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SALUER, verbe trans.
A. −
1. Honorer quelqu'un que l'on aborde, que l'on rencontre ou que l'on quitte d'une marque de déférence, de civilité, de respect. Avec quelle hauteur il me regardait hier soir au café Tortoni, en affectant de ne pas me reconnaître! Avec quel air méchant il me salua ensuite, quand il ne put plus s'en dispenser! (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p. 339).Si quelqu'un mourait sur son chemin, il le saluait profondément, disant pardon à la mort quand elle le bousculait (Giraudoux,Siegfried et Lim.,1922, p. 156).
Empl. abs. Saluer de droite, de gauche; saluer d'un air mondain, à la ronde; saluer négligemment, avec grâce, avec politesse. Ils chantaient la Marseillaise, gravement, bien en mesure. La foule, sur leur passage, saluait en silence, chapeaux bas (Duhamel,Combat ombres,1939, p. 294).
Empl. pronom. réciproque. En Orient, quand on n'a rien à se dire, on fume du tabac de rose ensemble, et de temps en temps on se salue les bras croisés sur la poitrine pour se donner un témoignage d'amitié (Staël,Allemagne, t. 1, 1810, p. 158).
SYNT. Saluer qqn avec cérémonie, courtoisie, respect; saluer qqn de la casquette, de la main, de la tête, des yeux, par une révérence; saluer à l'orientale; saluer l'assistance, la compagnie; saluer qqn de tout son cœur; ne saluer personne.
a) En partic.
Saluer le public. Revenir sur scène à la fin du spectacle et s'incliner devant le public. De nombreux amis dans la salle firent une sorte de succès au conférencier, qui revint trois fois saluer le public (Gide,Journal,1908, p. 263).Empl. abs. Ils hurlent. Le rideau quatre fois se rouvre. Quelle chose diabolique, le talent! Dans sa robe de soie roulée autour d'elle, beige, Réjane salue une main encore sur le piano où s'est tue la Marseillaise (Aragon,Beaux quart.,1936, p. 215).
Vieilli. J'ai (bien) l'honneur de vous, te saluer; je vous, te salue... [Formule prononcée pour prendre congé, ou utilisée pour terminer une lettre] Le magistrat (...) feignit de ne pas voir la main que le commissaire lui tendait à son tour. − Je vous salue, monsieur le juge (Simenon,Vac. Maigret,1948, p. 124):
Si ce billet est dans vos mains et que vous puissiez attendre mon arrivée qui aura lieu jeudi ou vendredi prochain, cela m'accommoderait mieux. Mais si vous ne pouvez attendre, M. Bidaut vous soldera. J'ai l'honneur de vous saluer, monsieur, de tout mon cœur. Courier,Lettres Fr. et Ital.,1825, p. 927.
b) Spécialement
ART MILIT. Manifester du respect en faisant notamment le salut militaire. Saluer un officier; saluer du drapeau, de l'épée. La danseuse se leva subitement, se mit au port d'armes, et porta le revers de sa main droite à son front, comme un soldat qui salue son général (Balzac,Cous. Pons,1847, p. 199).
MAR. Saluer la terre. [Le suj. est un navire de guerre] Tirer vingt et un coups de canon en plaçant le pavillon de la nation à honorer en tête du mât (d'apr. Merrien 1958). La rade était couverte de navires qui saluaient la terre en s'éloignant (Chateaubr.,Mém., t. 3, 1848, p. 577).Saluer du pavillon. Hisser à mi-drisse le pavillon national, puis le renvoyer à bloc trois fois (d'apr. Merrien 1958). Le Saint-Sacrement, suivi d'une procession lente de femmes et de mères, de fiancées et de sœurs, faisait le tour du port, où tous les navires islandais, qui s'étaient pavoisés, saluaient du pavillon au passage (Loti,Pêch. Isl.,1886, p. 19).
RELIG. CATH. Je vous salue, Marie. Début de la salutation angélique; p. méton., empl. subst., cette prière. Je fais ma prière tous les matins et tous les soirs, mon Notre Père et mon Je vous salue Marie, pour commencer et pour finir ma journée (Péguy,Myst. charité,1910, p. 12).
2. P. ext.
a) (Aller) saluer qqn; saluer qqn de la part de qqn d'autre. Honorer quelqu'un d'une attention particulière en se déplaçant, en lui rendant une visite de politesse. Un aide de camp est venu me dire d'aller saluer sa majesté, à l'ordre de qui je me suis naturellement empressé de déférer (Proust,Swann,1913, p. 459).M. Bouvet, chef de cabinet, monte à bord pour nous saluer de la part du gouverneur qui nous attend à déjeuner (Gide,Voy. Congo,1927, p. 714).
En partic. [Dans une lettre] Transmettre ses civilités à quelqu'un par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre. Aime-moi, et ne pense pas trop à moi. Salue tous nos amis. Je suis trop fatigué pour leur donner de mes nouvelles (Michelet,Journal,1830, p. 720).
b) Rendre hommage. Saluer l'autel; saluer le Saint-Sacrement d'une génuflexion; saluer la patrie, un cercueil. La victoire est coûteuse. Je salue les jeunes lorrains morts pour la France et pour la civilisation (Barrès,Cahiers, t. 1, 1917, p. 255).
