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ROUILLER, verbe
A. − Empl. trans. Qqc.1rouille qqc.2, qqn1se rouille qqc.2.
1.
a) Provoquer l'oxydation d'un métal ferreux, d'un objet de fer. Synon. oxyder.L'humidité de la terre avait rouillé les vis et ce ne fut pas sans efforts que la bière s'ouvrit (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 55).Je vais emmailloter mon fusil comme toi (...) la pluie a tout rouillé le mien (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 58).
b) P. anal., littér. Colorer en rouille un végétal, une végétation. Grands bois (...) Je vous verrai si fiers quand le triste novembre Vous aura meurtris et rouillés (Moréas, Stances, 1901, p. 103).V. feuillé II ex. de Huysmans.
2. PHYTOPATHOL. Produire la rouille sur une plante. Un temps humide et froid a rouillé nos blés (Littré).On a prétendu que la rosée rouillait les blés (Lar. 19e).
3. P. anal. ou au fig. [P. réf. au mauvais fonctionnement d'un mécanisme rouillé]
a) Affaiblir, engourdir faute d'exercice.
α) [Le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Rouiller les jambes (Quillet 1965).
Empl. pronom. réfl. indir. Profitons du jour qui reste pour nous disloquer un peu, ne nous rouillons pas les muscles (Malot, R. Kalbris, 1869, p. 123).Laisse-moi essayer, tiens, que je voie si je ne me suis pas trop rouillé les bras (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 170).
β) [Le compl. désigne une faculté, une fonction] Synon. ankyloser, émousser, engourdir.L'oisiveté rouille l'esprit (Ac.).
Empl. pronom. réfl. indir. Tu n'as pas l'ombre d'un stimulant mâle et quotidien, d'un échange intellectuel sérieux, et fortifiant, et tu te rouilles de toutes les manières l'esprit (Amiel, Journal, 1866, p. 418).
b) Frapper quelqu'un d'inertie physique ou intellectuelle, le priver d'énergie; en partic., lui faire perdre de son entrain, de sa compétence dans la pratique d'un métier, l'exercice d'un art. Il ne se sentait plus le cœur à la besogne, les sept années de service l'avaient rouillé, dévoyé, dégoûté de la scie et du rabot (Zola, Terre, 1887, p. 96).Est-ce que ces années paresseuses à Bouville m'ont rouillé? Autrefois je ne l'aurais pas laissé sans lui avoir brisé les dents (Sartre, Nausée, 1938, p. 210).
B. − Empl. pronom. ou, plus rarement, intrans.
1. Qqc.2(se) rouille
a) [Le suj. désigne un métal ferreux, un objet de fer] Se couvrir de rouille. Synon. s'oxyder.Dans un coin, le poêle oublié du dernier hiver se rouillait, à côté d'un reste de coke (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 60).Le coutre rouillera à la pluie d'automne (Giono, Colline, 1929, p. 129).V. accidenté1ex. 5.
b) P. anal., littér. Prendre un ton de rouille. La Diane de marbre, au bois automnal, chasse; Tout octobre se rouille aux feuilles d'acajou (Montesquiou, P. Helleu, 1913, p. 74).
2. P. anal. ou au fig.
a) Qqc.2se rouille
α) [Le suj. désigne un instrument] Perdre de son efficacité, se détériorer en étant inemployé. Un millier d'épées qui coupent bien, sortiront des fourreaux où elles se rouillent (Dumas père, Henri III, 1829, II, 2, p. 146).Les arbalètes de la croisade commencent à se rouiller! (Druon, Louve Fr., 1959, p. 958).
P. anal. [Le suj. désigne une partie du corps] Perdre de sa souplesse, de son habileté; moins bien fonctionner faute d'exercice. Decraemer avait l'impression de voir, de sentir en lui son cerveau se rouiller et se détraquer sans remède (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 283).
