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SOLITAIRE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers.]
1. Qui est momentanément ou le plus souvent sans compagnie; qui fait quelque chose seul, sans être accompagné. Cavalier, spectateur, voyageur solitaire. Après avoir dîné solitaire, j'écris ces lignes auprès de ma fenêtre ouverte (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, 25 jours, 1885, p. 709).Par la suite, je l'aperçus assez souvent dans les bars de Montparnasse, solitaire, le visage bouffi, les yeux larmoyants, visiblement imbibé d'alcool (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 346).
2.
a) Qui vit à l'écart des autres; qui n'a pas ou n'a plus de compagnon de vie. Âme, cœur, enfant, vieillard solitaire. Elle était pauvre (...) et, probablement aussi, très solitaire dans la vie, puisqu'elle venait seule à l'église. Une vieille fille certainement (Coppée,Bonne souffr., 1898, p. 100).La honteuse souffrance de l'amant, désormais solitaire, n'est point tant de ne plus être aimé que de savoir que l'autre peut et doit aimer encore (Camus,Homme rév., 1951, p. 323).
b) Qui recherche, cultive, protège sa solitude, son isolement. Passionné pour les arts, qu'il cultive avec succès, il recherche quelquefois la conversation et les conseils de ceux qui les exercent. Hors de ces rapports-là, qu'il borne avec un soin extraordinaire, il vit presque solitaire dans Venise (Nodier,J. Sbogar, 1818, p. 130).V. misanthropique B ex. de Mauclair, promeneur A ex. de Jeux et sports:
1. Dans les avions, les restaurants, à la terrasse des cafés du dimanche, elle observait des couples d'âge mûr qui respiraient, côte à côte, sans s'adresser la parole autrement que par monosyllabes indispensables à leur vie quotidienne, chacun exilé dans sa planète étanche, dans un rêve incommunicable, plus seul que le plus solitaire ermite dans sa grotte. G. Dormann,Le Bal du dodo, 1989, p. 175.
En partic. Qui, dans son action ou ses conditions de vie, s'impose l'isolement ou est voué à la solitude. Berger, chercheur, créateur, écrivain, héros, penseur, philosophe, poète solitaire; marcheur solitaire. Il avait la nette conscience de n'avoir été, lui, qu'un pionnier solitaire, un précurseur, ébauchant des théories, tâtonnant dans la pratique, échouant à cause de sa méthode encore barbare (Zola,Dr Pascal, 1893, 295).V. navigateur A 1 ex. de J. Merrien.
[P. allus. à Rousseau, Rêveries d'un promeneur solitaire] Jean-Jacques (...) va se promener dans des chemins de banlieue (...). Le promeneur solitaire est très proprement vêtu de gris (...). Pour herboriser, il se munit d'une boîte de fer, d'une loupe, d'une lorgnette (M. Raymond ds Rousseau, Œuvres compl., t. 1, Paris, Gallimard, 1959, p. lxxiv).
3. [P. méton.]
a) Propre à celui/celle qui vit seul(e). En vain vous espérez échapper aux calamités de votre siècle par des mœurs solitaires et l'obscurité de votre vie (Chateaubr.,Essai Révol., t. 1, 1797, p. 18).J'avais repris peu à peu ma vie d'étude et mes habitudes solitaires, distraites seulement par la douce amitié de Graziella et par mon adoption dans sa famille (Lamart.,Confid., Graziella, 1849, p. 225).
b) Qui porte à la solitude. Ces railleries qui séchaient mon cœur et humiliaient mon amour-propre augmentèrent mes goûts solitaires et surtout celui des études (Michelet,Mémor., 1822, p. 206).Il était difficile de me retirer sans gaucherie, et je me sentais ce matin-là d'humeur particulièrement solitaire (Gracq,Syrtes, 1951, p. 54).
c) Qui résulte de la solitude. Mercédès saisit les mains de Fernand avec un transport que celui-ci prit pour de l'amour, et qui n'était que la joie de n'être plus seule au monde et de revoir enfin un ami après les longues heures de la tristesse solitaire (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 331).Que devenait Jacques? Il souffrait presque moins de l'avoir perdu, que d'imaginer l'angoisse, la détresse solitaire du petit (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p. 638).
d) Qui se passe dans la solitude ou que l'on accomplit seul. J'ai passé une jeunesse trop mélancolique et trop solitaire pour ne pas savoir le prix d'un cœur comme le vôtre (France,Dieux ont soif, 1912, p. 52).C'était plus mon truc [le pouvoir et les allées du pouvoir], c'était trop tard, le destin collectif ne m'intéressait plus, sinon pour mon fils. Moi, j'étais engagée dans un combat solitaire, absurde, narcissique: survivre (A. Francos,Sauve-toi Lola, Paris, J'ai lu, 1986 [1983], p. 213).
