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TOURMENT, subst. masc.
A. − Vieilli ou littér.
1. Supplice, torture. Tourment de la question; tourments des martyrs; livrer qqn aux tourments; mourir dans les tourments. Tu connois, mon fils, les tourmens que les Sauvages font subir aux prisonniers de guerre (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 196).Abou-Nacir (...) ayant juré qu'il avait livré tous ses trésors, et des fosses ayant été découvertes qu'il voulait dissimuler, il périt dans les tourments (Barrès, Cahiers, t. 4, 1906, p. 252).
Les tourments de l'enfer Toutefois, il n'oubliait pas que son corps était promis aux tourments de l'enfer où son âme se trouvait déjà consignée (Aymé, Derr. chez Martin, 1938, p. 141).P. anal. Un jour que je mordais dans une pêche, je fus piquée à la langue par une abeille et je souffris les tourments de l'enfer (A. France, Rôtisserie, 1893, p. 20).
2.
a) Vive souffrance physique. Tourment(s) de la faim, de la maladie, de la soif. La goutte, la pierre sont de cruels tourments (Ac.). Elle est alitée depuis dix ans, en proie à un mal incurable. Je l'ai vue sur son lit de tourment (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 274).Vers cinq heures le tourment d'arthrite m'éveille (Colette, Pays. et portr., 1954, p. 264).
b) Vive souffrance affective, morale. Tourment(s) de l'amour, de l'attente, de l'ennui, de la jalousie; tourment de vivre. Il faut avoir connu le charme et le tourment d'une grande passion, pour se faire une idée de cette étonnante et rapide succession de sensations déchirantes et délicieuses qui agitent continuellement un cœur qui s'est livré tout entier (Genlis, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 114).Elle ne savait qu'une chose, c'est qu'il était revenu. Et tous les tourments, toutes les angoisses des jours passés, toutes les rancunes et toutes les jalousies étaient loin (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 163).
C'est un grand tourment que de + inf.C'est un grand tourment que d'assister ainsi à sa décadence sans pouvoir rien pour l'empêcher ou la retarder (Maine de Biran, Journal, 1817, p. 49).
Mettre fin à ses tourments. En finir avec la vie. Lui qui (...), perdant enfin toute illusion et tout espoir, a résolu aujourd'hui de mettre fin à ses tourments et à ses jours (Scribe, Camaraderie, 1837, iii, 3, p. 295).
SYNT. Tourment affreux, indicible, infernal; atroces, cruels tourments; avoir du tourment; donner du tourment à qqn; adoucir, apaiser les tourments de qqn.
3. P. méton. Personne ou chose qui est cause de soucis, d'ennuis, de tracas plus ou moins graves. Cet enfant est le tourment de son père, de sa famille; son avenir est son principal tourment; quel tourment que cette affaire! Je l'aimais! j'adorais ce tourment de ma vie, Ses jalouses erreurs m'attendrissaient encor, Il me faisait mourir (Desb.-Valm., Élégies, 1833, p. 116).Oreste, mon petit Oreste! le tourment de mon cœur, L'enfant que j'ai reçu au sortir de sa mère pour lui donner la nourriture (Claudel, Choéphores, 1920, p. 935).
B. −
1. Vieilli. Agitation violente. Tourment de l'eau, du torrent. Sous les doux vents alizés qui règnent dans ces climats, la mer uniformément irait d'un flot régulier, si elle ne trouvait ces digues vivantes qui la forcent de reculer sur elle-même, dissipent la vague en poussière et lui donnent un éternel tourment (Michelet, Insecte, 1857, p. 36).Si l'on prête l'oreille on entend le tourment Des tempêtes (Hugo, Légende, t. 4, 1877, p. 642).
P. métaph. Elle ressentait de divines douceurs, quand la petite (...) promenait sur tout son visage le chatouillement et le tourment de ces chères petites menottes qui semblent chercher à l'aveuglette la face d'une mère (Goncourt, G. Lacerteux, 1864, p. 114).
2. Au fig. Souffrance qu'impose un travail, une recherche. Tourment de l'art, de la perfection; tourment métaphysique; tourment de comprendre, de savoir. Quelques-unes de ses maximes [de La Rochefoucauld] ont été refaites plus de trente fois, jusqu'à ce qu'il fût arrivé à l'expression nécessaire. Avec cela il n'y paraît aucun tourment (Sainte-Beuve, Portr. femmes, 1844, p. 272).Je songe à Tintoret vivant dans un tourment de fécondation continu, enfermé les jours et les nuits, peignant à la lueur des lampes, pour peupler les couvents et les églises des formes tourmentées qui germent sans cesse de lui (Faure, Espr. formes, 1927, p. 127).
Prononc. et Orth.: [tuʀmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 2emoit. xes. « torture, supplice; vive douleur physique » (Saint Léger, éd. J. Linskill, 12: Et Ewruins, cil Deu mentiz Que lui [Lethgier] a grand torment occist; 173); fin xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 66); 2. 1150-60 « vive douleur morale » (Thomas, Tristan, fragm., éd. B. H. Wind, ms. SN1, 216: A sun mal quert tel vengement Dunt il doblera sun turment); ca 1200 spéc. celle causée par l'amour (Chastelain de Couci [?], Chans., éd. A. Lerond, XIII, 30: Ne m'i lessiez morir a tel torment!); 3. 1541 « souffrance physique, infirmité » (Bible en françois, Anvers, Ant. de La Haye, Matth. IV, N.T., fol. 2 b: les malades qui estoient detenuz de langueurs et tourmens divers); 1600 le tourment des dents (O. de Serres, Theatre d'Agriculture, Paris, Jamet Métayer, VI, XV, p. 620). B. 1. Ca 1100 « orage, tourmente, tempête » (Roland, éd. J. Bédier, 1423: En France en ad mult merveillus turment: Orez i ad de tuneire e de vent, Pluies e gresilz desmesureement); 2. a) 1130-40 « instrument de torture » (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, ms. A, 521: Cevals fust uns tormens estoit U on en cevalcons seoit); b) av. 1274 [ms. xiiies.] « machine de guerre » (Grandes chron. de France, IV, 3, éd. J. Viard, t. 2, p. 10: les tormenz et les engins pour les murs craventer). C. 1150-60 « ce qui est source d'ennuis, de tracas » (Thomas, op. cit., ms. T1, 100: Ele a le cors, le cuer nel volt: C'est un turment dont ele se deut). Du lat. tormentum « machine de guerre à lancer les traits; treuil; instrument de torture; torture »; fig. « tourment, souffrance ». Fréq. abs. littér.: 1 723. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 254, b) 1 706; xxes.: a) 2 678, b) 2 025. Bbg. Dumonceaux (P.). Lang. et sensibilité au xviies. ... Genève, 1975, pp. 46-52.