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* Dans l'article "SATISFAIRE,, verbe trans."
SATISFAIRE, verbe trans.
I. − Empl. trans. dir.
A. − Satisfaire qqn
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Vieilli ou littér. Donner à quelqu'un la réparation absolutoire qu'il attend. [Eugénie] restera dans sa chambre au pain et à l'eau jusqu'à ce qu'elle ait satisfait son père (Balzac,E. Grandet,1834, p. 200).
b) Agir de manière à répondre aux vœux de quelqu'un. Il est difficile de satisfaire tout le monde. Ainsi, mon Toto bien-aimé, rentre en classe avec courage, travaille bien, écris-moi, satisfais ta mère et tes maîtres et pense que je suis à peine un instant sans songer à toi (Hugo,Corresp.,1840, p. 578):
1. ... la question entre nous [Gobseck et Maxime de Trailles] se réduit à savoir si je vous présente des garanties suffisantes pour la somme que je viens vous emprunter (...). Je vais aller chercher quelque chose qui vous satisfera peut-être, s'écria le jeune homme. Balzac, Gobseck,1830, p. 410.
c) Apaiser les besoins, les désirs de quelqu'un, en particulier un désir, une pulsion amoureuse. Daudet lui dit que son amour doit être un peu vieux jeu et satisfaire incomplètement la jeune femme (Goncourt,Journal,1894, p. 538).
d) Satisfaire un créancier. Payer ce qu'on lui doit. Puis, avec le produit de la vente, quatre cent mille francs environ, il parvint à satisfaire les créanciers de Laure, auxquels elle devait à peu près le double (Zola,Curée,1872, p. 465).
e) Répondre aux exigences de logique, de clarté réclamées par quelqu'un. − Monsieur, (...) j'ai passé huit jours à chercher votre nom et votre adresse (...) Je puis vous satisfaire. Monsieur sur le dernier point. J'habite un entresol rue de la Pépinière, 40 (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 2, 1859, p. 195).Un dieu « nécessaire et suffisant », un Dieu qui satisfait Descartes, comme le sien satisfait Bourdaloue (Valéry,Variété IV,1938, p. 232).
2. [Le suj. désigne une chose]
a) Répondre aux vœux de quelqu'un. Je ne doute pas, messieurs, que cette fête ne vous satisfasse et que vous ne vous retiriez tous contents de moi (Chamfort,Caract. et anecd.,1794, p. 130).La jeune reine [Thomyris] (...) se penche (...) pour contempler ce spectacle qui la satisfait et la révolte en même temps (Gautier,Guide Louvre,1872, p. 60).
b) Apaiser, soulager le désir, le besoin de quelqu'un. L'entretien fut court; Olivier parla peu, mais avec une expression qui satisfit Béatrix (Genlis,Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 344).
[Le compl. d'obj. dir. désigne un attribut de la pers.] Satisfaire le cœur, les sens. Nulle connoissance ne remplit et ne satisfait l'âme comme celle de soi-même (Bonstetten,Homme Midi,1824, p. 191).Vous vouliez satisfaire à la fois votre âme et votre chair, votre conscience et votre penchant, votre amour, comme vous dites, et votre ambition (Claudel,Soulier,1944, 1erpart., 2ejournée, 9, p. 1032).
c) Répondre au besoin de logique, de clarté de quelqu'un. Cette explication satisfit le public. Les explications de Monsieur Jean lui-même ne me satisfaisaient pas (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p. 101).J'ai encore usé quinze jours sur le premier chapitre, mais qui me satisfait à présent (Gide,Journal,1907, p. 254).
B. − Satisfaire qqc. (un besoin, un désir)
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Agir de façon à combler le besoin, le désir de quelqu'un. Pour arriver à satisfaire cette haine, il fallait se traîner par de longs et obscurs détours (Sue,Atar-Gull,1831, p. 16).Il n'avait que ce vice, la musique, un vice secret qu'il satisfaisait solitairement, courant les théâtres, les concerts, les auditions (Zola,Bonh. dames,1883, p. 430).
b) Apaiser un désir, combler un besoin naturel. Satisfaire son appétit. Sans avoir une conscience lucide de son existence, il satisfaisait sa faim, puis se recouchait aussitôt (Balzac,Peau chagr.,1831, p. 292):
2. Émile ne sait point rester où il s'ennuie, veiller lorsqu'il veut dormir. S'il a faim, il mange; s'il ne peut satisfaire ses besoins ou ses désirs, il ne murmure point: ne connaît-il pas la nécessité? Chateaubr.,Essai Révol., t. 2, 1797, p. 261.
