Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ROCHER1, subst. masc.
A. −
1. Masse de pierre escarpée, isolée, formant bloc à la surface du sol. Ô lac! rochers muets! grottes! forêt obscure! (...) Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir! (Lamart.,Médit.,1820, p. 139).Il y avait au bord de l'eau un rocher fort élevé et cassé droit, qu'on nommait le saut de la pucelle (Pourrat,Gaspard,1931, p. 130).
Rocher artificiel. Composition architecturale en forme de rocher. Derrière moi était un rocher artificiel destiné à servir de banc aux promeneurs (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 115).
[P. allus. myth.] Il est dur de rouler le rocher de Sisyphe et de ne pas même s'abuser sur le résultat de ce labeur infécond (Amiel,Journal,1866, p. 432).Les dieux avaient condamné Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombait par son propre poids (Camus,Sisyphe,1942, p. 163).
Rouler son rocher. Être condamné à un travail pénible et inutile. Recommencez toujours! Ni trêve, ni remords. Allez, recommencez, veillez, et sans relâche Roulez votre rocher, refaites votre tâche (Hugo,Feuilles automne, 1831, p. 744).
En partic. Masse de pierre, petit îlot qui s'élève au-dessus du niveau de la mer. Jetant un coup d'œil sur un magnifique rocher [l'île de Monte-Cristo] en pain de sucre qui s'élevait à deux ou trois cents mètres au-dessus du niveau de la mer (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846p. 775).Il me raconte qu'en 1935 il a visité la prison d'Alcatraz située sur un rocher dans la baie de San-Francisco (je voyais de loin cette prison pendant qu'il m'en parlait) (Green,Journal,1944, p. 135).
2. P. méton., au sing. Matière minérale dont est constitué le rocher. De temps en temps, le rocher descend par étages, comme les aiguilles de la cathédrale de Milan (Michelet,Journal,1830, p. 74).Les chutes possibles et souvent imprévues de blocs de charbon ou de rocher détachés du toit (E. Schneider, Charbon,1945, p. 261).
SPORTS (alpin). Faire du rocher. Escalader de hautes parois de rocher. Si vous voulez faire du rocher ayez l'expérience, la sûreté, l'agilité, la souplesse d'un guide des Dolomites; si vous faites du glacier et du rocher, ayez les qualités précieuses des meilleurs guides de la Suisse (R. alpine,juill. 1897, n o7, p. 225 ds Quem. DDL t. 27).
SYNT. Rocher abrupt, aride, brisé, caverneux, escarpé, fantastique, inaccessible, poli, sauvage, solitaire, stérile, ténébreux; affreux, âpre, énorme, immense, vieux rocher; descendre, escalader, gravir des rochers; creusé, taillé dans le rocher; amas, anfractuosité, bloc, débris, fragment, masse de rochers; du haut, le long, au milieu, au pied, au sommet, au travers, au sein des rochers; à flanc de rocher.
3. P. anal.
a) Ce qui a la forme irrégulière et l'aspect granuleux d'un rocher. Elle avait arraché son bandage. Mathieu vit une croûte rougeâtre et gluante, avec de petits rochers de pus jaune (Sartre,Âge de raison,1945, p. 254).Le jaune et le rouge [de Greco] réveillent ses morts qui gesticulent et déchirent leurs linceuls. Ils s'y dressent au milieu des plis cassés de rochers de linge (Cocteau,Poés. crit. I,1959, p. 193).
PÂTISS. Petit gâteau léger, bonbon au chocolat dont l'aspect irrégulier et la texture granuleuse évoquent un rocher. Mélangez la noix de coco avec le chocolat fondu. Enduisez les rochers de ce mélange et faites-les sécher et refroidir sur du papier paraffiné (Cuisiner mieux, Les Confiseries, Amsterdam, Time-Life, 1981, p. 164).
b) ANAT. Partie quadrangulaire de l'os temporal contenant l'oreille interne, d'une grande dureté. Fracture du rocher. Le rocher, de forme très irrégulière, présente de multiples détails osseux et est creusé de cavités très compliquées, appartenant à l'appareil de l'audition (G. Gérard, Anat. hum.,1912, p. 42).
B. − P. anal. ou au fig.
1. Personne dure et insensible. Synon. roc.Le guide repoussa l'indigent étranger. « Rocher insensible! m'écriai-je, les esprits vengeurs de l'hospitalité violée vous frapperont pour votre dureté (...) » (Chateaubr.,Natchez,1826, p. 190).
