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TÉLÉPHONE, subst. masc.
A. − Dispositif qui permet de correspondre à distance par la voix. Téléphone acoustique/par tubes. L'ordre est de ne pas tirer. Impossible d'en obtenir un autre: ton téléphone à ficelles fonctionne comme un bon! mais il n'y a personne à l'autre bout du fil (Malraux, Espoir, 1937, p. 483).
P. compar. Pour communiquer plus facilement, comme je ne peux tout de même pas escalader ta fenêtre toutes les nuits, je vais percer un trou dans la cloison qui sépare les deux chambres. Juste sous mon crucifix; ça ne se verra pas. De ton côté, couvre l'orifice avec le portrait de sainte Thérèse. Le lendemain, cette sorte de téléphone fonctionnait à merveille (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 170).
B. − TECHN. D'INFORM.
1. Dispositif composé d'un émetteur et d'un récepteur reliés par un circuit électrique avec ou sans fils, destiné à la transmission de signaux sonores ou de sons émis par une source quelconque et permettant en particulier une conversation entre deux interlocuteurs éloignés. Téléphone à pile; téléphone magnétique; téléphone intérieur. Le téléphone inventé par Graham Bell en 1876, et utilisé pour la première fois à Paris en septembre 1879 (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 349).Cet événement eut lieu le 10 mars 1876. Le téléphone était né. Baptisé du même nom que l'appareil de Reiss, il l'emportait sur lui, comme disait William Thomson, autant que la voix humaine l'emporte sur les battements de mains (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 286).
2.
a) Ensemble des procédés et des installations permettant la liaison entre des personnes par ce dispositif; réseau téléphonique. Téléphone manuel, automatique (et, p. ell., l'automatique); service de téléphone interurbain, régional. La première concession de téléphones est donnée à Hébrard et à Foucher de Careil; ils la passaient immédiatement à un banquier qui leur donnait un gros pot-de-vin (Barrès, Cahiers, t. 1, 1897, p. 198).Claude Vincent, 51 ans, est le symbole vivant de la « francisation » du téléphone réalisée en 1976, Thomson rachetant sa filiale française au suédois Ericsson, et L.M.T. au groupe américain I.T.T. (L'Express, 19 janv. 1980, p. 122, col. 1).
Abonné au téléphone. Usager du réseau téléphonique possédant un ou plusieurs postes téléphoniques à domicile. Les abonnés au téléphone peuvent demander que les télégrammes qu'ils reçoivent leur soient téléphonés (Admin. P. et T., 1964, p. 29).
Annuaire du/des téléphone(s). Répertoire des abonnés au téléphone. Olivier requit aussitôt le préposé, qui écrivait à son bureau, l'annuaire des téléphones sous la main (Vogüé, Morts, 1899, p. 145).D'un tabac encore ouvert, rue de la Bienfaisance, je pouvais surveiller l'immeuble. Après un moment, j'allai en noter le numéro; je demandai ensuite l'Annuaire des Téléphones (professions et rues). C'était la maison de d'Estrème (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 237).
Numéro de téléphone et, p. ell., fam., téléphone. Numéro d'identification d'un abonné au téléphone. Notez mon numéro de téléphone; donne-moi ton téléphone. Un timbrage bleu, au coin du pneumatique, donnait l'adresse et aussi le téléphone; Paris et interurbain (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 304).Tu prétends savoir tout mieux que tout le monde et tu ne sais même pas le numéro de téléphone de ton cabinet à Marseille! (Montherl., Fils personne, 1943, iii, 1, p. 317).
b) Ce moyen de communication. Synon. fam. bigophone, grelot, tube.Aimer, détester le téléphone; communiquer des renseignements par téléphone; commander qqc., inviter qqn par téléphone. Le téléphone marchait sans cesse. Madame de Noailles appelait encore chacun, même ses intimes, « Monsieur », ne se permettant pas souvent cet impérieux mais nuancé « mon cher », qu'elle distribuerait à ses écouteurs (Blanche, Modèles, 1928, p. 58).Celui-ci montait lui aussi reprendre (...) son service de vigie, surveiller de son observatoire l'ascension des cordées, et signaler par téléphone les disparus (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 46).
Locutions
Au téléphone. En liaison, en communication téléphonique. Être au téléphone (synon. être en ligne); appeler qqn au téléphone (synon. téléphoner à qqn); passer une heure au téléphone; avoir qqn au téléphone (synon. fam. avoir qqn au bout* du fil). J'aurai Clermont au téléphone, dans trois quarts d'heure (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 232).Ça peut être une question de vie ou de mort... Vous avez compris? Vous demanderez au téléphone M. Célestin, il vous donnera un rendez-vous et vous lui remettrez la liste (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 44).
Fam. Coup de téléphone et, p. ell., téléphone. Appel, communication téléphonique. Synon. fam. coup de fil*, coup de grelot* (pop.).Donner, passer un (petit) coup de téléphone; j'attends ton téléphone; il y a eu un téléphone pour vous. Dans la soirée arriva d'Arthur Meyer un téléphone demandant de suspendre l'envoi (Barrès, Cahiers, t. 3, 1902, p. 13).
c) Ligne téléphonique qui relie un poste ou un ensemble de postes au réseau général. À la suite d'orages, le téléphone a été coupé. L'attente de son coup de téléphone: toute la matinée inquiet, me disant que le téléphone s'arrangera bien pour être détraqué au moment où elle appellera (Montherl., J. filles, 1936, p. 1033).Je n'ai pas téléphoné pour vous annoncer ma venue, dit-il.Vous avez bien fait, dit Ricarda, mon téléphone est surveillé.Je m'en doutais (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 241).
