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QUOIQUE, conj.
A. − [Conj. de sub. servant à marquer une rel. de concession ; signifie que l'on pouvait penser (ou espérer) que le fait évoqué en sub. empêcherait ce qui est évoqué en princ.; suivi du subj. (sauf cas partic.); antéposé ou postposé à la princ.] Synon. bien que, encore que, malgré que.
1.
a) [Suivi du subj.] Castagné se laissa conduire par Albert au tennis des Quatrefage, quoiqu'il détestât prendre de l'exercice (Chardonne,Épithal., 1921, p. 80).Quoiqu'il n'y ait aucun danger grave, la panique s'empare de la foule (Bernanos,Dialog. Carm., 1948, prol., p. 1567):
1. Rastignac fut forcé de le remercier, quoique depuis les mots aigrement échangés, le jour où il était revenu de chez Madame de Beauséant, cet homme lui fût insupportable. Balzac,Goriot, 1835, p. 113.
[En relation avec la cause] M. Zola n'est pas un esprit critique, quoiqu'il ait écrit le Roman expérimental ou plutôt parce qu'il l'a écrit (Lemaitre,Contemp., 1885, p. 250).Quoique rien ne l'obligeât plus à terminer son article − peut-être même à cause de cela − il se remit avec entrain au travail (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 20).
[Dans le dialogue, enchaînant sur l'énoncé de l'interlocuteur] Wanda: Alors, vraiment, vous avez cru remarquer que... moi et... Joë... Thierry: Quoique je ne sois pas psychologue. On me le dit assez! (Martin du G.,Taciturne, 1932, ii, 5, p. 1286).
Empl. subst. masc. Les « quoique » sont toujours des « parce que » méconnus (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 438).
Rem. Avec reprise par et que: Cette soudaine reprise de son mal, et Thérèse le veillant nuit et jour, quoiqu'elle parût à bout de forces et qu'elle fût incapable de rien avaler (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 240).
b) [Avec ell. du verbe être, suivi d'un adj., d'un part. passé adj. ou d'un compl. circ.] La présence des enfants, quoique gênante en apparence, dans le fait augmentait le bonheur commun (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p. 143).L'arrivée imprévue d'un ami de collège presque oublié, quoique toujours aimé dans un repli obscur du cœur (Hugo,Feuilles automne, 1831, p. 715).Il se trouva seul, tout seul, quoique au milieu d'un grouillement d'hommes (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 71).
c) [Avec un part. prés.] Quoique nous sachant seuls, nous fermions les rideaux (Pesquidoux,Livre raison, 1932, p. 24).
2. Cas partic. (rejetés des puristes, le subj. étant préconisé dans la lang. soignée)
a) [Suivi du fut. de l'ind., pour insister sur la réalité du fait] Oui, à la rigueur, quoique ce sera un chagrin pour ma fille (Goncourt,Journal, 1891, p. 82).
Rem. ,,L'ind. était loin d'être exclu en fr. class. Chez certains écrivains l'apparition de ce mode peut être considérée comme une réminiscence`` (Haase 1914, § 83). Je vous pardonne le mal que vous m'avez fait, et quoique, en partant pour la France, j'aurai la triste certitude du soupçon qui me poursuit depuis six mois, c'est que vous avez souhaité que je mourusse (Staël, Lettr. L. de Narbonne, 1794, p. 282).
b) [Suivi du cond. prés. ou passé, pour exprimer l'idée d'éventualité ou d'hyp. (à la place de l'imp. du subj. que réclamerait une langue châtiée)] Mais nous ne sommes pas obligés de nous fier à ce rapport, quoique déjà l'on saurait dans cette petite ville quelque chose des douze cent mille francs disparus pour payer la terre de Rubempré (Balzac,Splend. et mis., 1844, p. 313).
B. − Fam. [La prop. introd. par quoique sert à formuler un jugement rectificatif ou restr. sur la vérité ou la pertinence de l'énoncé; souvent suivi de l'ind. ou du cond. et marqué par une pause: points de suspension, ponctuation forte; toujours postposé] Synon. encore que (v. encore IV), bien que (rare dans cet empl.; v. bien1).
