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TRANQUILLE, adj.
A. − [En parlant d'un inanimé]
1. [Où l'ordre et l'équilibre ne sont affectés par aucun trouble, bruit ou mouvement violent]
a) Qui n'est pas agité, qui ne connaît pas de turbulences. Lac, mer tranquille. Julien dénoua l'amarre. L'eau, tout de suite, devint tranquille, la barque glissa dessus et toucha l'autre berge (Flaub., St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 130).Je courais de mon lit trop brûlant vers le balcon, à voir l'immense ciel tranquille (Gide, Journal, 1893, p. 35).
[Dans un cont. métaph.] Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes (Valéry, Charmes, 1922, p. 147).
b) Où règne le calme. Campagne, coin, port, vallée tranquille. La boutique du passage du Pont-Neuf devint pour lui une retraite charmante, chaude, tranquille, pleine de paroles et d'attentions amicales (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 31).Vous avez choisi une auberge tranquille. Il n'y vient presque personne (Camus, Malentendu, 1944, i, 5, p. 133).
[Gén. en fonction attribut] Qui ne souffre pas de perturbations politiques, sociales; qui n'affronte pas d'attaques militaires violentes. Le pays, la rue est tranquille. Paris continue à être tranquille, comme disent les riches, c'est-à-dire qu'on ne se bat pas (Sand, Souv. de 1848, 1876, p. 128).En 1918 (...), au milieu de l'été, mon régiment tenait des positions assez tranquilles et inertes, ma foi, malgré quelques marmitages (Arnoux, Nuit St-Avertin, 1942, p. 60).
c) Qui se passe dans le calme; que rien ne vient troubler. Jours tranquilles; heure, soirée, sommeil tranquille. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville! (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 255).L'ombre de la grande catastrophe qu'on redoute frappe de vanité tous les projets qu'on eût faits à une époque plus tranquille (Green, Journal, 1949, p. 330).
Laisser qqc. tranquille. Ne plus s'en occuper; ne pas chercher à modifier. Nous devons nous taire et rester là (...). Laissez la fable tranquille. Ne vous en mêlez pas (Cocteau, Machine infern., 1934, iv, p. 129).La grotte de Saint-Benoît est transformée en chapelle. Que ne l'a-t-on laissée tranquille! Il y a des fresques maniérées de l'école de Sienne, un Triomphe de la Mort que je me bats les flancs pour trouver beau (Green, Journal, 1935, p. 25).
2. [En parlant d'une œuvre artist., de sa compos., de sa représentation] Qui satisfait aux lois de l'harmonie et de l'équilibre (des lignes, des couleurs, etc.). La première sculpture des Grecs se distingue par un style tranquille et une grande simplicité de composition (Stendhal, Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 19).
B. − [En parlant d'un animé, de ce qui caractérise sa façon d'être, de vivre, etc., son comportement, ses convictions]
1. Qui est d'un naturel calme, paisible, peu remuant et peu bruyant. Enfant tranquille. Quand il ne fut plus troublé par la rencontre de ces paysans tranquilles dont il enviait le sort, il respira (Stendhal, Abbesse Castro, 1839, p. 187).J'étais, au contraire, tout à fait bien avec les petites filles de mon âge: elles me trouvaient tranquille et raisonnable (Renan, Souv. enfance, 1883, p. 114).
Fam. (Petit) père tranquille. Personne d'un certain âge qui aime vivre calmement, paisiblement, sans être bousculée. Synon. pop. père peinard*.Il a dérangé les plans de nos généraux, deux pères tranquilles qui n'aiment pas se lever matin (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 177).
2. Qui se tient en repos et ne trouble pas le repos d'autrui; qui ne s'agite pas. Synon. pop. peinard.Gens bien tranquilles; être, se tenir tranquille. Mais le professeur s'applique depuis un moment à rester tranquille, les mains croisées sur son ventre (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1527):
Cette joie me donna l'idée qu'un complot existait parmi mes élèves et que les coupables étaient nombreux. « Je vous avertis, leur dis-je, que celui qui aura encore une fois l'insolence de rire quand je parle me conjuguera cinq cents fois le verbe j'aime à rire. » Ils redevinrent tranquilles... Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 14.
P. métaph. Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille (Baudel., Fl. du Mal, 1861, p. 134).
3. Qui n'éprouve aucune inquiétude morale, qui ne manifeste aucun souci. Synon. confiant, rassuré.Vous avez jugé avec raison que j'attendais bien impatiemment une lettre de vous. Enfin me voilà tranquille, puisque votre santé est bonne (Lamennais, Lettres Cottu, 1827, p. 181).Tant que Dieu vivait, l'homme était tranquille: il se savait regardé (Sartre, Sit. I, 1947, p. 209).
