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SURVEILLER, verbe trans.
I. − Empl. trans.
A. −
1.
a) Observer quelqu'un avec une certaine attention pour comprendre son comportement. Synon. guetter.Du coin de l'œil, elle surveille son homme pour lui passer, au bon moment, le litre ou la miche de pain: attention indifférente, devenue instinctive; pur service conjugal (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1065).
[Le compl. est une prop. complét.] Il surveillait du coin de l'œil s'ils produisaient [des propos] chez ses amis l'effet sur lequel il avait compté (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 103).
b) Observer avec insistance, avec méfiance. Synon. épier, guetter.Étendue à ses pieds, calme et pleine de joie, Delphine la couvait avec des yeux ardents, Comme un animal fort qui surveille une proie Après l'avoir d'abord marquée avec les dents (Baudel., Fl. du Mal, 1857, p. 252).Tout en parlant, le vieil homme surveillait sournoisement le visage de son collègue et s'inquiétait de ne pas rencontrer son regard (Aymé, Uranus, 1948, p. 180).
2. Veiller sur une personne dont on a la responsabilité morale ou à laquelle on s'intéresse. Synon. garder.Surveiller des élèves en récréation, des enfants qui jouent. Je sus qu'il se préoccupait de mon état et me surveillait sans en avoir l'air (Fromentin, Dominique, 1863, p. 156).Le petit Camille l'inquiétait. Malade, souvent couchée, elle le surveillait moins, incapable de contrôler ses jeux et ses sorties (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 323).
En partic., surtout dans le domaine scol.Veiller sur des élèves, sur des candidats pour s'assurer que leur travail est réalisé selon les normes requises. [P. méton. de l'obj.] Surveiller un concours, un examen; surveiller une étude.
3. Veiller au bon déroulement d'une activité, d'une opération, d'un processus. Surveiller le feu, la cuisson d'un gigot, la circulation. Escartefigue (...): Je me demande si Panisse coupe à cœur. César: Si tu avais surveillé le jeu, tu le saurais (Pagnol, Marius, 1931, iii, 1ertabl., 1, p. 155).
[Le compl. désigne un ustensile, une machine, etc.] Surveiller le four. Il guettait une marmite qui bouillonnait sur le fourneau, en consultant ainsi qu'un manomètre sa montre accrochée à un clou. Il avait le regard bref et sûr du mécanicien qui surveille sa machine (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 206).Assise, les genoux écartés, la belle Bastienne s'écrase dans une posture de ménagère qui surveille la marmite (Colette, Music-hall, 1913, p. 25).
[Le compl. désigne un lieu] Il avait dû s'avancer sur la terrasse pour surveiller le chemin; et il levait un bras,allons, vite!pour dire qu'il attendait le remède (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 295).
Pop. [Le compl. est une prop. complét.] Le lendemain, on est allé brûler les herbes sur le terrain. Il a fallu surveiller que ça n'aille pas plus loin (Giono, Regain, 1930, p. 173).
B. −
1. Observer les agissements d'adversaires potentiels, les lieux d'où peut survenir le danger. Une sentinelle surveille le pont. Dès le matin, un caporal sapeur de la compagnie des pompiers était dans le clocher avec la mission de surveiller les Prussiens (Barrès, Colline insp., 1913, p. 301).Les patrouilles surveillent la ville, font la ronde jour et nuit (Cl. Ollier, Le Maintien de l'ordre, Paris, Flammarion, 1988 [1961], p. 118).
[Le suj. désigne des dispositifs militaires ou p. méton., leur responsable, des pays, etc.] Lord Wellington est authentiquement chargé par les puissances de l'Europe de surveiller la France, puisqu'il est chargé de répondre de sa tranquillité (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 401):
Abandonnée à ses propres ressources, l'Autriche ne saurait, dans l'état actuel de ses finances, mettre en mouvement de nombreuses armées, surtout étant obligée de surveiller l'Italie et de se tenir en garde sur les frontières de la Pologne et de la Prusse. Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 450.
[Le suj. désigne une position militaire] Chypre aussi a plus de fenêtres ouvertes sur l'horizon qu'on ne s'en douterait (...) elle surveille la route maritime de Constantinople à l'Égypte et, à ses pieds, la Mer Égée disperse ses îles (Morand, Route Indes, 1936, p. 320).Château-Gaillard surveillait le fleuve [la Seine] à dix lieues en aval comme en amont (Druon, Reine étranglée, 1955, p. 17).
