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VAPEUR1, subst. fém.
A. −
1. Amas visible de fines gouttelettes d'eau de condensation en suspension dans l'atmosphère. Vapeur blanche, légère; la vapeur flotte, monte, voltige, se dissipe. Une brume vague floconnait sur le lac, une brume, non,une buée, une vapeur de vapeur, de quoi fondre ou comme ouater ce que l'eau morte aurait eu de trop métallique (Bourget, Cosmopolis, 1893, p. 466):
... sur la campagne, se levaient lentement de gros nuages. Ils naissaient par dilatation du sein de leur propre puissance et ils se gonflaient insensiblement en volutes lourdes, dont les vapeurs s'accumulaient peu à peu, à l'Ouest, sur une colline solitaire. Bosco, Mas Théot., 1945, p. 252.
2. En partic.
a) Émanation visible de l'haleine ou de la sueur. Les casques sont blancs de givre. Les hommes fument de la tête aux pieds, comme des chevaux; ils portent leur vapeur dans leurs pas, toute la compagnie est dans le brouillard de sa sueur (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 239).V. brouillard1ex. 4.Littér. On présente en vain à la bouche du prince le verre qui couvroit la tabatière du roi, la vapeur de la vie ne parut point sur le verre (Chateaubr., Mél. hist., 1827, p. 217).
b) Eau vaporisée. Un coquemar de terre brune laissait fuser une fine vapeur de son couvercle (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 64).Elle souleva le couvercle de la marmite; puis, le visage aveuglé d'une vapeur ardente, saisit sur la cheminée une poignée de sel (A. France, Vie fleur, 1922, p. 368).
3. P. anal., littér. Amas fin et léger. Synon. nuage.La lumière y entrait à flots [dans la nef]. Arrivant à travers chaque verrière par grands jets distincts, elle allait s'écraser en face sur la muraille puis, rebondissant, éclaboussait l'espace d'une vapeur de poussières illuminées (Estaunié, Vie secrète, 1908, p. 75).La crépelure domptée de ses cheveux châtains se révélait, quand même, en petites ondes qui accrochaient la lumière, en vapeur dorée sur la nuque et près des oreilles (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 142).
4. Au fig., littér. Chose inconsistante et illusoire. L'enfant à la grosse tête ronde a reçu tous les dons, même celui du tra-vail, sans lequel tous autres ne sont que vapeurs et fumées (Duhamel, Cécile, 1938, p. 70).
B. − Vapeur (d'eau). Eau amenée à l'état gazeux, au-dessus de son point d'ébullition.
1. [Utilisée notamment comme source d'énergie] Bateau, locomotive, presse à vapeur. Deux grues à vapeur semblables à des clochers (Barbusse, Feu, 1916, p. 102).
En appos. Charbon(-)vapeur. Charbon destiné à produire de la vapeur en chaudière ou en centrale thermique. Varsovie, afin d'assurer des débouchés réguliers à son charbon, souhaiterait que la France s'engage à maintenir au-delà de 1982 ses importations de charbon-vapeur (utilisé dans les centrales thermiques) à un niveau élevé (L'Express, 28 juill. 1979, p. 45, col. 2).
Cheval-vapeur*. Machine* à vapeur.
Loc. verb. Inverser* la vapeur; à pleine vapeur. Renverser* la vapeur.
Loc. adv. À toute vapeur; à pleine vapeur. En utilisant toute la vapeur possible; p. ext., très vite. Ces câbles, déroulés et enroulés à toute vapeur par les bobines de la machine (Zola, Germinal, 1885, p. 1158).Et tout de suite, hommes et bagages s'engouffrent dans le train qui part à toute vapeur (Bourget, Ét. angl., 1888, p. 115).À la vapeur (vieilli). Très vite. Convenez que l'on mène maintenant l'existence un peu trop vite (...) on fait aller sa jeunesse à la vapeur (Kock, Compagn. Truffe, 1861, p. 5).Mais vous êtes, vous, d'une génération si pressée, si pressée (...) vous vous êtes marié, comme vous faites toutes choses (...) à la vapeur (Sardou, Fam. Benoîton, 1865, p. 89).
P. méton. Usage de l'énergie obtenue par la machine à vapeur. Malgré la vogue du diesel, la vapeur a conservé cependant de nombreux adeptes (Le Masson, Mar., 1951, p. 76).
Loc. verb. Être/marcher à voile et à vapeur. Utiliser ce double mode de propulsion. Un navire est un monde. Quand il marche, comme celui-ci, en même temps à la vapeur et à la voile (Audiberti, Quoat, 1946, 1ertabl., p. 17).Au fig., pop. Être bisexuel(le). J'ai une copine, Josiane, qui s'est laissé toucher, embrasser et tout par une commerçante de Juan-les-Pins (...). Josiane elle marchait à voile et à vapeur et ça m'étonnait qu'elle aille jusqu'au bout avec ce type-là parce que d'abord il était pas beau et qu'en plus il était fauché (J. Lanzmann, L'Âge d'amour, 1987 [1979], p. 8 et 47 ds Bernet-Rézeau 1989).
