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SUPPRIMER, verbe trans.
A. −
1. Faire cesser d'être; mettre un terme à, mettre fin à l'existence de.
a)
α) [Le compl. d'obj. désigne une réalité concr. ou abstr.] Supprimer la guerre, la misère; supprimer la bureaucratie. Ma lampe était restée sur la table. J'en pressai le bouton comme on appuie sur la gâchette d'un revolver, et il s'agissait bien, en effet, de tuer un doute, de supprimer une angoisse (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 178).Vouloir éliminer la souffrance de ce monde, autant vouloir supprimer l'homme et la civilisation (Mounier, Traité caract., 1946, p. 564).
[Avec compl. prép. précisant le lieu de l'action] Je ne pourrai jamais supprimer en moi la croyance que toutes théories sont également fausses et vraies (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 83).Il se sentait pris d'un désespoir insensé, devant cette impossibilité (...) de supprimer de sa mémoire l'affreuse hantise (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 476).
Loc. Supprimer d'un coup de baguette, d'un trait de plume. [Comme si la science moderne] avait supprimé d'un coup de baguette l'analyse intérieure, le drame de l'amour et la conscience de la mort (Faure, Espr. formes, 1927, p. 156).Les faits que Freud met en lumière, nul n'a le pouvoir de les supprimer d'un trait de plume (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 353).
[Le suj. désigne l'instrument de l'action] La méthode (...) n'a d'autre inconvénient que de supprimer le problème qu'il faudrait résoudre (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 11).Le nouveau texte des traités, supprimant une difficulté pratique, en fait naître une juridique (Ginestet, Ass. parlem. eur., 1959, p. 80).
[Le suj. désigne un événement, un phénomène à l'orig. de l'action] Pour que la mort d'Albertine eût pu supprimer mes souffrances, il eût fallu que le choc l'eût tuée non seulement en Touraine, mais en moi. Jamais elle n'y avait été plus vivante (Proust, Fugit., 1922, p. 478).La destruction du cortex cérébral supprime le réflexe acquis (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 274).
[Le suj. désigne un sentiment, une manifestation du comportement ou l'influence exercée par ceux-ci] Le rôle de la solidarité n'est pas de supprimer la concurrence, mais de la modérer (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 357).
Supprimer qqc. à son profit. [La passion] veut supprimer à son profit tous les autres désirs (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 219).
β) En partic. Faire cesser d'être d'un certain point de vue. Dans l'ordre agricole, la machine (...) supprime purement et simplement des bras. Et ce sont les prolétaires qu'elle élimine (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 3).
Supprimer qqc. comme.La Macédoine et l'Illyrie, divisées en plusieurs provinces, auxquelles on défendit toute alliance, même par mariage, reçurent une liberté dérisoire, qui les supprimait comme nations (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 93).
Empl. pronom. Il n'y a pas de passage logique qui permette de s'élever à Dieu en partant de ce qui n'est pas lui. Si la preuve ontologique résiste, c'est qu'elle s'installe en Dieu d'emblée; et dans cette mesure elle se supprime en quelque sorte comme preuve (G. Marcel, Journal, 1920, p. 255).
γ) Au fig. Supprimer la/les distance(s), l'espace, le temps. Faire en sorte que la distance, l'espace, le temps ne soient plus perçus dans toute leur réalité. L'espace et le temps sont supprimés et Rameau semble un contemporain auquel nous pourrons dire notre admiration à la sortie (Debussy, M. Croche, 1926, p. 109).Canadiens et citoyens de l'Union, ont accompli de grands efforts pour relier l'Atlantique au Pacifique. Ils ne se sont pas contentés de supprimer les distances, ils ont su faire de leurs chemins de fer des agents de peuplement et de mise en valeur (Albitreccia, Gds moyens transp., 1931, p. 56).
b) Éviter que n'apparaisse, que ne se produise ce qui serait inutile, fâcheux ou pénible. Supprimer les occasions de dispute, les pertes de temps, les angles morts, les temps morts. Pour supprimer des homonymies parfois gênantes, on adjoignit au nom de baptême un sobriquet (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 709).Ce qui caractérise ces disques, c'est le support de matière plastique (...) de grain si fin qu'il supprime le bruit de fond (Disque Fr., 1963, p. 7).
