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PROFONDEUR, subst. fém.
I. − Dans le domaine concr.
A. − [Dans l'espace; corresp. à profond I A]
1. Caractère de ce qui est profond.
a)
α) [Dans le sens vertical] Profondeur d'un abîme, d'un cratère, d'un fossé, d'un gouffre, d'un lac, de la mer, d'un précipice, d'un trou, d'un souterrain; boîte, récipient qui manque de profondeur; profondeur impénétrable, inconnue, infinie, inouïe, insondable, sombre, transparente, vertigineuse; creuser, descendre en profondeur. Dans la petite cour, on remarquait un puits d'une profondeur immense (Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.553).
β) Niveau à une distance très en-dessous de la surface du sol ou de l'eau. Quoique je n'aye point fait creuser la terre, je crois qu'elle reste gelée pendant l'été à une certaine profondeur (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.77).Cette ville semble reposer sur un vrai sol que l'on croit riche en profondeur comme une terre de Beauce (Saint-Exup., Terres hommes, 1939, p.174).
Gouvernail de profondeur (v. gouvernail B); gouverne de profondeur (v. gouverne A).
γ) P. méton., au plur. Endroits (très) profonds, situés (très) au fond, en dessous de la surface du sol ou de l'eau. Les profondeurs de la mine, du métro, du sol, de la terre; profondeurs bleues, désertes, ignorées, immenses, mystérieuses, noires, obscures, secrètes, sombres; jaillir, monter, remonter, sortir, surgir, venir des profondeurs (de qqc.). Dans l'obscurité, les yeux fermés, on voit ces immensités d'eau, ces profondeurs de plusieurs kilomètres sur lesquelles on navigue (Barrès, Cahiers,t.9, 1911, p.281):
1. La lumière du jour, vous le savez sans doute, ne pénètre pas très avant dans la mer. Ses profondeurs sont ténébreuses... abîmes immenses, que longtemps on a pu croire inhabités... Gide, Faux-monn., 1925, p.1053.
Rare. [En parlant du centre du corps] Lieu profond du corps humain. Et tout le sang était remonté des profondeurs au cerveau (Montherl., Songe, 1922, p.18).
Les grandes profondeurs. Les grandes fosses marines de l'océan. Synon. grands fonds*, abysses.Certains de mes amis (...) faisant mine de ne rien voir, passent devant mon chevalet avec des airs égarés de poissons des grandes profondeurs! (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p.43).
b) [Dans n'importe quel sens, souvent dans le sens horizontal]
α) Caractère de ce qui a le fond éloigné des bords, de l'orifice, de la surface. Profondeur d'un bois, d'une forêt, d'une cave, d'une grotte:
2. ... derrière l'escalier qui desservait les appartements donnant sur la rue, dans la profondeur inattendue du vestibule, il y avait un deuxième escalier, en bois, recouvert d'un tapis rouge... Triolet, Prem. accroc, 1945, p.310.
En profondeur. Loin des bords. Déjà leurs avant-gardes venaient aux lisières de la forêt de Nieppe. Leur avance en profondeur atteignait ainsi dix-huit kilomètres (Foch, Mém., t.2, 1929, p.54).Une petite pièce, qui sert aussi de lingerie, et qui prend sur la cour de la maison une vue en profondeur (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p.59).
β) Caractère de ce qui pénètre très avant dans une épaisseur. Profondeur d'une blessure, d'une entaille, d'une plaie. P. métaph. Je dois maintenant vous ouvrir mon coeur (...) pour vous apprendre la grandeur de vos obligations en vous dévoilant la profondeur et la gravité des plaies que vous y avez faites (Balzac, Lys, 1836, p.316).
γ) P. méton., au plur. Parties reculées de, endroit situé loin des bords. Profondeurs d'un bois, d'une forêt, d'une maison, d'une poche, du ciel, des cieux, de l'espace, de l'infini, de la nuit, de l'ombre; profondeurs sans bornes. Tout disparut, la fenêtre reprit son éclat tranquille, la fixité de son regard de flamme, perdu dans les profondeurs mystérieuses du parc (Zola, E. Rougon, 1876, p.176).À travers la porte on entend respirer, souffler, et parfois se plaindre, les bêtes qui sommeillent dans les profondeurs des étables (Bosco, Mas Théot., 1945, p.355).
