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SUSPICION, subst. fém.
A. − Soupçon, défiance mêlés d'incrédulité, de doute, fondés sur des sentiments, des intuitions, des à priori. Synon. défiance, doute, méfiance.
1. [La suspicion s'exerce à l'égard d'une pers.] Avoir de la suspicion envers qqn; tenir qqn en suspicion. Les ridicules suspicions de l'ignorance et de la malveillance (Lamart., Corresp., 1831, p. 144).Par ces temps de suspicion, de surveillance des courriers, de cabinet noir et de tables d'écoute, il valait mieux éviter les correspondances compromettantes (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p. 243).V. exil ex. 5.
2. [La suspicion s'exerce à l'égard de qqc.] Le langage a consacré des expressions insignifiantes, des jugements faux ou bizarres! Leur répétition continuelle les transforme en habitudes de l'oreille ou de la voix, et dès lors les termes acquièrent un titre de créance, qui, éloignant d'eux toute suspicion, les fait passer aveuglément, et sans le moindre examen: telle est la force des habitudes de la parole (Maine de Biran, Influence habit., 1803, p. 203).Les légers disparates eux-mêmes attestent la bonne foi, car rien ne doit attirer la suspicion d'un juge exercé comme l'uniformité extérieure des témoignages (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p. 18).
Suspicion de + compl. indiquant ce que l'on soupçonne.Nonobstant une juste suspicion de fraude, le comte de Beaumont, sous-préfet de Calvi (...) affirme que le registre de l'état civil d'Ajaccio marque la naissance de Napoléon au 15 août 1769 (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 299).
B. − Spécialement
1. DR. Suspicion légitime. ,,Crainte manifestée par un plaideur qu'en dehors du cas de parenté ou d'alliance, un tribunal ne juge avec partialité ou suivant l'intérêt personnel de ses membres`` (Barr. 1974). Requête en suspicion légitime; cause de suspicion légitime; renvoi pour suspicion légitime. Force fut, pour cause de suspicion légitime, de déférer le jugement de la faillite dans une autre cour (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 367).Le danger du jugement immédiat, c'est qu'il y a suspicion légitime des juges (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 505).
2. MÉD. ,,Diagnostic provisoire d'une maladie en attendant un nouvel examen ou la réponse d'un laboratoire saisi de prélèvements`` (Villemin 1975). Nous allons joliment nous embêter à Beyrouth à faire quarantaine, l'Égypte étant en perpétuelle suspicion de peste (Flaub., Corresp., 1850, p. 93).Histoire d'un Parisien qui a mangé trois homards et qui est mort du choléra. Le pays a été mis aussitôt en suspicion (Mérimée, Lettres à une inconnue, t. 2, 1863, p. 282).
Prononc. et Orth.: [syspisjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « pensée, conjecture » (Li Dialoge Gregoire lo pape, éd. W. Foerster, p. 198, 25: proposet [l'Ecclesiaste] une sentence de la humaine suspicion quant il dist: Une morz est del homme et des jumenz); 2. fin xiiies. « opinion défavorable, défiance, soupçon » (Dialogus anime conquerentis, IV, 13, éd. Bonnardot ds Romania t. 5, 1876, p. 277: Sen cause et sen crime ... atornent en moi leu de suspiciun [criminis et suspectionis locum in me convertunt]); ca 1315 (Fouque Fitz Warin, éd. L. Brandin, p. 19, 9: La demoisele, qe nul suspicioun de tresoun n'aveit...); 3. 1680 spéc. dr. (Rich.); 1790 suspicion légitime (Décret de l'Assemblée nationale, 27 nov., art. IX). Empr. au lat.suspicio, -onis, dans la lang. class. « soupçon, suspicion; action de soupçonner, conjecture »; à basse époque « pensée, opinion » Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér.: 125. Bbg. Matharan (J.-L.). Suspect(s)/soupçon/suspicion. In: Dict. des usages socio-politiques (1770-1815). 1. Paris, 1985, pp. 187-209.