2. DR., cour.
a) Supprimer une institution, une fonction, une charge, une pratique. Mettre fin à l'existence légale de; abroger, abolir, faire que quelque chose n'ait plus cours. Supprimer l'esclavage, la torture, les droits féodaux, les exemptions, les privilèges, les réquisitions arbitraires; supprimer les corporations, les barrières douanières; supprimer un impôt; supprimer la censure; supprimer les droits et les libertés. Si l'Assemblée constituante avait supprimé la peine de mort, au moins pour les délits politiques, peut-être les assassinats judiciaires dont nous avons été les témoins n'auraient-ils pas eu lieu (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 221).Le 8 août 1793, la Convention, supprimant les Académies et les Universités, dépouilla de leur possession d'état une partie des artistes, des savants, des littérateurs et des professeurs (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 561).V. animadversion ex. 2.
[Avec compl. prép. précisant l'instrument de l'action] Un gouvernement peut supprimer par ordonnance ses lignes de douane (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 54).Charlemagne voyait bien que la féodalité avait déjà des racines trop fortes pour être supprimée par décret (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 39).
Loc. Supprimer d'autorité. Tantôt on commande des prières, tantôt on les interdit; on supprime d'autorité les cérémonies de votre culte (Lamennaisds L'Avenir, 1830-31, p. 370).
[Le suj. désigne l'instrument de l'action] Une décision des gouvernements [alliés] en date du 2 mai, supprima le comité exécutif créé trois mois auparavant et devenu désormais sans objet (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 44).Le Marché Commun, visant à supprimer en quinze ans au plus les restrictions d'échanges et barrières douanières entre les « Six », est entré en vigueur le 1erjanvier 1958 (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 437).
[Le suj. désigne un événement] L'abolition de l'esclavage ne supprimerait pas l'exploitation de l'homme (Bernanos, Journal curé camp., 1936, p. 1067).
b) P. anal.
Abolir l'usage de. Plus tard on m'appela par mon nom, sans supprimer tout à fait la formule de monsieur, mais en la négligeant fréquemment (Fromentin, Dominique, 1863, p. 18).De nombreux psychanalystes (...) ont supprimé le mot [instinct de conservation] et gardé la chose (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 29).
Annuler comme impropre une subdivision dans une taxinomie. Brongniart (...) supprime les apétales de Jussieu qu'il considère comme des polypétales imparfaites (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 432).
c) En partic. Supprimer un journal, un article. Interdire la parution d'un journal, la publication d'un article. Aux termes du décret de 1851, un journal pouvait être supprimé après deux avertissements; il était supprimé de droit après deux condamnations (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 23).La censure n'avait pas le moyen de supprimer mon article (Barrès, Cahiers, t. 11, 1915, p. 127).
3. Éliminer, de façon définitive ou non.
a) [Le compl. d'obj. désigne un être vivant] Se débarrasser de, détruire. La nature (...) supprime tout ce qui fait obstacle à son but; elle écrase le faible pour faire place au fort (Feuillet, Morte, 1886, p. 254).
[Avec compl. prép. désignant l'instrument de l'action] L'idée de supprimer par le chauffage les germes hypothétiques devait se montrer, par la suite, singulièrement féconde et jouer un rôle de premier plan dans les débats relatifs à la génération spontanée (J. Rostand, Genèse vie, 1943, p. 37).Aux États-Unis, on est arrivé à supprimer en trois ans une population d'insectes nuisibles à l'agriculture par ce moyen [les rayonnements ionisants] (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 236).
b) [Le compl. d'obj. désigne une pers.]
