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* Dans l'article "RAPPORTER,, verbe trans."
RAPPORTER, verbe trans.
I. − Empl. trans.
A. − [Implique un déplacement dans l'espace ou dans le temps]
1. [Vers un destinataire] Porter de nouveau (un objet). Anton. emporter, enlever.Sa femme rentrait. « J'ai faim, dit-elle (...) ». Et elle fit rapporter le gigot (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 603).Le facteur a passé cet après-midi avec une lettre recommandée de Tien-Tsin: je n'étais pas là. Il doit la rapporter ce soir (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 114).
P. anal., rare. À propos de je ne sais quel mot sentimental, il me tend la main. Je ne lui donne pas la mienne, parce que je suppose qu'il veut rire. Il insiste. Enfin, je me décide, mais il l'a retirée. Moins dur que moi, il la rapporte: c'est heureux que j'aie attendu (Renard, Journal,1901, p. 628).
2. [Vers un destinataire, dans un lieu convenu, explicité ou non] Remettre à son endroit initial ce qu'on a pris, apporter, pour le restituer, ce qu'on a reçu. Synon. fam. ramener, reporter.À t'entendre, M. le curé ne t'aurait envoyé ici que pour rapporter une clef oubliée (Bernanos, Crime,1935, p. 808).Je fais rien que rapporter la canette de fil que j'ai empruntée à Phonsine (Guèvremont, Survenant,1945, p. 56).[Le compl. désigne une pers.] Madame Paturot, dit-il avec solennité, je vous ai emprunté un bonnetier, je vous rapporte un capitaine. Rendez-moi ma monnaie (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 167).
[Le suj. désigne un chien] Apporter à son maître (le gibier tué, l'objet qu'il lui a lancé). Un chien de race mêlée (...) qui (...) rapportait les pierres qu'on lançait au loin, sans avoir d'aptitude bien nette pour aucun autre sport (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 215).Le chien d'un tireur rapportait l'oiseau blessé, avec le même petit galop que le pur sang qui rentre au pesage après la course (Montherl., Bestiaires,1926, p. 456).
Absol. Vous possédez un chien de police, numéro un. Il n'a pas voulu rapporter, il n'a pas voulu sauter, il a essayé de mordre son maître, mais... (Bernstein, Secret,1913, ii, 4, p. 19).P. anal. (Elle lance son bouquet sur le théâtre) (...) riant. (...) Carnioli! mon mouchoir qui est parti avec le bouquet! (...) un mouchoir magnifique, s'il vous plaît (...) Est-ce qu'il rapporte, votre poëte? (Elle rit aux éclats.) (Feuillet, Scènes et com.,1854, pp. 132-133).
P. anal., MAR. [En parlant d'une sonde] Mesurer, indiquer. La sonde rapportait vingt brasses (Lar. 19e). La sonde rapporte tant de mètres (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e).
Au fig., DR. CIVIL ET COMM. Rapporter à la masse (commune). Remettre, verser (un bien, une valeur reçus d'avance) dans la masse successorale pour assurer le respect de l'égalité entre cohéritiers, entre partenaires d'une même société:
1. Lorsqu'un des associés a reçu sa part entière de la créance commune, et que le débiteur est depuis devenu insolvable, cet associé est tenu de rapporter à la masse commune ce qu'il a reçu, encore qu'il eût spécialement donné quittance pour sa part. Code civil, 1804, art. 1849, p. 334.
Absol. Les aînés ou ceux qui ont reçu plus que leur part sont tenus de rapporter immédiatement à la masse (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 210).
3. [Le suj. désigne habituellement un être vivant, le compl. un objet ou considéré comme tel] Apporter (quelque chose) d'un lieu qu'on a quitté. Synon. fam. ramener.Rapporter des cadeaux, des souvenirs. Un escalier ancien rapporté de très loin par M. Swann (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 505):
2. Madame Rechteren fut atterrée de la lecture de cette lettre (...), [l']envoya à l'appartement de Ludwig. On ne l'avait pas vu depuis la veille, si ce n'est un vieux jardinier auquel (...) il avait ordonné de porter un paquet et de rapporter cette lettre. Karr, Sous tilleuls,1832, p. 252.
