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REFOULER, verbe
I. − Fouler de nouveau.
A. − Fouler de nouveau quelque chose (à l'aide des mains, des pieds, d'un outil). Refouler une étoffe. Refouler du drap, des peaux, du cuir. Refouler la vendange (Ac. 1935).
B. − Empl. pronom. réfl. Se faire une nouvelle foulure. Se refouler la cheville, le poignet. (Dict. xxes.).
II. − Pousser avec force en arrière.
A. − [Le compl. d'obj. désigne des choses concr.]
1. [Avec idée de compression]
a) TECHNOL. Refouler un morceau de fer. ,,Le placer debout, après l'avoir chauffé, et le frapper en tête avec un marteau pour le renfler et le grossir`` (Jossier 1881). Les forgerons refoulent une pièce de fer pour faire un renflement ou une embase (Virmaitre,Dict. arg. fin-de-s., Suppl., 1899, p. 160).Refouler l'éponge. ,,Frapper une des extrémités du fer à cheval pour lui donner une forme carrée`` (Mots rares 1965).
b) MÉD. Comprimer. La compression est un moyen chirurgical à l'aide duquel on agit sur les tissus en les refoulant. Ce refoulement peut avoir lieu tantôt de dehors en dedans, et alors il constitue la compression proprement dite; tantôt de dedans en dehors: dans ce cas, il prend le nom de dilatation ou de tamponnement (Nélaton,Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 45).
2. [Avec idée de déplacement en arrière]
a) [Le compl. d'obj. désigne un liquide (ou un élément gazeux)] Faire aller dans la direction de son point de départ en exerçant une pression en sens inverse du courant normal. Ce batardeau refoula les eaux jusque dans les maisons (Ac.1935).Au fond de cette vallée étroite, et qui semble à cent lieues de la mer, la Vilaine était refoulée rapidement par la marée montante (Stendhal,Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 2).Ses traits ne portaient pas l'empreinte de cette émotion profonde qui refoule le sang au cœur et décolore le front et les joues (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 670).
[Le compl. d'obj. désigne un fluide dans une tuyauterie] Quand on abaisse la pression du gaz, l'espace sombre de Crookes et la gaine s'élargissent, refoulant vers l'anode et hors du tube la colonne positive (MmeP. Curie, Isotopie, 1924, p. 71):
1. Le dispositif de Voltri consistait en un flotteur de 60 cm de diamètre solidaire d'un piston plongeur. Lorsque la mer montait, dans le puits du flotteur, celui-ci était soulevé et le piston montait en refoulant l'eau dans une colonne montante. Romanovsky,Mer, source én., 1950, p. 118.
Refouler le courant, la marée. Naviguer (ou nager) à contre-courant. Ma seule espérance avait été qu'elle [notre biscayenne] pourrait refouler le courant (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 172).
Empl. abs. [Suivi d'un compl. de lieu] La marée, qui commençait à monter, refoulait jusque dans le port (Flaub.,1reÉduc. sent., 1845, p. 171).
Cheminée qui refoule (la fumée). Cheminée qui aspire incomplètement la fumée. Vent qui refoule (dans la cheminée). Le feu tirait à ravir!... Quand le vent était bien placé on aurait brûlé la baraque!... Mais si il changeait de direction alors il refoulait dans la tôle!... On étouffait dans la fumée! (Céline,Mort à crédit,1936,p. 650.)
b) TECHNOL. Refouler une cheville. ,,La faire sortir de force du trou qu'elle occupe en la repoussant avec une broche de fer sur la tête de laquelle on frappe avec un marteau`` (Jossier 1881). Refouler un boulon. ,,Le faire entrer ou le faire sortir de force`` (Jossier 1881).
c) ARTILL. ,,Assurer le chargement d'un canon à l'aide du refouloir`` (Ac. 1935). Refouler la charge, le projectile d'un canon.
d) CH. DE FER. Refouler un train. Le faire reculer à l'aide de la locomotive. Les voies affectées au transport des marchandises doivent être disposées de telle façon que les trains puissent y refouler ou y prendre des wagons aussi bien dans une direction que dans l'autre (Bricka,Cours ch. de fer, t. 2, 1894, pp. 279-280).
