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SELLE, subst. fém.
A. −
1. Vieilli ou littér. Siège de bois, sans dossier, pour une personne, et comportant trois ou quatre pieds. Gaspard s'assit sur une selle de bois, entre le lit et la fenêtre, − on n'aurait pas trouvé une seule chaise dans cette auberge (Pourrat,Gaspard,1931, p. 236).
Loc., vieilli. (Demeurer/rester) entre deux selles (le cul à terre). N'obtenir aucune des deux choses que l'on convoitait, que l'on espérait. (Être/être assis/demeurer/rester) (le derrière/le cul) entre deux selles. Être dans l'alternative; hésiter entre deux partis à prendre. Prenons garde de nous trouver entre deux selles à terre (Chateaubr.,Corresp., t. 4, 1823, p. 215).Non qu'il fichât les gens dedans! Grand Dieu!... il les y déposait, voilà tout (...). Et quand ils se trouvaient par terre, le derrière entre deux selles, il leur portait des condoléances (Courteline,Ronds-de-cuir,1893, p. 74).
2. [De nos jours] Synon. de sellette (v. ce mot A 4 p. ext.).Entre chaque colonne, une selle élégante de bois de cèdre peint et doré soutenait sur sa plate-forme une coupe de bronze remplie d'huile parfumée, où les mèches de coton puisaient une clarté odorante (Gautier,Rom. momie,1858, p. 230).
3. MAR., vx. Selle à calfat. Escabeau sur lequel le calfat est assis et qui contient ses outils. (Dict. xixeet xxes.).
4.
a) Synon. de chaise* percée, garde-robe.
b) [De nos jours] Aller à la selle. Évacuer les matières fécales. La dame (...) ajouta (...) qu'elle faisait à présent « des vents en allant à la selle, que c'était comme un vrai feu d'artifice... Qu'à cause de ses nouvelles selles, toutes très formées, très résistantes, il lui fallait redoubler de précautions... Parfois elles étaient si dures les nouvelles selles merveilleuses, qu'elle en éprouvait un mal affreux au fondement... Des déchirements (...) » (Céline,Voyage,1932, p. 473).
P. méton., le plus souvent au plur. Les matières fécales expulsées. La journée et la nuit se passent sans incidents notables; trois selles légèrement diarrhéiques (Cadet de Gassicourt,Mal. enf., t. 1, 1880, p. 87).La fréquence des constipations fonctionnelles chez la femme qui a la hantise de la selle quotidienne (Quillet Méd.1965, p. 164).Supra ex. de Céline.
B. −
1. Partie du harnais consistant en une pièce incurvée, le plus souvent en cuir, qui, placée sur le dos de la monture, sert de siège au cavalier. Selle arabe; selle de course; selle de chameau, de mulet, d'éléphant; arçon, pommeau de la selle. La selle [des picadores] est très haute par devant et par derrière, et ressemble aux harnais bardés d'acier où s'enchâssaient, pour les tournois, les chevaliers du moyen-âge (Gautier,Tra los montes,1843, p. 77).Dans le vestibule, une selle neuve, des étrivières et des brides garnissaient en évidence deux tréteaux (Adam,Enf. Aust.,1902, p. 445).
Selle anglaise. Selle légère, plate, utilisée pour la promenade. Synon. selle de chasse (v. chasse1). (Dict. xixeet xxes.).
Selle française, demi-royale. Selle de haute-école, sans bourrelet au troussequin et dont les battes sont réduites. Le manège de Versailles avec la prestance des écuyers cavalcadours, les voltes, les demi-voltes et la bonne selle française (Vigny,Mém. inéd.,1863, p. 162).
Absol., p. méton. La selle. La monte. Le train de vie du jeune architecte, deux chevaux à l'écurie, l'un de trait, l'autre pour la selle, le cercle, le monde, les rentrées difficilement faites, tout cela lui ôtait le moyen d'attendre (A. Daudet, Immortel,1888, p. 34).