α) [Le suj. désigne une pers. ou une collectivité]
Écarter, mettre hors d'état d'agir. [S'il est permis de prendre des mesures restrictives de la liberté contre des personnes n'ayant commis aucun délit, n'] est-il pas à craindre que l'autorité publique, le pouvoir politique ne se servent de cet instrument commode pour supprimer ou inquiéter ses adversaires? (Traité sociol., 1968, p. 220).
Cour. Tuer. Synon. liquider (fam.), trucider (pop., arg.).Supprimer un seul homme, c'est supprimer une race; supprimer un méchant, c'est supprimer un peuple de justes qui sortiront de lui (Lacord., Conf. N.-D., 1848, p. 90).Ceux qui eurent à subir l'internement dans les asiles germaniques (...) furent pour la plupart supprimés avec une cruauté froide (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 250).V. abolir ex. 8.
P. métaph. Mussolini exécuté. Hitler disparu. Goebbels disparu. Rien n'aura manqué à cette tragédie, pas même le facile dénouement shakespearien qui supprime au dernier acte les principaux acteurs (Martin du G., Souv. autobiogr., 1944-45, p. cxxvi).
Part. passé en empl. adj. Notre héros l'atteint [l'assaillant] d'un plomb agile et le desperado faisant une grimace s'écroule, supprimé (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 41).
Empl. pronom. réfl. Se suicider. Pourquoi mon père s'est-il suicidé? Personne n'a jamais pu en donner un motif plausible... Et pourtant, docteur, on ne se supprime pas ainsi, tout d'un coup, sans de graves raisons! (Martin du G., Taciturne, 1932, i, 9, p. 1262).En se parjurant, il ne ferait de tort à personne; il sauverait la tête de Mercier (...)! S'il refusait, Josette était bien capable de se supprimer; ou en tout cas, sa vie serait foutue (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 476).
β) [Le suj. désigne ce qui est à l'orig. de l'action]
Mettre dans l'incapacité d'agir ou de réagir par perte des forces physiques ou intellectuelles; mettre sur la touche; mettre hors de combat. Une épouvantable bronchite (...) m'a supprimé durant quinze jours (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1899, p. 345).
Priver de sa personnalité. Visite d'un jeune homme si bien élevé qu'il n'en reste rien. J'entends par là que l'éducation a supprimé, a confisqué l'individu (Green, Journal, 1952, p. 168).
4. [Avec un sens affaibli]
a) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Mettre à l'écart, exclure. [Chéri] resta immobile, presque supprimé par la conversation de ces deux femmes (Colette, Fin Chéri, 1926, p. 128).
Part. passé en empl. adj. Synon. absent.Féeries de notre première jeunesse (...) livres de voyage à tranche d'or, que nous lisions à plat ventre, la tête entre les mains, gobés par le songe et vraiment supprimés de la vie de famille (Cocteau, Foyer artistes, 1947, p. 22).
Part. passé en empl. subst. V. abruptement ex. 3.
Empl. pronom. réfl. Me sachant moins que désiré dans cette réunion, j'ai été tout heureux de n'avoir pas à m'imposer comme convive et témoin, par le seul fait que je suis pensionnaire. Il m'est pénible parfois de ne pouvoir me supprimer; aujourd'hui cela allait de soi-même; étant demandé ailleurs et seulement souffert ici, j'ai fait l'échange (Amiel, Journal, 1866, p. 279).
b) [Le compl. d'obj. désigne une réalité concr. ou abstr.] Écarter de l'esprit; faire abstraction de; occulter, nier l'existence de. Deux vendeuses, en quinze jours, avaient dû partir au septième mois de leur grossesse. La direction ne tolérait pas ces accidents-là, la maternité était supprimée comme encombrante et indécente (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 730).Amateurs de jolies femmes, de vins et de chère exquise, ils suppriment ce qui les gêne, ignorent ou méprisent ce qui se passe hors de chez eux (Blanche, Modèles, 1928, p. 222).