2.
a) Dimension verticale, mesurée de haut en bas, d'un corps, d'un objet, d'un espace à trois dimensions. Synon. hauteur.Longueur, largeur et profondeur de l'espace; profondeur d'une boîte, d'une caisse. Une richissime texture de motifs selon hauteur, largeur et profondeur, infiniment variés par les perspectives (Valéry, Variété [I], 1924, p.264):
3. Que l'on commençât par le point, n'ayant ni longueur, ni largeur, ni profondeur, pour arriver à la ligne, n'ayant que de la longueur, de là à la surface ayant longueur et largeur, et enfin au solide ayant longueur, largeur, et profondeur. Destutt de Tr., Idéol. 3, 1805, p.455.
P. métaph. Saint Paul parle de la largeur, de la hauteur et de la profondeur du mystère de la foi (Mounier, Traité caract., 1946, p.644).
b) Distance au-dessous de la surface du sol ou de l'eau, mesurée de haut en bas.
(x mètres, etc.) + de profondeur.Un abîme de six pieds de large et de quatre-vingts pieds de profondeur les séparait du mur de ronde (Hugo, Misér., t.2, 1862, p.175).Profondeur de + (x mètres, etc.).Empilés sur trois épaisseurs dans des trous larges de deux mètres et longs de quinze, à la profondeur dérisoire d'un mètre cinquante, les Russes étaient bien enterrés avec une plaque d'identité au cou (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.175).
3.
a) Dimension (horizontale), perpendiculaire à la face se présentant de front, au plan de l'orifice; distance horizontale, étendue en longueur entre l'entrée et le fond. Base, hauteur et profondeur d'un cube; profondeur d'une pièce, d'une armoire, d'un placard. À cause de la profondeur du fauteuil, il se trouvait tassé sur lui-même, le cou rentré dans ses larges épaules (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p.116).
Littér., rare. Partie reculée d'(un pays), continent lointain réputé pour sa sagesse et ses valeurs spirituelles. Les Mages sont en train d'arriver du fond de la profondeur Asiatique (Claudel, Visages radieux, 1947, p.807).
b) OPT., CIN., TÉLÉV.
Profondeur du champ/de champ (d'un objectif photographique, d'une caméra de cinéma, de télévision). V. champ1II B 2.
Profondeur de foyer. ,,Réciproque, appliquée à l'espace-image, de la notion de profondeur de champ (...). L'écart entre les deux positions extrêmes est la profondeur de foyer. Elle est proportionnelle à l'inverse de l'ouverture relative`` (Mill. Vision 1981).
Profondeur optique. ,,En un point de l'atmosphère d'un astre et pour une direction déterminée, épaisseur optique de l'atmosphère entre ce point et un point extérieur, dans la direction considérée`` (Astron. (cilf) 1980).
B. − P. anal. [Corresp. à profond I B]
1. BEAUX-ARTS. Effet produisant un espace à trois dimensions à partir d'un support à deux dimensions; espace fictif, troisième dimension créé(e) par la perspective. Synon. perspective, troisième dimension*.Profondeur d'une galerie, d'un paysage, d'un tableau. Raphaël (...) a pu (...) refaire ce tableau superbe! −Lignes, ordonnance, composition, transparence d'atmosphère et profondeur (...) voilà ce qu'il y a d'incontestablement beau dans cette peinture (Barb. d'Aurev., Memor. 3, 1856, p.68):
4. ... la profondeur est (...) suggérée par le peintre, dans la partie inférieure qui s'appuie sur une base rectiligne, par un jeu de lignes droites, rigides, en perspective convergente... Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.223.