P. méton. La vérité habite dans un puits (...). Les seaux descendent tout à coup pour la pêche et ne rapportent jamais que de l'eau claire (Maupass., Dr H. Gloss,1893, p. 111).Outre sa pêche, le bateau rapportait les filets pleins du Bon Vent, un Boulonnais perdu dans la mer du Nord (Hamp, Marée,1908, p. 12).
[Le compl. désigne une pers. privée d'autonomie] Je fus rapportée du Sénégal, à l'âge de deux ans, par M. le chevalier de B. (Duras, Ourika,1824, p. 25).MmeArnoux l'aperçut jeune homme, blessé dans une rencontre, rapporté sur un brancard, mourant (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 103).
Rem. La distinction relevée par certains grammairiens entre rapporter et ramener a disparu de l'usage écrit et parlé. V. ramener I B.
[Le compl. désigne une partie du référent du suj.] Rare. Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide; Cours offrir un cœur vierge à ses cruels baisers; Et, pleine de remords et d'horreur, et livide, Tu me rapporteras tes seins stigmatisés (Baudel., Fl. du Mal,1857, p. 255).
[L'action est seulement évoquée] Rare. Placer à un autre endroit. L'implantation d'un barrage, s'inscrivant dans le cadre de ce site touristique (...) pose un délicat problème d'architecture, qu'il est peut-être préférable d'esquiver, en rapportant l'usine vers l'amont (Romanovsky, Mer, source én.,1950, p. 97).Absol. Les hirondelles et leurs oisillons (...), toujours volant, cherchant, rapportant vers la couvée criarde (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 138).
P. anal. [Notre] sang rapporte des impressions de vie multipliée de chacun des organes qu'il a parcourus (Stendhal, Hist. peint. Ital.,t. 2, 1817, p. 44).
Absol., MAR. [En parlant de la mer] ,,S'élever beaucoup, apporter une grande masse d'eau au rivage, ou dans le lit d'une rivière`` (Jal1). [En parlant des marées] Présenter une hauteur amplifiée d'un flux à l'autre (d'apr. Gruss 1978). [En parlant de l'eau d'un cours d'eau] Pousser à/vers la droite, à/vers la gauche (d'apr. Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
Au fig. [Le verbe est suivi d'un compl. abstr.] Il rapportait de sa visite au Muséum de Paris la certitude que le squelette de la Barma Grande n'était point plus ancien que celui qu'il avait rapporté de sa dernière expédition à la Terre de Feu (G. Leroux, Parfum,1908, p. 63).Il rapportait de la guerre l'horreur des grandes abstractions sanguinaires (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 295).Lui aussi rapportait des impressions qui corroboraient celles du général Pau (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 467).
Fam. [Le compl. désigne une chose fâcheuse] Quel froid! Quel brouillard! Je rapporte une bonne petite attaque de sciatique (Bernstein, Secret,1913, i, 2, p. 5).Mon père avait rapporté de là une indisposition qu'on affectait d'attribuer aux figues (Gide, Si le grain,1924, p. 409):
3. Sommes-nous encore à ces temps monstrueux du Moyen Âge, où il était permis aux vagabonds d'étaler par nos places publiques la lèpre et les scrofules qu'ils avaient rapportées de la croisade? Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 202.
4. Ajouter (quelque chose) à une autre chose pour la compléter, l'améliorer, en permettre une saine utilisation. Ailleurs des balcons seront rapportés après coup devant des fenêtres (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 114).Le talus de remblai est la surface suivant laquelle on a dressé les terres qu'il a fallu rapporter pour mettre la chaussée à son niveau (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 10).Je constatai que les deux lettres conjugales avaient été rapportées sur le plateau du meuble beaucoup plus ancien (Jouve, Scène capit.,1935, p. 199).