Supprimer Dieu. L'existentialiste est très opposé à un certain type de morale laïque qui voudrait supprimer Dieu avec le moins de frais possibles (Sartre, Existent., 1946, p. 34).Le révolté (...) ne supprime pas Dieu, il lui parle simplement d'égal à égal (Camus, Homme rév., 1951, p. 41).
Loc. Supprimer par la pensée. À sa gauche Mmede Champcenais voit son armoire à glace. Elle s'est avisée l'autre jour d'une ressemblance inquiétante. Si l'on supprime par la pensée la glace elle-même, les deux montants et le fronton du meuble évoquent à s'y méprendre une entrée de métro (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 46).
Supprimer d'un geste. Vous êtes riche; je suis pauvre et fière. Votre argent peut nous jouer un vilain tour. Je le supprime d'un geste. Il ne compte pas! (Anouilh, Répét., 1950, iv, p. 99).
Empl. pronom. réfl.:
Qu'on essaye en effet de se représenter le temps où l'on ne sera plus (...). On ne tardera pas à découvrir à son grand étonnement qu'on ne cessait pas d'exister; car on croyait se représenter le monde en se supprimant soi-même; or dans la conscience, la donnée immédiate, c'est le moi, « le moi au travers duquel seul le monde se réfléchit, le moi pour lequel seul le monde existe ». J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 62.
c)
α) Passer sous silence des détails, des éléments dans un récit. Je supprime quelques compliments que Sa Sainteté a bien voulu m'adresser (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 471).Je sens que tous ces comptes rendus ne t'amusent pas follement et je te promets de les réduire ou de les supprimer à l'avenir (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1905, p. 73).
β) En partic.
Supprimer un document, une preuve. Ne pas faire état, notamment devant la justice, d'un document, d'une preuve; éventuellement les détruire. Le projet d'une censure ministérielle, si propre à relever la dignité de l'épiscopat, rappelle naturellement la lettre célèbre de M. le cardinal de Clermont-Tonnerre, supprimée par le Conseil d'État (Lamennais, Religion, 1826, p. 20).Je sais bien qu'il est convenu (...) qu'ils sont innocents, puisqu'on supprime les preuves qui se dressent contre eux, à mesure qu'elles apparaissent (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 158).
Supprimer un enfant. Dissimuler la naissance, l'existence d'un enfant (généralement en l'abandonnant). Étaient-ils mes parents, ces gens pour qui je fus un fardeau abominable, une terreur, une tache d'infamie (...)? Ils cherchaient un plaisir égoïste; ils ont eu un enfant imprévu. Ils ont supprimé l'enfant (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Parricide, 1884, p. 477).
5. MÉD., vieilli. [Le compl. d'obj. désigne un liquide normalement excrété ou sécrété par l'organisme] Suspendre, arrêter l'excrétion ou la sécrétion de. Supprimer la transpiration, les lochies (Littré). Empl. pronom. Lorsque cette diarrhée survient, le lait se supprime tout-à-fait et les mamelles se sèchent (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 895).
B. − Supprimer qqc. (de qqc./qqn)
1. Enlever, retirer (en coupant, en retranchant, en séparant) un élément d'un ensemble, une partie d'un tout.
[À propos d'un être vivant] Supprimer un bourgeon terminal, une branche. La régulation de la production pourrait être obtenue (...) en supprimant les inflorescences en surnombre un peu avant floraison (Levadoux, Vigne, 1961, p. 54).
Empl. pronom. réfl. indir., p. métaph. Je n'ai pas dit qu'il fallait se supprimer le cœur, mais le contenir, hélas! (Flaub., Corresp., 1868, p. 351).
[À propos d'une construction] Supprimer une porte. Quand on supprime le mur qui seul soutenait un terrain mobile, si l'éboulement suit, faut-il en aller chercher bien loin la cause? (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv., 1868, p. 242).
