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SOUVENANCE, subst. fém.
Vx ou littér.
A. −
1.
a) Fait, action de se souvenir. Se promettre amitié et souvenance. Elle se rappeloit l'avoir épousé, mais cette souvenance, dans son rêve, n'arrivoit qu'alors que M. de Durantal franchissoit l'obstacle qu'Annette avoit élevé entr'elle et lui (Balzac, Annette, t. 2, 1824, p. 26).Que c'est doux, la souvenance, monsieur le licencié. Et vraiment je m'ennuie de croire que vous prendrez ma petite émotion pour de la blague (Bernanos, Lettres inéd., 1906, p. 1724).
[Avec adj.] Par une amère et douce souvenance, Nous sommes remontés aux jours de notre enfance (Delille, Convers., 1812, p. 218).
[Avec compl. de n. précisant l'obj. du procès] Toutes ses rancunes pour le mal qu'elle avait pu lui causer se fondaient dans la souvenance émue des heures heureuses (Estaunié, Simple, 1891, p. 184).
En souvenance de, loc. prép. Pour se rappeler, pour rappeler. J'ai voulu, avant de mourir, jeter un regard sur l'Auvergne, en souvenance des impressions de ma jeunesse (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., Voy. Clermont, t. 2, 1827, p. 295).
b) P. méton.
α) [Dans une formule de politesse] Manifestation de cette action. Présentez mes amicales souvenances à M. de Hanski, à qui j'écrirai par la prochaine occasion (Balzac, Lettres Étr., t. 1, 1836, p. 334).
β) ,,Objet composé de trois anneaux attachés ensemble que l'on mettait à ses doigts pour se souvenir de quelque chose`` (Leloir 1961).
2. Faculté de se souvenir, mémoire. Ta souvenance te fait défaut, Landry; tu n'as promis à personne avant moi, puisque la parole que je te réclame est de l'an dernier (Sand, Pte Fad., 1849, p. 129):
1. la torine, se redressant soudain. − Non, je me tairai point (...) J'ai bonne souvenance, vous savez ! (elle se lève.) Qu'est-ce que vous me disiez, dans ce temps-là? Vous me disiez: « Laisse venir... Attends seulement que la maîtresse ait défunté, et je nous épouserons, tous les deusses. » Martin du G., Testam. P. Leleu, 1920, I, p. 1147.
[Dans une formule de politesse] Se rappeler à l'aimable souvenance de qqn. Bonjour, Monsieur le Comte, je ne sais plus tenir la plume; permettez-moi de finir sans compliment, en me recommandant à votre bonne souvenance (J. de Maistre, Corresp., 1807, p. 416).
B. −
1. Ce qui est inscrit dans la mémoire; ce dont on se souvient. Rosa (...) se rappela tout à coup (...) sa première communion (...) Louise et Flora, étreintes des mêmes souvenances lointaines, gémissaient aussi avec des torrents de larmes (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1195):
2. Aujourd'hui donc, dimanche (...), ma vie affairée et échauffée par l'action s'arrête (...), prête l'oreille aux souvenirs qu'on entend bruire si distinctement dans le silence de certains jours, et, toute chargée d'impressions, de souvenances, de mélodies automnales, se retire dans un coin bien solitaire, bien à couvert des interruptions pour se raconter à vous. M. de Guérin, Corresp., 1834, p. 175.
P. métaph. Ce n'était presque plus une femme, c'était une souvenance en bandeaux, une dame du passé (D'Esparbès, Dern. lys, 1898, p. 94).
P. méton.
Évocation des souvenirs. Il multiplie ses sensations par la pensée, il triple la félicité présente par l'aspiration de l'avenir et par les souvenances du passé (Balzac, Splend. et mis., 1844, p. 65).
Ce qui suscite l'apparition du souvenir par une association mentale. En fait de poussière, considérée alors comme rappel des origines et souvenance des fins, sais-tu qu'après notre mort, nos charognes sont dépecées par des vers différents, suivant qu'elles sont obèses ou qu'elles sont maigres? (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 45).
