Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
TURF, subst. masc.
A. − SPORTS
1. Terrain où se disputent les courses de chevaux. Synon. champ de courses (v. champ1), hippodrome.Entrée, tribunes du turf. L'amusant [aux courses], c'est l'indifférence (et un peu de brutalité) en matière de sexes, sur le « turf ». Quelques cocottes, un peu neuves, et qui perdent, font de l'œil pour se faire aider dans leur jeu, mais elles perdent aussi leur temps (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1899, p. 353).Il y a tout de même des gens qui ont misé toute leur passion sur une technique et pour qui s'édite une presse technique fort abondante: gens d'affaires et hommes de finances (...), habitués du turf ou des terrains de sport (Civilis. écr., 1939, p. 36-13).
P. anal. Les élégants coursiers arabes ne brillent guère que sur le turf sablonneux du désert (Nerval, Voy. Orient, t. 2, 1851, p. 89).
2. P. méton.
a) Ensemble des amateurs de sport hippique et des personnes concernées par la préparation des courses de chevaux. Milieux du turf; l'opinion du turf. Des mains blanches Cent fois de ce pur-sang avaient flatté les hanches, Et souvent il avait, dans le turf ébloui, Senti courir les cœurs des femmes après lui (Hugo, Châtim., 1853, p. 353).Cette mesure mécontentera tout le turf (Quillet1965).
P. métaph. Voilà de quoi faire envahir désormais par toutes les fashions le turf littéraire (Larchey, Excentr. lang., 1862, p. 315).
b) Ensemble des activités se rattachant aux courses de chevaux. Amour, langage du turf; suivre les nouvelles du turf. Le turf est une grande industrie, dont vivent en France quatre cent mille personnes: éleveurs et leur personnel: employés d'écurie, entraîneurs, lads, jockeys, bourreliers, marchands de cuir, maréchaux-ferrants (Zitrone, Courses, 1962, p. 45).
B. − Argot
1.
a) Lieu public où une femme se livre à la prostitution; racolage sur la voie publique. Synon. trottoir.Envoyer une fille au turf. [Le maq de Saint-Ouen:] C'est moi qui l'ai mise sur le turf. Neuve qu'elle était quand je l'ai levée (Le Breton, Rififi, 1953, p. 153).Elle était pas femme à abandonner le turf [de Montmartre] au moment du boom [2 h. du matin]! (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 30).
b) P. méton. Prostituée qui fait du racolage. Ah! disait le vieux turf au docteur Lacassagne, dans notre métier, le plus fatigant, c'est les étages (Pt Simonin ill., 1957).
2. Lieu de travail; le travail lui-même. Synon. boulot2.Sur la pelouse, un vieux croquant taillait un massif. (...) Pierrot l'a encore tenu quelques minutes à jacter boutures, puis il l'a renvoyé au turf. (...) on l'a vu reprendre courageusement son sécateur (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 198).
Prononc. et Orth.: [tœ ʀf], [tyʀf]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) 1828 le turf « les courses de chevaux ( et les paris) » (Journal des haras, 15 nov., 80 ds Höfler Anglic.); b) 1842 « lieu où se font les courses de chevaux » (Ac. Compl.); c) 1842 homme du turf [Note de Stendhal: Littéralement du gazon, un homme qui passe sa vie aux courses de chevaux, qui en fait sa grande affaire] (Stendhal, Le Rose et le Vert ds Romans et Nouv., éd. H. Martineau, Paris, 1959); 2. a) 1851 « lieux et monde particulier à quelque chose, arène » sur le turf de la galanterie « sur le marché des femmes à séduire » (Murger, Scènes vie boh., p. 192).; b) 1864 absol. sur le turf « dans le monde des rencontres et du racolage » (Journal pour rire, no441, 2a ds Höfler Anglic.); [1926 arg. des filles d'apr. Esn. 1966] 1927 sur le turf « à la prostitution par racolage » (Dussort, Preuves exist. dép. par Esnault, 1938, p. 76); 1935 p. méton. « prostituée qui fait le racolage » (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi! p. 222); c) [1929 ouvriers d'apr. Esn. 1966] 1945 « travail » (Gelval, Fables et récits arg., p. 6). Empr. à l'angl.turf désignant, gén. sous la forme the turf ou the Turf la piste gazonnée où ont lieu les courses de chevaux en même temps que tout ce qui comprend l'activité et le monde des courses de chevaux (dep. 1755 ds NED) et empl. dans l'expr. on the turf p. ext. au monde des rencontres et du racolage, au trottoir (1860 ds NED Suppl.2). L'orig. du terme est le vieil-angl. turf « motte de gazon, plaque de sol herbeux, gazon » d'orig. germanique. Fréq. abs. littér.: 23.
DÉR.
Turfiste, subst. et adj.a) Subst. Amateur de turf; en partic., personne qui fréquente les courses de chevaux et qui parie. Wazemmes se mettait en route pour mentir. Il se construisait déjà une vie élégante de jeune turfiste, qu'il lui serait facile de décrire abondamment (Romains, Homme bonne vol., 1932, p. 236).En appos. C'était un artiste, un employé supérieur de ministère, un officier, un bourgeois, un gentilhomme turfiste de six mille livres de rentes (Goncourt, Journal, 1867, p. 320).En compos. Il ne vous restera plus alors qu'à descendre les derniers degrés de l'abjection: être (...) fiché comme campeur-turfiste, comme une de ces créatures indignes du nom d'homme qui sortent une fois par jour de leur enclos (sauf le lundi) pour aller au P-M-U de Saint-Martin (Le Nouvel Observateur, 28 juin 1980, p. 49, col. 2).b) Adj. Relatif au turf, au milieu des courses. La fois suivante, dans le cas de victoire, il [le poulain] ne rapporterait plus au Pari Mutuel que des haricots. (Haricots est un terme de l'argot turfiste qu'on peut traduire en bon français par: clopinettes.) (Zitrone, Courses, 1962, p. 19). [tœ ʀfist], [tyʀ-]. 1reattest. 1853 (E. Chapus, Le Turf ou les Courses de chevaux en France et en Angleterre, 306 ds Höfler Anglic.); de turf, suff. -iste*.
BBG.Becker 1970, p. 285 (et s.v. turfiste), 285, 333. − Bonn. 1920, p. 162 (et s.v. turfiste). − Quem. DDL t. 31.