En partic. [Le besoin est un désir, une pulsion amoureuse] Ils restent ainsi sans mouvement, liés ensemble mais non pénétrés, dans l'exaltation croissante d'un inflexible désir qu'ils ne veulent pas satisfaire (Louÿs,Aphrodite,1896, p. 181).
Fam. Satisfaire ses petits besoins. Uriner. Satisfaire ses besoins. Déféquer. Il souriait en se rappelant que Lord Castlereagh avait satisfait le plus humble de nos besoins avant de se couper la gorge (Balzac,Peau chagr., 1831, p. 13).Je veux aller aux commodités satisfaire mes petits besoins! (Courteline,Ronds-de-cuir,1893, p. 67).
c) Contenter un désir affectif ou intellectuel. Je satisfais mon besoin de tendresse en appelant Julie après mon dîner, et je regarde sa vieille robe à damiers noirs qu'a portée maman (Flaub.,Corresp.,1879, p. 187).
d) Remplir une obligation, répondre à une exigence. − Voilà, se dit-il, un homme qui aura certainement employé mon argent à satisfaire les trois vertus théologales du troupier: le jeu, le vin et les femmes! (Balzac,Chabert,1832, p. 70).Toutefois il pense (...) que la prévention ne tire aucune traite sur l'organisme, que c'est une victoire remportée hors des frontières, qu'elle satisfait en même temps la science et la morale (Duhamel,Maîtres,1937, p. 175).
− Dans le domaine écon. et comm.Satisfaire une demande. Synon. exécuter, remplir.Ce n'est un secret pour personne que la « Diamond Trading Corporation » reçoit cinq fois plus de commandes qu'elle ne peut en satisfaire (Combat,19-20 janv. 1952, p. 1, col. 7).Il n'y avait pas assez de blé dans le monde entier pour satisfaire le contrat (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p. 30).
SYNT. Satisfaire l'ambition, l'amour, l'appétit, l'ardeur, les aspirations, le besoin, le caprice, le désir, l'envie, la faim, la fantaisie, le goût, la haine, l'idéal, l'imagination, l'instinct, l'intérêt, l'orgueil, la passion, le penchant, le sentiment, la soif, la tendance, la vanité, la vengeance de qqn.
2. [Le suj. désigne une chose]
a) Combler, donner pleine satisfaction.
[Le compl. d'obj. dir. fait réf. à un aspect de la sensibilité de qqn] Il n'y a que le dernier amour d'une femme qui satisfasse le premier amour d'un homme (Balzac,Langeais,1834, p. 349).La fondation d'un hôpital, quelques secours distribués aux captifs satisfaisaient complètement un idéal de moralité peu exigeant (Gobineau,Corresp. [avec Tocqueville], 1843, p. 50).
[Le compl. d'obj. dir. fait réf. à un aspect de la sensibilité de qqn] Un peu d'or satisferoit mes désirs; mais je ne voudrois pas qu'il fût le prix de l'injustice (Chateaubr.,Essai Révol., t. 1, 1797, p. 136):
3. À quoi t'a servi d'amasser, par ta prévoyance judicieuse, des vins exquis et tout ce qui peut satisfaire le goût et l'odorat, non seulement d'un homme, mais de plusieurs, durant des années, puisqu'il ne t'est plus même permis de boire un verre de vin sans t'exposer à radoter comme une vieille laveuse... Erckm.-Chatr.,Ami Fritz,1864, p. 112.
b) Répondre à une nécessité d'ordre logique, moral, intellectuel. Raisonnement qui satisfait la logique. La recherche exquise de la couleur du son, la recherche des rapports de sonorité, des inflexions indéfinies, des réactions tonales de chaque mot sur les autres, a toujours éveillé et satisfait la sensibilité poétique (G. Dumas, Psychol., 1924, p. 312).