2. [Usages domestiques]
a) À la vapeur. [Qualifiant un mode de cuisson] Pommes de terre cuites à la vapeur (p. ell. pommes vapeur). Une poularde à la crème et aux champignons, une timbale de riz à la vapeur (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 197).Les produits en boyaux sont (...) fumés avant d'être cuits à l'eau ou à la vapeur (Industr. conserves, 1950, p. 26).
b) Bain de vapeur. Bain pris dans une étuve humide. Les clients peuvent se contenter d'un bain de vapeur; ils peuvent aussi prendre un bain d'eau tiède (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 192).
c) Fer à vapeur. Fer à repasser utilisant la vapeur d'eau pour humidifier le linge et le repasser plus facilement. La pattemouille, c'est fini. Vive les fers à vapeur (Le Point, 29 nov. 1976, p. 51, col. 2).
C. −
1. Vieilli. Exhalaison de corps liquides ou solides. Vapeurs d'encens, d'opium, de tabac; vapeur aromatique, désinfectante; vapeurs épaisses, suffocantes. Cette journée [de noces] toute fumante de sueur, d'encens, d'haleine de bétail, de vapeur de sauces (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 111).
[En cont. métaph.] De cette vie factice, aux joies fausses, se dégage, hélas! une vapeur malsaine, non point vraiment une odeur de débauche, mais comme un parfum fatal de liberté (Vallès, Réfract., 1865, p. 24).
2.
a) MÉD. ANC. Exhalaison supposée monter du sang et des autres humeurs jusqu'au cerveau. Vapeur maligne (Rob. 1985). P. métaph. Sarcey me disait fort souvent: « Une bonne digestion, voilà l'image la plus approchante et la meilleure preuve de l'existence de l'âme. Tout le reste n'est qu'inquiétude inutile, billevesées, vapeurs noires » (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 121).
b) Au plur., vieilli ou iron. [Surtout appliqué à une femme] Étourdissements, vertiges, migraines, malaises divers. Elle a, depuis quelque temps, ce qu'on appelait autrefois des « vapeurs? (...) » elle rougit et pâlit sans motif (Gyp, Tante joujou, 1891, p. 78).Elle rougissait par bouffées et sans raisons sensibles. Joseph dit: Vous avez des vapeurs? (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 174).
c) Littér. Trouble du cerveau occasionné par l'absorption d'alcool en trop grande quantité. Les vapeurs du vin, de l'alcool. Sa cervelle obscurcie par les vapeurs de la bombance (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 33).Richard commençait à rougir sous l'effet de la réplétion et la vapeur des breuvages lui brouillait légèrement la vue (Duhamel, Cécile, 1938, p. 178).
P. métaph. Trouble causé par un sentiment, une passion, une sensation. Vapeurs de la colère, de l'orgueil. Les flottantes exhalaisons de l'herbe (...) imprégnaient l'air d'une langueur tendre, d'un bonheur léger, comme d'une vapeur de bien-être (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p. 1223).Nous rentrâmes, la tête bourdonnante des vapeurs de l'insouciance et du plaisir (Arnoux, Algorithme, 1948, p. 72).
D. − PHYS., CHIM. Forme gazeuse d'un corps liquide qui se vaporise ou d'un solide qui se sublime. Vapeur d'alcool, d'essence, d'éther, de goudron, de mercure. Dans la distillation, c'est la vapeur qui constitue le produit à recueillir (Ser, Phys. industr., 1890, p. 355).Les produits pétrolifères portés à une température supérieure à leur point d'inflammabilité peuvent prendre feu. Les vapeurs qu'ils émettent, mélangées en certaines proportions avec de l'air, peuvent faire explosion (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 172).V. éblouissement ex. 3.
Vapeur d'eau. V. supra B.
Vapeur saturante*. Vapeur sèche. V. sec I A 1 c.
REM. 1.
Vape, subst. fém.,arg. a) Situation louche, suspecte. Ils renâclaient presque toujours au moment de douiller (...), il leur passait une inquiétude (...) ils sentaient malgré tout la vape... Que c'était un petit flouze qu'ils reverraient jamais (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 447).b) Au sing. ou au plur. [Surtout dans des loc. verb.] État d'hébétude, de somnolence dû à la fatigue, à l'alcool, à un malaise, etc. Tomber dans la vape; être dans les vapes. Il devait [à 11 h du matin] être en pleine vape, quelque part, camé à bloc (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 83).
2.