Spécialement
COUT. Ajouter, appliquer (une pièce de tissu) à/sur un vêtement, le plus souvent dans un but d'ornementation. Les Scythes de l'antiquité (...) avaient des tuniques cousues bien ajustées, avec des manches rapportées (Lowie, Anthropol. cult.,trad. par E. Métraux, 1936, p. 92).
GÉOM. Reproduire dans la proportion voulue sur le papier (une figure) après (en) avoir pris les mesures sur le terrain. Rapporter des angles. Les résultats des sondages [concernant les marées] sont rapportés sur le plan sous forme de courbes de niveau (Bourde, Trav. publ.,1929p. 178):
4. ... naviguant à la distance d'un mille de la terre, on put distinguer les caps, les anses et les autres points remarquables, de manière à pouvoir les rapporter sur la carte qu'on dressait. Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 138.
Au part. passé, CHAUSS. Mon aide me donne lecture de la réparation qui la concerne [la godasse], par exemple: (...) un bout rapporté à la semelle (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 197).Une talonnette, une trépointe rapportée (Rama1973).
5. Produire (un revenu en argent ou en nature). Synon. donner, procurer, rendre; anton. coûter.C'est à compter de demain que chaque jour te rapporte un salaire (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 83).Avec les impôts et les réparations, il [mon domaine] ne me rapportait plus qu'une somme ridicule, d'autant que (...) les fermiers abusaient volontiers de la situation (Romains, Knock,1923, ii, 5, p. 12).Une magnifique opération de carambouillage qui nous rapporterait des mille et des cents (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 71).
Empl. abs. Rapporter gros. Il a fallu qu'on y tâte à son « Concours du Perpétuel ». C'était un expédient rapide... Ça devait nous rapporter tout de suite (Céline, Mort à crédit,1936, p. 471).
Au fig. Donner (quelque chose) comme avantage moral. C'est pourquoi je pensai devenir un saint. Cela exige moins d'appareil et rapporte beaucoup de louanges (A. France, Livre ami,1885, p. 62).
B. − [Sur le plan de la communication]
1. [À titre privé] Transmettre (une information) oralement ou par écrit. Synon. citer, (ra)conter, (re)dire, relater, répéter.Rapporter une conversation, un fait, une histoire, des paroles; rapporter mot pour mot, textuellement. Une lettre où les mêmes faits sont rapportés avec les mêmes circonstances (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 113).Mais la nuit était aussi dans tous les cœurs et les vérités comme les légendes qu'on rapportait au sujet des enterrements n'étaient pas faites pour rassurer nos concitoyens (Camus, Peste,1947, p. 1357).
[Le verbe est suivi d'une prop. complét., inf. ou interr.] Madame de Gennevilliers a dû vous rapporter, monsieur, quelle était la chose à laquelle je tiens le plus? (Gobineau, Pléiades,1874, p. 173).Cette réflexion que Rilke rapporte avoir entendue devant un portrait de la femme de Cézanne (Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 128).
[En incise] Ballmeyer, rapporte M. Albert Bataille, semble avoir reçu de la nature tous les attributs qui constituent l'escroc de race (G. Leroux, Parfum,1908, p. 57).
Empl. abs. Ce soir même où elle me parlait comme j'ai rapporté, je me sentais l'âme si légère et si joyeuse (Gide, Symph. pastor.,1919, p. 912).
P. anal. Si nos yeux ne lui rapportent rien, elle [l'âme reléguée dans les ténèbres] saura transformer sa pauvre déception en quelque chose d'ineffable qu'elle cachera jusqu'à la mort (Maeterl., Trésor humbles,1896, p. 267).
Péj. Retransmettre à quelqu'un (une information) au risque ou dans le but de lui nuire. Elle m'assura qu'elle le détestait (...). Elle me rapportait tous les discours qu'il tenait; elle y ajoutait; elle les brodait (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 146):
5. Un cafard de Paris, comme il y en a tant parmi ces garçons qui (...) se piquent de littérature et vous font perdre votre temps en ne vous rapportant que des vieux ragots et des potins venimeux... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 65.
