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SI2, adv.
I. − [Morphème de compar. exprimant un rapport d'égalité ou le degré d'intensité]
A. − [Dans une phrase positive]
1. [Exprime le haut degré d'intensité; la commutation avec aussi est exclue] Synon. tellement.
a) [Fréq. dans une phrase exclam., en partic. introd. par un présentatif] C'est si bon de sentir qqn près de soi. Henri lui sourit: − Écoute, il est tard et nous sommes tous les deux un peu crevés. Mais sortons ensemble un de ces soirs, et tâchons d'avoir une vraie conversation; il y a si longtemps que ça ne nous est pas arrivé! (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 469).
b) [Dans une phrase complexe] Cette fraternité mystérieuse, au long de ma vie si peu gaie, à certaines heures si bouleversée, m'a exaltée et soutenue (Montherl., J. filles, 1936, p. 922).Les touristes (...) s'arrêtent devant la charmante église de la place de Joinville, si florentine de ton (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 21).
[L'élém. modifié par si est opposé à un autre élém.] Ses yeux, si clairs d'habitude, étaient devenus foncés de colère (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 586):
1. L'idée de lever les yeux sur elle était un trait d'audace. À la voir si calme, quand je ne l'étais plus, à la trouver si parfaitement jolie, tandis que j'avais tant de motifs pour me déplaire avec ma tenue de collège (...), j'éprouvais je ne sais quel sentiment subalterne, comprimé, humiliant... Fromentin, Dominique, 1863, p. 85.
[La prop. modifiée par si a une valeur causale ou justificative] Mais il se pourrait bien qu'elle l'ignorât encore; elle est si naturelle avec lui (Gide, Journal, 1905, p. 151).Et puis vous savez, je les sentais si nerveux, si pressés... Ils m'auraient peut-être envoyé promener (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 19).Il me semble que j'allais mourir, si dur fut le déchirement (Green, Mille chemins ouverts, p. 230 ds Grev. 1980, § 2649, p. 1350).
Rem. Si adv. d'intensité modifie un adj. ou un adv. (ou bien un part.); il est exceptionnel avec un verbe ou un syntagme prép.: Comment se peut-il que je sois un être si sensible et si vulnérable, et à la fois si à l'abri des assauts des importuns, si possédant son bonheur et sa tranquillité (Ponge, Parti pris, 1942, p. 30).
2. Rare. [Exprime un rapport de compar. (implique une prop. sous-entendue du type... que je le constate, ... que cela vient de se passer); la commutation avec aussi est possible] Je ne puis étudier sérieusement [le piano], tant que mon poignet reste si douloureux et si raide (Gide, Journal, 1914, p. 418).Il songea brusquement à Jenny, et s'étonna de l'avoir, depuis une heure, si facilement, si totalement oubliée (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 638).
[L'élém. de réf. est ce qui a été dit précédemment] Au sortir d'une crise si violente, après un si grand bouleversement et une tension si prolongée des esprits, la littérature s'est faite bien différente de ce qu'elle fut (Valéry, Variété IV, 1938, p. 11):
2. Emportés par leur existence torrentueuse ils [les hommes d'argent] ne sont ni époux, ni pères, ni amants (...). À de si terribles dépenses de forces intellectuelles, à des contractions morales si multipliées, ils opposent non pas le plaisir, il est trop pâle et ne produit aucun contraste, mais la débauche... Balzac, Fille yeux d'or, 1835, p. 331.
B. − [Dans une phrase nég., exprime la compar. d'égalité, en concurrence avec aussi]
1. Rare, vieilli. [La prop. nie un rapport d'égalité] Les faits ne sont pas si complaisants que les idées (Delécluze, Journal, 1827, p. 418).Trois grands aigles volaient à moitié hauteur du rocher et ne paraissaient pas si gros que des corbeaux (Fromentin, Été Sahara, 1857, p. 61).
