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PRÉTENTION, subst. fém.
Action de prétendre; résultat de cette action.
A. − Gén. au plur. Volonté nettement déclarée d'obtenir telle chose comme un dû, revendication d'un droit réel ou supposé, d'un privilège jugé mérité. Synon. exigence, réclamation.Prétention injuste, injustifiée; émettre la prétention de + inf. Le ciel obéit donc aux volontés du prêtre, et le prêtre à son ambition (...). Jugeons par-là de l'étendue de ses prétentions et de l'empire qu'il s'arroge ici-bas. Aussi était-ce le prêtre qui posait la couronne sur la tête des rois (Dupuis,Orig. cultes, 1796, p.538).Chaque député ministériel élève sa prétention et présente sa requête (...). L'orateur le plus obscur se croit en droit d'exiger l'insertion littérale et intégrale de ses élucubrations de tribune (Reybaud,J. Paturot, 1842, p.125).Ne sont-ils [les syndicats] pas «un ensemble d'individus» qui, sur l'impulsion d'un «intérêt commun», expriment des revendications, émettent des prétentions (Reynaud,Syndic. en Fr., 1963, p.14).
Vx. Prétention(s) à qqc., sur qqc./qqn.(Avoir des) prétentions à la couronne, à un héritage, sur des biens. Sophie dut renoncer à toutes ses prétentions sur la Thuringe qui resta en toute propriété à la maison de Misnie (Montalembert,Ste Élisabeth, 1836, p.331).Le duc d'Anjou, qui était le frère du roi, avait des vues sur les Pays-Bas et des prétentions à la main d'Élisabeth d'Angleterre (Hugo,Rhin, 1842, p.27).Un autre est venu qui l'a épousée. M. de Nièvres n'a donc pris que ce qui n'était à personne: aussi n'as-tu jamais protesté (...). Après avoir décliné toute prétention sur Madeleine comme mari, voudrais-tu, peux-tu y prétendre autrement? (Fromentin,Dominique, 1863, p.144).
Sans prétentions. Qui ne réclame aucun droit ni avantage. Une favorite humble et naïve, sans ambition, sans faste, sans prétentions et ne se mêlant de rien (Genlis,Chev. Cygne, t.2, 1795, p.288).
En partic. Exigences en matière financière, numérique. Synon. conditions.Prétentions exagérées, exorbitantes; élever, rabattre ses prétentions. C'était sa part, dix mille francs, qu'il exigeait. (...) comme Pierre impatienté parlait de les jeter tous les deux à la porte, Antoine abaissa ses prétentions et (...) ne réclama plus que mille francs (Zola,Fortune Rougon, 1871, p.119).P. anal. On est venu me demander ce que j'augurais de la vie et ce que je croyais qu'elle serait dans cinquante ans. Comme je haussais les épaules, le questionneur diminua ses prétentions; il abaissa ses prix et il me dit: «Et dans vingt ans, où en serons-nous?» (Valéry,Variété III, 1936, p.228).
B. − Gén. au plur., parfois avec une nuance péj., iron.
1. Volonté marquée de parvenir à tel but, aspiration délibérée à telle qualité (parfois hors d'atteinte). Synon. désir, dessein, espérance, intention, souhait.Prétentions ridicules; être plein de prétentions. Pour atteindre son but, que n'a point tenté l'Angleterre! jusqu'où n'a-t-elle pas poussé la rapacité de ses espérances et le délire de ses prétentions! (L. Blanc,Organ. trav., 1845, p.69).Ce n'était point un financier désagréable que l'intendant de Montauban, malgré ses prétentions de connaisseur et ses ambitions de Mécène (Nolhac,Fragonard, 1931, p.199).C'est la prétention de Proust dans ses romans; il entend n'avoir jamais songé à y peindre (...) les êtres en soi, mais exclusivement sa sensibilité à propos d'eux (Benda,Fr. byz., 1945, p.202).
Expr. et loc.
