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SCÉLÉRAT, -ATE, adj. et subst.
I. − Adj. et subst.
A. − Adj., vieilli. [En parlant d'une pers.] Qui a commis ou qui est capable de commettre des crimes, de mauvaises actions. Synon. criminel.Homme scélérat; il est scélérat. L'héroïsme est, je crois, (...) de souffleter le mal et d'envoyer un père scélérat à l'échafaud vengeur! (Mallarmé, Corresp., 1878, p. 181).
P. anal., littér. [En parlant d'un animal] D'une couvée d'oiseau il ne reste à mes pieds qu'une coupelle délicate et tavelée, bien léchée par la bête scélérate [une couleuvre] (Colette, Pays connu, 1949, p. 64).
B. − Substantif
1. Vieilli ou littér. Synon. de bandit, coquin, criminel.C'est un scélérat. Cette inexplicable émotion qui tourmente les consciences pures, qui leur inflige les supplices ressentis par les plus grands scélérats à l'aspect d'un gendarme (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 28).Les équipages de la vénerie s'étaient répandus dans les champs couverts de fruits et dans les jeunes plants de vigne; (...) il fallait crier justice et vengeance contre ces scélérats qui dévastaient les campagnes (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 139).
2. P. ext., fam. [Le plus souvent en apostrophe plus ou moins injurieuse] Personne qui commet des actions condamnables. Synon. bandit, coquin.Il doit trop rire dans la terre, ce vieux scélérat de père Vabre! Je ne le laisserai pas se vanter de m'avoir roulée (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 223).Le petit misérable! criait M. Henriot. Attaquer son frère! Ah! le dévoyé! Ah! sacré... Je n'ai jamais frappé un enfant, mais je saurai bien mater celui-là. Scélérat! (Arland, Ordre, 1929, p. 99).
P. antiphr., gén. en appellatif. [Avec une nuance d'affectueuse indulgence ou tendresse] Personne, enfant espiègle, turbulent. Synon. fripon, polisson.Lorsque je voyais mes petits enfants, élevés dans l'abomination de la désolation de la philosophie, servir et assister avec joie un ami souffrant (...) je me disais que ces petits scélérats avaient plus de raison et de charité que toute cette population de saints et d'apôtres (Sand, Hiver à Majorque, 1842, p. 156).Les gens de cinquante ans (...) c'est dévoué, ça sait qu'une femme se retrouve difficilement, et ils nous apprécient... Voilà pourquoi je t'aime, grand scélérat! (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 190).
II. − Adj., littér. [En parlant d'une chose]
A. − [En parlant d'un élément du corps hum., du comportement ou des actes d'une pers.] Qui traduit des intentions, des sentiments criminels et perfides. Synon. criminel, infâme.Regard, sourire scélérat; acte, complot, projet scélérat; conduite, manœuvre, ruse scélérate. Depuis longtemps (...) cette pensée, assassiner pour régner, était dans Bonaparte (...). De telles actions scélérates ne s'improvisent pas; elles n'arrivent pas du premier coup et d'un seul jet à leur perfection (Hugo, Hist. crime, 1877, p. 89).J'accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d'avoir fait une enquête scélérate, j'entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité (Zola, 1898ds Doc. hist. contemp., p. 60).
HIST. Lois scélérates. V. loi I A 2 b.
B. −
1. [En parlant d'un lieu] Où l'on commet, où l'on a commis des crimes, de mauvaises actions. De certains rochers, de certains ravins, de certains taillis, de certaines claires-voies farouches du soir à travers les arbres, poussent l'homme aux actions folles et atroces. On pourrait presque dire qu'il y a des lieux scélérats (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 21).Une vraie caverne scélérate, du butin entassé depuis des semaines, même du butin inutile, du savon et du cirage, volés pour le plaisir du vol (Zola, Germinal, 1885, p. 1369).
2. [En parlant d'une époque] Pendant laquelle on commet ou on a commis des crimes, de mauvaises actions. Votre cœur fut-il assez dur (...) pour ne pas se fondre en larmes, quand vous vîtes, en cette journée scélérate, les pentes fleuries de la Malena boire le sang florentin? (France, Clio, 1900, p. 121).
REM. 1.
Scélératement, adv.,rare. De façon scélérate. Il tolérait que l'État, dit républicain, de Méline ou de Brisson mit scélératement la main sur la liberté de penser: il s'y résigna en pleurant (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 31).
2.
Scéléré, -ée, adj.,vx, synon. de scélérat. (Ds Guérin 1892).
Prononc. et Orth.: [seleʀa], fém. [-at]. Ac. 1694, 1718: scelerat, -ate; dep. 1740: scélérat, -ate. Étymol. et Hist. 1. a) 1536, 10 déc. adj. scélérat cryme (Papiers d'Etat du card. Granvelle, éd. Ch. Weiss, t. 2, Paris, 1841, p. 503); 1552 Porte scelerate [à Rome] (Rabelais, Quart livre, IX, éd. R. Marichal, p. 65); b) 1610 en parlant d'une personne (P. Coton, Instit. cath., I, p. 735 d'apr. H. Vaganay ds R. Philol. fr. t. 43, p. 132); 2. fin xvies. subst. désigne une personne ([V. Carloix], Mém. de Fr. de Scepeaux de Vieilleville, Paris, Guérin-Delatour, VII, 1, t. 4, 1757, p. 7). Réfection de la forme francisée scéléré (ca 1450, Enguerrand de Monstrelet, Chron., II, 238, éd. L. Douët d'Arcq, t. 5, p. 365; encore relevé par Cotgr. 1611; repris par Huysmans, Foules de Lourdes, p. 240 d'apr. Cressot, Phrase et vocab. Huysmans, 1938, p. 518) empr. au lat. sceleratus « souillé d'un crime, criminel (d'une personne, d'une chose) ». D'apr. FEW t. 11, p. 293b, la réfection serait due à l'infl. de l'ital. scellerato (xiii-xives., Dante, DEI). Fréq. abs. littér.: 645. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 445, b) 1 182; xxes.: a) 1 102, b) 212. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 416. − Militz (H.-M.). Bürger im Frz. Berlin, 1979, pp. 186-187. − Quem. DDL t. 25, 28 (s.v. scélératement).