2. Littéraire
a) Ce qui suggère un vaste espace. Profondeur de l'azur, du ciel, des cieux. Les deux nuages (...) montaient toujours vers le zénith pâli, peut-être bleu, peut-être vert, d'une profondeur vertigineuse et pure (Genevoix, Raboliot, 1925, p.300).
Au plur. Profondeurs azurées, éthérées, infinies, sans bornes; profondeurs du ciel, des cieux, de l'espace, de l'infini, de la nuit, de l'ombre. Dans les échappées, on voyait des profondeurs denses, les sapins bleus à l'horizon, comme si le ciel délavé coulait sur eux (Montherl., Songe, 1922, p.32).
b) [En parlant des yeux, du regard] Expression des yeux qui rend l'idée de profondeur. Des yeux bleus d'une douceur et d'une profondeur infinies (Gobineau, Pléiades, 1874, p.257).Sous ses longs cils noirs, son regard avait une douceur soyeuse, une profondeur pensive qui attirait (Moselly, Terres lorr., 1907, p.7).
c) [En parlant d'une couleur, d'une nuance] Intensité, caractère foncé donnant une impression de profondeur. Une plaque de porcelaine de la famille verte, où les peintures de la porcelaine arrivent à la profondeur intense des colorations d'émaux enchâssés dans le cuivre (Goncourt, Journal, 1894, p.690).
d) [En parlant de la voix, d'un son] Gravité. V. gravité A 1 ex. de Arnoux.
II. − Dans le domaine abstr.[Corresp. à profond I C]
A. −
1. Caractère de ce qui va au fond des choses, en dépassant les apparences.
a) [En parlant d'une pers., de l'une de ses facultés supérieures] Caractère de celui, celle qui a une grande pénétration d'esprit et de coeur. Synon. force, pénétration, puissance.Esprit sans profondeur. La profondeur de Tacite vient de la pensée, la profondeur de Shakespeare vient de l'imagination (Chênedollé, Journal, 1811, p.56).
b) [P. méton., en parlant des activités, des productions de l'esprit] Profondeur du génie, d'une analyse, d'un jugement, d'un raisonnement, des pensées, de l'érudition, du savoir de qqn; profondeur d'analyse, d'expression, d'idées, de jugement, de vues; avoir de la profondeur dans l'esprit, dans les idées, dans les pensées; profondeur d'un livre, d'une oeuvre; art sans profondeur; beauté et profondeur; force et profondeur. Je fus vivement touché par ces paroles où la profondeur politique se cachait sous la chaleur de l'affection (Balzac, Lys, 1836, p.103):
5. ... le soir après dîner, nous causâmes avec une intimité, une profondeur d'échange, un accord total qui avaient été nôtres à la fin de l'année dernière... Du Bos, Journal, 1928, p.30.
2. Caractère de ce qui est difficile à appréhender, à pénétrer; caractère de ce qui est essentiel. Profondeur d'une énigme, d'un mystère, d'un secret, des desseins de Dieu:
6. Chactas ne connaissoit pas la profondeur des desseins d'Ondouré; (...) la concession des champs des Natchez avoit pour but de séparer les colons les uns des autres, de les attirer au milieu du pays ennemi, et de rendre ainsi leur extermination plus facile. Chateaubr., Natchez, 1826, p.377.
Au plur. Il faut s'en pénétrer [de la Messe en Ré], comme d'un grand livre, qui nous révèle, à chaque lecture, des profondeurs inaperçues (Rolland, Beethoven, t.2, 1937, p.326).
B. − [En parlant d'états affectifs, d'états de conscience, de sentiments] Caractère de ce qui est intense, durable, de ce qui, dans le domaine de la vie intérieure, atteint la personne au plus intime d'elle-même. Synon. vivacité.Profondeur d'un sentiment, d'un attachement. La comtesse (...) me prouva la profondeur de son affection en me révélant avec quel soin elle m'avait étudié pendant ces trois derniers mois (Balzac, Lys, 1836, p.151).Une force le poussait (...) à surprendre l'abbé par la profondeur de sa foi, par l'étalage d'une générosité inattendue (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p.735).
