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TRAGÉDIE, subst. fém.
A. − HIST. LITTÉR.
1. ANTIQ. GR. Œuvre lyrique et dramatique mettant en scène des acteurs masqués dialoguant et un chœur chantant, dont le sujet, propre à exciter la terreur ou la pitié, était emprunté à la mythologie ou à l'histoire; genre dramatique auquel appartient ce type de pièce. Melpomène, muse de la tragédie; les tragédies d'Eschyle, d'Euripide, de Sophocle. À l'épopée la tragédie emprunte sa matière: la geste des grands héros légendaires (Encyclop. univ.t. 161973, p. 234):
... s'il est vrai qu'« il n'y a pas de théâtre sans un secret qui se révèle », comme dit Ionesco, ce secret est celui-là même que la tragédie grecque produisait devant les spectateurs: l'homme souffre au sein du bonheur, l'homme chute au sein de la grandeur, l'homme meurt au sein de la vie... J.-M. Domenach, Le Retour du tragique, 1967, p. 276.
Tragédie latine. Adaptation des tragédies grecques. Par l'intermédiaire de la tragédie latine de collège, c'est de Sénèque que sortira toute la tragédie classique en France (Brasillach, Corneille, 1938, p. 44).
2. Pièce de théâtre dont le sujet est analogue. Tragédie espagnole, italienne. Dans plusieurs tragédies on met un tyran, comme une espèce de machine qui est la cause de tout (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 51).C'est cela qui est commode dans la tragédie (...). C'est minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts et les éclats, et les orages et les silences (...) C'est propre, la tragédie. C'est reposant, c'est sûr (...) parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir (Anouilh, Antig., 1946, p. 165).
En partic. [En France aux xviieet xviiies.] Œuvre dramatique en vers, dont la composition est soumise à des règles strictes (les trois unités), qui met en scène des personnages illustres, tirés de l'Antiquité grecque ou romaine, qui fait reposer l'action sur des conflits passionnels dans lesquels les personnages sont déchirés et implacablement entraînés vers une catastrophe ou un destin désastreux. Tragédies de Corneille, de Racine; admirable, belle tragédie; confident, princesse de tragédie. Une tragédie racinienne est en un sens toujours la même tragédie. Qui est proprement la tragédie racinienne (..) comme une série linéaire de chefs d'œuvre (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 783).La tragédie classique, par ses vers d'allure épique, figure bien ce progrès des passions et des actions que rien n'arrête (...). Ainsi marche le destin (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 145).
3. Manière de traiter ce genre littéraire. Tragédie héroïque, morale, musicale, politique, sacrée. Qu'est-ce que la tragédie romantique? Je réponds hardiment: C'est la tragédie en prose qui dure plusieurs mois et se passe dans des lieux divers (Stendhal, Racine et Shakspeare, t. 1, 1825, p. 80).
P. anal. Tragédie lyrique. ,,Opéra dont le sujet est tragique`` (Mus. 1976).
4. Drame. Tragédie bourgeoise; les tragédies de Shakespeare. Une édition de Shakespeare (...) contient des résumés et des extraits des tragédies les plus célèbres: Hamlet, Othello, Antoine et Cléopâtre (Green, Moïra, 1950, p. 189).
B. − Au fig.
1. Événement ou enchaînement d'événements terribles, funestes, dont l'issue est fatale. Synon. drame.Tragédie effroyable; cruelle tragédie. Ce long drame qui s'ouvre par un meurtre et qui se dénoue par un meurtre; véritable tragédie où rien ne manque, ni les passions, ni les caractères, ni cette sombre fatalité qui était l'âme de la tragédie antique, et qui donne aux accidents de la vie réelle tout le grandiose de la poésie (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 59).Alors l'officier prit le parti de tuer un des fantassins, et fut aussitôt tué lui-même. Cette tragédie courte est belle à comprendre (Alain, Propos, 1923, p. 537).
Tourner en tragédie. Devenir un désastre. Est-ce que par hasard la bouffonnerie diplomatique des Balkans tournerait en tragédie, et aboutirait à la guerre? (Jaurès, Eur. incert., 1914, p. 95).
2. Aventure difficile, douloureuse, pleine de déboires et de risques. Tragédie humaine. Ces liens très étroits [de la famille] créent mille drames. Le Français aime la tragédie, les voies difficiles, les aspérités qui aiguisent l'esprit et déchirent le cœur (Chardonne, Éva, 1930, p. 57).
3. Caractère d'une chose funeste et implacable. Tragédie de l'amour, de la mort, de la déportation, de la famine, de la mine. Ces rayonnements si étranges par leur nature, et que l'on ne peut ni sentir ni voir, se sont véritablement fait connaître au monde par la tragédie d'Hiroshima et l'accident des pêcheurs japonais de 1954 (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 222).
P. métaph. Chez Rembrandt, le principal intérêt du tableau n'est pas l'homme, mais la tragédie de la lumière mourante (...) combattue incessamment par l'envahissement de l'ombre (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 305).
Prononc. et Orth.: [tʀaʒedi]. Ac. 1694, 1718: tragedie; dep. 1740: tragédie. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1300 « poème dramatique » (Jean de Meun, trad. Boèce, Consolation, éd. V. L. Dedeck-Héry, II P 2, p. 189); 1370 (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 137: es tragedies); b) 1876 expr. jouer la tragédie « user de feintes propres à exciter la pitié ou un autre sentiment tragique » (Lar. 19e, citant G. Sand, s. réf.); 2. 1552 « événement ou ensemble d'événements tragiques » (Rabelais, Quart-Livre, éd. R. Marichal, prol., p. 21: voyez vous quelles tragedies sont excitées par certains Pastophores?); 3. 1553 « genre dramatique » (Ronsard, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 5, p. 63, 144: [Jodelle] Pour avoir d'une voix hardie Renouvellé la Tragedie). Empr. au lat.tragœdia « la tragédie »; plur. « effets oratoires, mouvements pathétiques; déclamations; grands mots », et celui-ci au gr. τ ρ α γ ω δ ι ́ α « chant du bouc », c'est-à-dire « chant religieux dont on accompagnait le sacrifice d'un bouc aux fêtes de Bacchus; chant ou drame héroïque, tragédie; récit dramatique et pompeux; événement tragique; action de jouer la tragédie », dér. de τ ρ α γ ω δ ο ́ ς « qui chante ou danse pendant l'immolation du bouc aux fêtes de Bacchus »; p. ext. « qui chante ou danse dans un chœur de tragédie, acteur tragique, poète tragique », comp. de τ ρ α ́ γ ο ς « bouc » et -ω δ ο ς, issu de α ̓ ε ι ́ δ ω « chanter » (v. Chantraine). Fréq. abs. littér.: 1 982. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 086, b) 1 976; xxes.: a) 1 724, b) 2 846. Bbg. Girdlestone (C.). La Tragédie en mus. considérée comme genre littér. Genève, 1972, 423 p. − Quem. DDL t. 11, 21.