(Femme, homme, etc.) à prétention(s). (Femme/homme, etc.) qui vise à se distinguer dans un domaine, notamment en société. Sa conduite à Nancy était d'un fat, sa lettre était d'un enfant. (...) cette lettre n'était pas d'un homme à prétentions (...) il y avait dans cette lettre une simplicité charmante, au lieu de l'affectation et de la fatuité plus ou moins déguisée d'un homme à la mode (Stendhal,L. Leuwen, t.2, 1835, p.30).Les femmes galantes à grandes prétentions, grandes liseuses de romans, se font appeler volontiers Miss Douglas, Miss Montague, etc. (Baudel.,Paradis artif., 1860, p.406).P. anal. [À propos d'un édifice] De petits cafés à prétention, un boulevard goudronné, des arbres qui sont devenus des fonctionnaires municipaux (Giono,Manosque, 1930, p.93).
Prétention(s) + adj. déterm. indicateur de domaine.Prétentions idéologiques, politiques, scientifiques. Il s'excuse en disant que (...) dans mon roman, il y a des prétentions littéraires. Or un auteur qui a un idéal d'art élevé, (...) quand même il ne réussirait pas, est-ce une raison pour tuer son oeuvre? (Goncourt,Journal, 1886, p.614).Je me méfie des métaphores à prétentions philosophiques. Que les métaphores restent des métaphores, et ne cherchent pas à passer pour des raisons (Montherl.,Démon bien, 1937, p.1333).V. bourgeois ex. 23.
Prétention(s) à + subst.Prétentions à l'esprit, à la profondeur. Rousseau, (...) vous eûtes toujours de grandes prétentions à la morale, et vous vouliez décider les duchesses en falbalas à nourrir elles-mêmes leurs enfants (Coppée,Bonne souffr., 1898, p.130).P. anal. [À propos d'une oeuvre hum.] La chaise, d'un style rococo, avait eu jadis des prétentions à l'élégance (Arland,Ordre, 1929, p.121).
Prétention(s) à + inf.Il faut laisser là toutes ces prétentions du médecin à être un artiste (...). Le médecin ne doit aspirer qu'à devenir un savant (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.50).P. anal. [À propos d'une oeuvre hum.] Ma carriole qui a des prétentions à être une calèche (Du Camp,Hollande, 1859, p.77).
Prétention de + inf.(Afficher/avoir, etc.) la prétention de connaître, donner, faire, imposer, vouloir. Qu'a de commun la gloire avec la petite ambition de la foule, avec cette misérable prétention de se croire quelque chose parce qu'on s'agite? (Krüdener,Valérie, 1803, p.174).Je n'ai pas la prétention de devenir un saint; tout ce que je désire, c'est atteindre l'état intermédiaire entre le bondieusardisme et la sainteté (Huysmans,En route, t.1, 1895, p.172).
Avoir des prétentions. S'arroger les qualités nécessaires pour pouvoir espérer réussir en société, briller dans tel domaine. Elle jugeait de tout avec assurance. (...) elle formulait des arrêts et des veto absolus. Inutile d'essayer de la convaincre: elle avait des prétentions et des susceptibilités pour tout (Rolland,J.-Chr., Adolesc., 1905, p.333).
2. En partic., domaine des relations amoureuses, vx. Désir de plaire, d'être agréé(e) comme amant(e), considéré(e) comme capable de séduire (généralement hors de proportion avec les possibilités réelles). Les hommes continuèrent à voir Ellénore (...) sa légèreté récente leur avait rendu des prétentions qu'ils ne cherchaient pas à lui déguiser (Constant,Adolphe, 1816, p.48).Une femme dont la toilette annonçait des prétentions auxquelles ne répondaient ni son âge ni sa figure (Karr,Sous tilleuls, 1832, p.111).
Avoir (encore) des prétentions. Espérer (encore) séduire. Elle était telle que pouvait la désirer une mère de trente-huit ans qui, belle encore, avait encore des prétentions (Balzac,E. Grandet, 1834, p.234).
