Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
RUINE, subst. fém.
I.
A. −
1. Effondrement partiel ou total d'une construction ou d'un ensemble d'édifices à la suite d'une dégradation naturelle, d'une destruction volontaire ou accidentelle. Synon. destruction.Ruine d'un château, d'une maison, d'une tour, d'une ville; achever, causer, entraîner, provoquer la ruine d'un édifice. Après la ruine du premier [temple de Balbek] par un tremblement de terre, on construisit le second sur le même modèle (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 171).Où il y avait ruine, on releva les débris; où il y avait ébranlement, on consolida l'assise (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 235).
Loc. Battre en ruine (vx). V. battre I A 1 c.Menacer ruine. V. menacer II D.
2. P. ext. Destruction partielle ou totale d'une chose. Jeter, semer la ruine. On ne saurait s'empêcher de présager, sur ce théâtre si fécond en ruines [le cirque de Barège], de nouvelles et subites catastrophes (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 195).La mort est inscrite dans les hommes, la ruine est inscrite dans les choses (Sartre, Sursis, 1945, p. 22).
En partic. Dévastation d'un lieu, de ses richesses par l'homme ou par une force naturelle. Ruine d'une contrée; ruine de la végétation, d'une récolte. [Mouret] ne reconnaissait plus le jardin. Les buis avaient disparu (...). Quelle faux avait passé là, rasant tout (...)? Un sourd grondement montait en lui, en face de cette ruine (Zola, Conquête Plassans, 1874, p. 1192).Sans doute la pression des populations n'a pas été telle en France que le déboisement ait entraîné la ruine d'importantes régions (Forêt fr., 1955, p. 4).
3. P. anal.
a) Vieilli. Mort d'une personne. Synon. destruction (voir ce mot A 3 b).Bossuet (...) penchait vers sa ruine qu'il avait annoncée avec une simplicité si magnifique (Chateaubr., Rancé, 1844, p. 278).
b) Dégradation physique accentuée d'une personne, de son état de santé ou d'une partie de son corps. Synon. déchéance, décrépitude, délabrement, destruction (voir ce mot A 2).Ruine de la santé; ruine du corps. J'assiste à la dissolution d'un ami qui s'en va d'une syphilis mal connue et la ruine de cet individu (...) est assez glaçante (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1893, p. 188).Toussaint (...) ne paraissait avoir ses cinquante ans que lorsqu'on s'arrêtait à la ruine de sa face ronde et cuite, crevassée, mangée par le travail (Zola, Paris, t. 1, 1897, p. 185).
B. − Au fig.
1. Altération profonde, désagrégation (d'une chose abstraite) aboutissant à sa disparition; p. ext., destruction soudaine et complète de quelque chose. Synon. anéantissement, décadence, écroulement, effondrement.
a) [Le compl. désigne une structure, un système] Ruine de la famille, de la société; ruine d'un état, d'un gouvernement, d'un système; ruine d'une doctrine, d'une institution, d'une théorie. Les invasions barbares, la ruine de la civilisation antique (P. Lavedan, Urban.1926, p. 124).
b) [Le compl. désigne une idée, un sentiment, une valeur] Ruine d'une croyance, d'une espérance, d'une illusion, d'une passion, d'une réputation. Cette ruine totale et de mes efforts et de mon bonheur m'abattit enfin sous la sensation sans pareille d'un néant complet (Fromentin, Dominique, 1863, p. 145).[Les philosophes] détournent leurs regards de vierges du monde où se consomme réellement la ruine de la liberté (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 114).
2.
a) Ruine (morale) de qqn. Déchéance morale de quelqu'un. Synon. destruction (v. ce mot B 3), perte (voir ce mot I B).La lutte éternelle du bien contre le mal, la ruine des méchants, l'apothéose des justes (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 230).Alors le coq chanta. L'homma baissa la tête et (...) s'assit sur une marche en face du spectre blanc de sa ruine (Cocteau, Appogiatures, 1953, p. 16).
Courir à sa ruine. V. courir I B a.
b) Perte des biens, de la fortune; effondrement financier d'une ou de plusieurs personnes physiques ou morales. Synon. naufrage.Ruine d'un industriel, d'une société; travailler à sa ruine; être au bord de la ruine; être menacé d'une ruine totale. Pour ce vénérable émigré, ni l'exil, ni la ruine, ni la destruction de ses proches (...) ne l'avertissaient de la révolution (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 497).Un fléau terrible, la grêle, accéléra leur ruine (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 178).
II. − P. méton.
A. −
1. Au sing. ou au plur.
a)
α) Construction ou ensemble d'édifices partiellement ou totalement écroulés. Une immense et admirable ruine profilant sur le ciel des tours, des murs écroulés, toute une bizarre architecture de citadelle morte (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Chats, 1886, p. 1062).Des maisons écroulées ou (...) en démolition, de ces ruines (...), montrant dans une coupe verticale les papiers peints et les vestiges d'une vie privée (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 176).