[À propos d'un texte, d'une œuvre] Supprimer une rubrique d'un journal. Je n'ai pas voulu changer un mot ni supprimer une ligne de cette lettre (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 230).Il improvisait, en marchant dans la cour des récréations, ses meilleures compositions françaises: il les portait « dans sa tête » pendant plusieurs jours, les modifiant, les retouchant, supprimant un adverbe, changeant de place tout un membre de phrase (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 174).
[Dans une tournure factitive] Fontenelle avait fait un opéra où il y avait un chœur de prêtres qui scandalisa les dévots; l'archevêque de Paris voulut le faire supprimer (Chamfort, Caract. et anecd., 1794, p. 137).
[Avec compl. prép. précisant les circonstances de l'action] De quoi que l'on s'arrange, on ne remplacera pas la première version. Ils étaient si carrés, ces deux vers! À ta place je les laisserais en blanc, je mettrais des points seulement. Ça aurait l'air d'avoir été supprimé par ordre (Flaub., Corresp., 1853, p. 179).[Les journaux] mettent en doute mon amitié pour Claudel. C'est au sujet de l'épigraphe du IIIelivre des Caves, que j'avais mise avec son autorisation, et que j'ai supprimée sur sa demande (Gide, Journal, 1914, p. 234).
P. anal. [Le compl. d'obj. désigne une pers.; gén. à la forme passive] Être supprimé du monde, du nombre des vivants. [Le Grand Serin] m'a si peu sentie, si peu devinée, que j'ai eu l'impression d'être, supprimée du nombre des vivants, le fantôme d'air qu'il allait traverser (Colette, Entrave, 1913, p. 2).On ne les laisse pas circuler. On les enferme avec les bêtes. Là où les bêtes sont atteintes, les hommes restent prisonniers; tant que la maladie n'a pas pris fin, ils sont comme supprimés du monde (Ramuz, Gde peur, 1926, p. 113).
2. Cesser d'associer un élément à un ensemble, une partie à un tout. Tous ceux qui s'adonnent aux sports (cyclistes, coureurs, athlètes) suppriment l'alcool de leur régime habituel (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 265).La loi de 1882 amorce, en outre, la laïcisation des écoles. L'enseignement religieux est supprimé des programmes et remplacé par des leçons de morale et d'instruction civique (Encyclop. éduc., 1960, p. 23).
C. − Supprimer qqc./qqn (à soi-même/à qqn)
1.
a) Cesser d'utiliser, renoncer à utiliser (provisoirement ou non). Je m'aperçus tout à coup que les becs de gaz étaient éteints. Je sais qu'on les supprime de bonne heure, avant le jour, en cette saison, par économie; mais le jour était encore loin, si loin de paraître! (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Nuit, 1887, p. 1141).Elle supprima la femme de chambre, ne garda plus que sa cuisinière et une femme de ménage (Montherl., Célibataires, 1934, p. 759).
b) En partic.
α) Se priver/priver quelqu'un de; s'interdire/interdire à quelqu'un l'usage de. Ça ne sert à rien de manger si on vous supprime toutes les petites choses qui font l'agrément de la vie (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 225).On évite un excès de graisses [pendant toute la phase aiguë de l'hépatite] mais sans les supprimer complètement (Quillet Méd.1965, p. 150).
P. anal. Le traitement du tic consiste (...) à supprimer au cheval au repos tout ce qui pourrait lui servir d'appui. On enlève la mangeoire, le seau, l'auge, le bat-flanc, bref tout ce qui pourrait être saisi avec les dents (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 134).
[Dans une tournure factitive] Allez-y. Faites supprimer les visites; vous parlez si je m'en fous: mes vieux sont à Orange (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 273).