3. P. ext.
a) Repousser. Au moment de l'inspiration, le diaphragme en se contractant s'aplatit et s'abaisse, en même temps qu'il refoule en bas et en avant les viscères abdominaux (Baratoux,La Voix, 1912, p. 53).Le Diplodocus marchait sur une terre couverte d'une végétation serrée dans laquelle l'animal avait à se frayer un passage; la résistance des plantes en refoulant son tronc allongeait son cou (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 544).
b) Faire disparaître. D'autres [spécialistes] traitent les affections cutanées, refoulent des eczémas chez des vieillards qui deviennent, aussitôt guéris, gâteux ou fous (Huysmans,Là-bas, t. 1, 1891, p. 159).
B. − [Le compl. d'obj. désigne des pers. (ou des animaux)]
1. [Le suj. désigne un animé] Faire reculer. Synon. chasser, repousser.Refouler l'ennemi, des envahisseurs, les fuyards, les barbares, des immigrants, des réfugiés; ils ont été refoulés à la frontière. Les soldats refoulaient le peuple au coin des rues (Hugo,Légende, t. 6, 1883, p. 120).
Au fig. Les hommes d'État jésuites veulent nous refouler dans la barbarie du Moyen Âge en renouvelant des lois sanguinaires contre le sacrilège (Delécluze,Journal, 1825, p. 178).
Empl. pronom. Tous se refoulèrent vers le corridor. Un large vide se fit au milieu du galetas (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 965).
Au fig. Se refouler sur soi-même, à l'intérieur. Se refermer, se replier sur soi-même. Je lis peu, je sors peu, je me refoule à l'intérieur (E. de Guérin,Journal, 1835, p. 92).De l'orgueil de la France, il [V. Hugo] va au cœur de la France. C'est le génie de notre race qui se refoule en elle-même: après qu'il s'est répandu dans le monde, il revient à son centre (Barrès,Déracinés, 1897, p. 522).
VÉN. Refouler les chiens. ,,Faire retourner les chiens sur leurs pas`` (Littré).
2. [Le suj. désigne un inanimé] Qqc. refoule qqn.Quelque chose oblige quelqu'un à fuir pour se mettre à l'abri. L'air brûlant, un vent glacial, une pluie battante les refoulent.
Au fig. Ce vent pluvieux semblait nous refouler en nous-mêmes et nous crier: « Hâtez-vous de vous dire tout ce qui n'a jamais été dit dans vos cœurs et tout ce qui doit être dit avant que l'homme et la femme meurent, car je suis la voix des mauvais jours qui approchent et qui vont vous séparer » (Lamart.,Raphaël, 1849, p. 190).
C. − [Le compl. d'obj. désigne qqc. d'abstr.]
1. Repousser. Tantôt la bourgeoisie révolutionnaire a sombré, entraînant avec elle le prolétariat. Tantôt la bourgeoisie révolutionnaire victorieuse a eu la force de contenir, de refouler le mouvement prolétarien (Jaurès,Ét. soc., 1901, p. xxxii).Ce n'est qu'à l'aurore du XIXesiècle que le pullulement des sectes, en refoulant au second plan la doctrine de la prédestination, a permis l'éclosion du mouvement missionnaire parmi les protestants (Philos., Relig., 1957, p. 46-1).
2. ,,Empêcher une pensée ou un sentiment de s'établir dans la conscience, ou du moins inhiber sa manifestation`` (Foulq.-St-Jean 1962). Synon. brider, comprimer, contenir, contraindre, enrayer, étouffer, ravaler, rejeter, rentrer, réprimer, retenir; anton. assouvir, défouler, exprimer, extérioriser.Refouler un désir, sa colère, son orgueil, son émotion, des tendances, des instincts, ses sentiments (Foulq.-St-Jean 1962). Tantôt il était porté à des épanchements extraordinaires, et tantôt il refoulait tous ses élans en lui-même, avec une profonde souffrance et une sorte d'effroi (Sand,Jeanne, 1844, p. 253).Je vis ses lèvres se fermer, se serrer comme pour s'opposer à une pression intérieure, comme pour refouler en elle-même des pensées qu'elle me cacherait désormais et se refuserait à me laisser combattre (Gide,Robert, 1930, p. 1328).
