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RASTAQUOUÈRE, subst. masc.
A. − Péj. Individu, habituellement d'origine Sud-américaine ou méditerranéenne, qui étale un luxe voyant et de mauvais goût et dont les moyens d'existence sont suspects. Un Colombien milliardaire ou prétendu tel, venu à Paris pour se débarrasser de quelques millions. Ce rastaquouère devait me fourrer dans ses bagages et m'emporter à Bogota (...). J'apprends, aujourd'hui, que mon rastaquouère a soudainement filé sans un mot pour moi (Bloy, Journal, 1892, p. 28).La route de la corniche devait être quelque chose d'analogue avant que les rastaquouères du monde entier nous forçassent à grouper dessus des idées communes. Ici du moins nulle architecture prétentieuse, nulle végétation exotique (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p. 131).
Empl. adj. Propre à ce personnage. « Ié coupe », dit, en contrefaisant l'accent rastaquouère, Cottard, dont les enfants s'esclaffèrent (Proust, Sodome, 1922, p. 958).
B. − P. ext. Aventurier d'allure suspecte. (Ah! Si tu le connaissais!) J'en suis bien revenu sur Mazarakis. C'est un rastaquouère comme tous les autres, un fumiste, un Grec de tripot qui a toujours dans sa manche un double jeu, comme autrefois (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 236).
REM.
Rasta, subst. masc.,abrév. Qu'on transfère, si l'on veut, le culte grec dans les rues habitées, de l'autre côté de l'eau, par les rastas (Huysmans, La Bièvre, 1886, p. 76 ds Cressot, Phrase et vocab. Huysmans, 1938, p. 408).
Prononc. et Orth.: [ʀastakwε:ʀ], [ʀasta]. Att. ds Ac. 1935. Plur. abrév. des rastas. DG, Lar. Lang. fr.: -quouère, -couère. Étymol. et Hist. 1. 1880 rastacouère ou rastaquère (boulevardiers d'apr. Esn. 1966); 1881 rastaquouère (R. du mond. lat., févr. [compte rendu] de la séance d'une société d'études brésiliennes ds Larch. Nouv. Suppl. 1889, p. 204); 1884 (A. Daudet, Sapho, p. 169); 2. 1886 p. abrév. rasta (Huysmans, loc. cit.). Empr. à l'hispano-amér.(ar)rastracueros « personne méprisable » (au Venezuela), « tanneur, grossiste en peaux, en cuirs » (v. Al.), comp. de arrastrar « ratisser » (au Mexique; « traîner » en esp. de la Péninsule; dér. de rastro « râteau », du lat. rastrum « id. ») et de cueros « cuirs, peaux ». Le sens péj. du fr. est prob. dû au fait que beaucoup de Sud-américains à l'élégance tapageuse qui séjournaient à Paris à la fin du xixes. devaient leur fortune récente au commerce des cuirs et peaux (v. FEW t. 10, p. 98b). Le mot a été réempr. au fr. avec ce nouveau sens par l'hispano-amér. d'Argentine et du Chili (v. Al. et Cor.-Pasc.). Fréq. abs. littér.: 40.
DÉR.
Rastaquouérisme, subst. masc.,rare. Exotisme de mauvais goût. P. anal. Une nouvelle école, appliquant les procédés du Moyen-Âge, à des sujets contemporains et profanes; celle-là, composée de pénibles virtuoses, plaque sur des fonds, en relief, une boue d'or qui sert de monture à des turquoises d'occasion et à des bouts de perles. C'est le rastaquouérisme de l'enluminure (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 104). [ʀastakweʀism̭]. 1reattest. 1882 (Gil Blas, 15 mai ds Esn. 1948: Le quartier de l'étranger, ce boulevard du Rastaquouérisme); de rastaquouère, suff. -isme*.
BBG.Aubrun (C. V.). Rastaquouère et rasta. B. hisp. 1955, t. 57, n o4, pp. 430-439. − Brazil (P.). Sur l'orig. du mot rastaquouère. Mercure de France. 1911, t. 93, pp. 666-667. − Quem. DDL t. 16, 23.