Empl. abs., fam. Synon. dénoncer, (fam.) cafarder, moucharder.Il faut que je vous le dise aussi, à la fin, bien que ça ne m'aille guère de rapporter. Si Madame rentre comme ça à des heures de fantaisie, c'est qu'elle fait des choses abominables (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 592).
2. Présenter le compte rendu d'une question, d'une opération, etc., dans une forme plus ou moins officielle, afin notamment de prouver, de convaincre. Cette discussion [sur la combinaison de l'air et du mercure] et les preuves que je serois obligé de rapporter, ne seroient pas à leur place ici (Lavoisier, Chim.,t. 1, 1789, p. 41).
3. [Le suj. désigne une source d'information] Raconter de manière précise. Synon. relater.L'histoire, la tradition rapporte. Une légende rapporte que les âmes de ceux qui n'ont pas été déposés en terre sainte errent dans l'espace sans jamais trouver de repos (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 68).
Empl. abs. Moi [l'Histoire:] je suis un rapporteur. Ou une rapporteuse. On sait assez que je rapporte. Mais je ne rapporte pas le millionième de ce qui se passe (Péguy, Clio,1914, p. 224).
4. [Dans le cadre jur. ou officiel]
a) [Le compl. désigne un texte jur. ou relig.] Synon. alléguer, citer.Mon avocat a rapporté des lois et plusieurs autorités en ma faveur (Ac.1798-1878).Saint Irénée rapporte un passage d'un ouvrage inconnu de Saint Justin (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 342).
b) Rapporter la preuve. Administrer la preuve pour son compte personnel, de manière à convaincre du bien-fondé de son droit ou de son opinion. La preuve n'est pas suffisamment rapportée qu'il y ait eu entre eux et lui [Pétain] un véritable complot contre la sûreté intérieure de l'État (Procès Pétain,t. 2, 1945, p. 1122).
c) Faire un compte rendu oral ou écrit, au nom d'une commission dont on transmet l'avis, sur (une question, un texte, une enquête) devant une instance reconnue. Synon. relater.Rapporter un projet de loi. Le service (...) élabore et rapporte devant les conférences administratives régionales (...) les programmes hiérarchisés d'équipement (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 311):
6. Les vœux sont présentés par leurs auteurs au début de la session [du conseil général], puis renvoyés à la commission compétente, pour être rapportés comme les autres affaires. Bacquias, Cons. gén. et cons. arrondiss.,1934, p. 34.
Empl. abs. La commission a rapporté dans le sens du rejet du projet ou de la proposition (Lidderdale, Parlement fr.,1954, p. 200).
d) Faire un exposé écrit sur l'état d'(un procès). Ce juge, ce conseiller a fort bien rapporté le fait et les moyens des parties (Ac.1835-1935).Dans les deux mois du dépôt, l'affaire est rapportée à la chambre d'accusation (Code instr. crim.,1808, art. 627, p. 7941).
Empl. abs. [Avec présence d'un adv. de manière] Ce juge rapporte bien, nettement (Ac.1798-1935).
C. − [Implique un rapprochement d'ordre intellectuel]
1. [D'un point de vue logique] Établir entre un objet de pensée et un autre un lien mettant en évidence leur dépendance, permettant leur comparaison; poser un ou plusieurs rapports entre. Un de ces exemples auxquels il en faut rapporter d'autres (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t. 1, 1821, p. 511):
7. Le besoin de tout rapporter à un personnage central se rattache à une vision de l'univers social où l'individu est le centre, et que l'on peut appeler, plus précisément qu'« individualiste », « centrée sur l'individu »... Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. XIII.
En partic. , dans le domaine des sc.Mouvement rapporté à un repère. [Berzélius] entreprit de calculer un nouveau tableau d'équivalents rapporté à 100 d'oxygène (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 309).
[L'obj. est envisagé sous l'angle de l'origine ou de la succession] Rattacher à. Synon. attribuer.Rapporter un effet à sa cause. On le rapporta [le lavement des pieds] à la veille de sa mort [celle du Christ] (Renan, Vie Jésus,1863, p. 401).