[P. méton.] Je me décidai pour l'île d'Elbe. Cet acte fut celui d'une âme de rocher. Mon cher, je suis d'un caractère bien singulier, sans doute, mais on ne serait point extraordinaire, si l'on n'était d'une trempe à part (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1053).
Cœur de rocher. Cœur insensible. Synon. cœur de roche*.J'aurais mieux fait, pour ma santé, d'avoir le cœur de rocher dont vous me gratifiez, de vous laisser grogner tout votre saoûl, que de m'endommager le nerf optique à vous répondre si longuement (Sand,Corresp., t. 2, 1842, p. 215).
Vieilli. Parler aux rochers. Parler à quelqu'un qui n'écoute pas. (Dict. xixes., Ac.).
2. Personne, chose solide; soutien ferme et constant; force spirituelle. Cette nature (...) avait été, en quelque sorte, détachée par le chagrin de ce qui aurait pu se nommer le rocher de sa foi. Il avait vécu dans la certitude de l'immortalité (Gobineau,Pléiades,1874, p. 353).
P. métaph. Chaque matin, le vieux poète s'adosse au vieux rocher de l'inspiration, grimace, rougit, se raidit, se rompt les reins, et rien ne bouge (Renard,Journal,1887, p. 6).Il frappe encore le rocher. Ce rocher du poète, c'est le langage et tout le langage retentit (Alain,Propos,1935, p. 1278).
De rocher, loc. Qui possède la solidité, la résistance du rocher. Possédant une santé de rocher, il [un cep] repousse gelé, se rit du champignon et ne laisse jamais la maison sans vin (Pesquidoux,Livre raison,1925, p. 35).
C. − ZOOL. Mollusque gastéropode univalve à la coquille hérissée de pointes, vivant dans les mers chaudes ou tempérées, dont les Anciens tiraient la pourpre. Synon. murex.Les Murex ou Rochers sont carnassiers et se nourrissent de tous les débris organiques qu'ils peuvent trouver (Coupin,Animaux de nos pays,1909, p. 422).
Prononc. et Orth.: [ ʀ ɔ ʃe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 rochier « masse de pierre à fleur de terre » (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5616); b) av. 1558 estre un rocher de foy et de constance (Mellin de Saint-Gelais, Œuvres, éd. P. Blanchemain, t. 1, p. 211); 1601 ferme comme un rocher (en parlant d'un homme) (Montchrestien, Hector ds Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p. 15); c) 1560 littér. le rocher de mon cœur (J. Grevin, L'Olympe ds Théâtre complet et poés. choisies, éd. L. Pinvert, p. 290 et 304); 1579 cœur de rocher « personne dure, insensible » (Garnier, La Troade, 1601 ds Tragédies, éd. W. Foerster, II, p. 135); 1583 estre un rocher « se dit d'un homme dur, insensible » (Id., Les Juifves, 977, ibid., III, p. 132); 1694 parler aux rochers « s'adresser à des gens insensibles » (Ac.); d) 1560 « appui, refuge (terme biblique) » (Bible de l'imprimerie Rebul, Psaumes, 144, 1); 2. a) av. 1577 « écueil, récif » (R. Belleau, Œuvres, II, 373 ds IGLF); b) alpin. 1883 « paroi rocheuse » (Annuaire du Club alpin fr. Année 1882, p. 127 ds Quem. DDL t. 27); 1897 faire du rocher « escalader des parois de pierre (p. oppos. aux escalades qui se font dans la neige ou sur la glace) » (R. alpine, loc. cit.); 3. a) 1599 « décoration de table simulant une montagne » (Havard); b) 1690 rocher de confiture « filets d'écorce de citrons ou d'oranges confits, disposés pour imiter une rocaille » (Fur.); 1904 pâtiss. (Nouv. Lar. ill.); c) 1694 rocher d'eau « fontaine imitant un rocher d'où sort une source » (Corneille); d) 1721 rocher des philosophes « fourneau chimique » (Trév.); e) 1765 anat. (Encyclop.); f)1765 « masse de mousse qui s'étend sur la bière quand elle commence à fermenter » (ibid.). Dér. de roche*. Fréq. abs. littér.: 4 629. Fréq. rel. littér.: xixes. : a) 11 840, b) 8 121; xxes.: a) 3 845, b) 2 918. Bbg. Quem. DDL t. 27.