2. Loc. et expr.
a) Courir à toutes selles. ,,Courir la poste sans avoir une selle à soi et en se servant indifféremment des selles que la poste fournit`` (Ac. 1835, 1878).
b) Courir une ou deux selles. ,,Courir une ou deux postes`` (Ac.).
c) De selle. [En parlant d'une monture; p. oppos. à de bât, de somme, de trait] Qui présente les qualités requises pour être monté; qui sert exclusivement de monture. Cheval, âne de selle. Les chevaux de selle seront requis pour compléter les corps de cavalerie; les chevaux de trait (...) conduiront l'artillerie et les vivres (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 169).Modification aussi dans l'élevage du chameau: celui-ci est spécialement adapté au désert où il joue un grand rôle soit comme animal de bât, soit comme animal de selle (Brunhes,Géogr. hum.,1942, p. 176).
d) En selle. À cheval; assis sur la selle. Monter, se mettre en selle. Il s'écria: « Cette fois, nous avons vu; à cheval! » Ils sautèrent en selle (Pesquidoux,Livre raison,1925, p. 236).
En selle! [Ordre de monter sur sa monture, de se préparer à partir] Synon. à cheval!− Caballeros! En selle, s'il vous plaît! criait le duc. On se levait, on remettait les mentonnières, on serrait la classique couverture sur le coussin, derrière la selle couleur de marron d'Inde, garnie de molleton blanc (Montherl.,Bestiaires,1926, p. 415).
Au fig. (Être) en selle. (Être) en bonne position pour faire quelque chose, (être) prêt à faire quelque chose. Bonne nouvelle, mes enfants, j'entre au Globe (...) me voici en selle! (Estaunié,Empreinte,1896, p. 97).
Être bien en selle. Avoir une bonne assiette, et par conséquent bien tenir à cheval. Au fig. Être affermi dans ses positions. (Dict. xixeet xxes.).
Mettre, remettre qqn en selle. Aider quelqu'un à monter, à remonter sur sa monture. Empl. pronom. On releva Sevilla qui se remit en selle avec une tranquillité parfaite (Gautier,Tra los montes,1843, p. 81).
Au fig.
Aider quelqu'un à se remettre d'aplomb, à s'établir pour réussir; lui faire reprendre ses moyens. Il restitue la grâce du XVIIIe, mais moderne, dit précipitamment Saniette, tonifié et remis en selle par mon amabilité (Proust,Sodome,1922, p. 938):
1. ... il reprend une idée extravagante de lui-même. Je retrouve sur sa lèvre ce sourire triomphant (...). L'insolence fume de lui comme la buée hors d'un cheval en sueur. Quelle folie que remettre en selle les gens de cette espèce! On croit les avoir abattus; on les retrouve plus gaillards que jamais (...) il n'y a qu'un état d'où ils ne puissent se relever, c'est l'état de mort... Montherl.,Malatesta,1946, IV, 4, p. 514.
Remettre en vogue, en vigueur; favoriser quelque chose. Un enseignement spécialisé pourrait (...) permettre à la géographie de se remettre en selle aux côtés de l'économie, dans un monde où les choses sont vues de plus en plus sous l'angle de la croissance économique (Colloque géogr. appl.,1962, p. 105).C'est également à cette époque que M. Prault cherche à remettre en selle l'assemblée permanente des présidents des chambres d'agriculteurs (Debatisse,Révol. silenc.,1963, p. 88).
e) La première selle (vieilli). Chez les Maîtres de poste ,,le meilleur bidet de l'écurie`` (Ac. 1798, 1878).
f) Selle à tous chevaux (vieilli). ,,Selle qu'on peut faire servir à tous chevaux`` (Ac. 1935). Au fig. Selle à tous chevaux (vieilli). Maxime, compliment d'usage, lieu commun que l'on utilise dans toutes sortes de propos; remède à tous maux. Ma clause a cela de bon (...) qu'elle est, selon le dicton français, une selle à tous chevaux (Feuillet,Onesta,1848, p. 356).
3. P. anal. Petit siège, le plus souvent de cuir, d'un cycle ou d'un véhicule à deux roues à moteur. Une bonne selle [de bicyclette] doit être simple de ressorts et être assez dure (Baudry de Saunier,Cycl.,1892, p. 216).C'est vrai? demanda-t-elle en enjambant la selle de la moto (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 332).
En selle. Sur la selle. Un pied sur le trottoir, les fesses en selle, il roule une cigarette avant de donner son coup de pédale (Martin du G.,Vieille Fr.,1933, p. 1069).