2. [La prop. nie un degré d'intensité élevé]
[La prop. est suivie d'une sub. en que exprimant une opinion, un jugement] Ça n'est pas si facile que tu crois, que l'on croirait; je ne suis pas si entêté que j'en ai l'air, qu'on le prétend. Mon dieu! Ils ne sont pas si coupables qu'ils le pensent (Renan, Avenir sc., 1890, p. 42).Inutile de vous inquiéter pour Anthelme: l'événement n'est pas si proche que je l'aurais cru, le médecin n'attend rien avant la semaine prochaine (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1372).
[La prop. est suivie de que ça, que cela] Le métier de commerçant n'est pas si rose que ça (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 29).Le canal s'étire le long de la voie, Moûlu dit: « Finalement, c'est pas si détruit que ça. » (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 277).
Si peu que ce soit. Le gamin accourt, les yeux déjà brillants du plaisir qu'il aura de faire quelque chose d'imprévu − si peu que ce soit (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p. 97).
[La prop. n'est pas suivie d'un terme de réf. en que, mais sous-entend une telle prop.: jamais je n'ai été si heureux (que je ne le suis en ce moment); l'idée n'est pas si mauvaise (qu'on aurait pu le croire au premier abord, qu'on le disait, etc.)] Jamais, de sa vie, il n'avait éprouvé de si captivantes félicités (Balzac, Langeais, 1834, p. 347).Elle est pas si mal la mignonne (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 15).Jamais je n'ai tant et si utilement médité (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 136).
3. En partic. [Dans des tours exceptifs] Les ministres ne sont que des gens d'affaires, et ne sont si importants que parce que la terre du gentilhomme leur maître est très considérable (Chamfort, Max. et pens., 1794, p. 77).Elle ne l'embrassait si farouchement que pour avoir des raisons de se taire (Nizan, Conspir., 1938, p. 156).
4. [Type: je ne suis pas si bête! Justifie ce qui a été dit: « Je ne suis pas bête au point de »] Bien entendu, je ne vous demande pas de l'épouser; je ne suis pas si bête (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 64).
C. − [Dans une interr. ou une hypothétique, avec une prop. de compar. sous-entendue: où cours-tu si vite? (que je te vois courir); est-ce si terrible? (que tu le pensais); étais-je si malheureux, alors? (que je le croyais)] Comment avons-nous pu nous tourmenter les uns les autres et nous rendre si malheureux? (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 8):
3. Thérèse s'interroge: « Étais-je si heureuse? Étais-je si candide? Tout ce qui précède mon mariage prend dans mon souvenir cet aspect de pureté (...) ». Mauriac., Th. Desqueyroux, 1927, p. 183.
[La question se termine par que ça, que cela] Tu as si faim que ça? Si elle est si mauvaise que ça tu dois être content d'être débarrassé (Giono, Regain, 1930, p. 213).− Vous êtes si curieux que ça? Alors, lisez-le dans les journaux, comme vous me disiez ce matin (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 222).
II. − [Si dans la prop. princ. établit une corrél. avec une sub.]
A. − [Si annonce une sub. de conséq.: il y a une rel. de cause à effet entre le niveau d'intensité qu'exprime si et le procès de la sub.]
1. [La princ. est positive, la sub. introd. par que est à l'ind.]
a) [Si porte sur un adj. qualificatif, un part. passé empl. comme adj. exprimant un état] C'est si évident qu'il est inutile d'insister; il est si fatigué qu'il devra s'arrêter. [Mouchette] possède (...) une voix charmante, un filet de voix plutôt, si fragile qu'on croit toujours qu'il va se briser (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1266).La coupure du rocher au-dessus de nos têtes jointes était si étroite, et le ciel qui s'y enchâssait si lointain et si calme, que les variations du jour (...) ne parvenaient plus jusqu'à nous (Gracq, Syrtes, 1951, p. 160).
b) [Si porte sur un adv.] Il dormait si profondément que...; il s'est si souvent trompé que... Dorothée est si prodigieusement coquette que le plaisir d'être admirée l'emporte chez elle sur l'orgueil de l'affranchie (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 117).Puis il m'a serré la main qu'il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la retirer (Camus, Étranger, 1942, p. 1126).