Empl. abs. Au passage cité il [Bergson] ajoute: « Un rapport n'est rien en dehors d'un esprit qui rapporte. » (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 768).
[Le lien est à la fois logique et affectif] Établir un lien de caractère exclusif entre (un objet) et un autre (personne ou chose). Sortir de lui-même, c'est ce que ne peut faire celui qui rapporte tout à lui-même (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 164).Son langage à elle avait toujours une certaine retenue, une réserve, comme si une grande pensée eût été derrière tout ce qu'elle disait, comme si elle eût rapporté toute sa vie à cette grande pensée (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 103).
Empl. pronom. réfl. indir., rare. Ils veulent être tout pour lui [Dieu], tout savoir de lui et se rapporter tout ce qu'il est (Blondel, Action,1893, p. 176).
2. [D'un point de vue quantitatif] Établir un lien d'ordre numérique entre (une chose) et une autre pour en retirer ainsi une meilleure compréhension. La complexité de la matière rapportée à notre échelle (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 109):
8. ... des mondes seront indiscernables s'ils sont égaux ou semblables, c'est-à-dire si l'on peut passer de l'un à l'autre en changeant les axes de coordonnées, ou en changeant l'échelle à laquelle sont rapportées les longueurs... H. Poincaré, Valeur sc.,1905p. 64.
Rem. Rapporter peut exceptionnellement signifier « diriger, porter de nouveau son esprit vers/sur quelque chose ». Elle [cette manière] fait oublier la situation dramatique pour rapporter toute l'attention et l'intérêt sur une douleur purement physique (Delécluze, Journal, 1827, p. 465).
II. − DR. ADMIN. Retirer (un texte législatif ou réglementaire) de l'ordre du jour d'une assemblée, revenir sur (sa décision), en créant une situation analogue à une situation antérieure, sans pour autant provoquer une abrogation ou une annulation de principe. Rapporter un arrêt, un décret, une mesure. Le président [de la République] une fois constitué juge du contentieux, ses décisions ne pourraient être rapportées même par lui (Vivien, Ét. admin.,t. 1, 1859, p. 135):
9. Les colléges électoraux, choisis pour la vie, et néanmoins exposés à être dissous (car cette disposition n'est pas rapportée), ont tous les inconvénients des anciennes assemblées électorales, et n'ont aucun de leurs avantages. Constant, Princ. pol.,1815, p. 39.
P. anal. , dans le domaine de la relig.Cette nomination fut rapportée et remplacée par une autre à la cure de Morly (Billy, Introïbo,1939, p. 86).
III. − Empl. pronom.
A. − [Corresp. à supra I A 4] Rare. Se joindre. Les barres des côtés et celles du fond du couvercle doivent se rapporter exactement (Nosban, Manuel menuisier,t. 2, 1857, p. 207).
B. − Empl. pronom. à valeur réciproque, rare. [Corresp. à supra I B 1] Toutes ces dames se connaissaient (...) et se traitaient cruellement: elles se rapportaient nos propos, nos critiques, les jugements de chacun sur tous; nous autres, les fils, nous nous cachions les leurs (Sartre, Mots,1964, p. 186).
C. − [Corresp. à supra I C 1] Se rattacher d'un point de vue logique ou non à. Synon. s'appliquer à, cadrer avec, concerner, correspondre.Tout être concevable se rapporte directement ou indirectement au monde perçu (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 293).Les questions se rapportant à la marine et (...) celles relatives à la marine marchande en particulier (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 526).
GRAMM. [En parlant d'un pron. rel., d'un adj. qualificatif ou dém.] Apporter une détermination, se rattacher à. On ne doit point séparer le relatif qui du substantif auquel il se rapporte (Ac.1798-1878).Y a-t-il moyen de retrancher un s: « Ils avaient l'air fatigués par de... ». C'est fatigué, fatigué se rapportant à l'air (Flaub., Corresp.,1862, p. 301).Quel adjectif se rapporte à l'expression substantive: maître-artisan? (Robert, Artis.,1966, p. 86).V. marquer ex. 6.
