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TRANSFUGE, subst.
A. −
1. Personne qui, en temps de guerre, d'hostilités, abandonne son armée, son pays pour passer à l'ennemi. Synon. déserteur, traître.En repoussant avec indignation le nom de transfuge, il [Armand Carrel] acceptait le nom de réfugié ou même d'émigré français pour cette époque de sa vie (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 6, 1852, p. 89).Partout où elles le peuvent les troupes illyriennes refusent le combat; de nombreux transfuges sont déjà passés du côté des alliés (Sartre, Mains sales, 1948, 1ertabl., 1, p. 12).
En appos. Des proclamations ambiguës, où les conspirateurs armés contre la patrie, où les chefs militaires transfuges sont traités avec une indulgence et un intérêt qui contrastent singulièrement avec les signes de ressentiment et de colère prodigués par les ministres aux citoyens et aux députés du peuple les plus zélés pour la cause publique (Robesp., Discours, Guerre, t. 8, 1791, p. 50).
P. ext., rare. Personne qui fuit quelque chose. Sire Maurice: (...) Les actions du duc n'ont d'autre juge que lui-même, C'est Lorenzo de Médicis que le pape réclame comme transfuge de sa justice. Le Duc: De sa justice? Il n'a jamais offensé de pape à ma connaissance, que Clément VII, feu mon cousin (Musset, Lorenzaccio, 1834, I, 4, p. 104).
2. P. anal. Personne qui quitte un parti pour passer dans le parti adverse, qui renie, trahit un groupe, une cause. Synon. dissident, traître.L'armée politique du premier consul était composée de transfuges des deux partis. Les royalistes lui sacrifiaient leur fidélité entre les Bourbons, et les patriotes leur attachement à la liberté (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 25).Des transfuges ont allégué, pour justifier ou excuser leur désertion du judaïsme, son manque de mysticité (Weill, Judaïsme, 1931, p. 169).
Empl. adj. La bourgeoisie capitaliste (...) a infecté le peuple doublement; et en elle-même restant elle-même; et par les portions transfuges d'elle-même qu'elle a inoculées dans le peuple. Elle a infecté le peuple comme antagoniste; et comme maîtresse d'enseignement (Péguy, Argent, 1913, p. 1108).
B. − P. ext. [La notion de trahison est atténuée ou inexistante]
1. Personne qui change de milieu, de situation. Une transfuge de l'Opéra-Comique. On parle de la rentrée de Moréno à la Comédie (...). Pas une transfuge, comme on dit, qui ne réintègre l'officiel bercail, tôt ou tard (Léautaud, Journal littér., 1, 1906, p. 342).Un curé, tout pareil au mien, son double, appelait au catéchisme les transfuges de la laïque (Arnoux, Zulma, 1960, p. 177).
[Le compl. désigne un domaine, une doctrine, une attitude] Un(e) transfuge de la psychanalyse orthodoxe, du roman, du surréalisme; un transfuge du mal. Quantité de transfuges du bois et de la lithographie viennent grossir les rangs des spécialistes de la gravure en creux (Dacier1944, p. 130).La tentation du transfuge s'exerce selon des lois inverses: jadis, un Fromentin, peintre, rêvait des lauriers du romancier; aujourd'hui, il est peu de romanciers qui n'aient été, à un moment, tentés par la critique d'art (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 12).
2. Personne qui change de pays, de lieu. À Brest, où ils arrivèrent un matin incolore au lever du jour, ils furent saisis, glacés,eux, les pauvres transfuges d'un pays de soleil,par ce changement absolu de climat (Loti, Matelot, 1893, p. 64).La maison se recommande par ses bridgeurs et son peloton de littérateurs (...) que caressent du regard quelques transfuges de chez Lipp, commerçants lettrés que le manque de terrasse de la brasserie fait émigrer (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 160).
Littér. [À propos d'animaux, de plantes] Un rossignol, transfuge du bocage, Des arbres de la mort habite les rameaux, Et de ses chants d'amour console les tombeaux (Baour-Lormian, Veillées, 1827, p. 284).Ce lilas embaumé que je croyais perdu, Ô fleur, sauvage fleur de ma rive enchantée, Transfuge de nos bois, tu m'as donc tout rendu! (Desb.-Valm., Élégies, 1833, p. 134).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃sfy:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1355 « celui qui, en temps de guerre, passe à l'ennemi » (Bersuire, Tit. Liv., Bibl. nat. 10312 ter, fol. 2 vods Gdf. Compl.); 2. déb. xviiies. « celui qui change de camp, d'opinion » transfuge de toutes les religions (Massillon, Carême. Doutes sur la relig. ds Littré). Empr. au lat.transfuga, sens 1 et 2. Fréq. abs. littér.: 77.