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TALONNER, verbe
A. − Empl. trans.
1.
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne une monture] Presser du talon ou de l'éperon. Sancho! Comme on se le figure sur son âne, mangeant des oignons crus et talonnant le roussin (Flaub., Corresp., 1853, p. 323).Il avait si bien talonné son cheval de ferme, que personne n'était encore couché aux Genêts lorsqu'il arriva (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 586).
b) Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne qqn]
α) Presser vivement et sans relâche. Synon. harceler.Talonner qqn pour obtenir une réponse; directeur qui talonne ses employés; écrivain talonné par les éditeurs; être talonné par des créanciers, par ses engagements, par la crainte, par le besoin de gagner sa vie. [Philine] me relance, ou me talonne, ou me supplie (Amiel, Journal, 1866, p. 513).Le Président du Conseil, bien qu'il fût talonné par l'obligation de prononcer dans un très bref délai l'allocution qui était annoncée, entreprit de discuter l'opinion du Généralissime (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 50).
β) Tourmenter sans répit. Le malheur ne cessait de le talonner (Ac.1878-1935).Depuis qu'il était talonné par cette idée d'un départ, il ne pouvait plus se taire, pensait dans les allées, tout haut, pour alléger cette sensation de cœur gros qui l'étouffait (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 268).La mort, parfois, tue d'un coup, sans souffrance, tandis que la faim vous talonne une armée pendant des jours (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 35).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne qqn]
a) Suivre, poursuivre en serrant de très près. Talonner l'armée ennemie; coureur qui talonne un concurrent; talonné par un chien. Dix ou douze boule-dogues (...) firent irruption sur la route, talonnant les ours qui s'enfuyaient (Hugo, Rhin, 1842, p. 157).La peau, sur ses tibias, ne porte plus trace de ces éraflures qu'y faisaient souvent (...) les souliers à pointes de la camarade (bien intentionnée?) qu'elle avait talonnée au cours d'une épreuve (Montherl., Olymp., 1924, p. 285).
b) Au fig. [Dans une situation de concurrence] Suivre de très près. Synon. serrer* de près.Le Wolffs Bureau, deuxième agence européenne par ordre de fondation (...) devait (...) talonner durement l'agence française qui lui avait servi de modèle (Agences presse, 1962, p. 7).
3. [Le compl. d'obj. dir. désigne qqc.]
a) Frapper du talon, en courant ou en marchant. Troupe qui talonne le sol. Fatigué de talonner du pied le sentier abrupt du voyage terrestre (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 182).Si une patrouille était venue à passer nous l'aurions entendue (...) talonner le tablier de la passerelle branlante (Cendrars, Main coupée, 1946, p. 218).[P. méton.] Les pieds talonnaient la route d'un rythme régulier (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 221).
Empl. abs. Il a encore trouvé à redire à propos de mes grolles (...). Je talonnais un peu c'est exact (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 165).
b) SPORTS
α) FOOTB. Faire une passe en arrière, d'un coup de talon. (Dict. xxes.).
β) RUGBY. Talonner la balle, le ballon ou, absol., talonner. Au cours d'une mêlée fermée, envoyer la balle dans son camp d'un coup de talon. En France les arbitres ne font pas strictement respecter les règles du talonnage. Celui qui talonne régulièrement est irrémédiablement battu, alors qu'il lui faut bien tricher pour ne pas perdre la balle (L'Équipe, 19 janv. 1967, p. 8, col. 7).
B. − Empl. intrans.
1. CHAUSS. ,,Poser et fixer, par différents moyens, le talon sur la chaussure`` (Chauss. 1969).
2. CYCL. Avoir une jante qui se trouve en contact avec le sol, par suite d'une crevaison ou d'un gonflage insuffisant. Talonner de l'arrière. Pour éviter de « talonner », tenir le pneu plus gonflé (L'Écho des Sports, 2 juin 1932ds Petiot 1982).
3. MAR. [Le suj. désigne un bateau ou, p. méton., l'une de ses parties inférieures] Toucher sur le fond ou sur un écueil par l'arrière de la quille. Le gouvernail talonne. Le brick talonna deux fois et resta immobile (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 41).Talonner implique que le navire entre immédiatement en eau profonde sans rester échoué (Gruss1978).
Empl. trans. [Une barque] qui naviguait dans les écueils, talonna un haut-fond (Queffélec, Recteur, 1944, p. 131).Si la mer est trop basse la coque risque de talonner le fond en arrivant sur le plan d'eau (Perpillou, Industr. constr. nav., 1967, p. 14).