4. P. anal.
a) P. anal. de forme, ANAT. Selle (turcique). ,,Dépression osseuse de la face supérieure du sphénoïde, dans laquelle est logée l'hypophyse. L'aspect de son relief rappelle celui d'une selle de cavalier turc (d'où son nom)`` (Man.-Man. Méd. 1980). Le trou rond des singes se trace long-temps avant sa sortie du crâne par un sillon sur la face interne de l'os sphénoïde, près la selle (Cuvier,Anat. comp., t. 2, 1805, p. 51).Il appuie son opinion sur ce fait que, à l'autopsie des cas suraigus, les lésions méningées sont limitées aux régions de l'hypophyse et de la selle turcique (Dopter dsNouv. Traité Méd. fasc. 11926, p. 418).
b) P. anal. de situation, ART CULIN. ,,Quartier postérieur de l'agneau, du mouton, du veau, du chevreuil, allant des côtes aux gigots`` (Ac. gastr. 1962). P. méton. Plat correspondant. On servait les relevés, une carpe du Rhin à la Chambord et une selle de chevreuil à l'anglaise (Zola,Nana,1880, p. 1174):
2. À deux pas du Savoy, Simpson's, grande gare de la bouche, (...) avec ses vieux écuyers tranchants à toque blanche, qui (...) soulèvent un dôme métallique grand comme la coupole de Saint-Paul, sous lequel fume le joint, bœuf d'Écosse, ou la selle d'un mouton des South Downs, ou le turbot fumant... Morand,Londres,1933, p. 240.
C. − Banc, support, établi, de forme et de dimensions variables, utilisé dans différents métiers.
1. CH. DE FER. Pièce de support destinée à empêcher le patin du rail de pénétrer les traverses. Selles de joint; selles intermédiaires. [Le patin du rail] repose sur la traverse soit directement soit par l'intermédiaire d'une plaque de fer ou d'acier appelée selle ou platine (Bricka,Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 299).
2. SCULPT. Socle à trois pieds supportant une tablette pivotante sur laquelle le sculpteur pose son travail. Tout en parlant, elle modelait (...) avec ses doigts, qu'elle essuyait de temps en temps à une petite éponge posée sur la selle de bois soutenant le groupe (A. Daudet, Nabab,1877, p. 18).
3. Vieilli, TECHNOL.
a) Planche avec deux pieds sur laquelle les blanchisseuses battaient et lavaient le linge. La grande table (...) était toute nue, d'une blancheur de selle de lessive (Genevoix,Marcheloup,1934, p. 50).
b)
α) Trépied, support sur lequel on dispose un grand récipient, un cuveau, une bassine. Plus rare encore est le « jour de la lessive » (...) sur une selle à trois pieds, la ménagère place son « cuveau », sous la « coulotte » duquel se trouve la « tinette ». Un fagot de sarments est posé au fond (Menon, Lecotté,Vill. Fr., 2, 1954, p. 55).
β) Billot à trois pieds sur lequel le charron place le moyeu de la roue qu'il travaille; trépied servant à divers emplois et usages. Les garçons (...) n'auraient pas tenu dans la salle, bien qu'il n'y eût là que le lit, quelques pots et seilles et la selle à faire des fourmes (Pourrat,Gaspard,1930, p. 277).
c) Planche inclinée sur laquelle on entasse les feuilles de papier lorsqu'elles ont été soumises à la presse. (Dict. xixeet xxes.).
d) Banc du briquetier sur lequel on coupe les planches de terre pour faire des carreaux (Dict. xixeet xxes.).
e) Banc de bois sur lequel on étend et on ponce les peaux. (Dict. xxes.).
D. − Région. (Midi de la France). Éminence, petite colline. Je me proposais d'aller visiter un canton où je n'étais encore jamais allé. C'était sur une selle de terre un peu haute, en direction de Niozelles où, à diverses reprises, des architectures d'espaces m'avaient attiré (Giono,Chron., Noé, 1947, p. 339).