Si bien, loc. adv. De manière si satisfaisante ou si complète que, à tel point que... Le mal se cache si bien, le secret est si universellement gardé, que chacun est ici la dupe de tous (Bergson, Deux sources, 1932, p. 4).[Élie était] tellement perdu dans ses paperasses, et si bien reconnu pour « un peu original », qu'il était considéré comme incapable de se gouverner seul (Montherl., Célibataires, 1934, p. 752).
Faire si bien que, loc. verb. Agir de telle manière que, faire en sorte que. Leuwen eut soin de ne pas serrer ses mots et ses lignes, et fit si bien qu'il supprima les sept lignes relatives au général Fari sans qu'il y parût (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 252).
Tant et si bien que. Elle se cramponne en se plaquant de tout son poids, de toutes ses forces, tant et si bien que le pêne en biseau finit par fonctionner de lui-même, pénétrant dans la gâche (Robbe-Grillet, La Maison de rendez-vous, Paris, éd. de Minuit, 1980 [1965], p. 131, coll. Double).
Si peu, loc. adv. [Porte sur un adj., un adv., ou un verbe] C'est si peu crédible que, il y va si peu souvent que. L'eau, par endroits, était si peu profonde que les reins des bêtes émergeaient, se pressaient côte à côte dans un moutonnement confus (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 21).
Si peu de + subst. Anton. de tant de + subst.Les railleries ont si peu de durée que chacun s'empresse d'en tirer toute la fleur (Balzac, Langeais, 1834, p. 247).
c) [Si porte sur l'élém. nom. d'une loc. verb.] J'ai si faim que...; j'ai eu si peur que... Tout cela, aujourd'hui, me fait si mal que je ne trouve plus les mots pour te dire ce que j'ai décidé (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 132).
Rem. Après une princ. affirm., que n'introd. pas, en principe, de groupe inf. Cf. cependant: Que vous soyez si mal luné que de persister dans votre projet maniaque et de vous entêter à me farcir la cervelle avec votre espagnole, je vous déclare sournois, libertin (Audiberti, Mal court, 1947, II, p. 177).
2. [La princ. est nég.; ce qui est nié, c'est que le niveau d'intensité soit capable de provoquer le procès de la sub.]
a) [La sub. est introd. par que (le verbe est gén. au subj.)]
[La sub. est affirm.] Le procès Zola n'a pas si bien réussi qu'on doive avoir envie de recommencer dans des conditions pires (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 243).
[La sub. est nég. (elle comporte le morphème nég. ne)] L'écart n'est pas si grand qu'il ne puisse être comblé. Cependant, le changement de leur physionomie n'avait pas été si prompt que je n'eusse surpris dans les traits de ma mère une expression mélangée de cupidité et d'insistance, et dans le regard de mon père une sorte de vacillement (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 172).Elle ne s'était pas reprise si vite, que Justin n'eût été blessé par ce vous inconscient (Arland, Ordre, 1929, p. 460).
b) Littér. [La sub. est une prop. inf. introd. par (que) de] Mais la joie d'une si hautaine victoire − n'est pas si douce encore, n'est pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d'être vaincu sans bataille (Gide, Tentative amour., 1893, p. 72).Je ne suis pas si sot de pleurer après mon enfance non plus qu'après l'enfance du monde (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 28).Aussi n'étions-nous pas si légers d'escompter du conflit déclaré où l'on nous engageait quelques occasions de franchise (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 15).
3. [La princ. est une interr., suivie d'une sub. au subj.; le tour incite à une réponse nég.] Le cas est-il si désespéré qu'on doive renoncer? Cet univers est-il si gai par lui-même, qu'il faille encore ajouter par notre spectacle à ses drames et à ses angoisses? (Le Monde, 12 sept. 1972ds S. Allaire, Le Modèle synt. des syst. corrél., 1982, p. 110).
