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SENSITIF, -IVE, adj.
A. − Vieilli
1. Qui se rapporte aux sens, qui concerne la sensation, la sensibilité. La faculté sensitive est douée de cinq organes principaux, qui sont ceux de la vue, de la respiration, de la soif, du toucher et du goût (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 262).C'est toujours une invisible croyance qui soutient l'édifice de notre monde sensitif, et privé de quoi il chancelle (Proust, Fugit., 1922, p. 445).
Dans la philos. scolast. Âme sensitive. Principe de sensation, principe de la sensibilité. Dès l'origine des choses l'architecte du monde n'accorda qu'une ame sensitive aux animaux; il nous donna de plus une ame intelligente (Dusaulx, Voy. Barège, t. 2, 1796, p. 199).Qu'il y ait une âme sensitive et une âme raisonnable exerçant leurs fonctions ou leurs facultés chacune à part, comme elles sont intimement unies tant que l'homme vit, il est impossible que leurs produits communs ou séparés n'affectent pas simultanément le même homme; il est impossible que la sensibilité ne soit pas éclairée, modifiée plus ou moins par l'intelligence (Maine de Biran, Journal, 1821, p. 342).
En partic. Formé de sensations. Opérations sensitives et intellectuelles. Si (...) le signal n'a qu'un pouvoir excitatif dans un degré quelconque, sans aucune valeur déterminée ou déterminable, la mémoire est sensitive (Maine de Biran, Influence habit., 1803, p. 201).Cette donnée expérimentale est plutôt interne qu'externe; elle est empruntée à la conscience et non aux sens; et encore est-il vrai de dire que tout phénomène de conscience suppose un phénomène sensitif, simultané ou antérieur lui-même (Cousin, Hist. philos. XVIIIes., t. 2, 1829, p. 535).
2. Qui est doué de sensibilité, qui a la faculté de sentir, d'éprouver des sensations. Être sensitif. L'homme est incontestablement, des êtres sensitifs qui peuplent notre globe, celui qui éprouve le plus de souffrances. La nature l'a primitivement condamné à la douleur par la nudité de sa peau (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 170).
P. métaph. La présence d'Odette ajoutait, en effet, pour Swann à cette maison ce dont n'était pourvue aucune de celles où il était reçu: une sorte d'appareil sensitif, de réseau nerveux qui se ramifiait dans toutes les pièces et apportait des excitations constantes à son cœur (Proust, Swann, 1913, p. 226).
B. −
1. [En parlant d'une pers.] Qui est doué d'une grande sensibilité, dont la vie affective à une grande importance, qui réagit surtout sur le plan affectif. On devient à force de s'étudier, au lieu de s'endurcir, une sorte d'écorché moral et sensitif, tressaillant à la moindre chose, sans défense, sans enveloppe, tout tressaillant et tout saignant (Goncourt, Journal, 1862, p. 1109).Parmi les nouveaux arrivants de cette année-là, était un petit garçon doux, très timide, très malhabile, un de ces garçons maladifs, sensitifs, à la figure délicate de fille, aussi démunis que des aveugles dès que leur manque l'environnement maternel (Gracq, Beau tén., 1945, p. 54).
Empl. subst. L'auteur me paraît plutôt un sensitif, un rêveur, un musicien, qu'un penseur. Ce qu'il apporte, c'est un mode particulier du sentiment de la nature, l'intimité avec la force mystérieuse d'Isis, l'enthousiasme panthéistique (Amiel, Journal, 1866, p. 59).
2. Spécialement
a) PHYSIOL. Qui transmet les sensations. Les principales branches de ce plexus sont: le nerf musculo-cutané, le médian, le cubital, le radical, le brachial cutané interne, le circonflexe. Ces nerfs participent tous à l'innervation motrice et sensitive des muscles du bras, de l'avant bras et de la main (Quillet Méd.1965, p. 325).