Prononc. et Orth.: [sεl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. celle (fém. de celui), sel et formes des verbes celer, sceller et seller. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 sele « harnais placé sur le dos du cheval pour recevoir le cavalier » (Roland, éd. J. Bédier, 91, 3450 et 3881); 1565 selle à femme (A. N. KK 135, f o71 v ods Gay); 1606 selle à femme « selle qui n'a qu'un étrier » (Crespin); 1660 selle de femme (Oudin Fr.-Esp.); b) expr. 1594 selle à tous chevaux « selle qu'on peut faire servir à toutes sortes de chevaux » et au fig. « chose qui convient à tout » (Satyre Menippée, 102-103 ds Quem. DDL t. 19); 1606 cheval de selle (Nicot, s.v. cheval); 1740-55 être mal en selle « mal affermi dans une position » (Saint-Simon, Mémoires, éd. Chéruel et Régnier, t. 14, p. 342); 1740-55 remettre qqn en selle « aider quelqu'un à reconquérir ses avantages perdus » (Id., ibid., éd. A. de Boislisle, t. 4, p. 76); id. se remettre en selle « rétablir ses affaires » (Id., ibid., éd. A. de Boislisle, t. 13, p. 297); c) 1679 anat. selle turcique (A. Bourdon, Nouv. description anat., p. 259); d) 1742 « partie d'un mouton qui s'étend de la première côte au gigot » (Marin, Suite des Dons de Comus, t. 1, pp. 357-358); e) 1889 « siège de vélocipède » (Le Cycliste, 3eannée, 1ernov., n o10, p. 298); 2. a) ca 1170 sele « siège de bois sans dossier » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 1485); loc. fig. déb. xiiies. chëoir entre deus sieles « se dit de quelqu'un qui n'obtient aucune des deux choses opposées auxquelles il prétendait » (Sept Sages, éd. J. Misrahi, 3910); apr. 1496, sept. estre assis entre deux selles « être assis dans une position fâcheuse » (Jean Molinet, Faictz et dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 278, 8); b) ca 1225 sele « chaise percée » (Pean Gatineau, St Martin, 5360 ds T.-L.); fin xives. selles « matières fécales » (E. Deschamps, Notable enseignement pour continuer santé en corps d'omme, 74 ds Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 341); ca 1460 aller à la selle « déféquer » (Juvénal des Ursins, Charles VI, 1420 ds Littré); c) xiiies. [date des mss] sele « chaise sur laquelle on fait accoucher les femmes » (Raschi Darm., p. 98); 1318 « escabeau du cordonnier » (doc. d'Amiens ds Fagniez t. 2, p. 38); 1691 « escabeau du calfat, qui contient ses outils » (Ozanam); 1676 « tablette à pivot montée sur un trépied, sur laquelle le sculpteur pose la figure à laquelle il travaille » (Félibien); 1723 « banc de bois sur lequel le parcheminier étend les peaux quand il les ponce » (Savary); 1762 « banc de briquetier sur lequel on coupe les planches de terre pour en faire des carreaux » (Encyclop., Planches, t. 1, Archit., Tuilerie: un banc qu'on nomme selle); 1765 « masse de bois portée sur trois pieds, sur laquelle l'ouvrier place le moyeu d'une roue pour le travailler » (Encyclop.); 1832 selle à tailler « outil de bois dont le tonnelier se sert pour retenir la planche qu'il veut tailler » (Raymond); 1842 « planche inclinée sur laquelle on entasse les feuilles de papier quand elles ont été soumises à la presse » (Ac. Compl.). Du lat. sella « siège, chaise » et à basse époque « selle de cheval ». Fréq. abs. littér.: 726. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 857, b) 1 722; xxes.: a) 1 060, b) 795.
DÉR.
Sellée, subst. fém.,technol. Rangée de piles de carreaux disposés sur la selle (supra C 3 d). (Dict. xixeet xxes.). [sεle], [se-]. 1reattest. 1762 (Encyclop., loc. cit.: la sellée, qui est composée de cinq cents carreaux); de selle au sens de « banc de briquetier sur lequel on coupe les planches de terre pour en faire des carreaux » (1762, ibid.), suff. -ée (*).
BBG. Bloch (O.). La Dialectol. gallo-rom. R. des Cours et Conf. 1935/36, t. 37, pp. 418-420. − Quem. DDL t. 10.