Prononc. et Orth.: [talɔne], (il) talonne [-lɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1185 intrans. « frapper » taluner d'un entredous (Hue de Rotelande, Prothesilaus, éd. Fr. Klockow, 3201); b) ca 1200 trans. « presser un cheval du talon, l'éperonner » taloner le destrier (Graindor de Douai, Jerusalem, 3679 ds T.-L.); c) 1583 id. « frapper du talon » talonner le pavé (Tabourot, Bigarrures, I, 19 ds Hug.); d) 1892 rugby intrans. (Les Sports athlétiques, no134, 6 b ds Bäcker, p. 299); 2. a) 1552 fig. trans. « presser vivement, sans cesse » (Du Bellay, Discours sur la louange de la vertu, 108 ds Œuvres, éd. H. Chamard, t. 4, p. 149: Si la fortune crüelle Et la mort continüelle Me talonnent pas à pas); b) 1573 « suivre en serrant de très près » (Dupuys); 3. 1773 mar. intrans. « (en parlant d'un navire) heurter le fond de l'extrémité de la quille » (Bourdé de La Villehuet, Manuel des marins, Lorient, Le Jeune, p. 231). Dér. de talon*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 116.
DÉR. 1.
Talonnade, subst. fém.a) Bruit de sabots, de talons frappant le sol. Sous la sonore talonnade des chevaux, la route se déroulait (A. Daudet, Immortel, 1888, p. 257).Talonnades affolées. Les infirmiers sortent de partout (H. Bazin, Tête contre murs, 1949, p. 222).b) Footb. Coup de pied donné du talon, qui renvoie la balle en arrière. Sur une attaque de Bosquier, relayé par Revelli, l'avant centre stéphanois effectua une talonnade très astucieuse qui ouvrit le chemin du but à Mekloufi (L'Équipe, 30 janv. 1967, p. 3, col. 3). [talɔnad]. 1resattest. a) 1645 « coup de talon donné par le cavalier à son cheval pour le stimuler » ([François] Lemaire, Antiquitez d'Orléans, 51 ds Delb. Notes mss), ex. isolé, b) 1888 (A. Daudet, loc. cit.); de talonner, suff. -ade1*; cf. le prov. talonada relevé par Alib. au sens de « empreinte de talon »; le prov. talounado fig. « plaisanterie, sornette, méprise » (Mistral; de là le fr. talonnade « moquerie », Fér. Crit.) est dér. du verbe talouna « tromper, mystifier » (Mistral; de là le fr. talonner « ne pas parler sérieusement », gasconnisme Fér. Crit.).
2.
Talonnage, subst. masc.a) Agric. Appui du talon sur le fond de la raie pour stabiliser la charrue pendant le travail. La traction [de l'attelage] est reportée à l'arrière [de la charrue brabant] par une tringle pour donner au brabant un talonnage suffisant (Passelègue, Mach. agric., 1930, p. 65).b) Rugby. Action de talonner. Talonnage parfait. L'épaule connaît l'épaule dans le talonnage du ballon (Montherl., Olymp., 1924, p. 258). [talɔna:ʒ]. 1resattest. a) 1783 mar. « fait de toucher le fond de la mer avec la quille du navire » (Émerigon, Traité des Assurances, I, p. 667 ds Brunot t. 6, p. 361, note 6), 1894 rugby (d'apr. Bäcker, p. 299, note 1); de talonner, suff. -age*.
3.
Talonnement, subst. masc.a) Synon. de talonnade (supra A).La musique foraine des chanteurs tyroliens, youyous, talonnements, claquements de paumes sur les cuisses (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 105).b) Hipp. Action de talonner. Le marquis affecte de ne porter jamais d'éperons, même dans les grandes circonstances. Il déteste cet instrument cruel (...). Les légers talonnements du marquis suffisent peut-être à réveiller dans le flanc de la bête le souvenir de la molette terrifiante (Romains, Hommes bonne vol., t. 8, Province, 1934, p. 37). [talɔnmɑ ̃]. 1resattest. 1559 « action de frapper du talon, d'éperonner un cheval » (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Alexandre, IX, éd. G. Walter, t. 2, p. 329: Il lui donna carrière à toute bride [Alexandre à Bucéphale] (...) avec un talonnement de pieds), rare jusqu'au xixes. (Littré); de talonner, suff. -(e)ment1*.
4.
Talonneur, subst. masc.,rugby. Avant centre qui forme, avec ses deux piliers, la première ligne de la mêlée fermée et dont le rôle essentiel est de talonner la balle. Quant aux mêlées, elles furent particulièrement mauvaises [en rugby scolaire], et l'on vit souvent le talonneur de Pasteur, écrasé par la fougue de ses co-équipiers (L'Œuvre, 31 janv. 1941). [talɔnœ:ʀ]. 1reattest. 1906 rugby (l'Auto, 25 janv. d'apr. Petiot); de talonner, terme de rugby, suff. -eur2*.
BBG.Dub. Dér. 1962, p. 30 (s.v. talonnage), 41 (s.v. talonneur). − Porquier (R.). Le Vocab. des sports de ballon dans la presse spécialisée. Mémoire, Besançon, 1967, p. 159 (s.v. talonnade; talonnage; talonneur).