II. − Empl. trans. indir.
A. − [Le suj. désigne une pers.]
1. Vieilli ou littér. ,,Donner satisfaction, réparation`` (Littré).
RELIG. Satisfaire à la justice divine (Marcel 1938). Expier une faute commise aux yeux de Dieu.
2. Combler le désir, l'attente de quelqu'un. Satisfaire à une demande, à un désir, à un vœu. Camusot, qui ne paraissait si sèvère que pour satisfaire aux exigences de la justice et de la police (Balzac,Splend. et mis.,1846, p. 421).Il eût voulu satisfaire à tous leurs besoins, combler leurs désirs permis ou coupables, car il n'enfermait pas la charité du genre humain dans les limites d'un système moral et il avait souci de toutes les misères (Barrès,Cahiers, t. 7, 1909, p. 310).
3. Soulager un besoin physique, naturel. Je sors, sous le prétexte de satisfaire à un léger besoin (Raban, Marco Saint-Hilaire,Mém. forçat, t. 1, 1818-19, p. 94).
4. Répondre aux exigences de logique, de clarté, réclamées par quelqu'un. Un journal qui satisferait pleinement à tous les je voudrais de votre lettre suffirait seul pour illustrer une nation (Jouy,Hermite, t. 2, 1812, p. 350).Le quartier-maître satisfit de son mieux aux désirs de la jeune fille. Glenarvan ne voulait pas l'interrompre, et cependant, vingt questions plus utiles se pressaient dans son esprit (Verne,Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 75).
5. Accomplir ce qui est exigé par une règle, par un code; remplir une exigence. Satisfaire à ses devoirs, à un engagement, à une obligation, à une revendication; satisfaire aux goûts du public. Monsieur, je regrette de ne pouvoir satisfaire sur-le-champ à la demande que vous m'avez faite de quatre places de gardes-champêtres (Reybaud,J. Paturot,1842, p. 313).
Satisfaire à une dette. L'honorer. Je n'ai pu satisfaire aux dettes que j'ai contractées sur la foi publique (Constant,Princ. pol.,1815, p. 119).
Satisfaire à une commande. L'exécuter. Pour établir son rucher annuel ou pour satisfaire à une commande, le chasseur a fait choix d'un arbre qu'il sent riche en couvain, en cire et en miel (Pesquidoux,Chez nous,1923, p. 41).
Satisfaire à une question (vieilli). Y répondre. Tel est le programme de mes questions auxquelles je vous prie de satisfaire (M. de Guérin, Corresp.,1834, p. 156).
Satisfaire à la loi, au service militaire. Accomplir son temps à l'armée. Tous les jeunes gens du canton sont sur le point de satisfaire à la loi militaire (Augier,MmeCaverlet,1876, p. 435).
B. − [Le suj. désigne une chose] Il s'agit, en ce moment, pour moi, d'une alliance qui satisfait à toutes les idées que je me suis formées sur le mariage (Balzac,E. Grandet,1834, p. 240).L'espace satisfait à la définition que nous venons de donner du continu physique à trois dimensions (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 76).
III. − Empl. pronom.
A. − Empl. pronom. réfl. Qqn se satisfait
1.
a) Contenter un besoin, un désir. Cette jeunesse boit comme un évier, et des liqueurs sans marques. Elle passe sa vie à se satisfaire follement comme dans les rêves (Morand,Ouv. la nuit,1922, p. 132):
4. Il y a beaucoup de traits communs à l'artiste et à l'homme d'action. L'un et l'autre, ne pouvant supporter le désordre de la nature, désirant lui imposer un ordre dont ils portent le modèle en leur esprit et dont le spectacle les enchante. L'artiste se satisfait en créant un monde imaginaire; l'homme d'action en transformant le monde véritable. Maurois,Dialog. commandement,1924, p. 131.
