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PUCE, subst. fém.
I.
A. −
1.
a) Insecte de très petite taille, de couleur brun-rouge, se déplaçant par sauts, parasite de l'homme et de l'animal qu'il pique pour se nourrir de leur sang. Morsure, piqûre de puce; avoir une, des puce(s); pou, punaise et puce. Le temps est moins dans l'éternité que le saut d'une puce dans le temps (Flaub.,Souv., 1841, p. 48).Le dresseur de puces vanté par nos poètes et gloire de nos fêtes foraines (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 1526):
... les gens comme il faut ont plus ou moins de manières, et les hôtels plus ou moins de puces. Mais Athènes se distingue sous ces deux rapports, et les manières y sont aussi rares dans la société que les puces y sont communes dans les hôtels. About,Grèce, 1854, p. 425.
b) ZOOL. Genre d'insectes de l'ordre des Aphaniptères, tous parasites, se répartissant en de nombreuses espèces adaptées à un hôte préférentiel, notamment la puce commune, parasite de l'homme ou la puce du rat, vecteur de la peste. La peste est transmise à l'homme par la coopération d'un animal et d'un insecte: le rat pesteux et la puce des rats (Brunhes,Géogr. hum., 1942, p. 291).Chez d'autres Insectes (Puce), l'acide urique solide n'existe pas; le rectum renferme suffisamment d'eau pour que l'acide ne précipite pas (Zool., t. 2, 1963, p. 548 [Encyclop. de la Pléiade]).
c) P. ext. [Entre dans la compos. de plusieurs noms vulg. d'animaux]
Puce chique. Synon. chique2.V. ce mot ex. de Céline.
Puce d'eau. Synon. daphnie.
Puce de mer. Synon. talitre.Une vedette (...) avança vers le cargo, rapidement, à petits sauts par-dessus la vague, ainsi qu'une puce de mer (Vialar,Rose mer, 1939, p. 157).
2. P. anal. [P. réf. aux caractères de la puce] V. supra 1 a.
a) Fam. [Désigne, de façon dépréc. ou affective, une pers. de très petite taille, un enfant] C'est une vraie puce. Je n'ai pas peur d'une puce comme toi (Rob.).
b) (De) couleur puce, p. ell., puce, empl. adj. D'une couleur marron tirant sur le brun-rouge. Soie puce. Un gilet de velours à raies alternativement jaunes et puces (Balzac,E. Grandet, 1834, p. 20).Elle était vêtue d'une robe de faille couleur puce (Gide,Si le grain, 1924, p. 529).
Empl. subst. masc. Une robe sombre de couleur indécise, entre le puce et le caca d'oie (Zola,Nana, 1880, p. 1128).
c) (Jeu de) puce(s). Jeu d'enfants consistant à faire sauter dans un récipient des jetons (les puces) que l'on propulse en appuyant sur leur bord avec un jeton plus grand. Jouer aux puces. Il s'agit de vaincre un ou plusieurs joueurs, une ou plusieurs équipes. Tel est le trait commun qui apparente (...) le bridge au jeu de puces (Jeux et sports, 1967, p. 345).
B. − Loc. fig., fam. et pop.
1. Loc. verb.
Secouer ses puces. Se réveiller, se lever en s'ébrouant. On secouait ses puces dès trois heures du matin, on retournait à la paille vers dix heures du soir (Zola,Terre, 1887, p. 240).
Secouer les puces à qqn. Réprimander fortement, critiquer avec vivacité. Vers la même époque, Huysmans lui secouait les puces [à Zola] dans une préface à son livre Là-bas (L. Daudet,Temps Judas, 1920, p. 60).Elle agite son trousseau de clés, ouvre les chambres une à une, et bâcle son travail. Elle balaie, « secoue les puces » aux traînards (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 224).
Chercher (des) puces à qqn. Synon. chercher des poux à qqn (v. pou).On nous cherche puces, jour et nuit. On nous vexe sans répit avec précaution, avec habileté (La Varende,Caval. seul, 1956, p. 154).
Mettre la puce à l'oreille de qqn. Intriguer, éveiller les soupçons, la méfiance de quelqu'un. Un soir, Max, avec épouvante (...) Trouva le pas de son amante Quelque peu lourd: Ça lui mit la puce à l'oreille... Trop tard, hélas! (Meilhac, Halévy,Gde-duchesse de Gérolstein, 1867, ii, 9, p. 260).
Avoir la puce à l'oreille. Être inquiet, méfiant, sur le qui-vive. M. Malot aura la puce à l'oreille pour ses rentrées de Nantes (Stendhal,L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 79).
2. Loc. adv. S'agiter (ou un verbe équivalent) comme une puce. D'une manière désordonnée, vive. Il chérissait les femmes grandes et les grands desseins; il y sautait, vif, comme une puce (La Varende,Anne d'Autr., 1938, p. 197).
