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PRÉJUGER, verbe trans.
A. − Empl. trans. dir. Préjuger qqc.
1. DR. Prendre, avant le jugement définitif, une décision provisoire ou émettre une opinion qui laisse prévoir l'arrêt final. La cour a préjugé cela, quand elle a ordonné (Ac.). La Convention eut beau voter une réserve et dire qu'elle ne préjugeait pas si elle jugeait Louis XVI ou si elle prononçait une mesure de sûreté. Elle se dérobait alors devant ses propres principes et tentait de camoufler, par une hypocrisie choquante, sa véritable entreprise qui était de fonder le nouvel absolutisme (Camus, Homme rév.,1951, p.152).
P. ext., vieilli, littér. Juger, décider d'avance; porter un jugement prématuré sur une question sans avoir tous les éléments nécessaires. Je ne veux point préjuger la question, j'attendais pour la résoudre les renseignements qui m'ont été promis (Ac.1835-1935).Je ne pourrais reparaître dans l'Assemblée que pour demander l'amnistie pleine et entière [1872] (...). Un vote hostile préjugerait la question (Hugo, Actes et par.,3, 1876, p.289):
1. Le fond de tout, dans le conflit algérien, c'est que la pensée du général de Gaulle ne recoupe pas celle des hommes du G.P.R.A. Il ne sait pas ce que sera l'Algérie dans vingt ans. Il ne préjuge rien. Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1961, p.314.
Absol. Je connais encore des personnes chagrines qui supposent qu'on leur donne un secret pour les induire en erreur (...). Or, des mains de ces personnes-là, mes livres tombent comme feuilles mortes. Je ne reherche qu'un public qui ne préjuge pas, qui ne se hérisse pas, qui ne se mette pas en garde (Cocteau, Poés. crit.II,1960, p.17).
2. Prévoir par conjecture en fonction des indices dont on dispose. Cela arrivera ainsi autant qu'on le peut préjuger (Ac.). Il connoît tous ses champs, sait ce qu'ils ont rapporté, et préjuge ce qu'on doit y semer (Crèvecoeur, Voyage,t.1, 1801, p.284).À l'heure présente (je me garde de préjuger l'avenir) (Renan, Drames philos.,Prêtre Némi, 1885, iii, 1, p.568).Nous ne pouvons préjuger les desseins de Dieu (Huysmans, En route,t.1, 1895, p.125).
B. − Empl. trans. indir. Préjuger de qqc.
1. Porter un jugement prématuré sur quelque chose. On ne peut pas décrire l'aspect de l'objet sans préjuger de sa nature intime et de son organisation. La forme n'est plus tout à fait isolable de la matière (Bergson, Évol. créatr.,1907, p.196):
2. Je me souviens toujours que la première fois Où j'entendis sonner un mot de votre voix, Je préjugeai fort bien de votre caractère... M. de Guérin, Poés.,1839, p.65.
2. Prévoir quelque chose par conjecture. Autant qu'on puisse en préjuger. Il combat et sert la patrie et l'espèce humaine dans les temps présents sans vouloir préjuger de l'éternité (Vigny, Journal poète,1834, p.1013).Par le passé récent, nous pouvons préjuger de l'avenir. Les masses soulevées ne s'arrêtent point toujours à la voix de ceux qui les ont mises en mouvement (Clemenceau, Iniquité,1899, p.218).
REM.
Préjugement, subst. masc.,vieilli, rare. ,,Action de préjuger`` (Littré).
Prononc. et Orth.: [pʀeʒyʒe], (il) préjuge [-ʒy:ʒ]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. 3equart xves. «juger (quelqu'un) par conjecture, sans examen» (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.5, p.162); 2. 1570 [éd. 1578] «conjecturer, présumer (quelque chose)» (G. Hervet, trad. La Cité de Dieu, I, 259a, B, d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t.32, p.132); 1694 préjuger de (Ac.); 3. 1606 dr. intrans. «rendre un jugement interlocutoire avant l'arrêt final» (Nicot); 4. av. 1778 «juger, décider (quelque chose) avant d'avoir pris connaissance de la chose dont il s'agit» (Voltaire, Fragm. sur l'hist., XXIV ds Littré). Francisation, d'apr. juger*, du lat. praejudicare, v. préjudicier. Fréq. abs. littér.: 108.