B. − Au fig.
1. Saluer qqc. par qqc.Accueillir un événement par des manifestations extérieures favorables ou hostiles. Saluer par des applaudissements, des cris, des sifflets. J'avais l'impression de subir une fatalité, plutôt que d'aller librement vers le bonheur. Je saluai mon vingtième anniversaire par un couplet mélancolique. « Je n'irai pas en Océanie... » (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p. 261).
2. Saluer qqc.Accueillir favorablement quelque chose. Saluer qqc. avec joie, avec satisfaction; saluer le lever du jour. Tu sais que le soir de la Saint-Sylvestre, nous dînons toujours en famille. C'est une tradition. Peut-être un jour futur passeras-tu cette fête avec nous. On soupe. On attend le coup de minuit pour saluer l'année nouvelle, on s'embrasse et chacun va se coucher (Duhamel,Terre promise,1934, p. 234).
3. Saluer en qqn1qqn2(défini par une qualité).Honorer quelqu'un en lui reconnaissant un titre au respect, à la gloire, à l'admiration. Saluer en lui le libérateur. La citoyenne Rochemaure répondit qu'elle serait heureuse de saluer en Marat un citoyen illustre, qui avait rendu de grands services au pays (France,Dieux ont soif,1912, p. 91).
Être salué de (+ un titre).En Bavière, j'avais été salué de monseigneur et d'excellence; un officier bavarois à Waldmünchen disait hautement dans l'auberge, que mon nom n'avait pas besoin du visa d'un ambassadeur d'Autriche (Chateaubr.,Mém., t. 4, 1848, p. 197).
Être salué comme (+ subst.).Le roi lépreux fit dans la forteresse une entrée triomphale, salué comme un sauveur par la foule des assiégés (Grousset,Croisades,1939, p. 230).
Prononc. et Orth.: [salɥe], (il) salue [saly]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. saluder cum « honorer du titre de » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 251); 2. ca 1100 « honorer quelqu'un d'une marque extérieure de respect » (Roland, éd. J. Bédier, 121); 1540 se saluer « se faire mutuellement des salutations » (Nicolas Herberay des Essars, Premier livre d'Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, 37); 3. ca 1175 « envoyer ses salutations par l'intermédiaire de quelqu'un » (Chronique Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 3847); 4. 1538 « complimenter par lettre » (Est.); 5. 1547 « en s'adressant à des objets inanimés » (N. du Fail, Propos rustiques, éd. J. Assézat, p. 129); 1839 saluer qqc. par « accueillir un événement par des manifestations d'approbation » (Balzac, Béatrix, p. 217); 6. 1609 « honorer du salut militaire » (P. Prevost de Beaulieu-Persac, Mémoires, p. 31); 1694 saluer la mer (Ac.); 1831 fig. saluer un grain (Will.); 1832 saluer des voiles, du drapeau, du pavillon (Raymond); 7. 1835 « formule de politesse à la fin d'une lettre » (Ac.); 8. 1866 saluer le public (des acteurs) (Bussy, Art dram., p. 344). Du lat. salutare « saluer quelqu'un », « aller présenter ses hommages, faire visite à ». Fréq. abs. littér.: 5 373. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6 438, b) 10 747; xxes.: a) 9 766, b) 5 721.
DÉR. 1.
Saluade, subst. fém.,vieilli. Salut avec révérence. Les premiers moments se passèrent en respects et en saluades du savant (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p. 173). [salɥad]. Att. ds Ac. 1694-1878. 1reattest. 1571 (P. d'Oudegherst, Annales de Flandre, II, 620 ds Gdf. Compl.); de saluer, suff. -ade*.
2.
Salueur, -euse, adj. et subst.[Pas d'empl. au fém.] (Celui) qui salue. Les deux adjoints rentrent dans la cour, Antonin Rabastens expansif et salueur, l'autre intimidé, presque farouche (Colette,Cl. école,1900, p. 30).À deux ou trois pauvres diables particulièrement salueurs, il donne, il laisse sa main sans s'arrêter, sans tourner la tête (Montherl.,J. filles,1936, p. 958). [salɥ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1reattest. 1558 (Bonaventure des Périers, Nouvelles recreations, éd. K. Kasprzyk, p. 128); de saluer, suff. -eur2*.
BBG. Benveniste (E.). Les Verbes délocutifs. In: [Mél. Spitzer (L.)]. Berlin, 1958, pp. 61-63. − Cornulier (B. de). La Notion de dér. délocutive. R. Ling. rom. 1976, t. 40, pp. 117-118. − Mignot (X.). Salutare en lat., saluer en fr. sont-ils bien des verbes délocutifs? B. Soc. Ling. 1981, t. 76, n o1, pp. 327-344. − Quem. DDL t. 7 (s.v. salueur).