Se satisfaire avec, de qqc.J'ai beau entrer dans les églises, les chapelles, les cloîtres les plus célèbres je m'y satisfais de colonnes, de voûtes pures, mais rien ne provoque ma foi (Giono,Voy. Ital.,1953, p. 199).Elle s'était satisfaite de la banalité de l'existence (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 207).
b) Fam. Assouvir un besoin naturel. [Souvarow] Sans souci des témoins mettait culotte bas, Et se satisfaisait devant toute l'armée (Pommier,Russes,1854, p. 20).
c) P. antiphr. Se satisfaire de peu. Tel est pourtant le désordre de la colère. Quand elle veut compenser l'injure par le châtiment, elle nous fait encore ressentir l'injure, mais elle oublie l'offenseur. Aussi n'est-elle riche en inventions que parce qu'elle se satisfait de peu (J. Vuillemin, Essai signif. mort.,1949, p. 137).
2. [P. méton. du suj.] Si cet hymen étoit l'objet de vos regrets, Monsieur, que votre cœur enfin se satisfasse (Collin d'Harl.,Vieux célib.,1792, iv, 2, p. 89).L'esprit de l'homme qui rêve se satisfait pleinement de ce qui lui arrive (Breton,Manif. Surréal., 1erManif., 1924, p. 27).
B. − Empl. pronom. à valeur passive. Qqc. se satisfait.Les désirs, les passions se satisfont. La vanité se satisfait de grands mots, mais l'orgueil veut de grandes choses (Soulié,Mém. diable, t. 1, 1837, p. 31).Sa religion se satisfaisait d'aller à la paroisse quatre fois par an. On l'a vue en toilette pour Noël (Hugo,Travaill. mer,1866, p. 122).
REM. 1.
Satisfacteur, adj. masc.,littér. Qui satisfait. Et tel écrit vaut comme excitateur ou apéritif de la pensée, et tel autre comme satisfacteur, remplaçant, aliment de pensée (Valéry,Tel quel I,1941, p. 220).
2.
Satisfaisable, adj.,littér. Qui peut être satisfait. Pourquoi ne pas prendre un but à portée de notre main? Quelque désir satisfaisable? (Goncourt,Ch. Demailly,1860, p. 165).
Prononc. et Orth.: [satisfε:ʀ], (il) satisfait [-fε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. v. faire. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1219 satisfaire qqc. à qqn « payer » (Cart. de Cysoing, p. 102 ds Gdf. Compl.); b) xives. satisfaire ses creanciers (Le dit des Patenostres ds Jubinal, Nouv. rec. fabl., I, 24b); 2. a) 1579 « mettre fin à l'attente de quelqu'un en exauçant ses désirs » (Larivey, La Veuve, éd. Viollet le Duc, IV, 5, t. 5, p. 177); b) 1650 « donner une explication suffisante à quelqu'un » (Corneille, Don Sanche, V, 3); c) 1647 « accorder la réparation d'une offense, d'un mal qu'on a causé » (Rotrou, Vencesl., I, 2 ds Littré); 3. 1642 avec une chose pour suj. « assouvir un besoin, un désir » (Corneille, Polyeucte, I, 3); 1645 « apporter le contentement à quelqu'un » (Id., Rodogune, I, 7); 4. 1871 satisfaire les besoins naturels (Littré). B. 1. 1370-80 « s'acquitter de ce qui est attendu » (Trad. Ovide remède d'amour, 937 ds T.-L.: satiffier); 2. a) ca 1500 satisfaire à qqn « donner satisfaction à » (Commynes, Prologue, éd. J. Calmette, p. 1); b) ca 1540 satisfaire à Dieu (Nicolas Herberay des Essars, Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, 105); 3. 1834 « en parlant d'une chose, remplir les conditions requises » (Balzac, E. Grandet, p. 471). C. Verbe pronom. 1. 1580 « assouvir un besoin » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 146); 1854 « contenter ses besoins naturels » (Pommier, loc. cit.); 2. 1640 se satisfaire de (Corneille, Horace, I, 1). Empr. au lat.satisfacere « satisfaire à, s'acquitter de, exécuter », « satisfaire un créancier », « donner satisfaction à quelqu'un, lui faire agréer des excuses ». Fréq. abs. littér.: 2 481. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 996, b) 2 770; xxes.: a) 3 859, b) 3 335.