SYNT. Ruine mélancolique, pittoresque, romantique, sinistre; ruines abandonnées; ruines antiques, féodales, gothiques, romaines; belles, vieilles ruines; ruines de guerre; champ, océan de ruines; découvrir une ruine; être enseveli sous les ruines; relever des ruines, visiter des ruines.
Locutions
Vieilli. Pierre de ruines. Pierre ruiniforme (v. ce mot B). (Dict. xixes.).
HIST., LITT. Sentiment des ruines. Mélancolie que les ruines ou leur représentation inspiraient aux romantiques. (Ds Lar. Lang. fr.).
Loc. adj. En ruine(s). (À demi) effondré. Mur en ruine. Sur les barricades en ruine, il restait des omnibus, des tuyaux de gaz, des roues de charrettes (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 169).Le récit est conduit vers les restes d'Herculanum (...), vers des édifices en ruines (Durry, Nerval, 1956, p. 71).
Loc. verb. Tomber en ruine(s). Se trouver dans un état de complet délabrement, s'écrouler. La chapelle n'existait plus; les tourelles s'étaient éboulées; la façade tombait en ruine (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 34).Dans la pratique la commune se désintéressera de l'église, l'édifice tombera en ruines (Barrès, Cahiers, t. 5, 1906, p. 49).P. anal., vieilli. [Le suj. désigne un vêtement] Tomber en loques. Pas d'argent, et, par conséquent, pas de quoi renouveler ses vêtements qui tombaient en ruines (Kock, Ficheclaque, 1867, p. 205).
P. exagér. Maison vétuste et délabrée. Retaper une ruine. Elle habitait (...) une ruine au sommet d'un mont absolument désert sur la côte de Corse (Maupass., Contes et nouv., Ermite, 1886, p. 1052).Nos amis ont acheté une ruine en Provence; ils l'ont fait réparer et c'est maintenant une charmante maison de campagne (Dub.).
P. méton., BEAUX-ARTS
DÉCOR. Ruine (factice, postiche). Construction en forme d'édifice effondré destinée à orner un parc ou un jardin à l'anglaise. Ç'a été, il y a quelques années, la mode d'orner les jardins anglais de ruines postiches (Besch.1845-46).Il a orné son jardin de ruines fort pittoresques (Ac.1835-1935).
GRAV., PEINT. Représentation d'édifices en ruines ou de paysages comportant de tels édifices. Peintre de ruines. Les ruines de ce peintre sont fort estimées (Ac.1835, 1878).L'artiste [Hubert Robert] qui a inventé la ruine spirituelle, le crayonneur agréable (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 142).
β) P. ext., surtout au plur. Important dégât matériel résultant d'une cause violente (catastrophe naturelle, guerre etc.). Synon. destruction, dévastation, ravage.Ruines d'un cataclysme, d'un tremblement de terre; constater l'ampleur des ruines; mesurer l'étendue des ruines. C'était la destruction, tout ce que la guerre peut faire d'abominables ruines, quand elle passe, dévastatrice, en furieux ouragan (Zola, Débâcle, 1892, p. 415):
Quand la masse [d'une avalanche] emportée sur les pentes, suivie et précédée des ruines qu'elle entraîne, vient à fondre dans les vallons, c'en est fait: vous y chercheriez en vain les moindres vestiges des habitans et de leurs troupeaux. Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 107.
Au fig. [Le suj. désigne une ville, un pays] Renaître, se relever de ses ruines. Revivre après un cataclysme, un désastre. Synon. renaître* de ses cendres.Sion se relevoit de ses ruines (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 342).Une France qui renaît de ses ruines (L. Febvre, Conq. du Midi par la lang. fr., [1924] ds Combats, 1953, p. 179).
γ) Au fig., surtout au plur. Destruction d'ordre moral ou social. Synon. destruction, ravage.C'était dans notre foyer que les ruines causées par Silbermann étaient le plus sensibles. Là, tous mes dieux étaient renversés. Les idées en honneur, (...) notre conception du beau, tout avait perdu son prestige (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 170).
b) Ruine (humaine). Personne physiquement et parfois intellectuellement dégradée par l'âge ou la maladie. Synon. débris (voir ce mot B 1 c), décrépit, délabré (voir ce mot II B 1).Pauvre, vieille ruine; devenir une véritable ruine; ce n'est plus qu'une ruine. J'ai vu Raymond hier. (...) Quelle ruine! Maigre, voûté, il a les mains recouvertes d'écorce, les dents noires, les yeux éteints. Il est vieux (Renard, Journal, 1896, p. 336).Je songe à Renoir, ruine humaine, ossifié, déjeté par le rhumatisme, ne pouvant ni se lever ni se coucher et faisant naître (...) les roses, les anémones, de son pinceau attaché au poignet (Faure, Espr. formes, 1927, p. 128).