[Souvent renforcé par un adv. en appos. exprimant le point de vue sur la vérité de l'énoncé, sur sa pertinence, sur le thème évoqué] Quoique, à dire vrai; quoique, à vrai dire; quoique, avouons-le... Chère enfant − si je puis ainsi vous appeler, maintenant encore... quoique, en vérité, pour moi tout le monde soit un enfant... (Blanche,Modèles, 1928, p. 156).
[Avec l'ind. ou le cond.] Bien sûr, il ne l'a prise que pour la donner à Zèphe. Quoique avec les gamins, on ne sait jamais (Aymé,Jument, 1933, p. 139).Tu pourrais balader des grenades ou n'importe quelle pétoire quoique j'ai dans l'idée que tu n'es pas doué pour le tir au pigeon (Sartre,Mains sales, 1948, 3etabl., 2, p. 87).Lachaume le regarda d'un air peiné: « Garde-moi rancune si tu y tiens. Quoique vraiment, tu devrais comprendre! dit-il avec un soupir (...) » (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 547):
2. monsieur damiens: (...) À la mort de votre pauvre mère, vous avez voulu travailler pour être indépendante et cela partait d'un bon sentiment. Quoique, vous le saviez, vous n'y étiez pas obligée... Anouilh,Répét., 1950, II, p. 57.
[En phrase ell. ou suspendue, le locuteur hésitant à formuler la restr. ou jugeant inutile de le faire] Cette autre [perle] me plaît assez... quoique!... enfin!... le prix, Monsieur Carazoff? (Farrère,Homme qui assass., 1907, p. 169).Vous devez penser si je me réjouis. Non que je me félicite de cette catastrophe, quoique... Enfin, nous en reparlerons (Queneau,Pierrot, 1942, p. 139):
3. Quant à l'opération, je continue à rester en suspens. Un tel délabrement!... Quoique avec un gaillard de cette tranquillité... Ah! il n'a vraiment pas de nerfs. Bourget,Sens mort, 1915, p. 174.
C. − Quoique ça (pop.). Malgré cela, cependant, pourtant. Le docteur jura qu'il avait oublié que l'un des canons avait une balle, mais, quoique çà, le substitut l'a forcé à donner dix louis (Stendhal,Lamiel, 1842, p. 50).Elle retarde d'au moins dix ans sur la mode (...) Quoique ça, elle ne serait pas mal, si elle voulait (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 27).
Rem. ,,Quoique ça disparaît actuellement du langage populaire`` (Dupré 1972).
Prononc. et Orth.: [kwakə]. [ə] s'élide devant il, elle, on, un, en, à, avec, aussi, aucun, enfin: quoiqu'il fasse. Ac. 1694: quoyque; 1718: quoy que; dep. 1740: quoique. Étymol. et Hist. Ca 1200 quoi que (Jourdain de Blaye, éd. P. F. Dembowski, 1227); 1656 avec ell. du verbe être, quoique pieux (Pascal, Provinciales, VII ds Œuvres compl., éd. L. Lafuma, Seuil, p. 399); 1790 quoique ça (Le Père Duchesne d'Hébert, éd. F. Braesch, I, 26 sept., p. 236). Comp. de quoi* et de que1*, supplantant que que (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 3827). Fréq. abs. littér.: 9 313. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 25 539, b) 16 353; xxes.: a) 5 887, b) 5 509. Bbg. Klein (H. W.). Konjunktiv oder Indikativ in Sätzen mit quoique. Arch. St. n. Spr. 1955, t. 192, pp. 60-62. − Letoublon (F.). Pourtant, cependant, quoique, bien que. Cah. Ling. fr. Genève. 1983, n o5, pp. 85-110. − Lorian (A.). Aspects ling. et aspects styl. de la subordination. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13.1971. Québec, 1976, t. 2, pp. 1000-1001. − Morel (M.-A.). Ét. sur les moy. gramm. et lex. propres à exprimer une concess. en fr. contemp. Thèse, Paris, 1980, p. 277, 282, 291, 316, 393, 588, 877, 881. − Örtenblad (O.). Mél. gramm. Studier i modern Språkvetenskap. 1898, n o1, pp. 61-69. − Pott (H.). Der Ausdruck der Konzessivität im Frz. Bern-Frankfurt-München, 1976, pp. 39-41, 130-131, 299-302; p. 340. − Tobler (A.). Vermischte Beiträge zur französischen Grammatik... Leipzig, 1899, pp. 1-11.