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REMBRUNIR, verbe trans.
A. −
1. Empl. trans.
a) PEINT. Rendre plus sombre, plus foncé. Synon. assombrir, obscurcir (rare).Je suis étonné que les peintres espagnols aient, en général, si fort rembruni leurs tableaux (Gautier,Tra los montes, 1843, p. 227).
P. anal., dans le vocab. de la crit. esthét. Quelquefois, quand le caractère d'un passage [de ses messes] serait trop gai et trop profane, Haydn le rembrunit par des accords profonds et ralentissants (Stendhal,Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p. 137).V. ensanglanter A 2 ex. de Janin.
b) Faire apparaître plus sombre, plus foncé. Ces draperies blanches des Alpes ont d'ailleurs un grand inconvénient; elles noircissent tout ce qui les environne, et jusqu'au ciel dont elles rembrunissent l'azur (Chateaubr.,Voy. Amér. et Ital., t. 2, 1827, pp. 308-309).
2. Empl. pronom. Devenir plus sombre, plus foncé. Synon. noircir.La tête (...) se détache sur un fond gris, encore plus pâle autour d'elle, et qui, se rembrunissant vers les coins, a l'air de lui servir d'auréole (Baudel.,Salon, 1845, p. 44).
En partic., vieilli. [En parlant du temps] Se couvrir, s'obscurcir. Anton. se dégager, s'éclaircir.Le temps se rembrunit. Le ciel se rembrunit, l'air s'adoucit, et les arbres cessèrent de faire leur grand bruit dans leurs rameaux dépouillés; la neige tomba (Flaub.,1reÉduc. sent., 1845, p. 61).P. anal. Notre horizon se rembrunit de plus en plus (...) toute espérance d'amélioration future nous échappe, et le plus sinistre avenir seul demeure (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 860).
3. Part. passé adj. Qui est devenu plus foncé, plus sombre. Les tons [des toiles de Poussin], posés d'ordinaire sur une impression rouge qui a repoussé, ont pris un aspect triste et rembruni (Gautier,Guide Louvre, 1872, p. 172).La femelle a des teintes plus rembrunies, la gorge blanc sale, la tête brunâtre (Coupin,Animaux de nos pays, 1909, p. 131).
B. − Au fig.
1. Empl. trans. Synon. de assombrir.
a) Qqc. rembrunit le visage, les idées (ou un terme appartenant à ces parad.) de qqn, (p. méton.) qqn. Rendre, faire paraître triste, inquiet; contrarier. Synon. attrister, peiner.Ces tableaux touchans (...) avaient singulièrement rembruni mes idées (Jouy,Hermite, t. 2, 1812, p. 278).Depuis qu'elle était la maîtresse du jeune homme, ces mêmes éloges rembrunissaient son visage, comme ils froissaient son amour (Bourget,Crime am., 1886, p. 140).
b) Un sentiment rembrunit les traits (ou un terme appartenant à ce parad.) de qqn; (p. méton.) qqn. Apparaître dans l'expression triste, inquiète, contrariée de quelqu'un. Synon. attrister.Le baron, qui se promenait à grands pas, vint s'asseoir; une sévérité glacée rembrunissait son visage (Balzac,Vendetta, 1830, p. 185).
c) Un sentiment rembrunit qqc. Faire apparaître sous un jour défavorable, triste. La tristesse de l'exil rembrunissait tout à ses yeux [de Bernardin de Saint-Pierre] (Sainte-Beuve,Portr. littér., t. 2, 1836, p. 121).
2. Empl. pronom. Prendre une expression triste, inquiète, contrariée. Synon. s'assombrir.Edmond se rembrunit, pensant à l'addition. Carlotta déjà le devinait: « Écoute, ce soir, c'est mon tour. C'est moi qui paye le dîner... » (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 382).Le visage de Nadine se rembrunit; pendant un moment elle regarda l'horizon d'un air dur et elle se leva brusquement: « Je vais donner son biberon à Maria » (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 543).
3. Part. passé adj. Qui est attristé, inquiet. Vous suivrez donc votre fortune, telle que le sort vous la fera et sans même essayer de la combattre? dit Morel rembruni (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 179).Oisif, rembruni, silencieux, il tournait en rond dans la maison (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 141).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɑ ̃bʀyni:ʀ], (il se) rembrunit [-ni]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1690 « rendre plus brun » (Fur.); 2. 1762 fig. part. passé air rembruni (Ac.); 1791 (Staël, Lettres jeun., p. 455: ta dernière lettre rembrunit sa perspective); 1792 se rembrunir (Marat, Pamphlets, À MePétion, p. 343: je vis son air se rembrunir). Dér. de embrunir*; élém. formant re-*. Fréq. abs. littér.: 155.
DÉR.
Rembrunissement, subst. masc.a) Peint. Fait de devenir plus sombre, plus foncé; teinte sombre, foncée de quelque chose. Les Anglais (...) ont cru, en faisant des tableaux enfumés, faire des tableaux vigoureux; ils ont imité le rembrunissement que le temps donne à tous les tableaux (Delacroix,Journal, 1855, p. 372).b) Littér. Expression de tristesse, de contrariété. Morcerf s'attendait à ces mots à voir s'épanouir la figure du banquier, dont il attribuait le rembrunissement à son silence; mais au contraire cette figure devint (...) plus impassible et plus froide encore (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 277). [ʀ ɑ ̃bʀynismɑ ̃]. Att. ds Ac. 1694-1878. 1resattest. a) 1690 (Fur.), b) 1846 fig. « état de ce qui est assombri, attristé » (Dumas père, loc. cit.); de rembrunir, suff. -ment1*.
BBG.Gohin 1903, p. 347, 367.