D. − Vx. Présenter une ressemblance avec. Il y a à Naples un usage qui se rapporte à celui de Caprée (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 212).Mes théories, que je n'expose pas souvent, se rapportent assez à celles de Richard Wagner (Nerval, Corresp.,1854, p. 242).
E. − S'en rapporter à
1. Vx. S'en tenir à (quelque chose) et y renvoyer. Je m'en rapporte à ma dernière lettre (Ac.1798).
2. S'en rapporter à, se rapporter à qqn de qqc.Faire entière confiance à (quelqu'un), se fier entièrement à (quelque chose) en matière d'opinion, de décision, d'action. Synon. s'en remettre à, se reposer sur.S'en rapporter à l'expérience, à la sagacité de qqn. Comment [les princes] déterreraient-ils le mérite, réduits comme ils le sont à s'en rapporter là-dessus aux fripons qui les entourent (Marat, Pamphlets,Charlatans mod., 1791, p. 277).Le mieux est de nous en rapporter à l'enseignement du Christ (Barrès, Cahiers,t. 11, 1916, p. 152).
Fam., peu usité. S'en rapporter à ce qui est et, p. ell., s'en rapporter. Ne pas être entièrement persuadé de la véracité d'une information reçue qu'on ne veut ni contester ni examiner. Je lui fis un conte qu'il eut l'air de croire. « C'est bien, c'est bien, me dit-il, que cela soit vrai ou non, je m'en rapporte (...) » (Vidocq, Mém.,t. 3, 1828-29, p. 316).
Prononc. et Orth.: [ʀapɔ ʀte], (il) rapporte [-pɔ ʀt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1150 trans. « apporter une chose au lieu où elle était » (Charroi Nîmes, éd. D. Mc Millan, 22); b) 1258 dr. admin. « abroger une mesure prise précédemment » (Charte de Joinville, Bibl. Ec. des Ch., 1886, p. 12 ds Gdf. Compl.), attest. isolée; à nouv. 1789 rapporter un décret (ds Brunot t. 9, p. 782); c) 1283 id. dr. « restituer à la masse des biens à partager ceux qu'on détient et qui font l'objet d'un rapport » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, n o620, t. 1, p. 307); d) 1387 id. « apporter quelque chose en un lieu, l'adjoindre à autre chose pour combler un manque » ici en cout. (Comptes de l'argenterie d'Isabeau de Bavière ds Havard t. 4: trois grans K de broderie, assiz et rapportez sur ladicte coustepointe); 1564 pierres rapportées (Rabelais, Cinquième Livre, éd. Ch. Marty-Laveaux, chap. 37, p. 145); 1718 rapporter des terres pour élever une terrasse (Ac.); e) fin xives. id. « apporter avec soi en revenant d'un lieu » (Froissart, Chron., éd. S. Luce, V, p. 60); 1587 au fig. (Lanoue, 122 ds Littré); 1694 « (en parlant de choses fâcheuses) obtenir comme seul résultat » il n'en a rapporté que de la honte (Ac.); f) 1538 id. « procurer un certain profit, un certain revenu » (Est.); 1559 intrans. (Amyot, Solon, 42 ds Littré); g) 1690 trans. « (d'un chien) apporter l'objet lancé, le gibier tué » (Fur.); 1694 intrans. (Ac.); h) 1815 mar. intrans. la mer rapporte de deux à trois pouces (Freycinet, Voy. terres austr., p. 47); 2. a) ca 1165 trans. « communiquer ce qu'on a lu, vu, entendu » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 17863 ds T.-L.); 1653 « id., avec un nom de chose comme sujet » (Vaugel., Q.C., IX, 2 ds Littré); b) 1320-40 id. « répéter intentionnellement et par malveillance des propos tenus, de manière à nuire à quelqu'un » mal raportans (Jean Condé, Du Prince qui croit Bourdeurs, 5 ds B. et J. de Conde, Dits et contes, éd. A. Scheler, t. 3, p. 285); c) av. 1755 intrans. (St-Sim., 264, 37 ds Littré); d) 1549 trans. « faire un compte rendu officiel touchant une mission exécutée, l'état d'une affaire instruite » rapporter son enqueste (Est.); 3. a) ca 1350 pronom. s'en raporter à qqn « s'en remettre à quelqu'un en matière d'opinion, de décision » as gens je m'en raporte (Gilles Le Muisit, Poésies, I, 228 ds T.-L.); b) 1530 id. se rapporter à qqn de qqc. « le prendre comme arbitre et accepter d'avance sa décision » (Palsgr., p. 687); c) 1538 trans. « rattacher une chose à une autre par une relation logique, un rapport » (Est.); 1538 pronom. « se rattacher à, être en relation avec » (ibid.); en partic. 1701 pronom. gramm. (Fur.); 1788 trans. rapporter un fait à une époque (Barthél., Anach., ch. 17 ds Littré); d) 1762 « établir un rapport quantitatif » (J. J. Rousseau, Emile, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, V, p. 837: Il faut se faire une échelle pour y rapporter les mesures qu'on prend). Comp. du préf. r(e)-* et de apporter*. Fréq. abs. littér.: 5 637. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10 180, b) 7 667; xxes.: a) 7 703, b) 6 542.