C. − En profondeur.De façon essentielle; en affectant la personne ou la réalité d'une chose par delà son aspect superficiel. Agir, exprimer qqc. en profondeur; analyse, étude, effort, lecture, organisation, travail en profondeur. Nous avons, en quelques dizaines d'années, reforgé, reconstruit, organisé aux dépens du passé, (c'est-à-dire en le détruisant, en le réfutant, en le modifiant en profondeur), un état des choses dont les traits les plus remarquables sont sans précédent et sans exemple (Valéry, Variété III, 1936, p.196).
D. − Au plur. Parties les plus intérieures, les plus difficiles à pénétrer dans la psychologie humaine. Profondeurs de l'âme, d'un caractère, du coeur (humain), de la conscience, de l'esprit, de l'être, de l'inconscient, d'une intelligence, de la mémoire, de la nature humaine, de la pensée, de la personne, du moi; profondeurs inconscientes, obscures, secrètes. Cette idée de la mort, sortie des profondeurs intimes de ma personne (Bourget, Disciple, 1889, p.188).De tout son visage rayonnait une flamme (...), celle de sa foi révolutionnaire, issue des profondeurs les plus vivantes de son être (Bourget, Actes suivent, 1926, p.59).
Psychologie* des profondeurs.
E. − Caractère intense, absolu de (quelque chose). Profondeur de la nuit, de l'obscurité, du sommeil, de son mépris. Mais il y a dans les détails de sa souffrance (...) une telle profondeur de misère humaine qu'on en est saisi et glacé, quand on l'envisage avec réflexion (Constant, Journaux, 1804, p.80).
Prononc. et Orth.: [pʀ ɔfɔ ̃doe:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) Fin xives. [ms.] «étendue dans le sens horizontal perpendiculairement à la largeur» (Nicole Oresme, Livre du Ciel et du Monde, ms. C 4a, 12 d'apr. A. D. Menut et A. J. Denomy ds Med. St. t.5, p.314); b) fin xives. «qualité, caractère de ce qui est profond» (Eustache Deschamps, OEuvres II, 274 ds Gdf. Compl.); c) 1538 géom. «dimension d'un corps considéré de haut en bas» (Est., p.581a); d) 1553 «partie profonde de quelque chose» (d'un gouffre) (Bible Gerard, Prov. 9, 18 d'apr. FEW t.9, p.434a); 2. a) 1690 «caractère de ce qui s'étend d'avant en arrière» (Fur.); b) 1718 «dimension prise de l'entrée à l'extrémité opposée» (Ac.); c) 1773 «endroit situé loin des bords» profondeur des forêts (A. Thomas, Essais sur les éloges, p.10). B. P. anal. 1. 1754 «suggestion d'un espace à trois dimensions» (Condillac, Traité des Sensations, 2, p.70); 2. 1758 «qualité de ce qui paraît profond» (Cl. Helvetius, De l'Esprit, p.195). II. Fig. A. 1remoit. xives. «qualité de ce qui est extrême» profondor de tot vice (Macé de La Charité, Bible, éd. R. L. H. Lops, 39224). B. 1553 «qualité des choses difficiles à comprendre» (Bible Gerard, Apoc., 2, 24 d'apr. FEW, loc. cit.). C. 1580 «grande pénétration de l'esprit» (Montaigne, Essais, II, 32, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 726). D. 1769 «partie secrète d'une personne» (Delisle de Sales, De la Philosophie de la Nature, 3, p.333). Dér. de profond*; suff. -eur1*. Fréq. abs. littér.: 4167. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5212, b) 5040; xxes.: a) 4452, b) 7896. Bbg. Flasche (H.). Crit. littér. et sém. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13.1971. Québec, 1976, t.2, pp.870-875. _Matoré (G.). Les Dimensions ds le vocab. fr. d'auj. J.de psychol. normale et pathol. 1961 t.58, pp.160-162. _Vax (L.). Critique de la profondeur. Nancy, 1967, 228 p.