β) [Le suj. désigne une faculté, une fonction] S'émousser faute d'exercice. La volonté chez la plupart des hommes est sujette à se rouiller, avec l'intelligence (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 477).Des visages (...) brillent du désir de servir, d'employer des forces, des talents qui se rouillaient (Colette, Belles sais., Mes cahiers, 1941, p. 166).V. dérouiller1ex. de Bernanos.
b) Qqn2se rouille
α) Perdre sa vitalité physique ou intellectuelle, s'étioler dans l'inaction. Il y a longtemps que je me rouille en province (Gautier, Fracasse, 1863, p. 196).Je me meurs faute d'action et me rouille comme un sabre de Damas dans le fourreau d'un poltron (Maurois, Disraëli, 1927, p. 91).
β) Perdre la main dans l'exercice d'un métier ou d'un art par suite du manque de pratique. Une étude [celle du grec] (...) qui (...) doit être et rester jusqu'à la fin un exercice de tous les jours, de toutes les heures: sans quoi l'on se rouille (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 94).Pour empêcher les enfants de chœur de se rouiller, il s'enfermait avec eux dans l'église et les examinait sur leur façon de servir la messe (Queffélec, Recteur, 1944, p. 181).
REM.
Rouillure, subst. fém.,rare. a) Altération d'un métal ferreux, un objet de fer attaqué par la rouille. Synon. oxydation.La rouillure finit par détruire le fer (Lar. 19e).b) P. anal., phytopathol. État d'un végétal atteint de la rouille. Rouillure du blé (Rob.). c) Au fig., littér. Étiolement physique, moral ou intellectuel d'une personne. Un grand esprit (...) à demi foudroyé par la mort d'un fils de onze ans, mais repoussant et reverdi, sans rouillure, ayant pris son parti de la vie (Goncourt, Journal, 1857, p. 388).
Prononc. et Orth.: [ʀuje], (il) rouille [ʀuj]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1180 rüillé adj. (Hue de Rotelande, Ipomedon, 7780 ds T.-L.: un'espee, Dunt li fers fu mut rüillé); déb. xiiies. (Chrétien de Troyes, Chevalier à la charrette, éd. W. Foerster, 5138, var. E: avoit [...] les chauces de fer chauciees, De la süor roilliees); b) ca 1195 intrans. « se couvrir de rouille » (Ambroise, Guerre sainte, 7643 ds T.-L.: haubers i röillerent); xves. réfl. (Traité de tribulacion, Bibl. nat. fr. 1009, fol. 16 v ods Gdf. Compl.); c) 1680 trans. « faire amasser de la rouille » (Rich.); 2. p. anal. a) 1225-30 adj. « (d'une personne) marquée de taches de couleur rouille; crasseuse » (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 149); b) 1715 trans. « produire la rouille des céréales sur » (La Quintinie, Instruction pour les jardins, I, 78 d'apr. FEW t. 10, p. 430a); 1755 adj. (Liger, Maison rustique, Paris, Saugrain, t. 1, p. 629: froment rouillé, c'est-à-dire qui est tout ridé, ratatiné et altéré). B. Fig. 1. « s'altérer sous l'influence du mal, de la passion » 1558 adj. (Du Bellay, Regrets, CLXXIX, 3 ds Œuvres poét., éd. H. Chamard, t. 2, 2, p. 194: La rancune, l'orgueil, le desir aveuglé, Dont cest aage de fer de vices tout rouglé A violé l'honneur de l'antique justice); 1578 réfl. se rouiller de rancune (Ronsard, Franciade, III ds Œuvres, éd. P. Laumonnier, t. 16, p. 187, en note); 1584-87 trans. (Id., Bergerie, 741, t. 13, p. 114); 2. av. 1577 « id. sous l'influence de l'inaction » intrans. laisser rouiller le soldat (Blaise de Monluc, Commentaires, VII, éd. P. Courteault, p. 820). Dér. de rouille*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 89. Bbg. Thomas (A.) Nouv. Essais 1904, p. 272.