SYNT. Existence, vie, destinée, enfance, adolescence, vieillesse, mort solitaire; années, soirées, veillées, nuits solitaires; contemplation, gloire, labeur, méditation, recueillement, retraite, rêverie solitaire; douleur solitaire; flânerie, promenade, jeu, joie, jouissance solitaire; alpinisme, escalade, marche, navigation solitaire. Plaisir solitaire. V. plaisir1.
B. − [En parlant d'un lieu] Où l'on est seul, sans compagnie; qui est situé à l'écart, peu fréquenté. Chacun s'amuse, jouit de la vie, égaie ses jours. Et moi je rentre dans ma mansarde solitaire, pour refaire ma leçon de demain qui ne satisfera personne, surtout pas son auteur (Amiel,Journal, 1866, p. 165).Entre la source de la Seine et celle de la Marne, sur une longueur d'une soixantaine de kilomètres se déroule une des régions les plus sèches, les plus boisées et les plus solitaires de France (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 116).V. abandonné ex. 3, dépeuplé II A 2 ex. de Hugo, promener I A 1 ex. de Crèvecœur.
SYNT. Cabinet, cachot, chambre, lit, logis solitaire; allée, chemin, place, route, rue, ruelle, sentier solitaire; bois, clairière, hameau, jardin, parc, vallée solitaire; cimes, contrées, espaces, forêts, landes, plaines, plateaux, remparts solitaires.
C. − [En parlant d'un animal]
1. Qui vit à l'écart de ses semblables, qu'il soit social ou non. Hibou, rossignol, vautour solitaire; lion solitaire. Des sapins noirs, un roc altier, abrupt, pathétique, un aigle solitaire dans le grand ciel muet (Mille,Barnavaux, 1908, p. 166).Est-ce elle la nostalgie qui rend plus farouche la louve solitaire et la retient sur la sente où son compagnon succomba au piège de l'homme? (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 214).
P. méton. [P. oppos. à grégaire, social] V. grégarigène rem. s.v. grégaire ex. de Hist. gén. sc.
2. Ver* solitaire.
D. − [En parlant d'un élément de la nature, d'une chose concr. ou abstr.] Qui est isolé, seul de son espèce là où il se trouve. Cap, île, promontoire, rocher solitaire; chapelle, phare, tour solitaire; cèdre, cyprès, pin solitaire. Au milieu de beaucoup de menue monnaie une pièce de cinq francs solitaire (Mérimée,A. Guillot, 1847, p. 88).Notre langue n'est pas faite pour ce qui est solitaire; elle procède toujours par rapprochements, par classes (J. Simon,Relig. natur., 1856, p. 65).Il allait arpenter la grande plaine de Buzidan, toute entière, et visiter l'un après l'autre ses quatre chênes solitaires (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 174).
En partic. [Dans des cont. sc. ou techn.] Qui apparaît, qui existe seul, isolé, séparé. Les cristaux [du sel marin, des nitrates de plomb et de mercure] sont solitaires et se forment aussi bien à la surface que dans le fond de la liqueur (Metzger,Genèse sc. cristaux, 1918, p. 158).Quelle n'est pas la perspicacité de Widal quand il soutient que l'hypertension solitaire est d'origine rénale! (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 206).
Spécialement
ARCHIT. Colonne solitaire. ,,Colonne isolée, monumentale, qui ne fait pas partie d'un ordre, ne porte pas un entablement`` (GDEL; dict. xixeet xxes.).
BOT. Fleur solitaire. Fleur unique, isolée au-dessus d'un pédoncule. Une fleur qui ne se trouve pas solitaire à l'extrémité d'un axe (...) est accompagnée d'une bractée (Plantefol,Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 477).