Soyez tranquille. Ne vous inquiétez pas. Soyez tranquille, Morrel, cette faiblesse, si c'en est une, est pour vous seul (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 443).P. antiphr. [Avec nuance de menace] Soyez tranquille, nous nous retrouverons. Oh! sois tranquille, interrompit Lisbeth. Nous nous reverrons quand je serai madame la maréchale (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 233).
Laisser tranquille
Laisser qqn tranquille. Ne pas inquiéter, troubler, importuner quelqu'un. Robert nous présenta, mais ne cacha pas à son ami qu'ayant à causer avec moi, il préférait qu'on nous laissât tranquilles (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 410).
Laisser qqn tranquille avec qqn/qqc. Cesser de tourmenter quelqu'un avec quelqu'un/quelque chose. (...) M. le curé...Laissez-moi tranquille avec votre curé!... (Bernanos, Crime, 1935, p. 820).
Avec valeur adv. Dormir, partir tranquille. Il respirait sans malaise les poussières du charbon, voyait clair dans la nuit, suait tranquille, fait à la sensation d'avoir du matin au soir ses vêtements trempés sur le corps (Zola, Germinal, 1885, p. 1249).
4. Qui révèle un aspect ou un comportement exempt d'inquiétude. Avoir la conscience, l'esprit tranquille. Les cuivres incendiaient le mur du fond, éclairant d'un reflet rose le demi-jour de la pièce. Et là, dans cette ombre dorée, ils mettaient tous les deux leurs petites faces rondes, tranquilles et claires comme des lunes (Zola, Page amour, 1878, p. 867).La puissance, le calme, le tranquille gouvernement de soi dans les actions difficiles et dangereuses ont toujours quelque chose de beau (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 54).
5. Qui fait preuve, qui témoigne d'une parfaite assurance, d'une grande sérénité. Synon. serein.Rubens, a-t-on écrit, était tranquille et lucide, ce qui veut dire que sa lucidité lui vint d'un bon sens imperturbable, et sa tranquillité du plus admirable équilibre qui peut-être ait jamais régné dans un cerveau (Fromentin, Maîtres autrefois, 1876, p. 34).L'aumônier qui visitait Martin dans sa cellule fut toujours bien accueilli, mais lorsqu'il offrait au condamné les secours de la religion il se heurtait à un refus tranquille (Aymé, Derr. chez Martin, 1938, p. 153).
Fam. Être tranquille que. Être assuré que, avoir la conviction que. Comme il avait trop bouffé j'étais tranquille qu'il roupillerait (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 474).
Expr. Tranquille comme Baptiste. Qui, en toutes circonstances, fait preuve d'un calme inébranlable. Coupeau (...) fumait de nouveau sa pipe, tranquille comme Baptiste (Zola, Assommoir, 1877, p. 728).
C. − [En parlant d'un animé ou d'un inanimé] Qui, dans son déroulement, s'accomplit régulièrement, sans à-coup, inexorablement. Allure, mouvement, pas tranquille. La pluie tombait sans relâche, du même train tranquille, comme ayant tout le temps, l'éternité, pour noyer la plaine (Zola, Page amour, 1878, p. 1034).L'odieux et tranquille ravage de la vieillesse qui s'approche? (Maupass., Contes et nouv., t. 2, MmeHermet, 1887, p. 1127).
D. − PHARMACOL., vieilli. Baume tranquille. Décoction de plantes employée pour calmer les douleurs rhumatismales. Le docteur Maure me dit de me frotter avec du baume tranquille, mais cela ne me tranquillise pas du tout (Mérimée, Lettres à une inconnue, t. 2, 1860, p. 83).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃kil]. Graph. ill de valeur [il] provenant de lat. ill devant voy. autre que i, e (Grammont Prononc. 1938, p. 65, Rouss.-Lacl. 1927, p. 153, Mart. Comment prononce 1913, pp. 266-269). Mart., p. 266: ,,Cette prononciation ne se maintient que dans trois ou quatre mots extrêmement usités ou, au contraire, dans un certain nombre de mots plus ou moins savants``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1470 « paisible, serein » (Georges Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 470: que ta mort te rende patience tranquille); b) 1580 (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 218: vie solitaire, tranquille et philosophique); c) 1580 (B. Palissy, Discours admirable, p. 227: mesme ... lors que les eaux sont les plus tranquilles); d) 1680 (Mmede Sévigné, Corresp., éd. A. Duchêne, t. 2, p. 915: Soyez tranquille sur ma santé); e) 1684 baume tranquille (Id., ibid., t. 3, p. 152). Empr. au lat.tranquillus « calme, paisible, serein » (s'est dit d'abord à propos de la mer, puis des hommes, p. oppos. à iratus « irrité », s'est étendu ensuite à toutes sortes de choses, v. Ern.-Meillet). Fréq. abs. littér.: 7 444. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 279, b) 12 161; xxes.: a) 12 743, b) 9 559.