Vaporiste, subst. masc.,ch. de fer. a) Conducteur d'une locomotive à vapeur. (Dict. xxes.). b) Partisan de la traction à vapeur. Beaucoup de « vaporistes » (...) se demandèrent s'il n'existerait pas une autre solution au problème de la routière mécanique individuelle. À défaut de la vapeur, décidément peu pratique, ne pourrait-on faire appel à un autre agent moteur? (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 477).
Prononc. et Orth.: [vapœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1265 vapour « espèce de fumée s'élevant des corps humides sous l'action de la chaleur » (Brunet Latin, Trésor, I, 106, éd. F. J. Carmody, p. 90); b) 1575 spéc. vapeur de l'eau (Paré, Œuvres, XXV, 24, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 3, p. 561); 2. a) xives. [ms.] « exhalaison qui se dégage d'une substance » (Fragm. d'un livre de medecine, ms. Berne A 95, fo12 rods Gdf. Compl.); b) 1610 vapeurs « effet euphorique dû à l'absorption d'alcool » (Béroalde de Verville, Moyen de parvenir, 38, 9, éd. A. Tournon, p. 106); 3. a) 1609 méd. anc. « humeur subtile qui s'élève des parties basses et trouble le cerveau » (Régnier, Satires, XII, 51, éd. G. Raibaud, p. 154: tout ce qu'elle espere Des biens que l'hypocondre en ses vapeurs promet Quand l'humeur ou le vin lui barbouillent l'armet); cf. 1684 vapeur de fille anc. nom de l'hystérie (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 147); b) 1609 « chose vaine, futile » (Régnier, op. cit., VI, 167, p. 67: Mais ce traître cruel [l'Honneur] [...] Qui nous gonfle le cœur de vapeurs et de vent); 4. 1765 (Encyclop. t. 16: vapeur, vaporeux, se dit en Peinture, lorsque la perspective aërienne est bien entendue dans un tableau, et qu'il y regne un très-léger brouillard qui rend les objets tendres et flous); 5. a) 1784 (Maillard, Théorie des machines mues par la force de la vapeur de l'eau [titre] ds Wexler, p. 98, note 11); b) 1794 (Journal des Mines, 1, 62, ibid., note 9: Nous croyons nécessaire d'adopter cette dénomination [machine à vapeur] au lieu de celle de pompe à feu [...]. L'eau réduite en vapeur en est le moteur: le feu n'est que la cause de la vaporisation [...] on n'a fait ici que traduire l'expression anglaise steam engine); c) 1825 cuire à la vapeur, turbot à la vapeur (Brillat-Sav., Physiol. goût, pp. 337, 339); d) 1861 marcher à pleine vapeur (Armengaud, Moteurs à vapeur, t. 2, p. 404); e) 1868 à toute vapeur (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, p. 38); 6. a) 1847 fig. (Féval, Fils diable, t. 7, p. 31: Quant au chemin de fer, ça marche à pleine vapeur! Dix mille demandes d'actions depuis lundi!); b) 1865 à la vapeur « à toute vitesse » (Sardou, loc. cit.). Empr. au lat.vapor subst. masc. « vapeur d'eau, exhalaison, fumée », dans la lang. de l'époque impériale « chaleur », au fig. « bouffées de chaleur » et « état d'excitation (de l'esprit) », att. au sens de « vanité » chez les aut. chrét. (v. Blaise Lat. chrét.); en fr. vapeur a été fait fém. p. anal. avec les termes en -eur*. Pour désigner les nouv. machines utilisant la force motrice de la vapeur d'eau, il y eut fin xviiie-déb. xixes. une période d'hésitation pendant laquelle coexistèrent des périphrases (cf. en 1804 la description de la voiture inventée en 1769 par le mécanicien fr. Cugnot: « cabriolet qui était conduit par le feu et la vapeur de l'eau », v. Wexler, p. 97), le type (machine) à feu (supra ex. cité sous 5 b), et le syntagme à vapeur qui devait l'emporter (quand vapeur empl. absol. fut compris comme « source d'énergie, force motrice » cf. 1829, Béranger, Chans., t. 3, p. 251: la presse éclaire, et le gaz illumine et la vapeur vole aplanir les mers); à vapeur corresp. aux dénom. angl. dans lesquelles steam « vapeur » entre en compos. avec le nom de l'engin: steamengine 1751 (à côté de fire-engine) pour désigner un engin mû par la vapeur, 1815 au sens de « locomotive », steamboat dep. 1787 (v. NED), cf. steamcarriage rendu par « chariot à vapeur » 1815 et steamhorse par « cheval de vapeur » 1821 (cités par Wexler, pp. 100-101). Bbg. Furukawa (N.). Le Nombre gramm. en fr. contemp. Tokyo, 1977, pp. 166-167. − Quem. DDL t. 20, 23 (s.v. vape), 28, 30, 33, 41.