Rem. Si et tant sont en distribution compl. Tant est exclu avec les constituants que modifie si (adj., adv.). Inversement si ne peut modifier un verbe, rôle dévolu à tant (il lit tant, il a tant lu... que), ou le groupe nom. précédé de de (il s'est donné tant de peine... que). En revanche, si est commutable avec tellement qui, lui, ne connaît pas de spécificités distributionnelles.
B. − [Si adj. ou adv. est la base d'une prop. concess.; la prop. concess. signifie que le procès qu'elle décrit n'a pas atteint un niveau tel qu'il puisse empêcher la réalisation du procès de la princ.]
1. [Type: si + adj. ou adv. + que... (le tour est possible également avec aussi, quelque, tout)]
a) [Le verbe est au subj.] Si tranquille que j'aie été à la surface, moi aussi j'ai été ravagé et, faut-il le dire, je le suis encore quelquefois (Flaub., Corresp., 1857, p. 194).Il me fallait non seulement l'aimer [Silbermann], mais prendre son parti contre tous, si difficile et si ingrate que fût l'entreprise (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 69).Si mal que je le dise, je traduis à peu près ma peine de malade (J. Bousquet, Trad. du sil., 1935, p. 9).
[La princ. comporte souvent un adv. de sens concess.] Si dur, si triste, si pénible que soit l'isolement, il flatte néanmoins notre instinct d'antivasselage (Amiel, Journal, 1866, p. 442).Si longtemps que ça ait duré, on a pourtant touché le bout (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 309):
4. Mais, si désireux que je fusse de rétablir la confiance anglaise, je ne pouvais cependant engager encore les divisions françaises en voie de réunion, sans être fixé davantage sur les véritables intentions de l'ennemi. Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 51.
b) [Except. le verbe est à l'ind.] Si cruels qu'ils pourront être [les conflits à venir], leur bêtise fera pâlir leur cruauté (Valéry, Œuvres, t. 1, Lettre sur la Société des Esprits, 1980 [1933], p. 1145).
Rem. On trouve parfois pour si + adj. + que: Pour si pauvre que pouvait être M. Joseph, il ne manquait pas d'endroits, disait-on, où il aurait pu se loger plus à son aise (Giono, Le Moulin de Pologne, p. 9 ds Grev. 1980, § 2673, p. 1363). V. pour III C 2 ex. de J. Bousquet et de Cendrars.
2. [Type; si + adj. ou adv., sans que, mais avec invers. du suj.] J'ai le sentiment très net que cette hypothèse, si étrange soit-elle, peut permettre de mieux saisir ce qu'est l'histoire (G. Marcel,Journal, 1918, p. 136).Si jolie fût-elle, la midinette qu'une entremetteuse m'eût artificiellement procurée n'eût nullement pu se substituer pour moi à celle qui, la taille dégin-gandée, passait en ce moment (Proust, Prisonn., 1922, p. 171).Si précieux me soit leur suffrage, j'ai d'ailleurs eu plus d'ambition que de leur servir de porte-parole (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 10).
III. − Si bien que, loc. conj. [Introd. une prop. sub. de conséquence, toujours à l'ind.] Pourquoi, quand je suis à Paris, est-ce que je passe tout mon temps chez toi, quoique tu en dises, si bien que j'ai cessé à cause de cela de voir bien du monde? (Flaub., Corresp., 1854, p. 57).La maison de bois frissonnait du sol à la cheminée et semblait osciller sur sa base, si bien que ses habitants, entendant les mugissements et les clameurs aiguës du vent, sentant tout autour d'eux l'ébranlement de son choc, souffraient en vérité de presque toute l'horreur de la tempête (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 227).
