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ROUERIE, subst. fém.
A. −
1. Vx. Action de libertin, de débauché, d'aventurier; comportement indélicat, malhonnête. Les roueries de la Régence. Tous croyaient assister à un banquet de fiançailles, quand, à la fin du repas De Brack s'est levé, a déclaré que c'était au contraire un dîner d'adieu et, que, s'étant aperçu que MlleMars n'était pas insensible aux attentions de M. de Mornay, il leur laissait le champ libre, et se retirait pour toujours. La rouerie est forte, aussi Mars s'est-elle trouvée mal (Delécluze,Journal,1825, p. 96).Quoi! encourager un jeune homme (...) le rendre peut-être amoureux tout de bon, et se jouer de ce qu'il peut souffrir? C'est une rouerie que vous me proposez (Musset,Chandelier,1840, I, 1, p. 24).
2. Moyen, procédé employé pour tromper, pour tirer un avantage; ruse malhonnête. Synon. fourberie, intrigue.Vous ignorez, monsieur le comte, les roueries des paysans. De paysan à diplomate, le diplomate succombe (Balzac,Début vie,1842, p. 322).Je ne détiens aucune preuve que l'affaire tunisienne ait été provoquée. D'ailleurs, il se peut qu'elle l'ait été sans l'être: l'astuce comporte des degrés à l'infini. Naguère encore, je me serais fait scrupule de prêter cette rouerie à un homme d'État, responsable du destin de la Nation (Mauriac,Nouv. Bloc-Notes,1961, p. 15).
Rouerie + compl. prép. indiquant le domaine d'action.Lui, Colomban, élevé à la bonne école, savait de quelle façon lente et sûre on arrivait aux finesses, aux roueries du métier. L'art n'était pas de vendre beaucoup, mais de vendre cher (Zola,Bonh. dames,1883, p. 409).Il parla donc de façon très directe (...) par mépris pour les roueries du cœur (Montherl., Songe,1922, p. 175).
P. ext., péj., dans le domaine des arts.Procédé habile qui vise à l'effet. Il n'y a pas que des jeux de timbres, des roueries mélodiques dans la partition de La Vie de Bohème [de Puccini] (Bruneau,Mus. hier et demain,1906, p. 172).[La vérité] a un charme et une force de persuasion que toutes les roueries du style ne peuvent que singer (Green,Journal,1949, p. 318).
B. − Caractère, comportement d'une personne rouée.
1. Libertinage caractéristique de la Régence. La rouerie aura le sort de l'escroquerie au jeu dont nous avons vu périr la gloire. Elle fut une grâce dans le chevalier de Grammont à la cour de Louis XIV, et n'était plus qu'une turpitude dans M. de G. aux chasses de Compiègne, sous Louis XVI (Stendhal,Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 142).Le siècle dix-huitième allait finir son cours, Siècle de la mollesse et des sales amours, Siècle de l'impudeur, siècle de la rouerie, Que la débauche ronge ainsi qu'une carie (Pommier,Républ.,1836, p. 181).
2. Ruse, fourberie. Anton. naïveté, ingénuité.Être la rouerie même. La rouerie de Lauzun avec elle [Mademoiselle] consista à augmenter, à élever encore ces barrières de respect déjà si hautes, à s'y retrancher, à s'y dérober avec ruse (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 3, 1851, p. 520).Il prit sans doute mon extrême innocence pour de la malice, mon extrême simplicité pour de la rouerie, mon abandon confiant et niais pour une tactique (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Enragée, 1883, p. 882).
P. ext., péj., dans le domaine des arts.Grande habileté. La première de ces œuvres dénote une rouerie manuelle extrême; tous les objets, tels qu'une fontaine de cuivre rouge, (...) une bouteille cravatée de cire rouge, sont à toucher, tant M. Delanoy est passé maître dans l'art du trompe-l'œil (Huysmans,Art mod.,1883, p. 165).
Prononc. et Orth.: [ʀuʀi]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1777, 12 avr. « action, tour d'aventurier » (Corr. litt. secr., n o16bis cité par Proschwitz ds St. neophilol. t. 27, p. 234: La Rouerie, ou nouveau cours de morale, trouvé dans les manuscrits du feu Abbé de Voisen); 1782 (Laclos, Les Liaisons dangereuses, p. 37: ce sera enfin une rouerie de plus à mettre dans vos mémoires); 2. 1823 « action pleine de ruse, de dissimulation » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p. 855). Dér. de roué*, part. passé adj. de rouer2*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér.: 142. Bbg. Darm. 1877, p. 99. − Gohin 1903, p. 243.