DÉR. 1.
Rapportable, adj.a) Dr. civil. Qui doit être rapporté à la succession d'un ascendant par ses cohéritiers. Créance rapportable (Hachette 1980), libéralités rapportables (Lar. 20e, Lar. encyclop.), somme rapportable (Boiste1823, 1834).Les fruits de la chose donnée ne sont pas rapportables (Ac.1798-1935).b) [En parlant d'une pièce, de terre] Qui peut être ajoutée. (Ds Littré). c) Qui peut être attribué à (Ds Littré). Un fait rapportable à une époque de l'histoire romaine (Guérin1892).d) [En parlant d'une décision, d'une mesure] Qui peut être retirée, sur laquelle on peut revenir. (Ds Quillet 1965). [ʀapɔ ʀtabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1resattest. a) 1558 « qui se rapporte à » (Pontus de Tyard, Mantice, dans ses Discours philosophiques, 144a ds Rom. Forsch. t. 32, p. 143) − 1579 (La Bod. ds Gdf. Compl.), à nouv. au xixes. 1864 ossements rapportables à des herbivores (Daubrée, Acad. des sc. Comptes rendus, t. 58, p. 522 ds Littré), b) 1730 dr. « que les héritiers en ligne directe doivent rapporter à la succession de leurs ascendants » (Pocquet de Livonnière, Règles du Droit Français, p. 271 ds Trév. 1752), c) 1836 « (de pièces, de terres) qui peuvent être rapportées » terres rapportables (Land.); de rapporter, suff. -able*.
2.
Rapportage, subst. masc.a) Action d'ajouter. Un arrangement de plafond, rapportage à faire aux plâtres d'appartements en location (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 821).b) Fam. Action de retransmettre une information au risque ou dans le but de nuire. Synon. dénonciation, rapport (fam.).Ces deux petites femmes qui se disputent, se boudent sans cesse, et font des rapportages réciproques dès que j'entre dans la chambre (Mallarmé, Corresp.,1866, p. 227). [ʀapɔ ʀta:ʒ]. 1resattest. a) α) 1328 dr. « responsabilité, garantie » le raportage des eschevins (Trésor des Chartes du Comté de Rethel, I, 732, 11 ds Runk., p. 33), attest. isolée, β) 1354 id. « droit que payaient les laboureurs qui cultivaient des terres situées hors du territoire de leurs seigneurs » (Ord., IV, 298 ds Gdf.), b) 1866 fam. « action de répéter par indiscrétion ou malveillance des propos »; d'où « les propos malveillants ainsi tenus » faire des rapportages (Mallarmé, loc. cit.), c) 1874 « action d'ajouter quelque chose » rapportage à faire aux plâtres (Id., loc. cit.); de rapporter, suff. -age*.
BBG.Pinchon (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, p. 262. − Quem. DDL t. 5 (s.v. rapportage). − Ranft 1908, p. 56.