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ROMANCIER, -IÈRE, subst. et adj.
A. − HIST. LITTÉR. [Au Moy.-Âge; corresp. à roman1A] Subst. masc. Auteur d'ouvrages en roman, en vieille langue française. Vieux romanciers. Une invention de romancier, (...) qui fut lui-même un jongleur et qui (...) resta des années, vers le début du XIIIesiècle, au service d'un haut baron (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. iii).V. aventure ex. 24, mention ex. 1.
B. − LITT. [À l'époque mod. ou contemp.]
1. Subst. masc.
a) [Corresp. à roman1B 1] Homme qui (a) écrit des romans. Romanciers actuels, contemporains; bon, célèbre, grand, jeune, vrai romancier; art, imagination, métier, talent de/du romancier. Le romancier n'a pas pour rôle d'exposer des idées ou même d'analyser des caractères, mais de présenter un événement interhumain, de le faire mûrir et éclater sans commentaire idéologique, à tel point que tout changement dans l'ordre du récit (...) modifierait le sens romanesque de l'événement (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 177).V. idée ex. 16:
1. Le roman actuel se fait avec des documents, racontés ou relevés d'après nature, comme l'histoire se fait avec des documents écrits. Les historiens sont des raconteurs du passé; les romanciers, des raconteurs du présent. Goncourt, Journal, 1864, p. 96.
b) [Suivi d'un adj. de relation ou d'un compl. déterminatif spécifiant le genre de romans écrits; corresp. à roman1B 2] Romanciers américains, anglais, français, russes; romancier mondain, populaire, psychologue, réaliste. Balzac (...), comme Tourguéniev, était un romancier d'observation, et tous les deux ont essayé de peindre les femmes qu'ils mettaient en scène, avec exactitude et sans lyrisme (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 241).M. Zola est un poète épique (...) c'est M. Daudet qui est le romancier naturaliste, (...) qui part de l'observation de la réalité et qui est comme possédé par elle (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 253).V. galvauder ex. 1, philosophe I A 2 a en appos. ex. de Camus.
c) P. anal., HIST. LITTÉR. [Corresp. à roman1B 3] Écrivain de l'Antiquité, auteur d'ouvrages évoquant les romans de l'époque moderne ou contemporaine. La rudesse et la verdeur de la vie primitive s'effaçaient derrière les fictions des romanciers alexandrins (Faure, Hist. art, 1909, p. 95).V. barbarie ex. 1.
2. Subst. fém. ou (en parlant d'un aut. femme) (vieilli) masc. [Corresp. à roman1B 1] Femme qui (a) écrit des romans. Les femmes, qui ne sont jamais poëtes et qui ne sont que rarement romanciers, portent (...) un instinct remarquable du dialogue (Richepin, MmeAndré, 1879, p. 233).Validité de la tradition du roman féminin en Angleterre, depuis l'impeccable Jane Austen en passant par Charlotte et Émily Brontë, George Eliot, Mrs. Gaskell, jusqu'aux romancières d'aujourd'hui: (...) Katherine Mansfield, May Sinclair (Du Bos, Journal, 1922, p. 94).
3. Adjectif
a) [En parlant d'une pers. ou d'un groupe] Qui (a) écrit des romans. Académicien romancier. Bourget et France sont des romanciers intelligents, et presque toute l'équipe romancière d'après 1885 appartiendra, elle aussi, à la classe des romanciers intelligents (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p. 409).C'est l'éminente dignité du roman (...) que seul il nous livre l'âme d'un pays. Un peuple romancier comme le peuple britannique ne sera jamais pour nous « l'étranger » (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p. 444).
b) [En parlant d'une chose] Qui est de la nature du roman, qui caractérise le roman ou qui est propre à la création de romans. Imagination romancière. De toute notre œuvre historique, artistique, romancière, il restera (...) quelques pages intéressantes (Goncourt, Journal, 1884, p. 335).Exposer ce que j'entends par l'objectivité romancière, (...) établir deux sortes de romans, ou du moins deux façons de regarder et de peindre la vie (...). L'une, extérieure (...) qui voit d'abord le geste d'autrui, l'événement (...). L'autre qui s'attache d'abord aux émotions, aux pensées (Gide, Journal, 1927, p. 829).
C. − P. anal. ou au fig., subst. masc.
1. [Corresp. à roman1C 1 ] Ce qui évoque un auteur de romans, notamment par la richesse de ses ressources créatives. Le hasard est le plus grand romancier du monde: pour être fécond il n'y a qu'à l'étudier (Balzac, Av.-pr. Com. hum., 1842, p. xxix):
2. Quel bizarre romancier que la vie! (...) comme elle écrit mal! (...) elle oublie le plan qu'elle avait en tête, elle se trompe de destinée (...), elle rate le livre qu'elle tire à des millions d'exemplaires. Et tout à coup, de magnifiques éclairs de génie, des revirements comme Balzac n'en rêva jamais, une audace de fou inspiré... Green, Journal, 1932, p. 114.
2. Péj. [Corresp. à roman1C 2] Personne qui tient des propos mensongers, dénués de preuves, qui se plaît à fabuler. Il s'occupait présentement des menteurs (...). Il y a un romancier dans chaque imbécile (...) Nadal pensa à la phrase de Kipling: « Allons (...) écouter encore des blagues » (Malraux, Espoir, 1937, p. 674).
REM. 1.
Romancier-, -romancier, élém. de compos. entrant dans la constr. de subst. masc. (hapax) désignant une double spécialisation.a)
Romancier- [Le 2eélém. est un subst.] α)
Romancier-doctrinaire. Le mépris de la conformité au réel apparaît aujourd'hui dans (...) le roman. « Nous n'avons à donner que les apparences », dit un de nos romanciers-doctrinaires (Benda, Fr. byz., 1945, p. 129).
β)
Romancier-feuilletoniste. J'emporterai mon secret dans la tombe, comme disent les romanciers-feuilletonistes (Bernanos, Crime, 1935, p. 842).
γ)
Romancier-observateur. Quel est l'homme de lettres parmi nous qui, allant chez un médecin pour l'interroger sur une maladie mortelle (...) resterait un romancier-observateur du diseur de sa destinée? (Goncourt, Journal, 1889, p. 979).
δ)
Romancier-scénariste. Voir Le Point, 13 nov. 1978, p. 23, col. 1.
b)
-romancier, Plus rare. [Le 1erélém. est un subst.] α)
Anthropologue-romancier. Voir Le Nouvel Observateur, 27 mars 1978, p. 69, col. 1.
β)
Journaliste-romancier. Voir Le Nouvel Observateur, 31 mai 1976, p. 19, col. 2.
2.
Romançaillière, subst. fém.,hapax, synon. péj. de romancière.V. philosophailleur dér. s.v. philosophailler ex. de Sand.
3.
Romancièrement, adv.À la manière des romanciers, des romans. Madame (...) Adolphus (...) n'était pas une bonne grosse Allemande (...) enrichie de toutes les vertus patriarcales que la Germanie possède, romancièrement parlant (Balzac, Mais. Nucingen, 1838, p. 616).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɔmɑ ̃sje], fém. [-jε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694 (le fém. dep. 1878). Étymol. et Hist. 1. 1469 [ms.] « celui qui compose, qui adapte en langue vulgaire » (J. Wauquelin, Girard de Roussillon, éd. de Montille, p. 27 ds DG); 2. 1669 « auteur de romans » (La Fontaine, Psyché ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 221). Dér. de l'a. fr. romanz (roman1*); suff. -ier*. Fréq. abs. littér.: 1 149. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 388, b) 777; xxes.: a) 2 247, b) 2 786.