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SEIGNEURIE, subst. fém.
A. − FÉODALITÉ
1. Souveraineté exercée par le seigneur en matière de justice, de gouvernement sur un territoire dont il est détenteur et sur ses habitants auxquels il assure la protection militaire en échange de services et de perception de droits. Des évêques, des chanoines, des abbés possédaient donc des fiefs ou des censives en vertu de leurs fonctions ecclésiastiques; le couvent avait, d'ordinaire, la seigneurie du village sur le territoire duquel il était placé (Tocqueville,Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 94).
P. anal. Seigneurie ecclésiastique. Ailleurs, ce furent des évêques, des abbés qui recueillirent la succession de l'État tombé dans l'impuissance. Telle fut l'origine des seigneuries ecclésiastiques (Bainville,Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 44).
2. Forme d'organisation sociale et territoriale correspondant à cette souveraineté; unité territoriale relevant de cette forme d'organisation. Il avait déjà si solidement organisé le nouvel État insulaire [Chypre] que, sur sa demande, l'empereur Henri VI venait d'ériger cette seigneurie en royaume (Grousset,Croisades,1939, p. 289):
Quatre espèces de propriétés étaient distinguées: 1. Les seigneuries. Ceux qui les possèdent, nobles ou roturiers, ecclésiastiques ou laïques, devaient former la première classe. On divisait en trois autres classes les propriétés ordinaires ou simples, par opposition aux seigneuries. Sieyès,Tiers état,1789, p. 51.
3. Au fig.
a) Domaine abstr., rare.Domination, suprématie, souveraineté exercée. Elles cherchent donc à établir un contact vivant avec ceux qui, hors de leurs rangs, confessent la seigneurie de Jésus-Christ (Philos., Relig., 1957, p. 46-8).
b) Ensemble des vertus chevaleresques que doit, dans l'absolu, posséder le seigneur. Don Juan: Vous savez qu'il était d'un caractère... Dom Mortès: Plein de grandeur et de seigneurie (Dumas père, Don Juan,1836, I, 1ertabl., 4, p. 8).
B. − HIST. Au Moyen Âge, assemblée de ceux qui composaient le gouvernement de certaines villes d'Italie. En l'an 1368ede la glorieuse Incarnation du fils de Dieu, la seigneurie fut composée de quatorze magistrats (...) qui formèrent un grand conseil (France,Puits ste Claire,1895, p. 246).
C. − [Précédé de l'adj. poss.]
1. Votre seigneurie. Titre honorifique, terme d'adresse désignant des personnages revêtus d'une certaine dignité. Attacherai-je la valise de votre seigneurie sur le cheval de votre seigneurie? demanda le garçon d'écurie (Mérimée,Chron. règne Charles IX,1829, p. 37).Que servirai-je à Vos Seigneuries? Ma maison est approvisionnée de tout ce qui peut convenir à des gentilshommes (Gautier,Fracasse,1863, p. 60).
En partic.
Nonce du pape. (Ds Ac. 1798). Qu'on fasse entrer sa seigneurie apostolique (Sand,Lélia, Paris, Calmann-Lévy, 1881 [1839], p. 292).
Pair de France sous la Restauration. Oui, monsieur le comte, reprit-il en se tournant vers le grand-chancelier de la Légion d'Honneur, je dois ma fortune à monsieur Vauquelin. J'ai l'honneur de présenter à Votre Seigneurie monsieur le Président du Tribunal de Commerce. C'est monsieur le comte de Lacépède, pair de France (Balzac,C. Birotteau,1837, p. 204).Je m'embarquais pour Londres, avec un passeport conçu en ces termes: (...) "Laissez passer sa seigneurie le vicomte de Chateaubriand, pair de France, ambassadeur du Roi près Sa Majesté britannique, etc.; etc." (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 248).
Pair d'Angleterre et membre de la Chambre des Lords. Dans quelles mains, milord, Votre Seigneurie m'a-t-elle placé! (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 533).Le gentleman anglais dit « Votre Grâce » au duc de Wellington, lui jette des pierres quand Sa Seigneurie passe (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1832, p. 532).
2. Fam., plais. [Appellatif décerné à quelqu'un que l'on connaît très bien] Je vais commencer après-demain le dernier mouvement de mon avant-dernier chapitre (...) après quoi j'attendrai ta Seigneurie avec impatience (Flaub.,Corresp.,1861, p. 451).Oui − me dit monsieur Bertillon, Prince de l'anthropométrie, En fixant sur ma seigneurie Ses petits yeux d'émerillon (Ponchon,Muse cabaret,1920, p. 257).
REM.
Seigneurerie, subst. fém.,rare. a) [Corresp. à supra A 2] Selon la tradition reçue en Biscaïe, la seigneurerie aurait été gouvernée par la même famille depuis le neuvième siècle jusqu'au quatorzième (Mérimée,Don Pèdre 1er,1848, p. 243).Vous êtes dans la seigneurerie de Tanis (...) et vous en êtes le seigneur (Hugo,Quatre-vingt-treize,1874, p. 88).b) [Corresp. à supra A 3 a] Avais-je reconquis « la seigneurerie de moi-même »? (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 156).
Prononc. et Orth.: [sε ɳ œ ʀi], [se-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) α) Ca 1145 seignorie fig. « autorité, prééminence » (Wace, Conception, éd. W. R. Ashford, 1582); β) 1155 seinnurie « pouvoir, droits du seigneur sur les terres et sur les personnes » (Id., Brut, éd. I. Arnold, 2147); b) 1264 seignorie « droits féodaux d'une terre seigneuriale, indépendamment de la terre elle-même » (Charte de l'église St Lambert, n o281, Arch. de l'État à Liège ds Gdf. Compl.); 2. ca 1165 seignorie « domaine possédé par un seigneur » (Troie, éd. L. Constans, 25018); 3. a) xiiies. ta seng[n]ourie titre d'honneur (Femme chaste, éd. A. Wallensköld, I, 498: Por çou casti ta dingnité, Ta sengourie et ta bonté); 1410-17 voustre seigneurie (Pierre de Beauvau, Troilus ds Nouv. fr. en prose du xives., éd. L. Moland et C. d'Héricault, p. 180: si j'ay offendu voustre noble seigneurie); ca 1485 vostre seigneurie (Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 37952); b) 1579 p. plaisant. (Larivey, Laquais, IV, 5, ds Anc. Théâtre fr., t. 5, p. 85: vostre [...] reverendissime seigneurie). Dér. de seigneur*; suff. -ie*. Fréq. abs. littér.: 490. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 951, b) 1 127; xxes.: a) 219, b) 536. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 417. − Robin (R.). Fief et Seigneurie dans le droit et l'idéol. jur. à la fin du 17es. Ann. hist. de la Révolution fr. 1971, n 4, pp. 559-574; Hist. et ling.: premiers jalons. Lang. fr. 1971, n 9, pp. 48-49.