Prononc. et Orth.: [si]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Marque l'enchaînement, l'articulation des membres d'un énoncé 1. adv. de reprise, introd. une régissante après une circ. 842 une compar. (Serments de Strasbourg ds Henry Chrestomathie, p. 2, 4: d'ist di in avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo); 937-952 une temp. (Jonas, éd. G. de Poerck, 172: co videbat [...] qe cum gentes venirent ad fidem si astreient li Iudei perdut); fin xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 398: En pas que209l vidren li custod, Si s'espauriren de pavor); ca 1050 une hyp. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 100: Se lui'n remaint [de l'aumône] sil rent as poverins; 152); ca 1150 une concess. (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 1338: s'ai ore mez granz sollers de vache et ma gonelle et mes conroiz si gastes, Si ai ge non Guillelme Fierebrace); 2. articule deux membres d'un énoncé, marquant a) 881 une succession log. « aussi, c'est pourquoi » (Ste Eulalie, 24 ds Henry Chrestomathie, p. 3: Volt lo seule lazsier si ruouet Krist); 2emoit. xes. (St Léger, éd. J. Linskill, 66: Por ciel tiel duol rova's clergier [Ewruins] Si s'en intrat in un mostier); fin xes. (Passion, 416: Dunc reconnossent lo senior, Si l'adorent cum redemptor); b) 2emoit. xes. succession chronol. (St Léger, 201: Garda, si vid grand claritet; 206: Torne s'als altres, , si lor dist); fin xes. (Passion, 394; 402; 467); c) α) marque la conformité « de même, pareillement » ca 1050 le rappel du verbe de la prop. précédente est assuré par faire (St Alexis, 147: Del duel s'asist la medre jus a terre; Si fist la spuse danz Alexis a certes; 207); ca 1100 le verbe de la prop. précédente est repris (Roland, éd. J. Bédier, 1328: Trenchet le cors e la cheveleüre, Si li trenchat les oilz e la faiture); β) marque la manière ca 1165 le verbe estre est repris (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 15283: Dut bien la dame estre esfrëee; Si fu ele); 1176-81 le verbe est rappelé par faire (Chrétien de Troyes, Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 5195: Por mon seignor Gauvain l'estuet auques esjoïr, si fet ele); d) ca 1050 marque une oppos. « et cependant » (St Alexis, 395: Tant l'ai vedud [Alexis], si nel poi aviser; 579); ca 1100 (Roland, 1596: Enceis nel vit [Rollant] sil recunut); e) ca 1100 marque une conséq. (Roland, 598: Dunc perdreit Carles le destre braz, Si remeiendreint les merveilleuses oz). II. A. Compar. 1. en corrél. avec cum(e), introd. une compar. a) 842 expr. de la conformité (Serments de Strasbourg, op. cit., p. 2, 5: si salvarai eo cist meon fradre Karlo [...] si cum om per dreit son fradra salvar dift); 937-952 (Jonas, 168: si cum dist e le evangelio) fin 'xes. (Passion, 27); b) ca 1050 expr. de l'égalité (St Alexis, 536: Unches en Rome nen out si grant ledice Cum out le jurn as povres ed as riches Pur cel saint cors [d'Alexis] qu'il unt en lur bailie); 2. adv. compar. d'égalité, le second terme de la compar. n'est pas exprimé ca 1050 (ibid., 8: Bons fut li secles; ja mais n'ert si vailant); ca 1100 (Roland, 250: Vos n'irez pas uan de mei si luign; 599). B. Manière 937-952 « ainsi, de cette manière » qualifie un verbe (Jonas, 6: scio enim ego [...] quoniam propter me si est venude cise tempestes); fin xes. (Passion, 187: Ensobre tot si l'escarnissent: ,,Di nos [...]``); ca 1050 (St Alexis, 16). C. Intensité, degré 1. 