MÉD. Fièvre solitaire. Dans la classification des fièvres paludéennes de Torti, accès pernicieux dont la gravité résulte de la continuité ou de l'acuité des symptômes ordinaires (d'apr. Garnier-Del. 1958; dict. xxes.).
II. − Substantif
A. − [À propos d'une pers.]
1.
a) Au masc. Religieux qui vit seul dans une cellule, un ermitage ou dans tout autre lieu retiré. Synon. anachorète, ermite.Voilà bien longtemps que nous cherchons ta demeure, et que nous demandons partout: Où est-il donc, ce bon saint Antoine, ce fameux solitaire? (Flaub.,Tentation, 1849, p. 249).Tel solitaire de la Thébaïde au troisième siècle fut assailli lui aussi [comme l'instituteur isolé dans la campagne], dans son ermitage par toutes les grandes idées qui s'élaboraient dans Alexandrie, par les hérésies, par les philosophies, les sagesses et les démences (Barrès,Cahiers, t. 8, 1910, p. 42).V. ascète ex. 3.
b) En partic., le plus souvent au plur. Solitaires (de Port-Royal). Personnes qui, au xviies., abandonnèrent leurs activités pour se retirer à l'abbaye de Port-Royal des Champs. On rapporte que de tous les solitaires de Port-Royal, il n'en était aucun dont il [Nicole] recherchât plus l'entretien que M. Hamon, et qu'ils causaient ensemble surtout de morale, des Proverbes et de la Sagesse (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 4, 1859, p. 352).V. claustré ex.
c) P. ext. Celui/celle qui vit complètement retiré(e). J'ai connu deux solitaires: un homme et une femme. La femme doit être encore vivante. Elle habitait, il y a cinq ans, une ruine au sommet d'un mont absolument désert sur la côte de Corse, à quinze ou vingt kilomètres de toute maison. Elle vivait là avec une bonne; j'allai la voir. Elle avait été certainement une femme du monde distinguée (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Ermite, 1886, p. 1052).
2.
a) Celui/celle qui vit seul(e), le plus souvent durablement, volontairement ou non. Ces femmes [les nouvelles célibataires] sont des mutantes, en quelque sorte! Pas si vite. Tout dans la vie de la solitaire n'est pas rose. Le fisc est gourmand. Le cafard ne passe pas toujours son chemin (L'Est Républicain, 5 nov. 1987, p. 25, col. 5):
2. Paisiblement, par les détours de la somnolence, le vin conduisait le vieux solitaire aux portes des casernes enchantées où la vraisemblance n'avait plus cours. Au matin, lorsqu'il se réveillerait, la bouche pâteuse, tout serait rentré dans l'ordre. Au matin seulement... A. Hardelet,Le Seuil du jardin, 1966, p. 21.
Loc. adv. En solitaire. Seul, à l'écart des autres. Mon cher George, quoique vous viviez maintenant en solitaire, ne manquez pas de venir à mon bal; je le donne exprès pour vous (Ponsard,Honn. et argent, 1853, iv, 3, p. 86).
b) Celui/celle qui accomplit quelque chose seul(e), volontairement ou non. On voit [dans la peinture française] un travail de solitaires, des indépendances occupées d'une pensée exclusive, sans communication entre elles, n'ayant souci que de s'exprimer chacune à leur façon (Gillet,Art fr., 1938, p. 42).À force de tout combiner, de tout prévoir, les types [qui vont faire un mauvais coup] finissent par faire des gaffes qui n'ont l'air de rien, qui sont énormes. Sans quoi les solitaires ne seraient jamais pris (Bernanos,Mauv. rêve, 1948, p. 982).V. infra ex. du Figaro.
Loc. adv., SPORTS. En solitaire. Sans être accompagné. Escalade, alpinisme en solitaire. Le premier alpiniste qui fit une ascension en solitaire semble avoir été le roi Pierre II d'Aragon qui, vers les années 1280, escalada le Canigou, dans les Pyrénées-Orientales (Gautrat1970).
