la colère. La bêtise humaine actuellement m'écrase si fort que je me fais l'effet d'une mouche ayant sur le dos l'Himalaya. N'importe! Je tâcherai de vomir mon venin dans mon livre (Flaub., Corresp., 1877, p. 85).Je crois néanmoins avoir assez éprouvé ma bonne volonté, reprit M. Catani, (...) qui achevait de vider son venin comme on meurt, en vous prêtant seize mille francs (Bernanos, Imposture, 1927, p. 411).
2. Caractère pernicieux d'une doctrine, d'un système de pensée. Synon. poison.Aucun de ces organes, parmi ceux qui persévérèrent, ne sut se garder complètement du venin hitlérien ou collaborateur (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 147).V. calvinisé rem. s.v. calvinisme ex. de Bremond.
Prononc. et Orth.: [vənε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1remoit. xiies. venim « substance toxique; ce qui corrompt (au propre et au fig.) » (Psautier de Cambridge, CXXXIX, 3, éd. Fr. Michel, p. 248: Il aguisierent lur langue sicumme serpenz, venims d'icels serpenz desuz lur levres); b) ca 1155 empl. avec poison (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 8271: E Cil li ad puisun [breuvage empoisonné] dunee De venim tute destempree), forme venim att. jusqu'au xviies. (Fur. 1690), la forme velin, bien att. du xiieau xvies. (v. Gdf. Compl.) a survécu dans certains parlers région. (v. FEW t. 14, pp. 234-235); c) 1314 méd. anc. « pus d'un ulcère, sanie d'une plaie » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, t. 2, p. 65, § 1563: Se l'ulcere et le venim soient desechiés souffisanment; p. 89, § 1669: Venim est humidité ou porreture soutille); d) 1381 « poison » (Arch. Nord, 1311483, fo16: un homme [...] qui fu justichiés pour ce qu'il avoit jettet venim en plusieurs fontaines); e) 1570 (Drot, Doc. extraits des minutes des notaires de l'Yonne, p. 391: ouster et monder les arbres fruictiers de chenilles et aultres venim qui y pourroyt venir), sur les parlers région. qui ont conservé certaines de ces accept., v. FEW, loc. cit. Du lat. pop. venīmen, réfection, par substitution de suff. (cf. a. fr. gain, v. regain) du lat. class. venēnum (cf. a. prov. veren, xes., Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 461; venen, xiiies., v. Rayn.). Venēnum signifiait « herbe ou substance utilisée à des fins thérapeutiques ou magiques, philtre » (chez Salluste déterminé par un adj. précisant le caractère bénéfique ou maléfique, v. Ern.-Meillet; cf. au xvies. doux venin, venin amoureux (Ronsard, Amours, 1552 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 49, 54), doux venin (1560, Grevin, Olimpe ds Théâtre, éd. L. Pinvert, p. 281)), d'où « poison, usage du poison, ce qui empoisonne (au propre et au fig.) », sens péj. qui l'emporta (et est seul représenté dans les dér. et comp. de venēnum, v. Ern.-Meillet). Étant donné que venin, en raison de son orig., pouvait signifier « ce qui cause la maladie, l'infection, ce qui altère, pourrit (supra, v. aussi venimosité) » le mot a été d'un empl. plus étendu que poison* (cf. Fur. 1690: le venim [...] se dit aussi de tout ce qui est pris dans le corps, dont les propriétés sont contraires à la nutrition [...] le venim au contraire [de la viande] transmuë le corps et les membres qu'il touche en une substance corrompue et la convertit en sa nature venimeuse. En ce sens tous les poisons sont compris sous le nom de venim), les sens respectifs mod. des deux mots semblent s'être fixés au xixes., cf. Raymond 1832: ,,Venin, sorte de poison avec la différence que Poison se dit de tout ce qui attaque le principe de la vie par quelque qualité malfaisante ou maligne, c'est le genre; et que Venin ne se dit proprement que de certains sucs ou de certaines liqueurs qui sortent du corps de quelques animaux, tels que la vipère, le scorpion, etc., c'est l'espèce``, v. aussi Littré qui précise les domaines d'empl. de poison, virus, venin, miasmes; v. vénéneux, venimeux, venimosité. Fréq. abs. littér.: 298. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 518, b) 531; xxes.: a) 197, b) 421. Bbg. Quem. DDL t. 19.