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SONGEUR, -EUSE, subst. et adj.
I. − Subst., vx ou littér.
A. − Celui, celle qui songe en dormant. Le songeur n'aurait rien à gagner à se donner pour le poète, ni le poète pour le songeur. Ce qui m'étonne, c'est que le poète éveillé ait si rarement profité dans ses œuvres des fantaisies du poète endormi (Nodier,Smarra, 1821, p. 12).Tomber en voletant dans le puits circulaire, c'est « l'éternelle aventure du songeur » (Béguin,Âme romant., 1939, p. 371).
B. − Celui, celle qui réfléchit, qui médite avec une grande profondeur. Synon. penseur.Qu'est-ce que Pascal? Un songeur. Dans ses songeries, Pascal s'est appliqué « à pénétrer jusqu'à ses propres idées (...) il s'agit d'arriver jusqu'à soi-même... » (Barrès,Cahiers, t. 7, 1909, p. 175).Le poète et le songeur se trouvent écrire des pages qu'un métaphysicien de l'être gagnerait à méditer (Bachelard,Poét. espace, 1957, p. 66).
C. − Celui, celle qui laisse aller son esprit au gré de son imagination. Synon. rêveur.Fantine, c'est une songeuse, une rêveuse, une pensive, une sensitive (...) qui se réfugie dans les illusions (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 174).Il y avait en moi un songeur. Durant les offices, je tombais dans de véritables rêves; mon œil errait aux voûtes de la chapelle (Renan,Souv. enf., 1883, p. 146).
II. − Adjectif
A. − Qui est absorbé dans une rêverie empreinte de préoccupations. Synon. préoccupé.Âme, nature songeuse. Madeleine s'arrêta, grave et songeuse, devant cette immensité (...). La jeune femme (...) parut rêver à de cuisants souvenirs (Zola,M. Férat, 1868, p. 13).
Expr. Laisser qqn songeur. Donner à réfléchir. Ce billet le laissa tout à fait songeur, car je savais par expérience que, lorsque Rouletabille paraissait s'occuper de babioles, jamais son activité ne portait en réalité sur des objets plus considérables (G. Leroux,Parfum, 1908, p. 131).
B. − Qui exprime ou qui caractérise la songerie. Synon. pensif.Front, regard, visage songeur. La première [photographie] me montre ma chère vieille dans sa toilette des dimanches (...) et moi, à côté d'elle, l'air timide et songeur (Léautaud,Pt ami, 1903, p. 92).Poét. Atmosphère, promenade songeuse; bois songeurs. La soudaine sensation d'apaisement qui me pénétra à la vue des palais songeurs et des eaux assoupies me parut de fort bon augure (Milosz,Amour. init., 1910, p. 41).
REM.
Songeusement, adv.D'une manière songeuse. Synon. plus cour. rêveusement.Regarder songeusement qqn, qqc. Il tournait songeusement sa cuiller dans son potage (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p. 893).
Prononc. et Orth.: [sɔ ̃ ʒ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1694-1878 au masc. uniquement. Étymol. et Hist. 1. Ca 1190 subst. « celui qui fait des songes, raconte ses songes » (Herman de Valenciennes, trad. Bible, éd. I. Spiele, 1133: ,,Jacob, li notre peres, croit trop cest songeor [Joseph]. Se il puet esploitier, il en fera signor`` [Gen. XXXVIII, 8]); 2. a) ca 1200 subst. « rêveur, qui se laisse aller à la rêverie » (Aiol, 2742 ds T.-L.); 1412 adj. fém. (A. Chartier, Le Débat des deux fortunes d'amours ds Œuvres poét., éd. J. C. Laidlaw, p. 183); 1416 adj. masc. (Id., Le Livre des quatre dames, ibid., p. 260); b) 1546 péj. estre chez Guillot le songeur « méditer d'une façon stupide » (Rabelais, Tiers Livre, XIV, éd. M. A. Screech, p. 109, 12); 3. 1830 adj. « plongé dans une rêverie empreinte de préoccupation » demeurer songeur (Balzac, La Vendetta ds Comédie humaine, éd. M. Bouteron, 1962, t. 1, p. 882); 4. 1848 « qui est empreint de songerie » enthousiasme grave et songeur (Flaub., Champs et grèves, p. 207); 1851 regard songeur (Lamart., Tailleur pierre, p. 467). Dér. de songer*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 506. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 139, b) 1 357; xxes.: a) 1 130, b) 625.