Empl. pronom. L'illusion au cœur bientôt se refoulait; Ce n'était sous leurs pieds qu'un gravier qui coulait (Lamart.,Chute, 1838, p. 1068).
3. PSYCHANAL. ,,Interdire inconsciemment l'accès de la conscience à des souvenirs, à des pensées, à des sentiments ou à des désirs en désaccord avec ses aspirations profondes ou avec les exigences du surmoi`` (Foulq. 1971):
2. mademoiselle andriot: (...) C'est sûrement un refoulé. christine: Un refoulé? Oh! bien, il n'en a pas l'air. mademoiselle andriot: Mais justement, c'est la preuve! christine: Et il refoule... quoi? mademoiselle andriot: Ah! ça, je ne sais pas. D'ailleurs, ce qu'on refoule, cela n'a pas d'importance. Ce qui est important, c'est d'être un refoulé. Et il en est un. Montherl.,Celles qu'on prend, 1950, II, 4, p. 801.
D. − Arg. [Le suj. désigne qqn ou qqc. qui repousse les autres par une mauvaise odeur] Ramon était rentré dans la chambre [de Marcel] par hasard, pour voir un peu le gourbi. Ça puait terrible là-dedans. Ça refoulait la pisse et le foutre (B. Dary,Les Beaux bars, 1973, p. 78 ds Cellard-Rey 1980).
Refouler du corridor. ,,Sentir mauvais de la bouche, avoir mauvaise haleine`` (Sandry-Carr. 1963).
Refouler au turbin. ,,Fuir le travail`` (France 1907).
Refouler sur le bouleau. ,,Paresser`` (Rigaud, Dict. arg. mod., Suppl., 1888, p. 399).
III. − Empl. intrans.
Rare. Reculer sous l'effort d'une pression. Synon. plus cour. refluer:
3. C'est l'ordre que le père meure avant les enfants. Il pense à eux, par une grâce de Dieu, aussitôt le sang lui refoule au cœur. Et le réchauffe tellement. Et lui reflue dans tous les membres jusqu'au bout des doigts. Tellement que s'il avait bu un bon verre de vin de Meuse. Péguy,Porche Myst., 1911, p. 187.
TECHNOL. ,,Signifie quelquefois, Résister aux coups, refuser de pénétrer, ressortir au lieu d'entrer: c'est dans ce sens qu'on dit d'un pieu ou d'une cheville qui ne veut pas entrer, qui même parfois revient sous le coup: il refoule, elle refoule`` (Jossier 1881). Clou, vis qui refoule.
Prononc. et Orth.: [ʀ əfule], (il) refoule [-ful]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1175 intrans. « refluer (de la mer) » (Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 21491); b) 1611 trans. « pousser la poudre avec le refouloir » (Cotgr.); c) 1770 (Raynal, Hist. phil., XIX, 9 ds Littré: le christianisme refoula dans l'Europe pour s'y concentrer); d) 1831 trans. « refouler (des sentiments) » (Balzac, Peau chagr., p. 94); e) 1905 psychanal. (E. Claparède, c.r.: Freud in Arch. de psychol., t. 5, p. 180 ds Quem. DDL t. 29: processus psychiques refoulés de la conscience); f) 1923 (J. Rivière, in NRF, n o118, p. 98 ds Quem. DDL t. 21: êtres contraints, refoulés ou pervertis); 2. 1260 « fouler à nouveau (du drap) » (Etienne Boileau, Métiers, éd. Lespinasse et Bonnardot, p. 160). Dér. de fouler*; préf. re-*; cf. fin xies. judéo-fr. refoler « fouler de nouveau » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 122). Fréq. abs. littér.: 474. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 332, b) 603; xxes.: a) 804, b) 922. Bbg. Quem. DDL t. 29.