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PULLULER, verbe intrans.
A. − [Le suj. (plur., coll. ou générique) désigne ce qui pullule]
1. Être en grand nombre ou se multiplier en abondance, rapidement (dans un espace donné) et de manière non contrôlée. Synon. abonder, foisonner, fourmiller, grouiller.
a) [Avec un compl. locatif indiquant un espace délimité]
α) [Le compl. locatif est introd. par dans] Qqc.1pullule dans qqc.2
[Le suj. est plur.] Les insectes pullulent dans l'herbe. Les marmots pullulaient dans leurs jambes (Huysmans,Sœurs Vatard, 1879, p. 89).La subdivision de Grimari est fertile, giboyeuse et accidentée. Les bœufs sauvages et les phacochères y pullulent, ainsi que les pintades, les perdrix et les tourterelles (Maran,Batouala, 1921, p. 17).Les cas d'aérophagie pullulent dans l'arrondissement (Giraudoux,Intermezzo, 1933, i, 6, p. 66).Le temps de fermer les yeux, de les ouvrir, les étoiles pullulent dans la nuit liquide (Camus,Été, 1954, p. 176).
[Le suj. est un coll.] Tout à coup une multitude de rats, pullulant dans la grande brûlée comme les vers dans les ulcères d'Assuérus (...) inondèrent les rues (Hugo,Rhin, 1842, p. 176).
[Le suj. est générique] Dans les régions où pullule le hideux sphinx tête-de-mort (...) elles construisent à l'entrée de leurs ruches des colonnettes de cire entre lesquelles le pilleur nocturne ne peut introduire son énorme abdomen (Maeterl.,Vie abeilles, 1901, p. 82).
β) [Le compl. locatif est un adv.] Ce n'est pas non plus une ville où foisonnent exclusivement les hypocrites, qui pullulent non moins ailleurs (Bloy,Journal, 1895, p. 167).
γ) Qqc.1pullule à qqc.2Quand elle [la duchesse] l'eût voulu, elle n'eût pas pu ne jamais blesser aucun des sots qui pullulaient à cette cour (Stendhal,Chartreuse, 1839, p. 119).Les chèvres sauvages pullulaient à l'intérieur de l'île, et les animaux marins abondaient sur ses côtes (Verne,Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 239).
δ) Qqc.1pullule entre qqc.2Quant aux oiseaux, ils pullulaient entre ces ramures un peu maigres des eucalyptus et des casuarinas (Verne,Île myst., 1874, p. 108).
ε) En partic. Qqc.1pullule autour de qqc.2Ce sont les abattoirs. Autour vivent et pullulent des chiens hargneux, fauves et pelés (Du Camp,Nil, 1854, p. 46).En lui commençait l'espèce des abbés d'alcôve qui devait bientôt pulluler autour des femmes de condition (A. France,Vie littér., 1892, p. 329).
ζ) Qqc.1pullule sur qqc.2Dans les vergers, les fruits pullulaient sur les branches (Rolland,J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 319).Je ne parle pas de l'herbe qui pullule sur une terre remuée (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 32):
1. Sur la côte pullulaient par milliers ces précieuses salanganes, dont les nids comestibles forment un mets recherché dans le Céleste Empire. Verne,Tour monde, 1873, p. 84.
b) [Sans compl. locatif indiquant un espace délimité] Qqc.1pullule
[Le suj. est plur.] Les couvents pullulèrent à partir du XVIIesiècle (Renan,Souv. enf., 1883, p. 4).Les articles découvrant « le génie » de Cézanne pullulèrent [après la mort de l'artiste]; renchérissant sans cesse jusqu'aux éloges les plus démesurés (Mauclair,Maîtres impressionn., 1923, p. 223).Des enfants exsangues pullulaient chétivement et jouaient à la marelle devant la boulangerie (Arnoux,Paris, 1939, p. 71).V. alphonse ex. 2.
[Le suj. est un coll.] Au-dessous des œuvres magistrales [vers 1830], l'imagerie populaire pullulait, directe, violente, rapide comme l'actualité (Hourticq,Hist. art, Fr., 1914, p. 353).
[Le suj. est générique] Pendant que l'insurrection pullule, la contrebande foisonne (Proudhon,Révol. soc., 1852, p. 150).Ce genre d'ouvrages pullulait à l'époque (Léautaud,Journal littér., 4, 1924, p. 273).