2emoit. xes. qualifie un adj. (St Léger, 10: aanz Que li suos corps susting si granz); ca 1050 (St Alexis, 608); 2. id. dans une exclam.; qualifie un adv. (ibid., 109: si pou vus ai oüt!); id. un adj. (ibid., 409: Si grant dolur). D. Conséq. terme d'appel annonçant une conséc. 1. intro. par que a) fin xes. si + adj. (Passion, 126: Si fort sudor dunques suded [Jesus], Que cum lo sags a terra current De sa sudor las sanctas gutes); ca 1050 (St Alexis, 110); b) fin xes. si + verbe (Passion, 375: Par soa mort si l'a vencut [Jesus, Satanam] Que contra omne non a vertud); ca 1050 (St Alexis, 137; 166); 2. id. le subordonnant que n'est pas exprimé (ibid., 116: Si at li emfes sa tendra carn mudede Nel reconurent li dui sergant sum pedre; 148). E. Concess; 1. 1180-90 en corrél. avec com(e) introd. une concess.; mode ind. (Alexandre de Paris, Alexandre, III, 5885 ds Elliott Monographs, XXXVII, p. 275: Si navrés com il iert, ens el champ les conduit); 2. déb. xiiies. en corrél. avec que; mode subj. (Chastoiement d'un père à son fils, éd. A. Hilka et W. Söderhjelm, version A, 4490). De l'adv. lat. sic issu de si [anc. sei] + particule déictique -c(e) « ainsi, de cette manière ». De ce sens sont issus différents empl., notamment: réponse affirm., d'abord avec reprise du verbe sur lequel porte l'interr., puis l'adv. empl. seul (Térence, Phormio, 316: [ais] Phaniam relictam solam?Sic; 813) [III 3]; expr. d'une prière, d'un souhait dans la lang. poét. (Ern.-Th., § 258) dont l'accomplissement est soumis à une condition exprimée dans la prop. suiv.; mode subj. (Virgile, Buc., IX, 31-32; Horace, Odes, I, III, 1: Sic te diva potens Cypri, Sic fratres Helenae [...] Ventorumque regat pater [...], Navis [...]; Reddas incolumen); le même fait s'observe en a. fr. [III 2, cf. Ph. Ménard, Manuel du fr. du Moy. Âge, 1976, § 197, rem. 2]; après une prop. part. équivalant à une temp., sic, placé en tête de la princ., marque une transition « alors, ensuite » (Virgile, Aen., I, 225: cum Juppiter aethere summo Despiciens mare velivolum... sic vertice caeli Constitit); apparu dans la lang. poét., cet empl. se répand à basse époque dans la lang. vulg., sic servant à introd. la princ. après une prop. temp. (ives., Chiron, Mulomed., 452: Cum avide bibit [sic] pleno ventre aqua, sic dolorem patiuntur; fin ives. Peregr. Aether., 37, 4, v. Löfstedt, p. 231) [I 1]; parallèlement, sic est relevé dans des textes où il marque une simple suite dans le temps « là-dessus, puis » (ives., Filastrius, 127, 1: prius propheta legatur et apostolus et sic evangelium [cf. I 2]; Vään., § 369; Blaise Lat. chrét.). Bbg. Allaire (S.). « Ce n'est pas si grave »: si compar. ou si intensif? Regards sur un probl. d'ambiguité. Z. fr. Spr. Lit. 1989, t. 49, n o1, p. 1-35; Le Modèle syntaxique des syst. corrél. Lille, 1982, 601 p. − Gama (N. V. de). Cf. bbg. si1. − Hasselrot (B.). La Constr. si grand qu'il soit et ses concurrents dans le fr. contemp. R. Ling. rom. 1970, t. 34, pp. 39-47. − Imbs Prop. 1956, pp. 48-49, 66-68, 120-133, 426-438. − Jonas (P.). Si et aussi dans les syst. comp. d'égalité niée à deux termes en fr. contemp. R. Ling. rom. 1973, t. 37, pp. 292-341. − Lehmann (G.). L'Empl. mod. de l'adv. fr. tellement comp. à celui de si et du tant d'intensité. Lund, 1959, 30 p. − Plantin (Ch.). La Genèse discursive de l'intens.: le cas du si intensif. Langages. 1985, n o80, pp. 35-54. _ Rouveret (A.). Les Consécutives. Ling. Investig. 1977, t. 1, pp. 197-234. − Wartburg (W. von). Si und sic. Mél. Frings (Th). Berlin, 1956, pp. 264-282.