2. Se tenir informé, par des moyens policiers, des activités de personnes jugées suspectes, du comportement de collectivités, de groupes, de lieux à risques. Surveiller une bande, un quartier chaud. Ce n'a été que la populace et quelques paysans ameutés qui ont commis ce désordre. Nous espérons qu'il n'ira pas plus loin, car les patriotes surveillent actuellement la personne et les propriétés de tout citoyen sans aucune exception (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 505).Cette mentalité de révolté n'était pas ignorée de la police impériale, qui surveillait Beethoven (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 49).
P. anal. Exercer une police morale. L'Église fit mieux que de surveiller, de blâmer, d'interdire, elle inspira; elle sut faire naître un art à son image (Mâle, Art relig., 1932, p. 512).
3. Garder des prisonniers dans un établissement pénitentiaire. Une façon de couloir où se tenait le pion chargé de surveiller les condamnés (Du Camp, Mém. suic., 1853, p. 57).
C. − Faire attention à sa manière d'être, de vivre. Surveiller sa toilette, son alimentation, sa ligne, sa santé. Il soignait sa toilette: il était ridicule; il surveillait sa façon de parler: il était prétentieux (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 201).Le visage de Lise fourmillait de curiosité.Et maintenant? demanda-t-elle d'une voix qu'elle s'efforçait en vain de surveiller (Lacretelle, Hts ponts, t. 3, 1935, p. 240).
Surveiller son langage, ses paroles, ses propos. Se montrer circonspect. Avec les autres femmes (...), on sent qu'il faut surveiller ses paroles; il faut taire, surtout, le grand secret de la maison (Chardonne, Épithal., 1921, p. 255).Il fallait leur dissimuler les trompeuses apparences. J'avais l'habitude de surveiller mon langage: je redoublai de prudence (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 110).
II. − Empl. pronom.
A. − réfléchi
1. Se contrôler, ne pas se laisser entraîner par la passion. Sa grande prétention était au calme et personne n'était aussi troublé que lui: il se surveillait pour arrêter ces émotions de l'âme qu'il croyait nuisibles à sa santé (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 27).
2. Se contraindre, se montrer circonspect. La détente naturelle d'une jeune fille qui reprend ses aises et ne se surveille plus, après le départ des étrangers (Vogüé, Morts, 1899, p. 166).Antoine se surveillait pour ne pas trop laisser voir son inquiétude (Martin du G.Thib., Été 14, 1936, p. 296).
B. − réciproque. S'observer mutuellement. Synon. s'épier.Six mois se passèrent et un calme menaçant planait sur les deux habitations qui se touchaient et d'où on se surveillait mutuellement (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 244).Ils se surveillent avec hargne. Et s'avancent tous deux de front jusqu'à l'instant de s'asseoir (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 562).
Rem. gén. L'empl. trans. indir. surveiller à n'est plus, dès la seconde moit. du xixes., qu'une survivance: Qu'est-ce que vous faites là, dans cette pose de chien couchant? lui demanda M. VerdurinJ'attends qu'une des personnes qui surveillent aux vêtements puisse prendre mon pardessus et me donner un numéro.Qu'est-ce que vous dites? demanda d'un air sévère M. Verdurin: « qui surveillent aux vêtements ». Est-ce que vous devenez gâteux? on dit: « surveiller les vêtements » (...)Surveiller à quelque chose est la vraie forme, murmura Saniette d'une voix entrecoupée (Proust, Prisonn., 1922, p. 228).
Prononc. et Orth.: [syʀvεje], [-ve-], (il) surveille [-vεj]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1586 pronom. « observer avec attention » (B. de Vigenère, Traité des chiffres ds Stoer, Le grand dict. fr. lat., 1625: Et que toutes choses commençassent à se surveiller de plus pres); b) 1680 surveiller à (Rich.), qualifié de ,,vieilli`` dans cette constr. dep. Ac. 1878; c) 1762 trans. (Ac.). Dér. de veiller*; préf. sur-*. Fréq. abs. littér.: 2 132. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 674, b) 2 953; xxes.: a) 3 534, b) 3 931.