2.
a) Souvenance + adj.Nous compterons cette nuit dans nos belles souvenances; car notre liaison n'est pas une liaison d'un jour (Borel, Champavert, 1833, p. 204).Il racontait à la volée toutes les souvenances attendries qui tout à l'heure l'avaient hanté (Estaunié, Simple, 1891, p. 84).
[Dans une loc. adj.] De douce souvenance. De bonne, d'illustre mémoire. Il chantait... et ses yeux se remplissaient de pleurs Car il songeait à toi, gentil Pays de France, pays de douce souvenance ! (M. de Guérin, Poés., 1839, p. 29).
b) Souvenance + compl. de n. désignant l'objet du procès ou les circonstances auxquelles il se rattache.Les souvenirs de son long malheur mêlés aux mélodieuses souvenances des plaisirs qu'il avait goûtés dans le seul amour qui lui fût permis, l'amour maternel, tout fondit à la fois sur son cœur (Balzac, Enf. maudit, 1836, p. 400).Il allait toujours se remémorant et creusant dans sa tête pour y retrouver toutes les petites souvenances de son bonheur passé (Sand, Pte Fad., 1849, p. 43).
c) Verbe + souvenance.[Ces bonbons] pénétraient les papilles de la bouche, évoquaient des souvenances d'eau opalisée par des vinaigres rares, de baisers très profonds, tout imbibés d'odeurs (Huysmans, À rebours, 1884, p. 137).
Garder souvenance de. Le peuple garde souvenance des récits souvent répétés; mais ce qu'il ne fait que voir, il l'oublie bien vite (Stendhal, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 186).
Avoir souvenance de + subst.Combien j'ai douce souvenance Du joli lieu de ma naissance! (Chateaubr., Avent. dern. Abenc., 1826, p. 256).On me fit une querelle abominable, mon père se mit contre moi dans une des plus grandes colères dont j'aie souvenance (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 190).Avoir souvenance de + inf. passé.J'ai quelque souvenance d'avoir été soldat, mais cela est si loin de moi qu'en vérité je le puis ranger parmi les choses oubliées (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1809, p. 806).J'ai souvenance d'avoir traversé toute l'après-midi de cette même journée d'immenses, d'interminables plateaux de sable recouverts de fougères (Loti, Maroc, 1889, p. 28).
[À la forme nég.; pour exprimer une certitude] Je n'ai pas souvenance d'avoir vu une caresse, un baiser de Deschartres à qui que ce soit (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 436).
Avoir souvenance que.Elle croit avoir souvenance que je lui portais en secret un farouche amour (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 497).
[Le compl. d'obj. désigne une action à faire dans l'avenir] Avoir souvenance de + inf.Synon. penser à.La duchesse, sa fille et madame Isabelle se jetèrent à genoux en sanglotant, et prièrent le roi d'avoir souvenance de faire bonne justice de la mort de son frère unique (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 9).
Prononc. et Orth.: [suvnɑ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1269-88 [date ms.] (Testament de Agnès le Ferrière ds Tailliar, Rec. d'actes des xiieet xiiies., p. 9: pour souvenance des coses devant dites), ,,mot qui n'est plus guere en usage`` ds Rich. 1680 mais qui connaît un regain de faveur à partir de la fin du xviiies.: la souvenance n'est pas un simple souvenir quelquefois momentané, accidentel, fugitif, c'est un souvenir durable, constant, fidèle, toujours plus ou moins présent (1796, Roubaud, Synonymes fr. cité ds Brunot t. 6, p. 1259). Dér. de souvenir1*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér.: 59. Bbg. Bourguignon (J.). Qq. arch. ds Les Fables de La Fontaine. Mél. Gamillscheg (E.) 1968, p. 91. − François (A.). La Dés. « ance » ds le vocab. fr. Genève-Lille, 1950, pp. 72-73. − Gohin 1903, p. 319.