Locutions
Avoir, (se) faire installer, mettre le téléphone. Être relié, faire relier (un endroit) au réseau téléphonique. Ils n'ont pas encore le téléphone. Monsieur le Président, articula le jeune homme, c'est Monsieur de Jarville qui est à l'appareil.Parfaitement, parfaitement! s'écria Joseph (...). Mais pourquoi ne pas l'avoir branché sur la galerie? Vous n'imaginez pas que je vais descendre un étage. Et si j'ai fait mettre le téléphone dans toutes les pièces, ce n'est quand même pas pour des prunes (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 16).
Téléphone rouge. Liaison directe établie par télex entre la Maison-Blanche et le Kremlin; p. ext., ligne téléphonique spéciale établie entre deux chefs d'État. Malgré ces sauvegardes, on ne peut assurer qu'un accident soit impossible. Disons qu'il est en tout cas hautement improbable et que le « téléphone rouge » pourrait en réduire la portée (Beaufre, Dissuasion et strat., 1964, p. 70).
d) Poste téléphonique, appareil constitué d'un microphone fixe et d'un système d'écouteurs ou d'un combiné microphone récepteur reposant sur un support, utilisé pour accéder au réseau téléphonique. Téléphone de campagne (à usage militaire); téléphone automatique, manuel; téléphone à cadran mobile, à touches; sonnerie du téléphone; décrocher, reposer le (combiné du) téléphone; téléphone public; cabine, jeton de téléphone; le téléphone est dans le salon. « Allo! » et une voix dans le téléphone, à laquelle Koning répond: « Bien, Prince. » C'est le prince de Sagan qui loue une loge pour ce soir (Goncourt, Journal, 1892, p. 334):
Pendu au téléphone pendant une heure, accroché comme un noyé à cet affreux téléphone de banlieue qui marche quand ça lui chante, c'est-à-dire une fois sur dix, Joseph Pasquier fit des tentatives désespérées pour obtenir une communication directe avec l'Intran. Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 192.
e) P. méton. Redevance téléphonique. Je vais passer payer le téléphone! (...) Il est temps qu'ils nous le remettent... Tu trouves pas?... On en a besoin! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 522).
3. Gén. au plur. Organisation, service qui assure les liaisons téléphoniques. Administration des téléphones; en France, les téléphones sont un monopole d'État; Postes, Télégraphes et Téléphones (P.T.T.). L'exploitation des réseaux téléphoniques fit l'objet de diverses concessions, dont les bénéficiaires ne tardèrent pas à s'entendre pour constituer la Société générale des téléphones dès le 10 décembre 1880(Pradelle, Serv. P.T.T. en Fr., 1903, p. 93).La Compagnie des Téléphones se taille une certaine publicité en promenant ses agents à motocyclette, qui tirent derrière eux d'immenses téléphones (Morand, Londres, 1933, p. 253).
C. − P. anal.
1. Fam. Téléphone arabe. Transmission rapide de nouvelles, d'informations de bouche à oreille. Les informations transmises, sous le manteau ou par « téléphone arabe », par des artisans furieux (Le Monde dimanche, 15 mai 1983, p. iii, col. 2).
2. Jeu du téléphone. Jeu dans lequel chaque joueur transmet à voix basse une phrase au suivant qui la transmet à son tour, la phrase se déformant au fur et à mesure. (Dict. xxes.).
Prononc. et Orth.: [telefɔn]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1809 « dispositif permettant de correspondre par la voix à distance » [ici, à l'aide de porte-voix] (E. F. Chladni, Traité d'acoustique, p. 289 ds Rob. 1985); [1836 « dispositif permettant de correspondre par des sons correspondant à un code à distance » (Langue musicale ou téléphonie, inventée par E. Sudre [...] Documents concernant les applications de cette nouvelle science d'apr. Lar. Lang. fr.)]; 2. a) 1876 « dispositif de transmission de la voix à distance par des impulsions électriques » (H. de Paville ds Journ. des Débats, 5 oct., Feuilleton, p. 1, col. 3 ds Littré Suppl. 1877); b) 1879 « appareil, poste téléphonique » (Verne, 500 millions, p. 177); c) 1879 plur. « réseau d'installations téléphoniques, gestion et exploitation de celles-ci » (Société générale des téléphones d'apr. Lar. 19eSuppl. 1890); 1902 la Poste le Télégraphe et le Téléphone (Nouv. Lar. ill.); d) 1906 coup de téléphone (G. Leroux, L'Agonie de la Russie blanche, p. 236 ds Quem. DDL t. 21); e) 1962 téléphone arabe (Lanly, p. 52). Comp. du gr. τ η ̃ λ ε « loin, au loin » et φ ω ν η ́ « son », v. télé-1et phone, -phonie. En 1876, empl. p. réf. à l'angl. de même formation telephone désignant le dispositif de A. G. Bell présenté cette année-là; le terme avait d'abord servi à désigner différents dispositifs de transmission des sons comme celui de E. Sudre ou le dispositif électrique de l'Allemand J. Ph. Reis (1834-1874) datant de 1861 et appelé en all. Telephon (NED). Fréq. abs. littér. : 975. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) 39; xxes.: a) 621, b) 3 752. Bbg. Blochw.-Runk. 1971, p. 380. − Copceag (D.). Rem. sur la struct. des « mots internat. » Bucarest, 1970, t. 4, pp. 747-751. − Gall. 1955, p. 287. − Kant (S.). L'Opinion devant un probl. technologique... Thèse, Paris, 1979, passim.Peytard (J.). Enq. sur la motivation et le contenu sém. des lexies préfixées par télé-. Beitr. rom. Philol. 1975, t. 14, no1, pp. 197-203. − Quem. DDL t. 22, 33.