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SORCIER, -IÈRE, subst. et adj.
I. − Substantif
A. −
1. Personne à laquelle on attribue des pouvoirs surnaturels et en particulier la faculté d'opérer des maléfices avec l'aide du diable ou de forces malfaisantes. Synon. magicien (v. ce mot A 2).Vous avouez avoir vu le bélier que Belzébuth fait paraître dans les nuées pour rassembler le sabbat, et qui n'est vu que des sorciers? (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 363).Cette lumière nocturne (...) propice aux sorcières de Provence qui préparent les philtres d'amour, les sorts et les envoûtements (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 180).V. alchimiste ex. 2 et 4, balai ex. 3, magicien ex. 2, maléficier ex. 1.
SYNT. Sorcier africain; sorcier et guérisseur; sorciers et nécromans; balai, chaudron, philtre de sorcière; avoir peur des sorciers; croire aux sorciers; brûler une sorcière; être condamnée comme sorcière.
[P. allus. au drame de Shakespeare « Macbeth »] Les sorcières de Macbeth (...) sont de charmantes jeunes filles, en comparaison [des vieilles femmes de Castille] (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 33).Je me fais l'effet de Macbeth devant la marmite des sorcières (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 91).
Apprenti* sorcier.
BOT. Herbe aux sorciers/sorcières ou, p. ell., sorcière. Synon. fam. de circée.Le genre Circaea [genre de plantes, de la famille des Onagracées] comprend sept espèces (...). C[ircaea] lutetiana est l'herbe aux sorcières (Gde Encyclop. Alpha des Sc. et des Techn., Les Végétaux,Paris, Grange Batelière, t. 2, 1974, p. 152, col. 1).Rond de sorcières. V. rond2C 2 a.
HIST. Chasse aux sorcières. [P. allus. aux procès de sorcellerie qui eurent lieu à Salem dans le Massachusetts au xviies.] Aux États-Unis pendant la guerre de Corée, virulente campagne anticommuniste mise en œuvre par le sénateur J. Mc Carthy. À cette époque [1952], la « chasse aux sorcières » fait rage dans les milieux cinématographiques aux États-Unis: cité devant la commission d'enquête du sénateur Mc Carthy, Losey est placé sur la liste noire (La Gde encyclop.,Paris, Larousse, t. 35, 1974, p. 7297, col. 1).
P. ext. Recherche systématique de ses opposants politiques par un gouvernement afin de les mettre à l'écart des affaires. « Nous ne ferons pas de chasse aux sorcières », jure-t-on dans l'entourage du Premier Ministre (Le Nouvel Observateur,1-7 juill. 1988,p. 28, col. 2).P. anal. Élimination des membres jugés indésirables dans un corps social. Synon. épuration, purge.Je voudrais, pour finir, insister sur le fait que, en définitive, la chasse aux sorcières n'existe pas dans le domaine scientifique (Le Monde, 30 juin 1988, p. 14, col. 6).
2. En partic., au fém. Personnage maléfique des contes de fées. Elle se transforme à la façon des sorcières de jadis dans les contes de fées (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 112).La sorcière peut bien enchaîner le prince charmant sans aucun lien visible (...); elle ne peut faire qu'il n'aime pas celle qu'il a choisie; en oiseau bleu encore il vient chanter à la fenêtre de la bien-aimée (Alain, Propos, 1921, p. 293).
B. − P. anal.
1. Surtout au fém. Vieille femme, vieil homme d'aspect rebutant ou ridicule et d'humeur acariâtre. C'est un vieux sorcier, une vieille sorcière (Ac.). Cette sorcière laide à faire à Belzébuth tourner les deux talons; − jeune et belle à présent (...) fait sécher de jalousie (...) les beautés à la mode (Gautier, Albertus, 1833, p. 137).Je me présentai à la vieille propriétaire bossue et lunatique (...). La sorcière me céda son antre pour une somme des plus modiques (Milosz, Amour. init., 1910, p. 42).
Empl. qualificatif. Une (la, cette...) (vieille) sorcière de + n. de pers. ou n. de fonction. Vous voyez que je ne me doutois pas en vain que cette sorcière d'hôtesse nous cachoit quelque chose (Balzac, Annette, t. 4, 1824, p. 144).Sur le bout du banc, se tenait une vieille sorcière de receleuse à la tignasse déteinte et à la voix éraillée (Gide, Souv. Cour d'ass., 1913, p. 670).
2. Au masc., littér., vieilli. Synon. de magicien (v. ce mot B).Cet artiste, ce poète, ce musicien est un véritable sorcier (Rob. 1985).
Sorcier de + subst.Chopin est-il pour toi l'Ange de la musique, Et Delacroix le grand sorcier de la couleur? (Rollinat, Névroses, 1883, p. 39).