II. − P. anal.
A. − Foire, marché aux puces, p. ell., les puces. Marché où l'on vend des objets d'occasion, notamment aux portes de Paris. Les Puces de Montreuil. Un type inédit de lecteur (...) courait (...) le dimanche matin la foire aux puces de Saint-Ouen et a fait ses plus belles trouvailles à la foire aux jambons du boulevard (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 393).
P. ext. Bric-à-brac. Autour d'eux le même marché aux puces de literie et de hardes, le même traînassement désordonné de bétail (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 120).
B. − TYPOGR. Signe ayant la forme d'un petit rond plein, disposé en début de ligne pour signaler le début d'un paragraphe, d'une nouvelle rubrique (d'apr. cfpj Presse 1982).
C. − ÉLECTRON., INFORMAT. Plaquette de très petites dimensions, généralement de silicium, qui représente un circuit intégré élémentaire, ou encore un composant élémentaire à semi-conducteur (d'apr. Morvan 1980). Un industriel japonais vient de mettre au point une « puce » électronique (unité de base des microprocesseurs) dont les capacités sont très supérieures aux puces classiques. Celles-ci sont fabriquées à partir de silicium (Le Point, 28 juill. 1980, p. 82, col. 3).
REM. 1.
Pucer, verbe trans.,hapax. Épucer, dépouiller. Au fig. Pauvres gens! Il faut (...) les pucer de leurs petits mensonges et de leurs hypocrisies (Renard,Journal, 1905, p. 974).
2.
Puceux, -euse, adj.Qui a beaucoup de puces, où se trouvent des puces. Chien puceux; hôtel puceux. Ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid (Céline,Voyage, 1932, p. 12).
3.
Pucier, -ière, subst.Marchand dans un marché aux puces. Les hommes d'affaires se mettent à l'écoute des puciers. « Nous étudions la possibilité d'installer un bureau de change dans le marché », explique Pierre Leroux (Libération,10 avr. 1984,p. 17, col. d).Empl. adj., rare. Qui appartient à un marché aux puces, qui y est implanté. Une banque pucière ouverte les samedis et dimanches pour vérifier les chèques français (Libération,10 avr. 1984,p. 17, col. d).
Prononc. et Orth.: [pys]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1170 pulce « petit insecte sauteur parasite de l'homme et de quelques animaux » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 53, 21); 1269-78 puce « id. » (Jean de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 17811); b) α) mil. du xiiies. avoir la puche en l'oreille « être tracassé par des soucis d'amour » (Le dit de la Tremontaine, 60 ds Romania t. 44, 1915-17, p. 567); β) 1642 avoir la pulce à l'oreille « être inquiet » (Oudin Fr.-Ital.); c) α) 1310-40 mettre (à qqn) la puche en l'oreille « provoquer (chez quelqu'un) un désir amoureux » (Jean de Condé, Dits et contes, I, 9, 265 ds T.-L., s.v. oreille); 1649 [éd.] mettre (à qqn) la puce à l'aureille « id. » (Scarron, Virgile travesti, livre IV, Paris, T. Quinet, p. III); β) ca 1316 [ms.] mettre (à qqn) la puce en l'oreille « inspirer des inquiétudes » (Gervais du Bus, Fauvel [ms. B.N. fr. 146, fol. 42c], éd. A. Långfors, p. 189, 1588); δ) 1640 secoüer les pulces (Oudin Ital.-Fr., s.v. scuoter); 2. 1936 jeu de puces (Catal. jouets [Bon Marché]); 3. 1937 marché aux puces, puces (A. Breffort ds L'Œuvre, 26 janv., p. 2, col. 2); 4. 1960 électron. (P. Dreyfus, En route vers l'an 2000, 125 ds Quem. DDL t. 30); 5. 1962 « personne de petite taille » (Rob.); 5. 1976 informat. (Lilen-Morvan). B. 1. 1562 [éd.] puce de mer (Du Pinet, Hist. du monde de C. Pline Second, t. 2, p. 559, note b); 2. 1764 puce d'eau (Valm., s.v. binocle). C. 1. 1775 « brun rouge assez foncé rappelant la couleur de la puce » (Bachaumont, Mémoires secrets pour servir à l'hist. de la république des lettres en France, 13 nov., Londres, J. Adamson, 1785, t. 8, 248); 2. 1775 adj. couleur puce (Id., ibid.). Du lat. pūlicem, acc. de pulex, au sens A 1 a. Pour l'expr. puce en (ou à) l'oreille, v. A. Långfors ds Neuphilol. Mitt. t. 41, pp. 110-112 et Rey-Chantreau Expr. Fréq. abs. littér.: 331. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 259, b) 539; xxes.: a) 417, b) 646. Bbg. Brüch 1913, p. 168.