Empl. pronom. réfl. indir. Comme il a voulu se supprimer le tabac, il est dans une grande démoralisation et agacé nerveusement au suprême degré (Flaub., Corresp., 1853, p. 285).
β) Cesser de verser (à quelqu'un) une somme précédemment attribuée. Supprimer à qqn une allocation, une bourse, une pension. L'indemnité journalière est supprimée à partir du septième mois d'arrêt du travail (Réforme Sécur. Soc., 1968, p. 47).
2.
a) [Le suj. désigne une pers.] Éliminer ce qui est superflu, inapproprié. Avec un bon dessin pour les lignes de la composition et la place des figures, on peut supprimer l'esquisse, qui devient presque un double emploi (Delacroix, Journal, 1847, p. 187).[Le meilleur moyen d'éviter les erreurs] est de diminuer, voire de supprimer les calculs à effectuer (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 166).
b) [Le suj. désigne ce qui est à l'orig. de l'action] Éviter le recours à, dispenser de. Voici où est le péril: la machine supprimant une main-d'œuvre quotidienne et coûteuse, le fabricant a multiplié la machine dans une proportion telle, qu'il est impossible que la consommation du monde augmente dans un rapport égal à celui de la production (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 160).[Cette procédure] supprime une discussion qui serait inutile, nul n'ayant rien à objecter au texte proposé (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 490).
Prononc. et Orth.: [sypʀime], (il) supprime [-pʀim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin du xives. (Roques t. 2, 12082: supprimo ... mis ...: supprimer); 1. 1460 « arrêter (l'ennemi), en empêcher les progrès » (R. Blondel, Des droiz de la Couronne de France ds Œuvres, éd. A. Héron, t. 1, p. 477); 2. a) 1481 « abolir, rendre sans effet légal » (Ordonnances des rois de France, t. 18, p. 669); b) 1575 méd. « empêcher de se produire » (Paré, Œuvres, XIV, 44, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 391a); 3. a) 1526 [éd.] « empêcher de se manifester » (J. Bouchet, Opusc., sign. F VI rods Gdf. Compl.); b) 1552 « empêcher d'être connu publiquement (p. ex. d'une nouvelle); faire cesser de paraître (un écrit) » (Est. d'apr. FEW t. 12, p. 450b); 4. a) 1549 « cacher et receler quelque chose » (Est.); b) 1651 « retrancher un mot, un passage (d'une œuvre, dans une œuvre) » (J. Loret, La Muze hist., lettre du 13 août, éd. Ch.-L. Livet, t. 1, p. 146, 214: je supprime icy leurs noms); 5. a) av. 1660 pronom. « se tuer » (Scarron, Lettre ds Œuvres, Paris, J.-Fr. Bastien, t. 1, 1786, p. 202); b) α) 1680 trans. « annihiler » (Sévigné, Lettre du 17 janv. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 798); β) 1831 « faire disparaître en tuant » (Michelet, Hist. romaine, t. 1, p. VI). Empr. au lat.supprimere « faire enfoncer, couler à fond; arrêter l'ennemi dans sa poursuite de nos soldats; arrêter, retenir, détourner; étouffer, faire disparaître »; comp. de sub, v. sub- et de premere « presser, enfoncer ». Fréq. abs. littér.: 2 538. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 376, b) 3 062; xxes.: a) 4 311, b) 4 530.
DÉR.
Supprimable, adj.Que l'on peut supprimer sans inconvénient; qui mérite d'être supprimé. Passages supprimables. Il me semble, Monsieur, que ce que vous appelez acte libre, ce serait, d'après vous, un acte ne dépendant de rien; suivez-moi: détachableremarquez ma progression: supprimable, et ma conclusion: sans valeur (Gide, Paludes, 1895, p. 115). [sypʀimabl̥]. 1reattest. 1568 « qui peut, qui doit être supprimé » (Le Roy, trad. des Politiques d'Aristote, IV, 16 ds Hug.); de supprimer, suff. -able*.