C. − Loc. verb. fig., fam. Ne pas être (un) grand sorcier. Manquer d'habileté, ne pas être très intelligent. (Dict. xixeet xxes.). Il ne faut pas être (un) grand sorcier pour (faire qqc.). Il n'est pas nécessaire d'être particulièrement intelligent pour (faire quelque chose). Il ne faut pas être grand sorcier pour faire, pour deviner telle chose (Ac.).
II. − Adjectif
A. −
1. [En parlant d'un inanimé]
a) Propre aux sorciers, relatif à la sorcellerie. Personne ne lit plus le sort dans les tarots sorciers (Aragon, Crève-cœur, 1941, p. 15).La force sorcière est censée être innée ou acquise, généralement les deux à la fois (Religions1984).
b) Qui évoque la sorcellerie, qui paraît magique. Basse sur l'horizon, la lune était si grande Que tout prenait un air sorcier (Rostand, Musardises, 1890, p. 279).L'aspect sorcier de certains paysages entrevus à des heures troubles (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 111).
2. [En parlant d'une pers.] Qui pratique la sorcellerie. Elle me dit de faire la croix dans ma main gauche avec une pièce de monnaie, et les cérémonies magiques commencèrent (...) il était évident qu'elle n'était pas sorcière à demi (Mérimée, Carmen, 1845, p. 23).Favre mère, qui était un peu sorcière, jeta des sorts aux miliciens (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 140).
B. − Au fig., fam.
1. [En parlant d'une action, d'un champ d'activité; gén. dans un tour nég.] Difficile. La technologie métaphysique n'est pas beaucoup plus sorcière [que celles des sciences et des arts], comme on dit chez nous (Sand, Nouv. lettres voy., 1868, p. 76).Voici vos fiches mises à jour. Ce n'était pas sorcier (H. Bazin, Lève-toi, 1952, p. 51).
Expr. Ce(la)/il n'est pas sorcier de (faire qqc.). Il n'est pas difficile de. Ce n'était pas bien sorcier de me faire retrouver mon frère, puisque tu venais sans doute de le voir (Sand, Pte Fad., 1849, p. 120).Il n'est pas sorcier de faire bavarder ces deux commères (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p. 280).
2. [En parlant d'une pers.] Doué d'une intelligence extraordinaire. Il ne s'agit pas d'être sorcier, malin ou savantasse (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 209).
Prononc. et Orth.: [sɔ ʀsje], fém. [-jε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: sorcier, -iere; dep. 1740: -ière. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 sorciere « celle à qui on attribue un pouvoir surnaturel qui serait dû à un pacte avec le diable » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 1907); 1283 sorcier (Philippe de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, 334, éd. Am. Salmon, t. 1, p. 162); 2. fig. a) 1578 (Ronsard, Les Amours diverses, éd. P. Laumonier, t. 17, p. 309: les vers enchantez, sont les sorciers d'Amour); b) 1579 « femme vieille et laide, bizarrement accoutrée » (P. Larivey, Morfondu, IV, 1, éd. Ancien Théâtre Français, t. 5, p. 355: nostre vieille sorcière de servante); id. vieille sorcière (ibid., p. 361); c) 1635 subst. masc. « celui qui charme comme un sorcier » (Corneille, Médée, II, 5, 680); 3. loc. fig. a) 1640 être sorcier comme une vache « manquer de jugement » (Oudin Curiositez); b) 1656 il ne fallait pas être grande sorcière pour (Molière, Le Dépit Amoureux, IV, 1, 1158); 1694 il ne faut pas estre sorcier, grand sorcier pour (Ac.). B. Adj. 1555 yeus sorciers (Ronsard, Odes, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 240); 1898 ce n'est pas sorcier (Renard, Journal, p. 464). Du lat. tardif sortiarius « diseur de sorts » (860, Hincmarus, De Divortio ds Nierm.; sorcerus, viiies., Gloses de Reichenau, éd. H. W. Klein, t. 1, p. 191), dér. du lat. class. sortes, plur. de sors, sortis, v. sort. Jusqu'à la fin du xves., les idées confuses que l'on se fait sur les détenteurs de pouvoirs merveilleux se traduisent par différents termes pour exprimer la même notion; devin, enchanteur, charmeur, ensorceleur, sorcier, avec des caractères distinctifs; ils sont tous des agents du diable. Au xvies., l'élaboration du concept de magie et l'apparition du terme magicien fait que sorcier ne désigne plus que les vils artisans de maléfices qui participent au sabbat et se vendent au diable. Fréq. abs. littér.: 1 009. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 275, b) 1 103; xxes.: a) 1 851, b) 1 497. Bbg. Quem. DDL t. 31 (s.v. herbe aux sorciers). − Roques (M.). Romania, 1949, t. 70, p. 428. − Salomonski (E.). Vox rom. 1948/49, t. 10, pp. 297-298. − Wagner (R.-L.). « Sorcier » et « magicien ». Paris, 1939, 292 p. − Zumthor (P.). Sorcier et magicien. À propos d'un livre de R.-L. Wagner. Z. rom. Philol. 1949, t. 65, pp. 441-457.