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* Dans l'article "SURGIR,, verbe intrans."
SURGIR, verbe intrans.
I. − MAR., vx. Aborder. Surgir au port, à bon port. (Dict. xixeet xxes.). [En cont. métaph.] Le démon d'abord lui persuade qu'elle perdra son temps à ne plus agir. Comme il appréhende qu'elle ne surgisse à bon port au havre de l'oraison de quiétude..., il se met dextrement sur le passage qui est du sens à l'esprit (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 538).
II. − Naître, apparaître brusquement à la vue en s'élançant, en s'élevant. Synon. se dresser, jaillir.
A. − [Le suj. désigne une réalité concr.] Un arbre, un édifice qui surgit du sol. [Gibraltar] Figurez-vous un immense rocher ou plutôt une montagne de quinze cents pieds de haut qui surgit subitement, brusquement, du milieu de la mer (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 360).Sur la plate-forme de l'autobus, (...) jouant à me procurer la sensation de l'immobilité par rapport à la rue: (...) j'ai vu les tours de Saint-Sulpice surgir dans le ciel, à une distance énorme l'une de l'autre, lentement, comme poussées hors de la terre (Larbaud, Journal, 1934, p. 332).
B. − [Le suj. désigne un animé] Apparaître soudainement, rapidement dans le champ visuel. Synon. faire irruption.L'ennemi surgit; surgir d'un coin sombre, dans la lumière, sur la droite, sous les yeux de qqn. Soudain, un coup de feu retentit dans la nuit commençante, et le groupe, à toute allure, rebroussait chemin, courait silencieusement à la mer, tandis que, de toutes parts, surgissaient les agents qui se précipitaient, luttaient, se ruaient, poussaient des cris... (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 146).Un chardonneret (...) remplissait l'air de ses trilles lorsque, soudain, un vautour surgit d'un amandier où il se cachait et se jeta sur lui (Camus, Chev. Olmedo, 1957, 2ejournée, 14, p. 781).
C. − Au fig.
1. [Le suj. désigne une réalité abstr.] Synon. naître, se manifester.
a) Se présenter à l'esprit, se former dans la pensée de manière nette et précise. Une vision surgit dans l'esprit, la mémoire. Et voilà que surgit dans ma pensée un très ancien souvenir (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Colp., 1890, p. 1167).La même image surgit dans tous les esprits: le vieux Krüger, à demi-aveugle, courant l'Europe pour quêter la pitié des nations (Tharaud, Dingley, 1906, p. 107).
b) Prendre naissance de manière brusque, imprévue. Une difficulté, un problème surgit. Vous allez me tenir compagnie, pendant que je vais vous voler... Et s'il surgissait un incident, vous vous engagez à me faire évader (Goncourt, Journal, 1886, p. 543).Si par hasard un conflit surgissait pour l'attribution d'un morceau, elle battait prudemment en retraite après avoir dûment envoyé, pour la satisfaction de son amour-propre, quelques bons coups de bec à son ennemi (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 231).
2. [Dans une tournure impers.] Il lui avait plus surgi d'idées en un quart d'heure qu'elle n'en avait eu depuis qu'elle était au monde (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 58).
REM.
Surgie, subst. fém.Synon. rare et littér. de surgissement (infra dér.).C'était une surgie d'âmes déjà libérées du servage des chairs; une explosion de tendresses surélevées et de joies pures (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 10).
Prononc. et Orth.: [syʀ ʒi:ʀ], (il) surgit [-ʒi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1423 mar. trans. sourgir « faire ancrer » (un navire) (G. de Lannoy, Voyages et ambassades ds Œuvres, éd. Ch. Potvin, t. 1, p. 134: bon lieu et bon pellaige pour sourgir et arriver toutes grosses nefz); 1497 intrans. surgir « aborder » (d'un navire) (G. de Villeneuve, Mémoires, éd. Buchon, p. 276 d'apr. R. Arveiller ds Fr. mod. t. 26, p. 58: venismes surgir et gecter ancres); 1552 surgir à bon port (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, chap. 20, p. 112, 58); 1823 au fig. (Lamart., Méditations poétiques, III, À Elvire, éd. G. Lanson, t. 2, p. 299). II. 1553 « apparaître à la vue en s'élevant brusquement » (J. Martin, trad. de l'Architecture d'Albert, 74a d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 169), attest. isolée; 1808 « id. » (Boiste); 1823 p. ext. « apparaître subitement » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, p. 515); id. au fig. (Id., ibid., p. 268). I empr., comme l'a. prov. sorgir (doc. lat. médiév. de Marseille, dans art. cité infra, p. 198), l'esp. et le port. surgir, l'ital. sorgere, au cat. surgir, surgir ancores « jeter », « jeter l'ancre » (dep. 2emoit. du xiiies., Consolat de mar, ibid., p. 196, 197), issu du lat. surgere « s'élever » qui dut avoir le sens de « jeter » en lat. médiév.; v. H. et R. Kahane ds Rom. Philol. t. 4, pp. 195-215. II empr. au lat. surgere « s'élever » (v. sourdre). Voir FEW t. 12, pp. 461-462b. Fréq. abs. littér.: 2 265. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 970, b) 2 301; xxes.: a) 3 914, b) 5 215.
DÉR.
Surgissement, subst. masc.,littér. Fait de surgir, d'apparaître brusquement. Le surgissement des glaciers par-dessus les nuages (Faure, Hist. art, 1912, p. 225).P. métaph. D'où vient ce surgissement en nous d'innocence comme une eau claire qui nous lave? (Claudel, Messe là-bas, 1919, p. 503). [syʀ ʒismɑ ̃]. 1reattest. 1863 (Faye ds C.r. de l'Ac. des sc., t. 56, p. 564); de surgissant, part. prés. de surgir, suff. -ment1*. Fréq. abs. littér.: 66.
BBG.Vidos (B. E.). Archivum Romanicum. 1930, t. 14, p. 144. − Wind 1928, p. 106, 137.