Course, tour du monde, transat en solitaire. Compétition en haute mer où le navigateur ou skipper est seul sur son bateau. Ils étaient toute une bande installés devant la télé, ils étaient en train de s'engueuler pour savoir s'il fallait regarder une finale de tennis ou l'arrivée de la Transat en solitaire (Ph. Djian, 37,2 ole matin, Paris, J'ai lu, 1986 [1985], p. 276).P. ell., subst. fém. Les estivants qui séjournent en Bretagne vont avoir tout loisir d'admirer les solitaires dans leurs œuvres: à 14 heures, le départ de la troisième étape de la vingtième Solitaire sera donné devant la plage de Larmor (Le Figaro, 5-6 août 1989, p. 11, col. 1).
B. − Au masc. [À propos d'un animal]
1. CHASSE. Mâle (sanglier, cerf, éléphant...) généralement âgé, qui se sépare de la compagnie à certaines époques ou définitivement. Dès l'aurore, il fut debout pour reconnaître où le solitaire s'était baugé (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Coq chanta, 1882, p. 810).On ne les voit pas [les éléphants dans les herbes]. Mais on entend très bien leur digestion, les borborygmes du ventre. Ce sont les vieux solitaires que l'on piste et que l'on traque qui sont le plus dangereux (Cendrars,Homme foudr., 1945, p. 64).
2. ORNITH. Grand oiseau des îles Mascaraignes exterminé au xviiies. [Les portraits de Dodos par les Hollandais] prouvèrent non seulement la présence passée de l'oiseau sur [l'île] Maurice, mais également celle de ses cousins, le « Dronte » (...) et le « Solitaire », tous deux plus minces et plus élancés que le Dodo de Maurice, mais originaires, on le pense, de la Réunion et de Rodriguez (Chr. Zuber, Caméra au poing, Du Kenya aux Seychelles, 1969, p. 105).
C. − [À propos de choses]
1. JEUX. Jeu se jouant seul, composé d'une tablette percée de trous disposés dans un ordre déterminé et dans lesquels se logent des fiches que le joueur déplace selon certaines combinaisons. On peut considérer le jeu du solitaire comme un véritable exercice de patience, et les délices qu'il procure présentent une certaine analogie avec les jouissances du casse-tête chinois (D'Allemagne,Récr. et passe-temps, 1904, p. 153).
2. JOAILL. Diamant monté seul, le plus souvent en bague. L'abbé Baldini, à ces mots, avança la main et fit briller au médius un solitaire dont l'eau, la grosseur, les feux annonçaient la valeur (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 787).
Prononc. et Orth.: [sɔlitε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « qui est seul, qui vit dans la solitude » simple et solitaire (Sermons St Grégoire sur Ézéchiel, 36, 40 ds T.-L.); 2. ca 1200 « où l'on est seul, sans compagnon » vie solitaire (Dialogue Grégoire, 142, 21, ibid.); 1805 plaisir solitaire « masturbation » (Cuvier, Anat. comp., t. 5, p. 57); 3. 1546 « qui pousse à vivre solitaire » (Est.); 4. 1285 « situé à l'écart, en pleine solitude » lieus ... solitaires (Rutebeuf, Vie de Ste Marie l'Égyptienne, 703-704 ds Œuvres compl., éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 41); 5. a) 1701 archit. colonne solitaire (Fur.); b) 1803 « qui se présente seul de son espèce, qui n'est pas accompagné d'autres spécimens de son espèce » le palmier solitaire (Chateaubr., Génie, t. 1, p. 539); 6. a) 1759 ver solitaire (Rich.); b) 1839 zool. « animal qui vit isolé » le nycticorax solitaire (E. de Guérin, Lettres, p. 319); 7. 1805 bot. (Lunier, Dict. des sc. et des arts, t. 3, p. 341); 8. 1933 fièvre solitaire (Lar. 20e). B. Subst. 1. a) ca 1200 « anachorète, religieux qui vit seul, dans un lieu retiré » uns solitaires de grande vertut (Dialogue Grégoire, 233, 22 ds T.-L.); en partic. 1680 « tout homme qui vit retiré » (Rich.: les illustres solitaires de Port-roial); b) 1764 ornith. (Valm. t. 3, p. 282); c) 1834 « vieux sanglier qui vit isolé » (Baudr. Chasses); 2. a) 1752 jeux (Trév.); b) 1798 joaill. (Ac.). Empr. au lat. class.solitarius « isolé, solitaire », dér. de solus, v. seul; en a. et m. fr. existaient aussi soltain « id. », ca 1160 (Enéas, 2142 ds T.-L.), sostain 1176 (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 5496), soutain 1181-90 (Id., Perceval, éd. F. Lecoy, 75), lat. pop. *sōlitānus, du b. lat. sōlitāneus « séparé, isolé » et sultif « id. », déb. xiies. (Psautier Cambridge, 101, 7 ds T.-L., s.v. soutif), de même étymol., avec infl. de soutif « adroit, ingénieux », autre forme de soutil, v. subtil, une action adroite pouvant être une action secrète. Fréq. abs. littér.: 3 871. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 704, b) 5 064; xxes.: a) 4 898, b) 4 228.