Nerf sensitif. Nerf transformant en influx une stimulation (externe ou interne), capable d'analyser et de transmettre un influx. Synon. afférent.Des variations dans la force de contraction sont obtenues également par voie réflexe, et sont alors conditionnées par l'intensité d'une stimulation afférente, d'une stimulation électrique d'un nerf sensitif par exemple (Piéron, Sensation, 1945, p. 366):
Sur la patte d'une grenouille décérébrée, on place une goutte d'acide; la patte se retire, voilà un réflexe moteur. L'impression produite dans les terminaisons nerveuses de la peau a gagné, par les nerfs sensitifs, la moelle épinière, d'où elle s'est réfléchie dans le nerf moteur de la patte, pour aboutir aux fibres musculaires dont elle a provoqué la contraction. J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 88.
Neurone sensitif. Neurone dont les dendrites forment les fibres nerveuses d'un nerf sensitif. En général, l'arc réflexe est compliqué par la présence des neurones d'association qui s'interposent entre les neurones sensitif et moteur (Carrel, L'Homme, 1935, p. 110).
b) PSYCH. Caractère sensitif, personnalité sensitive. Personnalité pathologique réactionnelle ayant pour caractéristiques essentielles une grande sensibilité aux jugements d'autrui, une incapacité à s'extérioriser, un repliement sur soi-même, un comportement inhibé. Le caractère sensitif peut se décompenser sous la forme d'un délire de relation: toute rencontre avec autrui est vécue sous l'angle de l'agression et de la persécution (Pel.Psych.1976).
Empl. subst. Personne qui a une personnalité sensitive. Il s'agit de sensitifs (...) dont l'attitude paranoïaque est réactionnelle à un complexe d'infériorité (Delay, Psychol. méd., 1953, p. 159).
REM.
Sensitivo-, élém. de compos.représentant l'adj. sensitif, entrant dans la constr. de qq. adj. dans le domaine de la physiol.
Sensitivo-moteur, -trice. -Qui concerne la sensibilité et la motricité, qui relève de la sensibilité et de la motricité. Nerf sensitivo-moteur. Syndromes sensitifs ou sensitivo-moteurs, caractérisés par leur topographie radiculaire, et provoqués par une inflammation des racines rachidiennes dans leur trajet intraméningé (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 244).
Prononc. et Orth.: [sɑ ̃sitif], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1265 « qui a la faculté de recevoir des impressions » ame sensitive (Brunet Latin, Trésor, II, 6, éd. F. J. Carmody, 178); b) 1314 « qui se rapporte aux sens » vertu sensitive (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. Ch. Bos, 128); c) id. « qui transmet les sensations » (Id., ibid., 80); 2. 1587 « doué de sentiment » (La Noue, Disc. polit. et milit., p. 725 ds La Curne), rare jusqu'au xixes.; 1862, août (Goncourt, Journal, p. 1003); 1866, 12 janv. empl. subst. (Amiel, loc. cit.). Empr. au lat. médiév.sensitivus (cf. Albert Le Grand ds Mittellat. W., t. 1, p. 655a, s.v. anima: anima sensitiva; fundamenta vegetativum et sensitivum), dér. du lat. sensus, v. sens. Fréq. abs. littér.: 205. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 682, b) 142; xxes.: a) 176, b) 106.
DÉR.
Sensitivité, subst. fém.,vieilli. Qualité d'une personne sensitive. Je devins peu à peu d'une sensibilité ou plutôt d'une sensitivité si vive que mon âme ressemblait à une plaie vive. Tout ce qui la touchait y produisait des tiraillements de souffrance, des vibrations affreuses et par suite de vrais ravages (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Après, 1893, p. 103).[sɑ ̃sitivite]. 1reattest. 1853 (Champfl., Souffr. profess. Delteil, p. 149); dér. sav. de sensitif, suff. -ité, v. -té. Fréq. abs. littér.: 11.
BBG. − Europäische Schlüsselwörter. II. 1. München, 1964, pp. 152-155. − Gohin 1903, p. 300. − Quem. DDL t. 8 (s.v. sensitivo-moteur).