C. − Au sing., péj.
1. Trait de caractère qui porte à se flatter de qualités exagérées, à être excessivement satisfait de soi-même et à afficher des airs supérieurs. Synon. arrogance, crânerie, fatuité, infatuation, orgueil, outrecuidance, pose, présomption, vanterie; anton. humilité, modestie, renoncement.Sotte prétention. La prétention avoisine la bêtise et (...) la simplicité a un goût un peu caché mais agréable (Proust,Temps retr., 1922, p.740).La comique prétention avec laquelle l'auteur affecte une distinction qu'il ne possède pas (Maurois,Disraëli, 1927, p.43).L'hypertrophie du moi se présente à tous les degrés et sous toutes les nuances, de la grosse vanité naïve à la suffisance discrète, de la morgue à la prétention banale (Mounier,Traité caract., 1946, p.549).
Sans prétention. Qui ne cherche pas à se distinguer, à se faire passer pour ce qu'il n'est pas. Synon. discret, humble, modeste, réservé, simple.V. aimable ex. 24.
2. P. méton.
a) [À propos d'une oeuvre hum.] Excessive recherche dans les moyens d'expression. Synon. emphase, maniérisme; anton. dépouillement.Point de prétention ni d'enflure; une mélodie soutenue, des idées voluptueuses et de fraîches couleurs. La langue de Marot est retrouvée (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p.72).Prétention et gaucherie, avec une certaine suavité de détails qui ont du charme, malgré ou à cause de leur affectation, voilà, je crois, ce qui en restera [d'Ingres] (Delacroix,Journal, 1854, p.182).
b) Gén. au plur. Personne ou chose qui manifeste de la prétention. Quel champ d'observations qu'un lieu où se rassemblent tous les ridicules, toutes les prétentions et tous les amours-propres! (Jouy,Hermite, t.3, 1813, p.230).Les femmes, de vieilles prétentions, fanées, fardées, maniérées, sentencieuses (A. Daudet,Pt Chose, 1868, p.292).V. faute ex. 8.
Rem. Dans qq. textes, prétention prend des valeurs qui se rattachent au sens II de prétendre et tend à signifier «affirmation catégorique, abusive»: [M. Hugo] assure (...) que ses vers sont un pilori, (...) que ceux qu'il marque sont marqués à jamais. C'est une prétention de poète (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p.220). Touchant son habit, il dit: −Tiens, c'est à moi! Christophe ne comprenait pas. Indigné de cette prétention que son habit fût à un autre, il secoua la tête avec énergie, pour nier (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p.35). On leur offre seulement cette philosophie multiple (...) qui affirme exister universellement (...). Mais cette affirmation, cette prétention sont complètement vides (Nizan, Chiens garde, 1932, p.150).
Prononc. et Orth.: [pʀetɑ ̃sjɔ ̃]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. 1. 1489, 27 mars «droit que l'on a ou que l'on croit avoir, de prétendre, d'aspirer à quelque chose» (ds G. Espinas, Orig. du droit d'assoc. dans les villes de l'Artois et de la Flandre, Lille, t.2, 1941, p.474, 16); 1671 plur. «visées, intentions» (Pomey); av. 1679 id. «exigences» (Retz, Mém., 2epart. ds OEuvres, éd. M.-Th. Hipp et M. Pernot, p.630); 2. a) av. 1747 id. spéc. «visées au talent, à la considération» (Vauvenargues, Réflexions et maximes ds OEuvres, éd. H. Bonnier, t.2, p.410); 1835 sing. il n'a aucune prétention (Ac.); b) 1828 sing. «emphase, enflure (d'un texte)» (Sainte-Beuve, loc. cit.). Dér. de praetentus, part. passé du verbe lat. praetendere (v. prétendre) d'apr. les subst. lat. dér. de verbes en -ĕre, du type contendere, contentio; dicere, dictio; mittere, missio...; cf. le lat. médiév. pretentio «contestation» (999, Pavie; 1101, Narbonne ds Nierm.). Fréq. abs. littér.: 1974. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3887; b) 2540; xxes.: a) 2381, b) 2284. Bbg. Gohin 1903, p.299.