DÉR. 1.
Solitairement, adv.a) [S'agissant de pers.] α) Tout seul, sans compagnie. Elle était seule, car elle souriait comme on sourit quand on pense solitairement à quelque chose de triste et de doux, et non comme on sourit quand on est regardée (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Portrait, 1888, p. 629).Les rêves que j'avais promenés solitairement du côté de Méséglise (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 711). β) [S'agissant de deux ou de plusieurs pers.] Sans témoin ou sans personne d'autre. La cour part pour Fontainebleau (...) On y sera d'abord solitairement pendant une quinzaine de jours. Puis on dit qu'il y aura des invitations (Mérimée,Lettres ctessede Montijo, t. 2, 1861, p. 186).Mon Dieu, comme j'ai envie de te voir! et de causer avec toi, solitairement, et longuement (Flaub.,Corresp., 1879, p. 186). γ) À l'écart des autres, sans compagnon de vie, volontairement ou non. J'ai toujours beaucoup admiré ces bons gaillards [les moines] qui vivaient solitairement, soit dans l'ivrognerie ou dans le mysticisme (Flaub.,Corresp., 1853, p. 397).C'est à peine si on savait où était située cette chambre, cette chambre où s'écoulait solitairement toute cette pauvre vie (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Soir print., 1881, p. 307). δ) [S'agissant de la manière d'être ou d'agir] En dehors des autres ou contre eux. Nul ne peut fixement et solitairement considérer ce qui existe (Valéry,Variété IV, 1938, p. 69).Toute différence féconde n'est maintenue, contre le hurlement des hommes habitués, que par le courage solitaire: mais pour tenir solitairement, il faut s'être fait une foi et des armes éprouvées (Mounier,Traité caract., 1946, p. 590).b) α) [S'agissant d'un animal] À l'écart de ses semblables. Les grands oiseaux tristes de la haute montagne qui planent solitairement au-dessus des précipices, comme l'aigle (Ramuz,Derborence, 1934, p. 156). β) [S'agissant d'un élément de la nature ou d'une chose concr. ou abstr.] Seul de son espèce. Ferrare s'élève solitairement au milieu d'un pays plat plus riche que pittoresque (Gautier,Italia, 1852, p. 312).Au centre de la clairière, un chêne colossal et miné par les siècles s'élevait solitairement (Feuillet,Sibylle, 1863, p. 67). [sɔlitε ʀmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. fin xiiies. [ms.] « d'une manière solitaire; dans la solitude » (Herman, Bible, B. N. 1444, f o38 r ods Gdf. Compl.), xves. (Monstrel., II, 53 ds Littré); de solitaire, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 70.
2.
Solitarisme, subst. masc.,psych. [À propos des vieillards] ,,Isolement qui relève parfois d'un état démentiel mais qui peut s'accomplir dans la lucidité chez des vieillards blasés: isolement aimable, serein ou indulgent, ou misanthropie hargneuse, égocentrique, avare, menant à la claustration`` (March. 1970). Léonardi a fait pitié par moments, notamment, quand, d'une phrase il a défini sa solitude: « son solitarisme » comme préciseront les psychiatres (France-Soir, 19 févr. 1975, p. 5, col. 2). [sɔlitaʀism̭]. 1reattest. 1968 pathol. (Lar. Suppl.); dér. sav. de solitaire, suff. -isme*.
BBG.Keller (L.). Solo e pensoso, seul et pensif, solitaire et pensif,... St. fr. 1973, t. 17, pp. 3-14. − Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Paris, 1977, pp. 159-160, 162-164.