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REVÊCHE, adj.
A. − Vieilli
1. Rude, rugueux au toucher, âpre au goût. Synon. rêche.Ces poires sont revêches, du vin revêche (Ac. 1935).
Empl. subst. fém. (Pièce d')étoffe de laine frisée et à long poil. Il y avait partout, sur les dalles, de bonnes revêches de Berry, et, sur les planchers, d'autres tapis plus riches de la manufacture d'Aubusson (Sand,Beaux MM. Bois-Doré,t. 1, 1857, p. 64).Les revêches étaient tissées en blanc, et ensuite teintes en toutes couleurs, suivant les préférences ou les besoins des acheteurs. Au XVIesiècle, on en faisait aussi des tentures (Havard1890).
En partic. [En parlant d'un matériau] Difficile à travailler, à polir. Diamant revêche. Fer, bois, marbre revêche (d'apr. Jossier 1881).
2. P. anal.
a) [En parlant d'une terre] Peu fertile. Je ne vois pas l'avantage de dépenser sur quelques toises d'argile la somme de travail et de semences qui suffirait pour féconder deux lieues carrées de sol moins revêche (Amiel,Journal,1866, p. 355).
b) [En parlant d'un objet, d'une chose] Dont l'aspect ou le contact est rude. Synon. rêche. .Une bouche lippue d'ivrogne et de satyre, un menton à verrue où s'implantaient quelques poils revêches et durs comme des crins de vergette (Gautier,Fracasse,1863, p. 21).
c) [En parlant d'un son] Grinçant, désagréable. Les deux derniers sons suraigus [de la flûte] (si5, ut6) sortant assez difficilement, ont une sonorité dure et revêche (Gevaert,Instrument.,1885, p. 57).
B. −
1. [En parlant d'une pers., de son aspect, de sa manière d'être] Qui est d'un abord difficile, peu accommodant. Synon. acariâtre, grincheux.Abord, air, humeur, mine revêche; bouche, figure, visage, voix revêche. L'une était une fille du peuple, assez dévote, nommée Élisabeth, comme elle-même, mais rude et grossière à l'excès, et si horriblement laide, qu'elle servait d'épouvantail aux enfans. L'autre était une veuve, âgée, sourde, d'un caractère acariâtre et revêche, toujours mécontente et en colère (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p. 242).Rohner a pris soudain ce ton sarcastique et revêche qui doit être une de ses réactions de défense − quelque chose de comparable à l'attitude spectrale des insectes attaqués (Duhamel,Maîtres,1937, p. 196).
Empl. subst. Et, quand je me rendais à leurs bals fastueux, qu'y trouvais-je? Toute ma cour des Tuileries; pas une figure nouvelle, pas un de ces blessés, de ces revêches boudant à l'écart, et qu'un peu de miel eût ramenés au bercail (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 76).
Revêche à.Fermé, hostile à. Or cet amour auquel tu te montres revêche, En toi tout le décèle et tout en toi le prêche (Borel,Rhaps.,1832, p. 92).Si Faron, revêche à la critique, laissait tomber sur sa femme un « Voyez-vous ça » alourdi d'un regard jaune et pesant comme l'or, Fanny faisait preuve (...) d'une étrange liberté d'esprit (Colette,Seconde,1929, p. 59).
2. Qui rebute par son aspect peu engageant, qui inspire de l'aversion.
a) [En parlant d'une chose concr.] Les repas étaient revêches et la nourriture des enfants eux-mêmes sévère (Hugo,Misér.,t. 1, 1862, p. 589).Il concevait sa maison au centre d'un jardin, sur quelque colline dominant Paris. Ce fut rue Caroline, une des plus revêches des Batignolles, qu'il loua un vilain hôtel, une fois marié (Blanche,Modèles,1928, p. 33).
b) [En parlant d'une chose abstr.] Cet estimable et savant ouvrage [la Vie de Bossuet, de M. Floquet] (...) n'a contre lui que le style dans lequel il est écrit et qui est un peu revêche (Sainte-Beuve,Nouv. lundis,t. 2, 1862, p. 336).On n'y trouve [en France] (...) qu'une philosophie sèche et sans cœur, revêche et méprisante: l'université et son esprit (Renan,Souv. enf.,1883, p. 386).
REM.
Revêchement, adv.,hapax. D'une manière revêche. Les syllabes se refusaient à son gosier spasmodique; enfin, elles consentirent, revêchement (Arnoux,Zulma,1960, p. 296).
Prononc. et Orth.: [ʀ əvε ʃ]. Ac. 1694, 1718: -vesche; dep. 1740: -vêche. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1223 « violent, dangereux (en parlant d'un feu) » (Gautier de Coinci, Miracles N.D., éd. V.-F. Koenig, II Mir 26, t. 4, p. 281, 424); b) 1549 « âpre au goût » (Est.); 1572 « rude au toucher » (Amadis Jamyn, Œuvres poétiques, Epithalame pour le Roy et la Royne de Navarre, éd. S. M. Carrington, Premières poésies, p. 206, 144); c) 1480 subst. fém. « étoffe de laine frisée et à longs poils » (doc. ds Gdf. Compl.); 2. 1269-78 ruvesche « farouche, sans pitié » (Rose, éd. F. Lecoy, 19773). Prob. issu d'un a. b. frq. *hreubisck « rude, âpre, ébréché » que l'on peut restituer d'apr. l'a. nord. hriúfr « raboteux » (FEW t. 16, p. 239a). Fréq. abs. littér.: 120.