2. En partic. Se reproduire, procréer en grand nombre, rapidement et de manière non contrôlée. Synon. foisonner, proliférer; anton. s'éteindre, disparaître.
a) [Le suj. est plur.] Là, les générations pullulaient sans famille certaine, chacun ignorant qui était son père (Michelet,Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 179).Ils naissaient, ils mouraient, attachés à ce coin de terre, pullulant sur leur fumier (Zola,Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1231).Si on les laisse, elles deviennent énormes; elles pullulent, font colonie (Gide,Retour Tchad, 1928, p. 1008):
2. ... des myriades d'animalcules (...) se dévorent mutuellement, pullulent tant qu'ils trouvent quelque chose à dévorer... Cabanis,Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 254.
P. métaph. Son orgueil, ce vice radical d'où pullulaient tous les autres vices du duc, devenait (...) plus insolent qu'auparavant (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p. 267).
b) [Le suj. est un coll.] Là-bas, au fond de quelque région lointaine de la Libye, leur race [des oiseaux] avait pullulé dans des amours exubérantes (Loti,Pêch. Isl., 1886, p. 120).Cette multitude (...) pond et pullule plus que coutume, devient vraiment intarissable (Pesquidoux,Chez nous, 1923, p. 50).
c) [Le suj. a un sens générique] On sent que les bains de mer sont je ne sais quel lieu honnête et dégoûtant de reproductivité, un endroit où on mène sa femme pulluler (Goncourt,Journal, 1864, p. 64).Le christianisme, loin d'être arrêté par le lugubre caprice de Néron, pullula plus vigoureusement que jamais (Renan,Antéchrist, 1873, p. 205).
B. − [Le suj. désigne un lieu] Être un endroit où quelque chose existe en grand nombre ou se multiplie en abondance, rapidement et de manière non contrôlée. Synon. abonder, foisonner, fourmiller, grouiller.
1. Qqc.2pullule de qqc.1[Le compl. introd. par de est plur.]Ce pays pullule d'honnêtes gens: c'est à ne pas s'y reconnaître, quand on vient de Paris (Villiers de L'I.-A.,Corresp., 1859, p. 36).L'argot pullule de mots de ce genre (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 197):
3. Si Epperson House était en Écosse, la maison passerait pour hantée. Le soir, toutes lumières éteintes, elle pullule de revenants. Maurois,Journal, 1946, p. 57.
2. Rare. Qqc.2pullule qqc.1C'est pourquoi c'est la saison des amours dans la vermine que cette mare a pullulée non moins que le trou du ciel ses dieux! (Claudel,Ville, 1893, ii, p. 345).
REM.
Pullulence, subst. fém.,hapax. Fait de se multiplier, de se reproduire en grand nombre et hors de tout contrôle. Synon. pullulation.Le centre, jadis brillant et luxueux, de Paris, s'est gâté de proche en proche (...) par la pullulence des putains et de leurs protecteurs et exploiteurs (L. Daudet,Brév. journ., 1936, p. 95).
Prononc. et Orth.: [pylyle], (il) pullule [-lyl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1350 fig. « se répandre avec profusion, gagner de nombreux adeptes » (Gilles Le Muisit, Poésies, I, 113 ds T.-L.: S'il voient pulluler heresïes...); 2. a) 1remoit. xves. « se reproduire (en parlant de rameaux d'arbres) » (Pierre de Nesson, Paraphrase des IX leçons de Job, éd. A. Piaget et E. Droz, p. 100); b) 1778 en parlant d'animaux (Buffon, Hist. nat., t. 7, p. 281). Empr. au lat.pullulare « avoir des rejetons, pulluler (de plantes ou d'animaux) », au fig. « se répandre » (de pullulus « tout petit animal; toute jeune pousse », dimin. de pullus « tout petit » et pris subst. « petit d'un animal »). Fréq. abs. littér.: 207. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 163, b) 475; xxes.: a) 381, b) 254. Bbg. Boons (J.P.). Remarks on the principles and the goals of the syntactic tables of lexical elements. SMIL. 1978, n o3/4, p. 12. − Notes de lexicogr. critique. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1985, t. 23, n o1, p. 28.