2. Au plur. Ruines de qqc.Vestiges d'une chose en partie détruite. Synon. restes.
a) [Le compl. désigne une construction ou un ensemble d'édifices] Ruines d'une forteresse, d'un temple, d'un village; ruines de Thèbes, de Troie; ruines du Colisée. Ces ruines de villes englouties que l'on voit, dit-on, à peu de profondeur sous les vagues (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 24).C'est un monstre, dit Anne. Il travaillerait au milieu des ruines d'Hiroshima (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 222).
b) P. ext. [Le compl. désigne une chose concr.] Les Arabes ne touchent pas à ces ruines de bâtiments naufragés (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 57).
c) Au fig. [Le compl. désigne une chose abstr.] Sur les ruines de l'institution impériale et des partis d'empire, il [le parti socialiste] se dressera avec sa force pleine d'élan (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 55).
B. − Au sing.
1. Cause de l'effondrement de quelque chose, de la perte de quelqu'un. Sa famille, dont plusieurs membres (...) me regardent comme la ruine de leurs prétentions ou l'obstacle à leur rapacité (Fiévée, Dot Suzette, 1798, p. 192).Cet homme [Rubens], d'où sortiront pendant deux siècles tous les peintres, est cependant la ruine des théories et des écoles (Faure, Hist. art, 1921, p. 25).
2. Cause de ruine (v. supra I B 2 b); p. ext., source de dépenses excessives ou source de pertes. Les premiers métiers furent brisés par les ouvriers lyonnais sous prétexte que la substitution du travail mécanique au travail à la main serait une ruine pour les habitants de la contrée (D'Allemagne, Hist. jouets, 1902, p. 226).La maladie d'Alexis avait été une véritable ruine (...). Il y avait la clinique, la salle d'opération, les pansements, les médicaments (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 208).
REM. 1.
Ruine(-)de(-)Rome,(Ruine de Rome, Ruine-de-Rome) subst. fém.,bot. Synon. usuel de cymbalaire.Entre autres espèces vivaces qui prospèrent facilement dans les rocailles, il y a (...) Linaria cymbalaria balaria (« Ruine-de-Rome ») (La Gde encyclop., Paris, Larousse, t. 44, 1975, p. 9298).
2.
Ruiniste, subst.,beaux-arts. Peintre, dessinateur de ruines. [Corresp. à supra II A 1 a α] Rome et les ruines antiques d'Italie sont le thème dominant [des gravures de Piranèse] (...) thème qui pouvait sembler épuisé par deux siècles de topographes et de « ruinistes » (J. Laran,Les Estampes, Paris, P.U.F.,1948,pp. 72-73).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɥin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1155 « dévastation, destruction, ravage commis sur une chose » (Wace, Brut, 13631 ds T.-L.); 2. a) ca 1213 « restes d'un édifice écroulé » (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 614, 19: Erbe, arbre et buisson qui estoient levé es ruines et es fontures dou mur); 1765 (Encyclop. t. 14, p. 433b note ,,ruine ne se dit que des palais, des tombeaux somptueux..., en parlant d'une maison particulière... on diroit bâtimens ruinés``); id. peint. « représentation d'édifices ruinés; tableau représentant ces ruines » (ibid.); b) en parlant d'une personne α) 1833 femme en ruine (Hugo, Borgia, III, 1, p. 143); β) id. une sorte de ruine (Balzac, Méd. camp., p. 95); 3. 1262 « écroulement, chute (d'un objet matériel) » (Jean le Marchand, Miracles N.-D. de Chartres, 20 ds T.-L.: Tretout torna a descepline Ou par arson ou par rüine); 2emoit. xiiies. (St Brendan en prose, 79, 10, ibid.); ca 1350 rüynes d'edefisses (Gilles li Muisis, Poésies, II, 4, ibid.); 1549 tomber en ruine (Est.). B. 1. Fig. Ca 1175 « chute, déchéance, perte » (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Normandie, 25880 ds T.-L.: la grant rüine Des angres qui des ceus chäirent); ca 1245 metre a rüine e a perdicïum (St Auban, 338, ibid.); 2. 1671, 1ernov. « ce qui cause une dépense excessive » (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 412: Ce régiment est une distinction agréable; mais n'est-ce point aussi une ruine?); 3. 1680 « perte des biens, de la fortune » (Rich.); 4. 1690 « ce qui est cause de dépérissement de destruction » (Fur.: La rupture entre les Couronnes est la ruine du commerce). Empr. au lat.ruina « chute, écroulement; effondrement de bâtiment, ruine; (fig.) écroulement, effondrement; catastrophe, désastre, destruction ». Fréq. abs. littér.: 4 725. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10 171, b) 6 922; xxes.: a) 5 873, b) 4 173. Bbg. Dub. Dér. 1962, p. 46 (s.v. ruiniste). − Quem. DDL t. 20 (s.v. tomber en ruine).